Je dédie ce prix à tous ceux qui privilégient la liberté à la sécurité, ceux qui n’ont pas peur, ceux qui résistent
C’est par ces quelques mots que la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari a reçu samedi au Festival off de la BD d’Angoulême le prix « couilles-au-cul » récompensant « le courage artistique d’un auteur ».
Nadia Khiari, 42 ans, s’est lancée dans le dessin satirique depuis la révolution
tunisienne de 2011. Elle est l’auteur des aventures du chat « Willis from Tunis »,
un félin espiègle et moqueur qui ne respecte rien ni personne sauf la liberté.
« Aux pessimistes qui disent que le Printemps arabe est un échec, je dis qu’il
ne faut pas nous sous-estimer. Ca prend du temps. La Révolution c’est long mais
c’est bon« , a dit la lauréate.
Le prix remis dans le cadre du Festival off de la BD d’Angoulême a été créé à l’initiative de Yan Lindingre, rédacteur en chef de Fluide Glacial.
« L’intitulé est volontairement trivial et provoquant mais il permet de rappeler
que le métier des humoristes et en l’espèce des dessinateurs de presse, c’est de
faire rire« , a expliqué Yan Lindingre.
Il existait à Angoulême un Prix Charlie Hebdo de la liberté d’expression, créé au lendemain des attentats de janvier 2015, mais la direction du Festival et Marika Bret, DRH de Charlie Hebdo, ont indiqué en décembre qu’ils ajournaient la remise de ce prix pour des raisons de sécurité.
Selon eux, une telle récompense était susceptible de mettre en danger son récipiendaire. Yan Lindingre a indiqué « être tombé de son siège » en apprenant cette décision. « Toute proportion gardée, nous pensons au contraire qu’un prix Nobel de la paix n’a jamais nui à son récipiendaire si ce dernier subit des menaces dans son pays », a-t-il dit.
Eric Guillaud avec AFP