20 Nov

Qatar, le lustre et l’orient : Une BD documentaire d’Emmanuel Picq et Victor Valentini à lire avant, pendant, et après la Coupe du monde de football

Alors que la Coupe du monde de football vient de débuter, vous vous demandez peut-être encore ce qu’est exactement le Qatar et pourquoi son choix pour organiser l’événement footballistique a soulevé tant d’indignations et de polémiques à travers le monde occidental. Cette bande dessinée d’Emmanuel Picq et Victor Valentini peut vous éclairer…

Extrait de la couverture

Petit par la taille mais grand par l’influence. Un territoire de 11.586 km2, soit à peine la surface de l’Ile de France, et un PIB de 128.702 dollars par habitant, ce qui en fait le pays le plus riche du monde. En quelques années, à peine un quart de siècle, le Qatar est devenu un pays qui compte sur la scène internationale au point de candidater aux grands événements mondiaux que sont les Jeux Olympiques, le pays est en lice pour 2032, et bien entendu la Coupe du monde de football dont il obtient l’organisation le 2 décembre 2010.

Bien sûr, pour le Qatar, les enjeux ne sont pas seulement sportifs, ils sont aussi économiques, politiques et sociaux… C’est une façon d’assoir le pays dans un contexte géopolitique complexe et explosif et de lui donner une place de choix à l’échelle planétaire.

C’est l’histoire de ce petit émirat devenu grand que raconte le livre de Victor Valentini et Emmanuel Picq et notamment l’histoire récente, son influence grandissante dans le monde, ses liaisons dangereuses, ses stratégies en matière de politique intérieure et extérieure… et bien sûr ce véritable défi qu’a été pour le pays l’organisation du Mondial.

Stades, hôtels, autoroutes, aéroports, métro… En une dizaine d’années, le pays a transformé le pays à coup de dizaines de milliards de dollars, une marche forcée sans grande attention pour l’environnement et les droits de l’homme, ce qui bien sûr lui a valu de virulentes critiques de la part d’ONG et de certains pays occidentaux.

Docteur en science politique, spécialiste de la péninsule arabique à l’université de Clermont Auvergne, Victor Valentini propose ici une approche hyper documentée, didactique, mais jamais fastidieuse du sujet avec une mise en images relativement classique et réaliste d’Emmanuel Picq.

Eric Guillaud

Qatar, le lustre et l’orient, de Victor Valentini et Emmanuel Picq. Delcourt. 17,50€

© Delcourt / Picq & Valentini

16 Nov

Primordial, l’odyssée de l’espace ?

Le nouveau projet du duo Jeff Lemire (Black Hammer) et Andrea Sorrentino (Green Arrow) les voit s’attaquer cette fois-ci à la science-fiction, avec un passionnant et psychédélique – même si très déroutant – récit remettant en cause l’un des mythes fondateurs de la conquête spatiale, sur fond de guerre froide.

Le point de départ de Primordial est digne d’un épisode de X-Files et plaira d’entrée aux amateurs de théorie du complot : et si Laïka, premier être vivant mis en orbite par les Russes en 1957, n’était pas morte comme on l’avait supposé ? Surtout qu’on n’a jamais retrouvé son corps, le satellite dans lequel elle voyagea s’étant consumé dans l’atmosphère.

Mieux : et si cette chienne bâtarde récupérée dans les rues de Moscou avait été au final enlevée par une intelligence supérieure et attendait, quelque part, de revenir sur Terre ? Quatre ans plus tard, un professeur du MIT nommé Donald Pembrook, recruté à la base pour le programme spatial, se retrouve embarqué malgré lui dans la recherche de la vérité par une chercheuse russe, le tout sur fonds de guerre froide et d’espionnage. 

© Urban Comics / Jeff Lemire & Andrea Sorrentino

Même si le scénario, paranoïaque à souhait, réussit bien à retranscrire l’ambiance étouffante et pleine de faux-semblants de cette époque si particulière, la vraie réussite de Primordial tient dans son parti pris graphique audacieux. En fait, on suit deux histoires en parallèle : d’un côté, la quête de la vérité de Pembrook et de l’autre, la quête de Laïka, avant, pendant et surtout, après son voyage, alors qu’elle retrouve Abe et Baker, les deux singes envoyés par les américains dans la foulée.

© Urban Comics / Jeff Lemire & Andrea Sorrentino

Or chacune a une identité graphique très forte et distincte. Comme pour renforcer son côté ‘John le Carré’, l’odyssée de Pembrook en RDA fait très roman graphique, avec des teintes très monochromes, chaque case ressemblant presque à des photos. Or autant cette facette-là est volontairement austère et froide, autant le destin du canidé est, à l’inverse, une explosion perpétuelle de couleur et de pages déstructurées, où chaque détail semble jaillir de la page. Le résultat est d’abord déroutant car autant ce choix audacieux donne aux animaux une humanité et une âme touchantes, autant l’être humain, terne et souvent presque sans visage, y apparaît comme froid et cruel. Avec en sous-texte, une condamnation donc sans équivoque de l’expérimentation animale…

Alternant donc moments assez austères et verbeux et récit soudainement éclaté et kaléidoscopique, Primordial est une uchronie déroutante, assez contemplative, très conceptuelle (quitte à ce que l’on perde parfois un peu le fil) et en même temps, très originale et cosmique. Un vrai OVNI, dans tous les sens du terme.

Olivier Badin

Primordial de Jeff Lemire & Andrea Sorrentino. Urban Comics. 21 €

Le Chant du temps inversé : une mélodie d’amour signée Galaad

Ceux qui baignent dans la culture niponne auront reconnu derrière ce titre le nom d’une mélodie de The Legend of Zelda, une mélodie qui permet de ralentir le temps. Et c’est un peu le cas de cet album paru chez Dupuis, il nous invite à freiner un peu et prendre le temps de vivre d’une histoire d’amour universelle entre deux ados qui partagent la même passion pour les mangas, les jeux vidéos ou les animes…

Lui, c’est Paul, 17 ans pour les filles, un peu moins pour de vrai. Elle c’est Pandora, 18 ans. Lui est lycéen, elle vient de lâcher l’université et travaille dans la librairie de son oncle en attendant de savoir quoi faire dans la vie. Le Chant du temps inversé est le nom de cette librairie. C’est précisément là qu’ils se rencontrent. Le courant ne met guère longtemps à passer entre les deux qui partagent la même passion pour les mangas, les jeux vidéos, les animes et peut-être une vision de la vie.

Deux coeurs tendres un peu paumés dans notre monde, deux coeurs tendres qui se découvrent peu à peu. Pandora, derrière son apparence désinvolte, insouciante et extravertie, est bouleversée depuis la mort de son père. Son chagrin est immense et l’empêche de vivre sa vie pleinement, de tomber amoureuse par exemple. Cela pourrait-il être différent avec Paul ? Qui sait !

Difficile de sortir indemne de cette histoire qui l’air de rien aborde une question essentielle dans notre vie : quand s’arrête l’amitié et commence l’amour ? Galaad le fait avec poésie et sensibilité dans cette histoire à la Roméo et Juliette contemporaine.

Connu pour être le seul Corse dans le monde des comics américains, dessinateur notamment de la série Scales & scoundrels, Galaad change de style et signe ici son premier album en tant qu’auteur complet. Et la seule chose qu’on a envie de lui dire, c’est de continuer sur cette lancée, de continuer à nous troubler, nous bouleverser. Un trait gracieux, des personnages plus qu’attachants, des dialogues sobres et justes, des silences qui disent beaucoup… Le Chant du temps inversé est un pur bonheur à partager avec ceux qu’on aime.

Eric Guillaud

Le Chant du temps inversé, de Galaad. Dupuis. 20,95€

© Dupuis / Galaad

11 Nov

Not a New York love story : une histoire d’amour belle et tragique signée Julian Voloj et Andreas Gefe

Un homme, une femme, et New York pour témoin, Julian Voloj et Andreas Gefe nous embarquent pour leur premier album aux éditions Sarbacane dans une histoire d’amour qui commence comme elle finit, mal…

Le titre est à lui seul déroutant. This is or this is not a New york Story ? Telle est la question qui finalement nous hante jusqu’au bout du bout de l’album. Tout commence dans un cimetière. Un homme se recueille devant une tombe, rentre chez lui et retrouve sa femme. Le problème, c’est que cette femme, on le comprend assez vite, est censée être morte dans un accident. C’est d’ailleurs devant sa tombe qu’il se recueillait.

Alors, est-ce un rêve ? Un souvenir ? Un léger surmenage comme le suggère sa psy ? Peut-être un peu des trois mais les faits se répètent. Sa femme réapparaît dans son appartement, partage son quotidien, l’accompagne lors de ses promenades dans New York, à Coney Island, ils se parlent, ils se tiennent par la main, s’enlacent, s’embrassent… puis elle se volatilise.

Hors de question de vous dévoiler ici-même la fin de cette histoire mais on peut tout de même vous dire qu’elle se termine là où elle a commencé avec une explication qui devrait répondre à vos interrogations tout en en suscitant de nouvelles. Un scénario habile, une fin inattendue, une mise en images somptueuse avec de grandes cases qui invitent pleinement à suivre les protagonistes, peu de dialogues, un trait léger et des couleurs douces, Not a New York love story est assurément une belle histoire d’amour dans le New York d’aujourd’hui, troublante et émouvante.

Eric Guillaud

Not a New York love Story, de Voloj et Gefe. Sarbacane. 22€

© Sarbacane / Voloj & Gefe

08 Nov

Picsou et Titeuf, deux personnages qui valent de l’or

À ma gauche, Picsou, canard milliardaire acariâtre et pingre, à ma droite Titeuf, gamin des années 90, curieux, turbulent et blagueur. Entre les deux, un océan et 45 ans, de quoi en faire deux personnages bien différents. L’un et l’autre ont pourtant accompagné des générations de lecteurs et célèbrent ce mois-ci leur anniversaire respectif dans deux albums en or…

75 ans. Et toutes ses dents… en or. Picsou, le canard le plus riche au monde, oncle de Donald Duck, a été imaginé par Carl Barks en 1947, le 9 décembre très précisément, dans l’aventure Noël sur le Mont Ours.

Pour célébrer cet anniversaire, et les 50 ans de Picsou Magazine par la même occasion, Disney a multiplié les événements en 2022 : numéro anniversaire, concours de scénarios, mise en ligne d’un escape game numérique… et cerise sur le gâteau, un hors-série collector tout en or pour clore cette année festive. Au sommaire : de l’inédit avec des aventures signées Fabio Celoni, Marco Gervasio et Stefano Zanchi, et du patrimonial avec le meilleur de Carl Barks et de Don Rosa.

Picsou Magazine en chiffres, c’est aujourd’hui 559 numéros, un tirage de 135.000 exemplaires par mois, une audience de plus d’un million et demi de lecteurs.

© Disney / Celoni

Lui n’est pas vraiment pingre, il serait même généreux, en tout cas en bêtises de toutes sortes. C’est un gamin né dans les années 90, un gamin comme beaucoup d’autres, qui découvre la vie, l’amitié, les filles, l’amour sous les traits de crayon de son papa, l’auteur suisse Zep.

Il a aujourd’hui 30 ans, et pas un cheveu blanc sur sa mèche, pas une ride au coin de l’œil, pas un problème d’arthrose ou de mémoire, Titeuf, c’est la jeunesse éternelle, la cour d’école à perpète, les blagues de mioches en mode infini et au-delà. L’éternelle jeunesse ? Enfin presque. Car avec le quatorzième album, Titeuf grandit et entre dans le monde de l’adolescence avec de nouveaux questionnements mais toujours le même regard d’enfant sur notre monde d’adultes un peu barré quand même.

© Glénat / Zep

Pour fêter ces trente premières années, Glénat et Zep sortent un magnifique ouvrage, un livre d’or, réunissant sur près de 160 pages des illustrations parfois inédites, des planches de Titeuf, des aquarelles, croquis, affiches, photographies, commentaires de l’auteur et témoignages d’amis tels que Tebo, Jean-Jacques Goldman, Bigflo & Oli ou encore Jean-Claude Camano, éditeur.

Titeuf aujourd’hui, c’est 17 tomes publiés, plus de 20 millions d’albums vendus dans 25 langues, une série animée pour la télévision en 2001, un long métrage 3D en 2011, des adaptations en roman, des jeux vidéo, des jeux de société… et beaucoup beaucoup d’humour.

Titeuf et Picsou, 30 ans d’un côté, 75 de l’autre, deux héros qui valent assurément de l’or !

Eric Guillaud

Hors-série Picsou magazine collector 75 ans. Disney. 8,99€

Titeuf, le livre d’or, Glénat. 25€

06 Nov

Le coin des mangas : Choujin X, One Piece, Pilote sacrifié, Sakamoto Days, Mao, Trillion game, Fool Night…

On commence avec le grand retour de Sui Ishida et sa nouvelle série Choujin X lancée à grand renfort de communication par les éditions Glénat. Il faut dire que les précédentes séries qui ont fait connaître le mangaka, Tokyo Ghoul et Tokyo Ghoul:re, publiées entre 2011 et 2018, ont connu un énorme succès, plus de 30 millions d’exemplaires vendus à travers le monde, de quoi en tout cas voir en lui l’un des nouveaux maîtres du genre. Si l’auteur s’interrogeait déjà dans Tokyo Ghoul sur le bien et le mal, il pousse ici le curseur encore plus loin avec un monde divisé en provinces autonomes et soumis à la violence des Choujin, des êtres humains aux pouvoirs surnaturels. C’est dans une de ces provinces presque ordinaires, Yamato, qu’un avion s’écrase un beau jour et bouleverse le destin des héros, deux lycéens nommés Tokio Kurohara et Azuma Higashi… (Choujin X, tome 1, de Sui Ishida. Glénat. 7,90€)

Et ça continue, encore et encore… One Piece dont on attendait fébrilement la 100e livraison en décembre 2021 poursuit sa route avec un 101e, un 102e et bientôt, en décembre, un 103e volume. De quoi nous faire tourner la tête et propulser la série du Japonais Eiichiro Oda dans le top One du manga le plus lu et le plus connu sur la planète Terre et peut-être au-delà. Plusieurs centaines de millions d’exemplaires vendus à travers le monde, une grosse trentaine en France, un univers unique, un mélange d’aventure, de fantastique et d’humour, et un héros baptisé Lufy qui rêve de devenir le roi des pirates en trouvant le « One Piece », un fameux trésor. (One Piece tome 102, de Eiichiro Oda. Glénat. 6,90€)

De la même façon que les samouraïs, les kamikazes ont rejoint l’imaginaire collectif au Japon et bien au-delà. Combien furent-ils ? Des centaines, des milliers, sacrifiés sur l’autel de la guerre. Sasaki Tomoji fut l’un d’eux. Avec une particularité puisque l’homme survécut à 9 missions suicide et mourut en 2016 à l’âge de 92 ans. De sa vie, de sa guerre, l’écrivain Shoji Kokami en fit un roman qui remporta un franc succès au Japon. Il est aujourd’hui adapté en manga par Naoki Azuma. Une histoire vraie, passionnante, un trait nerveux et efficace, le tome 3 est sorti en août dernier, le 4 est annoncé pour février 2023. (Pilote sacrifié chroniques d’un kamikaze, tome 3, de Naoki Azuma et Shoji Kokami. Delcourt Tonkam. 7,99€)

C’est une histoire d’épicier. Mais d’épicier épicé. Du genre qui ne vend pas que des légumes. Taro Sakamoto, c’est son nom, a beau avoir un léger embonpoint, une moustache à la papa, des lunettes de myope, il est à lui seul un mythe, une légende, un ex-tueur admiré de tous ces congénères, craint par tous les gangsters. Oui, Sakamoto l’épicier avait le flingue facile avant de raccrocher, de se marier, d’avoir un enfant et de s’installer comme épicier. Une vie pépère jusqu’au jour où le jeune assassin télépathe Sin débarque dans la supérette. Vous voulez de l’action ? Alors vous en aurez, Sakamoto Days est un concentré d’énergie au rythme de parution effréné. Le tome 5 est sorti en ce mois de novembre, le 6 devrait paraître en janvier. (Sakamoto Days tome 5, de Yuto Suzuki. Glénat. 6,90€)

Un bateau pirate qui s’invite dans la cour d’un lycée, forcément ça ne passe pas inaperçu surtout quand ce bateau pirate n’a rien d’un jouet, tout d’un vrai, à commercer par sa taille XXL. À son bord, un pirate qui se fait appeler Gold Rich. Pour les lycéens sidérés, un jeu de massacre commence, ce jeu s’appelle Dead Flag et consiste à accumuler des points en enchainant les actes de piraterie, en pillant, détruisant et tuant. Et malheur à ceux et celles qui ne se plieraient pas aux règles du jeu et défieraient Gold Rich…  Une série complètement trash en quatre volumes. Le troisième est annoncé pour décembre. (Dead Flag tome 2, de Holico et Jun Nishikawa. Soleil. 7,99€)

Et de 10, bientôt 11 (en janvier) pour la série de Rumiko Takahashi, Grand prix 2019 du Festival international de la BD d’Angoulême. Je rassure tout de suite ceux qui auraient développé une petite allergie à l’histoire avec un grand H durant leur cursus scolaire, Mao ne retrace pas la vie du fameux chef d’état chinois Mao Zedong, non, Mao est ici un chasseur de yôkai, ces petites créatures surnaturelles qui hantent la mythologie japonaise. Et Mao a une mission : aider Nanoka Kiba, une jeune gamine du XXIe siècle qui a perdu ses parents dans un accident et qui a été projetée un siècle plus tôt à lever le mystère sur sa véritable nature… (Mao tome 10, de Rumiko Takahashi. Glénat. 6,90€)

Un trillion de dollars ! Voilà l’objectif que se sont fixés Haru et Gaku, un trillion, pas moins, qu’ils veulent mettre dans leurs poches, de quoi s’offrir tout ce que le monde peut offrir. Et pour y arriver, les deux garçons vont mettre leurs talents de tchatcheur pour le premier et de geek pour le second en action. Mission numéro 1 : trouver des investisseurs pour financer la création de leur entreprise après avoir accessoirement trouvé une activité… Un plongeon survitaminé et drolatique dans le monde de la finance. (Trillion Game tome 1, de Riichirô Inagaki et Ryoichi Ikegami. Glénat. 7,60€)

Changement radical d’ambiance avec cette adaptation du film animé Josée, le tigre et les poissons sorti en salles en 2021. L’histoire ? Josée, jeune paraplégique, vit recluse avec sa grand-mère, développant son imagination grâce à la lecture et à sa fascination pour le monde marin. Jusqu’au jour où elle rencontre Tsuneo, un jeune étudiant en biologie marine. Elle cherche un aide-soignant, lui cherche du boulot, ils ne sont pas vraiment faits pour s’entendre mais finissent par mieux se connaître et s’apprécier. Et un jour, Tsuneo emmène Josée à la mer… une très belle histoire, pleine de poésie et de sensibilité ! (Josée, le tigre et les poissons, tome 2, de Seiko Tanabe et Nao Emoto. Delcourt. 7,99€)

Bienvenue en enfer ou presque ! Depuis 100 ans, la Terre est plongée dans le noir à cause d’un épais nuage. La plupart des végétaux ont disparu et l’humanité place ses derniers espoirs dans la transfloraison, une technique qui consiste à transformer un être humain en plante, comblant ainsi le manque de végétaux. Héros de ce récit vivant  dans une grande pauvreté, Toshiro décide de franchir le pas et de subir l’opération nécessaire à sa transformation en plante… Un récit d’anticipation original aux belles ambiances sombres. (Fool Night tome 3, de Kasumi Yasuda. Glénat. 7,60€)

Autre récit d’anticipation, et on terminera avec lui, l’adaptation manga de l’anime Neon Genesis Evangelion est de retour dans une nouvelle édition en grand format, l’occasion de se replonger dans cette œuvre mythique qui marqua le monde de l’animation japonaise dans les années 90. En 2000, une astéroïde géante s’abat sur le pôle sud. Entre la montée du niveau des eaux, les crashes économiques, les guerres civiles… la moitié de la population humaine finit par disparaitre. Quinze ans plus tard, de mystérieux anges destructeurs font leur apparition. Pour les combattre : un seule solution, les Evangelion, de gigantesques machines de guerre anthropoïdes. Pour les amoureux des robots géants ! (Neon Genesis Evangelion, tome 3, de Yoshiyuki Sadamoto. Glénat. 14,95€)

Eric Guillaud

 

03 Nov

Lapin poche : le premier numéro bientôt en librairie

Vous avez l’âge d’avoir lu et dévoré Pif Poche ? Alors ce petit livre au format carré et aux couleurs rouge et jaune devraient vous rappeler quelques doux souvenirs. Mais celui-ci s’appelle Lapin poche et sera prochainement disponible dans toutes les bonnes librairies…

Un petit format carré réunissant gags en une page, histoires courtes, devinettes et jeux, non ce n’est pas le retour de Pif Poche mais le lancement prochain de Lapin Poche.

Un lapin à la place du chien et une belle brochette d’auteurs actuels pour animer tout ça, depuis l’incontournable Lewis Trondheim jusqu’au non moins incontournable David B, en passant par Alfred, Jean-Luc Coudray, Fabrice Erre, Frantico, Olivier Texier ou encore Pascal Jousselin.

Un peu plus de 20 auteurs en tout pour 144 pages bien remplies et tenues par un fil rouge à deux têtes, l’enfer de l’écriture et le paradis de la lecture, à moins que ce ne soit le contraire, comme le suggère l’éditeur.

Retenez la date, le numéro 1 sera disponible en librairie le 18 novembre 2022.

Eric Guillaud

Lapin Poche n°1. L’Association. 8€. 

Pocahontas : Le regard de Patrick Prugne sur l’un des mythes fondateurs américains

On s’y est habitué maintenant, chaque nouvel album de Patrick Prugne est un ravissement pour les yeux, du carburant pour le cerveau. Le dernier en date s’attaque avec subtilité à un personnage mythique dont la vie a fait l’objet de nombreuses adaptations littéraires et cinématographiques, Pocahontas….

Pocahontas, les plus jeunes d’entre vous, les plus vieux aussi peut-être, vont immédiatement penser à l’adaptation de Disney. On en est loin même si le livre de Patrick Prugne paru aux éditions Daniel Maghen comporte derrière l’histoire d’amour entre une indienne et un blanc les mêmes messages de tolérance, de féminisme, de respect de l’homme et de la nature, et met en exergue la violence de la colonisation.

Loin de l’adaptation de Disney car bien évidemment, le Pocahontas de Prugne est dans une approche beaucoup plus réaliste avec un récit qui s’appuie sur une documentation historique rigoureuse rassemblée en amont par l’auteur, une documentation énorme mais qui ne vient absolument pas alourdir le propos, bien au contraire. Tout est dans le détail !

© Daniel Maghen / Prugne

Quant au graphisme, il vous suffit de jeter un œil sur les planches reproduites ici pour comprendre immédiatement à quoi on a affaire. Une merveille ! Une merveille qui laisse entrevoir à côté de la griffe personnelle très marquée de l’auteur des influences prestigieuses comme celles de Pratt ou encore Juillard avec des planches aquarellées de toute beauté, des décors somptueux, un découpage hyper efficace, des textes ramenés à l’essentiel et bien entendu des Indiens qu’il a appris à si bien connaître et représenter à travers ses divers récits amérindiens tels que Tomahawk, Iroquois, Pawnee, Frenchman ou encore Canoë Bay.

© Daniel Maghen / Prugne

L’histoire ? On la connaît. 1607, trois navires anglais accostent en Virginie. Certains Indiens Powhatan veulent rejeter ces intrus à la mer, d’autres souhaitent connaître avant tout leurs intentions. Erreur ! Les Anglais construisent le premier fort anglais en Amérique, aujourd’hui connu sous le nom de Jamestown. La confrontation entre les deux mondes ne fait que commencer. Seule Pocahontas, la fille du chef des Powhatan, tombée amoureuse du capitaine Smith, tentera de rapprocher les deux peuples…

Cerise su le gâteau, les éditions Maghen et Patrick Prugne proposent en fin d’album un cahier graphique réunissant aquarelles pleine page et recherches graphiques autour de personnages et d’objets divers.

Résultat d’une alliance parfaite entre un auteur talentueux et un éditeur perfectionniste, Pocahontas est du genre incontournable à offrir ou à s’offrir. Noël approche !

Eric Guillaud

Pocahontas, de Prugne. Éditions Daniel Maghen. 19,50€

© Daniel Maghen / Prugne

01 Nov

Utopiales 2022. Le palmarès complet

La 23e édition des Utopiales s’achève ce soir après quatre jours la tête dans les étoiles ou pas loin à explorer les limites, nos limites. Une thématique riche, des débats intenses, des rencontres infinies, des festivaliers venus en nombre, 108.000 selon le festival, 340 séances de dédicaces, 140 conférences, 60 séances de cinéma… et des prix pour couronner le tout.

Prix extraordinaire

 Jean-Pierre Dionnet

Prix littéraires

Prix utopiales : Les Oubliés de l’Amas de Florine Soulas (France), Éd. Scrineo

Prix utopiales jeunesse : Le troisième exode de Daniel Mat (Suisse), Éd. Scrineo

Prix utopiales bd : René·e aux bois dormants d’Elene Usdin (France), Éd. Sarbacane

Mention spéciale du jury (prix bd) : Le Grand Vide de Léa Murawiec (France), Éd. 2024

Prix du meilleur scénario de jeu de rôle

Blues Fighters de Ben Perrot dans l’univers du jeu Chroniques Oubliées aux Éditions Black Book.

Cinéma

Compétition internationale de longs-métrages

Prix du jury : Viking de Stéphane Lafleur (Canada)

Mention spéciale du jury : Unicorn wars d’Alberto Vásquez (Espagne | France)

Prix du public : Maurice le chat fabuleux de Toby Genkel & Florian Westermann (États-Unis | Royaume-Uni | Allemagne)

Compétition internationale de courts-métrages

Prix du Jury : Finito de Patrik Eklund (Suède)

Mention spéciale du jury : New Babylon de Gideon van der Stelt (Pays-Bas)

Prix Canal+ : Finito de Patrik Eklund (Suède)

Prix du public : Finito de Patrik Eklund (Suède)

31 Oct

Les 100 Comics à lire avant de mourir ?

Recueil précieux que l’on prend plaisir à consulter à de multiples reprises ou exercice ultra casse gueule car, par définition, très subjectif ? Un peu des deux. Même si un livre comme celui-ci ne peut pas de toute façon faire l’unanimité, il permet au moins de réviser ses classiques.

Bien sûr, tout le monde pourra y aller de son petit commentaire ou de sa petite raillerie, aussi bien sur le casting en lui-même – genre, ‘mais comment ont-ils fait pour oublier…. ? – que sur la définition même que ce collectif français donne au terme ‘comics’. On va nous-mêmes mettre une pièce dans la machine, tiens : on a du mal à voir réunis sous le même toit Batman et Calvin & Hobbes par exemple, alors que le lien entre les deux n’est pas franchement flagrant, à part le fait que tous les deux sont des purs produits de la bande dessinée américaine. Tout comme il nous parait difficile de retrouver au sommaire Frank Miller (Sin City), James O’Barr (The Crow) ou Wallace Wood (Cannon) mais pas John Buscema (X-men, Conan) ni Steve Ditko (Spider-man, Doctor Strange) par exemple pour ne citer qu’eux.

Mais le but ici n’est pas d’être exhaustif. L’éditeur en question, Ynnis pour ne pas les citer, s’est spécialisé dans des livres chorales offrant à chaque fois une vue d’ensemble sur son sujet du jour – avec récemment quelques beaux ouvrages sur l’histoire du jeu de rôles ou sur le mythe de Cthulhu. Or si le propos ici est de présenter un panorama de la diversité de la production étatsunienne entre 1966 et 2016, les super-héros se taillent (sans surprise) la part du lion et on a parfois l’impression que l’inclusion d’un Maus (l’œuvre culte d’Art Spiegelman sur la Shoah) pour ne citer que ce cas est là avant tout pour faire bonne figure.

Mais bon, malgré ses omissions et son iconographie limitée (pas de planches, sûrement pour une histoire de droits), on tient quand même là une belle somme d’anecdotes, assez accessible et pas trop technique. Avec son grand format et sa couverture semi-rigide, c’est aussi un potentiel beau cadeau pour les fêtes de fin d’année, à offrir aussi bien aux fans aguerris de comics qu’aux curieux désireux de se forger une base solide.   

Olivier Badin

100 Comics qui ont marqué l’histoire !, collectif. Ynnis Editions. 35 euros