11 Juil

L’Âge d’or : l’événement de la rentrée signé Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil

Après les remarquables albums Portugal et Les Equinoxes, le Nantais Cyril Pedrosa sera de retour à la rentrée avec le premier volet de L’Âge d’or, une fable politique au cœur du Moyen-Âge qu’il signe avec sa compagne Roxanne Moreil…

Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa © Chloe Vollmer-Lo

Le dossier de presse est à la mesure de l’album attendu pour le 7 septembre, colossal. Dix-huit pages de présentation et d’interviews côté papier, deux vidéos côté numérique, les éditions Dupuis ont mis le paquet. Il faut dire que le Nantais Cyril Pedrosa a depuis quelques temps le vent en poupe, notamment depuis la parution de ses livres Portugal en 2011 et Les Équinoxes en 2015 dont il a signé à la fois le scénario, le dessin et les couleurs.

Pour L’Âge d’or, Cyril Pedrosa s’est associé cette fois à Roxanne Moreil, sa compagne. Ensemble, ils ont écrit le scénario, une histoire de femme dans « un Moyen Âge de fantaisie, de fiction, qui ressemble à celui des contes de Perrault ou à celui de Johan et Pirlouit », nous explique Cyril Pedrosa.

Si l’histoire présente selon les auteurs tous les aspects d’une vraie aventure de bande dessinée avec « des rebondissements, des enjeux d’action, des cavalcades », elle est aussi l’occasion d’aborder des sujets plus politiques, notamment la place de l’utopie dans notre monde.

Côté dessin, c’est bien évidemment Cyril Pedrosa seul qui s’en est chargé avec une approche très particulière. « Je me suis inspiré des fresques et des tapisseries médiévales que j’ai cherché à réintroduire dans ces doubles pages. J’ai même pensé un temps pouvoir déplier des pages en accordéon comme dans un leporello ».

Après le dessin, la couleur. « La couleur, c’est toujours la bagarre. J’avais vraiment en tête la broderie et l’enluminure, c’est pourquoi j’ai utilisé au maximum des traits colorés qui viennent se détacher sur des fonds sombres. Techniquement, je travaille mes planches à l’encre noir et blanc, puis sur Photoshop je transpose les traits noirs en couleur.. »

L’Âge d’or sera disponible en librairie le 7 septembre prochain, on vous en reparle d’ici là.

Eric Guillaud

10 Juil

Manuel du Dad (presque) parfait : un one-shot signé Nob, bourré de conseils pratiques pour les jeunes papas

Vous adorez les aventures de Dad ? Alors vous adorerez ce hors-série, Manuel du Dad (presque) parfait, conçu par le même auteur, Nob, soucieux ici d’apporter son aide aux jeunes papas avec des conseils pratiques et des solutions à tous les petits soucis qu’un père de famille peut rencontrer au quotidien…

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il sait de quoi il cause le Dad. Avec quatre filles à la maison, oui oui, quatre filles et pas une mère à l’horizon, le quotidien de ce papa poule n’a pas toujours été de tout repos. Quatre albums en témoignent à ce jour aux éditions Dupuis, des aventures toujours pétillantes, drôles mais qui, en même temps, forcent l’admiration.

Alors, pourquoi ne pas se lancer dans des tutos comme on dit chez les Youtubeurs ? Des tutos à l’ancienne, sur papier, avec des gags 100% inédits en une ou deux planches. Aussitôt pensé, aussitôt fait § En 70 pages, Dad nous parle de l’autorité façon 21e siècle, de la corvée, pardon du bonheur d’aider les enfants à faire ses devoirs, des valeurs essentielles à inculquer, des rituels du coucher, des gros mots, des goûters d’anniversaire, de l’esprit de Noël… et de plein d’autres joyeusetés du quotidien. C’est bien vu et toujours aussi drôle. De quoi donner des envies de paternité à certains et d’en faire fuir quelques autres !

Eric Guillaud

Manuel du Dad (presque) parfait, de Nob. Dupuis. 10,95€

09 Juil

Tout beau tout chaud, le quatrième numéro des Cahiers de la BD est sorti !

Relancés en septembre 2017 par Vincent Bernière, notamment rédacteur en chef à Beaux-arts Magazine pour les hors série BD et éditeur freelance chez Delcourt, Les Cahiers de la BD semblent bien partis pour nous accompagner quelques années. Du moins, on ne peut que l’espérer. Le numéro 4 vient de sortir. 200 pages à croquer allongés sur le sable chaud…

Peut-on encore parler d’amour en BD ? Voilà bien une thématique qui devrait attirer l’œil et l’intérêt des férus de BD en cette période estivale. C’est en tout cas le titre du dossier principal de ce magazine tout juste sorti en kiosque et en librairie, la quatrième livraison des Cahiers de la BD nouvelle formule. Vous l’aurez compris, on y parle d’amour, et pas seulement d’amour à la plage, on y parle de sexe et de sa représentation – ou de sa non représentation – dans les BD d’hier et d’aujourd’hui.

On y parle aussi, coupe du monde oblige, du ballon rond dans la bande dessinée. On découvre l’excellent Fabcaro dans une interview fleuve, on se penche sur la couleur jaune, couleur de l’infamie, on découvre la bande dessinée arabe au delà des clichés, on s’instruit, on s’émerveille… et on se félicite du renouveau de ce magazine très complet avec parfois des angles d’attaque singuliers. 200 pages qui devraient occuper vos belles et longues journées d’été. Disponible en kiosque et en librairie au prix de 12,50€ avec deux couvertures différentes signées Greg-leon Guillemin. Cher mais essentiel et collector !

Eric Guillaud

Minivip & Supervip, Bozzetto et Panaccione nous embarquent pour une aventure fantastique et humoristique sur une Terre à bout de souffle

La Terre, dans un avenir plus ou moins proche. Pollution : 99,999 %. Autant dire qu’il ne reste plus grand chose à respirer. De quoi avoir des envies d’ailleurs. Pas pour tout le monde, une colonie d’extraterrestres a décidé de mettre la main sur notre planète. Il faut dire que chez eux, sur la lointaine Sparky, le taux d’humidité flirte avec les 400%…

Bon, autant vous le dire tout de suite, c’est un peu dingo comme histoire mais qui connaît un tant soit peu Grégory Panaccione ne devrait pas être étonné outre mesure. L’auteur de Toby mon ami, Âme perdue, Match, Un Océan d’amour ou encore de la série Chronosquad, s’associe ici avec Bruno Bozzetto pour nous offrir un récit fantastique inspiré du long métrage de ce dernier, Vip mon frère Superman, avec pour personnages centraux deux super-héros, Minivip et Supervip, censés protéger la veuve et l’orphelin des méchants en tout genre et accessoirement de préserver la Terre de potentiels envahisseurs.

Car oui, elle a beau être à bout de souffle notre planète avec ses six milliards d’automobiles et autant de pots d’échappement, elle intéresse encore – visiblement – une bande d’extra-terrestres qui loge pour le moment une planète encore plus hostile, Sparky, où le taux d’humidité avoisine les 400%.

Et la pollution me direz-vous ? Pas vraiment un souci pour nos amis venus d’ailleurs. En fait, cette pollution fait partie de leur plan d’invasion globale. Ils en sont même à l’origine en ayant soufflé il y a quelques décennies l’invention du moteur à explosion aux humains.

Eux, de leur côté, ont inventé le Va-et-Vient, un instrument beaucoup plus écologique qui permet de téléporter qui vous voulez ou vous voulez en une fraction de seconde. Nul besoin d’automobiles qui polluent et engorgent les villes, le Va-et-Vient pourrait bien être l’avenir de l’humanité. Totalement drôle mais pas que !

Eric Guillaud

Minivip & Supervip, de Bozzetto et Panaccione. Soleil productions. 27,95€

© Soleil Productions / Bozzetto et Panaccione

06 Juil

Arrêt de jeu : un thriller au pays du ballon rond signé Matz et Lemur

Lucas DiLucca a une coiffure de footballeur, une voiture de footballeur, un corps de footballeur… et ça tombe plutôt bien parce qu’il est footballeur, un très bon footballeur même qui émarge à 750 000 euros par mois. C’est énorme mais il pourrait encore avoir une augmentation substantielle dans un proche avenir pour service rendu…

Autant d’argent pourrait lui faire tourner la tête, le rendre haïssable mais non. En plus d’être riche, Lucas est plutôt pas mal physiquement, plutôt intelligent et plutôt sympathique. Ce qui l’intéresse avant tout, enfin juste après son fils, c’est sa carrière et pour ça il est prêt à pas mal de sacrifices. Pas d’alcool, pas de femmes, des soirées avec une escort-girl de temps en temps pour l’hygiène, des copains fidèles qu’il aide en toutes occasions… et une gagne sur le terrain qui attire le regard et pas seulement le regard des fanatiques du ballon rond. 

Partout où il y a de l’argent, il y a des gars louches et des plans louches. Il a beau le savoir et tout faire pour s’en préserver, Lucas DiLucca se retrouve pourtant embringué dans une sale affaire de match truqué. De quoi le mettre définitivement sur la touche en pleine gloire…

Quelle imagination ! Comme si les matchs de football pouvaient être truqués. Comme si les joueurs pouvaient être corrompus. Heureusement, il s’agit là d’une fiction, une fiction signée Matz pour le scénario et Lemur pour le dessin. On connaissait déjà le talent du premier, scénariste de l’excellente série policière Le Tueur, on découvre la gracieuse touche graphique du deuxième, un auteur espagnol qui réalise ici sa première bande dessinée. Au delà de l’histoire très bien ficelée et survitaminée, Arrêt de jeu nous explique mine de rien la mécanique très complexe de la corruption. Passionnant !

Eric Guillaud

Arrêt de jeu, de Matz et Lem. Casterman. 16,50€

03 Juil

Pas un jour sans soleil de François Ravard : une déclaration d’amour à la côte d’Émeraude dans les pas de Sempé

François Ravard est un Dinardais. Voilà, c’est dit ! L’auteur de ces quelques lignes étant lui-même originaire de cette belle petite station balnéaire d’Île-et-Vilaine, autant avouer qu’on partait avec un a priori des plus positifs et absolument pas objectif. Mais ce Breton d’adoption n’en avait même pas besoin…

Parce qu’à travers ces petites vignettes pleine page sans mouvement mais où chaque petit détail compte, les amoureux de la côte d’émeraude comme on l’appelle retrouveront immédiatement ce côté clair-obscur, toujours à deux doigts à la fois du soleil et de la pluie, et souvent quelque part entre les deux.

On pense bien sûr tout de suite à Sempé (référence d’ailleurs assumée par ce trentenaire originaire de la Normandie voisine) d’un point de vue pictural mais aussi pour l’humour pince sans rire qui croque, mais sans férocité, ses semblables. Mais avec une sensibilité qui lui est propre, peut-être plus solaire et moins empreinte de mélancolie. Réparties en quatre saisons, ces situations un peu ubuesques il les a sûrement observées de lui-même lors de sa promenade du matin, se contentant ensuite d’en accentuer les traits mais avec toujours beaucoup d’affection.

Le résultat ? Autant l’album s’amuse de nos petits travers qu’il est une déclaration d’amour à cette partie là de la Bretagne, sûrement la plus belle (n’est-ce pas ? C’est le Dinardais qui parle là). Une belle parenthèse comme on dit…

Olivier Badin

Pas un jour sans soleil, de François Ravard. Glénat. 15€

L’info en +. Deux expositions accompagnent la sortie de l’album, la première à la galerie Glénat à Paris, la seconde à la galerie Pouces-Pieds à Dinard. Vous pouvez également retrouver les dessins de l’auteur sur sa galerie virtuelle La Galerie d’Alfred.

© Glénat / Ravard

02 Juil

Osamu Tezuka : l’oeuvre du dieu du manga rééditée dans une collection prestige aux éditions Delcourt / Tonkam

Osamu Tezuka aurait eu 90 ans cette année. Pour célébrer cet anniversaire, les éditions Delcourt / Tonkam publient les trois premiers titres d’une collection exclusivement dédiée à la réédition des oeuvres emblématiques du « dieu des mangas » comme on le surnomme à juste titre…

170 000 planches, 700 titres… Comme le rappelle en préface Patrick Honnoré, traducteur du japonais, ces seuls chiffres suffisent « à mesurer l’immensité d’Osamu Tezuka » et à justifier ce surnom de « dieu du manga ». « Et il avait même une vie de famille ! », ajoute Patrick Honnoré. C’est dire !

Les chiffres parlent d’eux-mêmes mais rien, il est vrai, ne remplace la lecture de ses livres pour juger pleinement de l’importance et de l’influence qu’a pu avoir le travail d’Osamu Tezuka sur le manga. « Avec Tezuka… », écrit Patrick Honnoré, « le manga passe dès les années 40 d’un récit séquentiel à la grammaire encore sommaire à un moyen d’expression total ». Les récits Ayako d’un côté, publié au Japon au milieu des années 70, et L’Histoire des 3 Adolf de l’autre, publié pour sa part une dizaine d’années plus tard, en sont la preuve la plus éclatante. Ils inaugurent de la plus belle façon qu’il soit la collection consacrée aux chefs-d’oeuvre de l’auteur.

Osamu Tezuka

704 pages pour Ayako, 624 et 736 pages pour les deux volumes de L’histoire des 3 Adolf, de quoi se replonger le temps d’un bon week-end dans l’univers de cet artiste singulier inspiré par la littérature populaire, les comics américains, le cinéma d’une façon générale, les dessins animés de Walt Disney en particulier, à qui d’ailleurs il emprunta les yeux ronds que l’on retrouve aujourd’hui dans quantité de mangas.

Son esthétique trouve son fondement dans toutes ces influences, il suffit de parcourir quelques pages des ouvrages présentement publiés pour en avoir la confirmation. Le graphisme est épuré, aussi simple qu’efficace, presque apaisé, en tout cas moins caricatural que ce que l’on peut trouver dans une partie des mangas contemporains. Un style graphique mais aussi un style d’écriture et un regard sur le monde singulier, humaniste jusqu’au bout de la planche, des histoires qui parlent de l’homme, du monde, de façon relativement positive dans un premier temps et un peu plus sombre dans un deuxième temps. Ses personnages sont les témoins privilégiés d’un Japon en plein bouleversement depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Après Ayako et L’histoire des 3 Adolf, devraient paraître La Vie Bouddha, Barbara, MW avant la fin de l’année 2018, puis Phénix, Demain les Oiseaux, Princesse Saphir, Kirihito en 2019. Des heures et des heures de belles lectures en perspective.Chefs d’oeuvre !

Eric Guillaud

L’histoire des 3 Adolf (2 volumes) et Ayako (1 volume), éditions Delcourt / Tonkam. 29,99€ le volume

26 Juin

Revivre : une histoire poignante sur le don d’organes signée Ugo Bertotti

C’est le genre d’histoire qu’on aimerait lire plus souvent, une histoire vraie qui aborde sous un angle singulier deux thématiques fortes du moment, la crise des migrants et le don d’organes. Quel est le point commun entre les deux me direz-vous ? Des hommes et des femmes qui répondent à une identique volonté de survivre ou plus exactement de revivre…

Le récit de l’Italien Ugo Bertotti commence sur un bateau en 2013 quelque part au milieu de la Méditerranée. A son bord des migrants à la recherche d’une vie meilleure loin des tumultes de la guerre. Selma en fait partie. Avec son mari et ses deux enfants, cette femme, déjà réfugiée palestinienne, fuit la Syrie avec l’espoir de rejoindre l’Europe.

Malheureusement, en pleine mer, Selma fait une mauvaise chute sur la tête. Arrivée en Italie, elle est prise en charge par les secours et reçue par un médecin, docteur Hassan, lui aussi d’origine palestinienne. Mais son cas est rapidement jugé désespéré. Sa famille décide de faire don de ses organes. Trois Italiens, un curé, un militaire et une femme, tous en attente de greffe depuis parfois des années vont pouvoir en bénéficier…

Cet album publié par les éditions La Boîte à bulles en ce début d’été entre inévitablement en résonance avec l’actualité récente en Italie, le changement de gouvernement et la nouvelle stratégie du pays face à la crise des migrants. Ce qui le rend bien évidemment encore plus fort et poignant.

Ugo Bertotti s’est inspiré de faits réels pour l’écrire et de témoignages recueillis à la fois auprès de la famille de Selma et des trois personnes qui ont pu être greffées grâce à elle et survivre, pardon revivre, et enfin s’imaginer un futur. Des personnes qui parlent chacune des liens très forts qu’ils ont le sentiment d’avoir instauré avec la donneuse qu’ils n’ont bien sûr jamais vue.

On appelle ça une leçon d’humanité ! Un récit très bien écrit, mis en image avec une certaine simplicité ou plus exactement une efficacité certaine. Achetez-le, offrez-le…

Eric Guillaud

Revivre, de Ugo Bertotti. Editions La Boîte à bulles. 15€

© La Boîte à bulles / Bertotti

18 Juin

Gisèle et Béatrice : un conte érotique signé Feroumont

C’est le genre de livre qu’on ne s’attend pas à trouver dans le catalogue des éditions Dupuis, ni dans la bibliographie de Benoît Feroumont, c’est un livre comme on en voit peu, un conte érotique à haute dose de critique sociale, le tout saupoudré d’un trait d’humour..

Un trait d’humour mais un humour grinçant tout de même ! L’histoire débute dans le joyeux monde du travail. Béatrice, qui se donne sans compter à son entreprise, ne parvient pas à progresser. Salaire bloqué, évolution zéro… et un patron qui lui explique qu’elle n’est pas assez gentille avec lui, qu’il aime ses seins et qu’il attend autre chose d’elle. Classique.

Contre toutes attentes, Béatrice accepte de passer une soirée avec son boss, Georges, mais profite de son état d’excitation avancée pour lui faire boire une potion magique qui le transforme en femme et qui plus-est en femme de ménage tendance jouet sexuel complètement soumise à Béatrice. Le harceleur harcelé !

Georges devenu Gisèle, sans papiers, avec un accent à couper au sécateur, de quoi se faire ramasser par le premier fourgon de police qui passe dans le quartier, n’a plus le choix. Il… pardon, elle doit se plier aux exigences de Béatrice qui a de son côté pris de l’avancement en s’octroyant la place du boss dans l’entreprise.

Vis ma vie de femme harcelée pourrait être le résumé de cette histoire. Vis ma vie de femme harcelée et tu comprendras peut-être ! L’érotisme omniprésent dans les 130 pages de ce conte signé Benoît Feroumont, auteur par ailleurs des séries Wondertown ou Le Royaume, n’a rien de vulgaire. Il est au service de l’histoire et d’une volonté affichée de l’auteur d’aborder le sexe autrement que par la caricature des films pornographiques. Et rien que pour ça…

En bonus, un cahier d’une dizaine de pages avec illustrations et points de vue de l’auteur, de l’éditeur et de Maïa Mazaurette, romancière, essayiste, scénariste de BD et blogueuse (sexactu.com).

Eric Guillaud

Gisèle et Béatrice, de Feroumont. Dupuis. 16,50€

© Dupuis / Feroumont

Batman Metal : l’homme chauve-souris chamboule sa propre réalité avec une saga épique en trois parties qui sera présentée à la prochaine édition du festival Hellfest, près de Nantes

Alors, attention, on se permet de prévenir tout de suite les chevelus porteurs de t-shirts avec des logos indéchiffrables et des zombies en ruts dessus : ce Batman a autant à voir avec la musique ‘metal’ que notre gouvernement actuel avec les théories marxistes. Par contre, pas mal d’idoles en prennent pour leur grade, en premier lieu un Batman lui-même, ici presque dépassé par les évènements.

Bon, allez, rendons à César ce qui lui appartient et à Iron Maiden sa couronne : tout cela a un tout petit peu quand même rapport avec la musique du même nom vu que l’éditeur français a donc choisi de présenter ce premier tome cette année au Hellfest et que l’un des dessinateurs de la saga, l’américain Greg Capullo, en plus d’être un fan déclaré du genre, a réalisé plusieurs pochettes pour certains poids lourds du genre, style Iced Earth (Something Wicked This Way Come), Disturbed (Ten Thousand Fists) ou Korn (Follow the Leader). Mais sinon, le ‘metal’ du titre est en fait très premier degré : on parle bien d’un metal, la matière donc, qui serait une sorte de porte sur une quantité d’univers parallèles infinie (et encore, ça c’est la version simple) et sur laquelle l’homme masqué a décidé d’enquêter, quitte à sans le savoir enclencher un processus qui chamboulera aussi bien sa réalité que celle de l’écurie DC COMICS dans son intégralité. Parce qu’attention, derrière ça, il y a un autre Batman, maléfique celui-ci car dans sa propre dimension il a fait le choix de servir le Mal et non pas le Bien. Un double diabolique dont une sorte de société secrète surveille l’arrivée depuis des millénaires, dans le plus grand secret. Ah et puis on découvre que le Joker (que l’on croyait mort… Mais vous suivez ou quoi ?) a été séquestré dans la Batcave dans un but bien précis. Et ça, ce n’est que le premier chapitre parce qu’après, cela se complique encore plus. Si !

© Urban Comics / collectif

On le sait depuis quelques années, les comics US adorent (un peu trop) jouer avec les reboots, ces artifices scénaristiques qui permettent de réécrire complètement tel ou tel univers. Et lorsque par dessus vous rajoutez une seconde couche avec les multivers – un ensemble complexe de réalités parallèles – comme ici, cela donne un joyeux bordel. À la manœuvre, on reconnaît la patte du scénariste Scott Snyder qui a toujours aimé brouiller la frontière existant entre le bien et le mal, quitte à parfois un peu perdre son lecteur. Surtout que ce premier tome (sur trois prévus) est assez bicéphale, avec une première partie très (trop) cérébrale multipliant les entrées et les différents points de vue laissant place à une seconde consacrée à la défense de Gotham et beaucoup plus orientée baston. Partie où ironiquement, Batman brille… Par son absence. Contrairement aux seconds rôles qui, ici, prennent la lumière d’une façon parfois étonnante, comme Harley Quinn de Suicide Squad, savoureusement joueuse et taquine.

© Urban Comics / collectif

Alors autant le dire de suite, mieux vaut bien maîtriser la ‘cosmologie’ de l’ami des chauves-souris parce que c’est bourré de références tous azimuts, allant de sa famille au sens large du terme à ses ennemis et plus. Ami néophyte, passe donc de suite ton chemin ! C’est dense de chez dense et ne fait aucune économie dans la démesure. Par contre, sur le plan strictement graphique même si Capullo est loin d’être seul au stylo ici (on retiendra notamment le super boulot d’Andy Kubert), c’est un feu d’artifice, avec un sens du découpage vraiment étonnant capable d’alterner planches monumentales et cadrages ultra- serrés et des méchants qui suintent de partout, surtout ceux qui sont des sortes d’alter-ego maléfiques des héros qui les combattent.

© Urban Comics / collectif

À ce stade-là, on a un peu de mal à savoir où tout cela va nous mener et l’indigestion n’est jamais loin. Mais Batman Metal tient au moins son pari de nous embarquer dans une véritable saga bien épique qui ose remettre pas mal de choses et qui ne fait pas de quartier du tout. Et visuellement, c’est une sacrée baffe !

Olivier Badin

Batman Metal, collectif, Urban Comics/DC, 19€

L’info en + Batman au Hellfest. Du 22 au 24 juin, les éditions Urban Comics vous donnent rendez-vous sur leur stand au HellCity Square de 10 à 22h pour vous présenter Batman Metal et vous faire gagner des cadeaux…