11 Mai

Journal de Spirou : une nouvelle enquête pour Jérôme K. Jérôme Bloche

photoLe plus sympathique des détectives privés de tout l’univers et au-delà fait son retour dans le numéro 3970 du journal Spirou en date du 14 mai 2014.

Après Post Mortem, voici donc une nouvelle aventure comme toujours plus psychologique que tonitruante. Dodier qui nous confiait lors d’une interview en 2012 son attachement très fort à ce personnage comme à son métier nous entraîne cette fois du côté d’un village de montagne rayé de la carte suite à la construction d’un barrage. Ça vous rappelle quelque chose ?

« J’avais lu énormément d’articles sur le barrage du Chevril en Savoie, auquel s’étaient opposés les habitants de Tignes… », confie l’auteur dans une interview accordée au journal Spirou, « Mais ils ont perdu la cause, et le barrage fut inauguré en 1953, tandis qu’on reconstruisit un nouveau village un peu plus haut. Cela me fascinait d’autant qu’on pouvait occasionnellement vider le barrage pour l’inspecter, ce qui faisait ressurgir les ruines du village… »

L’Ermite est le titre de ce nouvel épisode !

Eric Guillaud

07 Mai

Les Larmes du seigneur afghan, une BD documentaire autour du travail de la journaliste Pascale Bourgaux

Capture d’écran 2014-05-07 à 20.22.03Pascale Bourgaux est grand reporter à la RTBF, la Radio Télévision Belge Francophone. Entre 2001 et 2010, elle s’est rendue à plusieurs reprises en Afghanistan chez un seigneur de guerre installé au nord du pays. Mamour Hasan, c’est son nom, a résisté aux Talibans aux côtés de Massoud mais il voit depuis peu une partie de sa famille, son fils aîné notamment, et des villageois rejeter la présence occidentale et basculer dans le camp taliban. Sur place, Pascale Bourgaux tente de comprendre comment un tel revirement est possible.

De cette expérience, la journaliste en a tiré en 2011 un documentaire intitulé Les larmes du seigneur afghan, notamment diffusé sur Canal+ en janvier 2013. On y découvre toute la complexité de ce pays et le doute permanent d’un peuple ballotté entre la violence des uns, la corruption des autres et la présence occidentale devenue insupportable pour beaucoup.

Trois ans après le documentaire, le dessinateur italien Thomas Campi et le scénariste belge Vincent Zabus, qui s’étaient déjà fait remarquer de belle manière avec l’excellent album Les Petites gens, décident de raconter cette histoire en bande dessinée en y posant leur regard sur le difficile travail de la journaliste et de son cameraman obligés de se déguiser en Afghans et donc, pour Pasacale Bourgaux, de porter la Burka. Le danger est permanent, la complexité de la situation palpable. Un témoignage forcément indispensable !

 Eric Guillaud

Les Larmes du seigneur afghan, par Campi, Zabus et Pascale Bourgaux. Editions Dupuis. 16,50 €

© Dupuis / Campi Zabus & Bourgaux

© Dupuis / Campi Zabus & Bourgaux

04 Mai

Burn out, l’histoire d’une vengeance implacable signée Ozanam et Sommer

L.10EBBN001514.N001_BurnOUT01_C_FRLa vengeance est un plat qui se mange froid. Ethan Karoshi, policier de son état, va même apprendre à ses dépens qu’elle peut se déguster gelée. A faire mal aux dents ! Mais revenons au début de cette histoire. Nous sommes en juillet 1980 du côté de Reno dans le Nevada. Ethan Karoshi, donc, mène une vie plutôt paisible, partagée entre son boulot, sa famille, ses parties de pêche et sa maîtresse. Oui quand même, Ethan a une maîtresse, histoire de correspondre à l’image qu’il se fait du flic normal, du genre qu’on rencontre dans les polars. Et c’est justement de ce côté-là que l’affaire va se corser. Debra Willer, sa maîtresse, est retrouvée sauvagement assassinée. A partir de ce moment précis, la vie d’Ethan ne sera plus du tout la même…

Un scénario implacable pour une vengeance qui l’est tout autant, Burn out est un petit bijou de polar violent et cynique dans l’Amérique des années 80. Au scénario : Antoine Ozanam qui a déjà signé plusieurs albums chez Casterman dont Le Roi banal ou Succombe qui doit, et au dessin le Danois Mikkel Sommer dont c’est ici le premier album pour le marché francophone, le premier mais certainement pas le dernier tant son graphisme est remarquable. Celui qui estime « n’avoir jamais été un grand dessinateur » , comme il l’a déclaré dans une interview accordée au site Nobrow, fait pourtant preuve ici d’un talent confirmé. Chacune de ses planches nous plonge corps et âme dans une atmosphère étouffante, suffocante, à la limite de la surchauffe !

Eric Guillaud

Burn out, de Ozanam et Sommer. Editions Casterman. 18 €

© Casterman - Ozanam & Sommer

© Casterman – Ozanam & Sommer

02 Mai

Spirou et Fantasio en intégrale, un quinzième volume sous le signe de la grande aventure…

les-aventures-de-spirou-et-fantasio-bd-volume-15-integrale-205611Retour sur les années 80. A la frontière du Népal, sur une île perdue au milieu de l’océan pacifique ou encore du côté de la place rouge à Moscou, Spirou et Fantasio enchaînent les aventures aux quatre coins du monde…

A cette époque, les parents adoptifs de Spirou et Fantasio, Tome et Janry, sont en état de grâce. Alors que les éditions Dupuis célèbrent les 50 ans du magazine et du personnage et q’un Petit Spirou imaginé par le même duo fait ses premiers pas dans le journal, la vente de la série mère connaît un essor sans précédent au point d’évoquer un nouvel âge d’or. La Frousse aux trousses qui ouvre cette intégrale est le huitième album de Tome et Janry et chacun s’accorde à dire qu’il marque le début d’une nouvelle ère.

Cette quinzième intégrale réunit les récits La Frousse aux trousses, La Vallée des Bannis, Vito la déveine, Spirou et Fantasio à Moscou ainsi qu’une introduction signée Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault appuyée sur de nombreux documents, planches, photos, croquis…

Eric Guillaud

Spirou et Fantasio, Intégrale 15, de Janry et Tome. Editions Dupuis. 24 euros

30 Avr

Le magazine Spirou sur Ipad via le kiosque d’Apple

Capture d’écran 2014-04-30 à 15.57.3876 ans et une forme olympique, presque indécente ! Après avoir fêté en grande pompe ses 75 ans l’an passé, le magazine Spirou débarque aujourd’hui sur iPad via le kiosque d’Apple.

Depuis le 21 avril 2014, le mythique journal de Spirou est disponible sur la tablette d’Apple dans son intégralité accompagné de ses nombreux personnages phares comme le Marsupilami, Gaston, Les Nombrils, Seuls, Lucky Luke, Le Petit Spirou, Nelson, Les Tuniques Bleues et bien d’autres encore.
L’application propose, non seulement, une parution de l’hebdomadaire en simultané avec les kiosques physiques traditionnels, mais également l’accès 24h/24 et 7j/7 aux anciens numéros du journal…
.
Eric Guillaud

25 Avr

Avec Rouge comme la neige, Christian de Metter se met au western et ça lui va bien

L.10EBBN001973.N001_RougNEIGE_C_FRColorado, 1896. Buck Macfly n’est pas exactement le genre de type avec qui on a envie de partir en voyage. D’ailleurs, le seul voyage auquel il est aujourd’hui promis, c’est le grand, le définitif, une balade au bout d’une corde. A moins que… Macfly s’ait fait arrêté alors qu’il tentait d’enlever un enfant. Et à ce qu’on dit, ce ne serait pas le premier. En apprenant la nouvelle, la veuve Mackinley a accouru. Sa fille a elle-aussi disparu il y a quelques années. Soudainement. Persuadé que Macfly dispose d’informations sur cette disparition, elle décide de le faire évader. Commence alors pour elle et lui une longue chevauchée sanglante à travers les Rocheuses du Colorado…

Que dire ? Génial… tout simplement. Et comme d’habitude pourrait-on ajouter ! Christian de Metter est l’un de ces auteurs qui font avancer le Neuvième art plus que de le suivre. Mais l’auteur de Dusk, Emma, Le Curé ou encore de l’adaptation en BD de Shutter Island arrive encore à nous surprendre, la preuve avec ce western qui sent la poudre et la poussière à toutes les pages, un one shot à la trame scénaristique relativement classique mais d’une efficacité totale. Des personnages à la psychologie fouillée, des dialogues qui font mouche, un titre qui sent la mort, et un graphisme, un putain de graphisme serais-je tenté d’écrire si je ne me retenais pas, qui nous emporte à chaque page avec un crayonné monochrome d’une intensité presque palpable. Voilà quoi. Vous ai je dit que c’était un super album ?

Eric Guillaud

Rouge comme la neige, de De Metter. Editions Casterman. 18 €

Regardez et écoutez cette bande annonce, la musique est signée… Christian de Metter.

20 Avr

Paco Roca nous raconte l’histoire de la Nueve, la neuvième compagnie, à travers les souvenirs d’un républicain espagnol exilé

 

NUEVE (LA) - C1C4.inddC’est un récit passionnant et un témoignage remarquable que nous propose l’Espagnol Paco Roca avec La Nueve, son nouvel album paru aux éditions Delcourt. L’auteur du très remarqué et très primé Rides paru en 2007, réédité et adapté au cinéma sous le titre La Tête en l’air, nous embarque ici dans les pas des républicains espagnols rassemblés au sein de la 9e compagnie et qui furent parmi les premiers à libérer Paris en aout 1944.

Le récit de Paco Roca commence là ou s’arrête la guerre d’Espagne, par la défaite et l’exode des derniers républicains. Par la terre ou par la mer, beaucoup de ceux qui réussirent à quitter le pays se retrouvèrent dans les camps d’internement français. Pour quelques-uns, le combat reprit quelques années plus tard dans le cadre de la Nueve, cette fameuse 9e compagnie du régiment de marche du Tchad, intégrée à la 2e division blindée, autrement appelée Division Leclerc. Sur les 160 hommes qui la composaient, 146 étaient des républicains espagnols. Leur combat pour la liberté commença sur le sol africain avant de se poursuivre en France et donc aboutir à Paris. Bien sûr, tous étaient convaincus que la lutte contre le franquisme serait l’étape suivante. Mais l’Espagne n’était pas l’Allemagne et les Alliés avaient d’autres projets…

© Delcourt / Roca

© Delcourt / Roca

La Nueve raconte le parcours d’un de ces républicains espagnols, Miguel Ruiz, depuis les quais d’Alicante où il embarqua pour l’Afrique du Nord jusqu’à la Libération de Paris. C’est dans le nord-est de la France, à Baccarat très précisément, que Paco Roca met en scène sa rencontre avec le vétéran espagnol qui lui raconte sa guerre dans les moindres détails. Le récit alterne alors entre l’épopée de ces héros oubliés de l’histoire officielle et la rencontre pleine d’humanité entre l’auteur et le vieil homme.

Mais Miguel Ruiz a-t-il vraiment existé ? Pas tout à fait. Le personnage central de ce récit est fictif mais largement inspiré d’un combattant de la Nueve, Miguel Campos. Paco Roca nous explique :

« Miguel Campos est un personnage bien réel dont on trouve trace dans les carnets de route du capitaine de la Nueve, Raymond Dronne. Celui-ci le présente comme un anarchiste, vaillant au combat. Après la prise de Paris, il a disparu au cours d’une mission derrière les lignes ennemies. Son corps n’a jamais été retrouvé, ce qui a permis toutes les spéculations. Pour les uns, il était mort, pour les autres, il avait déserté pour rejoindre un groupe d’anarchistes. De plus, ce nom de Miguel Campos était certainement un faux nom, ce qui a rendu impossible de reconstituer son passé et de localiser un parent. L’interview de Miguel Ruiz permet de faire revivre Miguel Campos. Bien que cette interview soit fictive, j’ai tenté d’être très cohérent avec le personnage de Miguel Campos ».

Au moment où l’on s’apprête à fêter les 70 ans de la libération de Paris, le roman graphique de Paco Roca nous invite à porter un regard nouveau sur cet épisode très important dans notre histoire. Un album essentiel préfacé par la maire de Paris, Anne Hidalgo, d’origine espagnole !

Eric Guillaud

La Nueve, de Paco Roca. Editions Delcourt. 29,95 €

© Delcourt / Roca

© Delcourt / Roca

13 Avr

Joe Sacco s’inspire de la Tapisserie de Bayeux pour raconter le premier jour de la bataille de la Somme dans l’album « La Grande Guerre »

Couv_211472Selon que vous considérez la tapisserie de Bayeux comme l’ancêtre de la bande dessinée ou pas, alors vous considérerez ce nouveau livre de l’Américain Joe Sacco comme une bande dessinée… ou pas. Quoiqu’il en soit, l’auteur-journaliste, connu pour ses bandes dessinées reportages en Palestine ou en Bosnie, signe ici une oeuvre pour ne pas dire un chef d’oeuvre absolument étonnant, inspiré effectivement de la Tapisserie de Bayeux. Pas de cases, pas de bulles, pas de textes et pas de perspectives, La Grande Guerre raconte le premier jour de la bataille de la Somme le 1er juillet 1916, une reconstitution minutieuse, heure par heure, qui se déroule sous nos yeux, de gauche à droite, sur une bande de papier de 6m70 très précisément.

On commence la journée en compagnie du général Douglas Haig, commandant en chef du corps expéditionnaire britannique, qui comme tous les dimanches assiste à la messe. Puis on rejoint les convois de soldats et de matériels en route pour la ligne de front avant de descendre dans les tranchées, de vivre le bombardement de l’artillerie préalable à l’assaut des fantassins britanniques, puis c’est la réplique des Allemands, les milliers de morts, les cadavres qu’on évacue des tranchées, les blessées qu’on laisse sans secours, les postes d’évacuation sanitaire débordés, les tombes qu’on creuse à la va-vite…

Toute l’horreur de cette bataille préparée de longue date par les généraux et les états-majors de l’armée britanniques s’étale sur ces 6m70 de fresque, toute l’horreur mais aussi la stupidité du haut-commandement incapable d’arrêter le massacre alors que visiblement leur plan d’un bombardement massif sur les lignes allemandes (des centaines de milliers d’obus ont été tirés ce jour-là) a échoué. Résultat des courses, plus de 20 000 Anglais sont tombés pendant cette première journée qui fût l’une des plus sanglantes de la Première Guerre mondiale.

Un livret comprenant notamment une préface de Joe Sacco et les explications de l’historien américain Adam Hochschild accompagnent cette fresque.

La Grande Guerre est un album impressionnant qui devrait faire date dans l’histoire du Neuvième art et notamment dans la façon de raconter la guerre de 14-18 !

Eric Guillaud

La Grande Guerre, de Joe Sacco. Editions Futuropolis. 25€

L’info en +

En juillet et aout prochains, la station de métro Montparnassse-Bienvenüe accueillera le long du couloir du tapis roulant une fresque de 130 mètres reprenant l’ensemble du panorama de Joe Sacco.

© Sacco - Futuropolis/Arte Editions

© Sacco – Futuropolis/Arte Editions

 

07 Avr

Etienne Davodeau et Joub ont retrouvé Geronimo

Couv_212649Tous ceux qui ont lu la trilogie Geronimo parue entre 2007 et 2010 aux éditions Dupuis sont en droit de se demander ce qu’il est advenu du héros titre.

Élevé dans la tradition indienne par un père adepte de la vie en autarcie, ce gamin sans papier et donc sans existence légale avait fini par s’ouvrir au monde, à la vie et accomplir son rêve : embarquer clandestinement pour les États Unis. Et nous, lecteurs, étions restés sur les quais à regarder le bateau s’éloigner. Mais Geronimo est aujourd’hui de retour. Etienne Davodeau et Joub l’ont retrouvé et nous racontent la suite de ses aventures dans un one-shot paru cette fois aux éditions Vents d’Ouest.

__________________________________________________

L’interview d’Etienne Davodeau à lire ici

__________________________________________________

Et Geronimo… ne s’appelle plus Geronimo mais Emmanuel Croupy, une identité empruntée à un homme venu mourir à ses pieds quelque part en Guyane. En Guyane ? Oui, le bateau dans lequel Geronimo était monté clandestinement ne partait pas pour les États-Unis comme il le pensait et comme nous le pensions mais pour ce département d’outre-mer bien français. Fort de sa nouvelle identité et de quelques finances substantielles qui lui étaient rattachées, Geronimo regagne la France où il se met en quête de ses identités, la fausse mais aussi la vraie, et notamment de cette mère qu’il n’a jamais connue.

Une histoire émouvante, un graphisme un peu plus réaliste et posé que dans la trilogie, Joub et Etienne Davodeau nous offrent un très beau récit sur le thème de l’identité, du déracinement, un one-shot de 100 pages complété par un cahier réunissant photos de repérage et recherches graphiques.

Eric Guillaud

Il s’appelait Geronimo, de Davodeau et Joub. Editions Vents d’ouest. 18,25€ (en librairie le 9/04)

© Vents d'Ouest - Joub & Davodeau

© Vents d’Ouest – Joub & Davodeau