04 Août

Langoustines breizhées, Léo Loden (tome 20), de Arleston, Nicoloff et Carrère. Editions Soleil. 9,95 euros.

L’histoire commence par une tragédie quelque part au large des côtes européennes : un container bondé de clandestins africains jeté à la mer par des passeurs sur le point d’être appréhendés par les gardes côtes… L’horreur ! Et puis elle se poursuit à terre, en Bretagne plus exactement. Le détective privé marseillais Léo Loden et son acolyte Tonton Loco ont traversé la France pour enquêter au pays des bigoudènes sur le kidnapping d’une journaliste qui, justement, travaillait depuis des mois sur un trafic d’hommes entre l’Afrique et l’Europe…

Adieu Marseille et son pastis, bonjour Brest et son chouchen ! Voilà pour le décor, pour le reste, Arleston, Nicoloff et Carrère reprennent les différents ingrédients qui ont fait le succès de la série, à savoir des personnages principaux et secondaires attachants et caricaturaux, des dialogues très modernes, une bonne intrigue policière, un humour décapant, différents niveaux de lecture… Les amoureux de la Bretagne en profiteront pour s’offrir une petite promenade digestive du côté des îles d’Ouessant, du port de Brest, du phare d’Eckmühl, des rues de Quimper ou encore du parlement de Bretagne à Rennes… Une série à classer aux côtés des Spirou et Fantasio, Tintin et autres Astérix et Obélix ! E.G.

02 Août

Docteur Mengel, U-Boot (tome 1), de Jean-Yves Delitte. Editions 12Bis. 13,50 euros.

Jean-Yves Delitte n’est pas simplement passionné par tout ce qui touche de près ou de loin à la mer, c’est LE peintre officiel de la marine en Belgique ! Alors, bien sûr, ses ouvrages ont souvent pour cadre l’univers maritime, comme Black Crow ou Belem chez Glénat, et aujourd’hui U-Boot publié aux éditions 12Bis. Dans ce dernier, l’histoire prévue en deux volets nous ramène à la fin de la seconde guerre mondiale à bord d’un sous-marin allemand en route pour le Brésil avec à son bord 46 hommes d’équipage, un capitaine, une cargaison très mystérieuse et une série d’événements pour le moins effrayants. En 1957, soit 12 ans plus tard, une expédition de cartographes tombe sur la carcasse du sous-marin échoué quelque part sur les rives de l’Amazone. En 2059 cette fois, un étudiant fasciné par son histoire va faire une découverte sidérante… et mortelle. Avec beaucoup de talent, Jean-Yves Delitte insuffle à ce thriller d’anticipation qui se déroule sur trois époques un rythme et une tension qui va crescendo au point d’absorber le lecteur corps et âme. Un album angoissant, servi par un graphisme réaliste de très très bonne tenue ! E.G.

L’Ail des ours, Le Viandier de Polpette (tome 1), de Olivier Milhaud et Julien Neel. Editions Gallimard. 18 euros.

Branle-bas de combat à l’auberge du Coq Vert ! Le comte Eulpêtre Scaramanda a annoncé sa venue. Nettoyage des chambres et du linge, préparation de la salle de réception, inspection de la vaisselle, élaboration des menus… le travail ne manque pas et les clients eux-mêmes sont mis à contribution. Le comte Fausto de Scaramanda, fils du comte Eulpêtre et propriétaire de l’auberge est chargé pour sa part de ranger sa chambre et surtout de se préparer à cette entrevue. Il faut dire que l’un et l’autre ne se sont pas revus depuis des années. Fausto n’était qu’un enfant lorsque son père l’a envoyé dans cette auberge, une bulle à l’abri de tout…

Etonnant. Décalé. Elégant. Fantaisiste… Cet album est un petit bijou de scénario et de graphisme qui associe une histoire en bande dessinée et des recettes à mitonner chez soi après lecture. Aux fourneaux, le dessinateur Julien Neel connu pour avoir donné naissance à Lou, une célèbre héroïne des éditions Glénat qui lui rapporta deux prix au festival d’Angoulême, et le scénariste Olivier Milhaud dont c’est ici le premier livre. Mais attention, malgré son titre et ces recettes disséminées à travers le livre, Le Viandier de Polpette n’est pas un livre de cuisine. « Certes, la cuisine et les recettes sont importantes, mais je ne voulais pas que ce soit un gimmick. Le but est de donner faim au lecteur. Je souhaitais surtout écrire une histoire qui ne soit pas un récit d’aventures traditionnel. Ce premier tome nous permet de faire la connaissance des habitants du Coq Vert. On doit se sentir bien avec eux, avoir envie de vivre en leur compagnie ». Et c’est le cas ! Ce premier volet intitulé L’Ail des ours promet une belle série. Un album à savourer toutes affaires cessantes ! E.G.

31 Juil

Impostures, Pour tout l’or du monde (tome 1), de Hautière et Grand. Editions Soleil. 14,30 euros.

1850. Une époque en or ! Surtout du côté de la Californie où ont été découverts d’importants gisements du précieux minerai. Depuis, c’est la ruée ! Du monde entier affluent des aventuriers désireux de s’enrichir. En France, Louis Napoléon Bonaparte lance même une loterie pour financer le voyage vers la Californie des gagnants, histoire de favoriser l’entreprise dit-il lors d’une cérémonie dans la cour de l’Ecole des Mines. Etrange ! Stanislas de Rochebourg, élève dans cette fameuse école, n’est pas dupe mais de là à imaginer le machiavélique plan monté par le pouvoir en place autour de cette loterie…

Accords sensibles chez Glénat, Yerzhan chez Delcourt, Abélard chez Dargaud, Le Marin, l’actrice et la Croisière jaune puis Pour tout l’or du monde chez Soleil, 2011 s’annonce comme une belle année pour le scénariste Régis Hautière qui signe ici un récit d’aventure bien écrit, énergique et riche, dans le contexte de la Deuxième République. Côté graphisme, Alain Grand, transfuge de l’édition jeunesse, nous offre un graphisme semi-réaliste qui colle parfaitement bien à l’histoire ! E.G.

L’info en +

Dans son blog, que vous pouvez découvrir ici, Régis Hautière dévoile des extraits de la prochaine couverture d’Aquablue, série mythique dont il a repris la destinée scénaristique en compagnie du dessinateur Reno. Sortie prévue vers la fin de l’année 2011…

29 Juil

Les Petites histoires viriles, de Jéromeuh. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Quand il passe le fameux test des tâches d’encre chez son psy préféré, Jéromeuh y décèle des bébés lapins qui se font des bisous. C’est tout lui ! Ce trentenaire gay ultra-branché est un être certes névrosé, angoissé, hypocondriaque, dépensier (ce n’est pas moi qui le dit !)… mais attachant. Terriblement attachant. Et de se confier dans les pages de cet album, un peu comme si nous formions, nous lecteurs, une bande d’amis venus l’écouter. Au menu, ses amours, ses désamours, ses doutes, ses certitudes, tout ce qui fait les petits et grands moments du quotidien… toute une vie passée à la moulinette de l’humour et de l’autodérision. Avant de se retrouver sur le papier, ces expériences de vie faisaient le buzz – ou presque – sur internet. Jéromeuh, de son vrai nom Mehdi Jérôme Leprieur Bejani, a en effet imaginé ces Petites histoires viriles en 2007 pour un blog. Résultat : jusqu’à 12000 visiteurs par jour et de nombreuses portes qui s’ouvrent ! Publié dans la collection Humour de rire des éditions Delcourt, ce recueil nous offre donc un florilège de ces histoires remaniées pour le support. Un très bon moment pour tous, garçons et filles, filles et garçons ! E.G. 

L’info en +

Retrouvez le blog de Jéromeuh ici-même ou bien  !

28 Juil

Fugitifs, Yerzhan (tome 1), de Hautière et Efa. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Baïkonour, 2040. Le cosmodrome n’est plus qu’un immense champ de ruines. Et la ville ne vaut pas mieux. Envolées les belles années de l’aérospatiale qui faisait vivre des centaines de milliers de personnes. Aujourd’hui, la région se déchire sur des questions religieuses, militaires et politiques. Dans ce contexte, le jeune Yerzhan tente de garder la tête froide, de suivre son chemin. Jusqu’au jour où il se retrouve impliqué dans l’évasion d’un prisonnier du quartier de haute sécurité de la prison locale…

Le Breton Régis Hautière (Vents contraires, La Guerre secrète de l’espace…) et l’Espagnol Efa (Icariades, Rodriguez…) signent ici l’ouverture d’un récit d’anticipation tout au moins original par sa localisation, Baïkonour, et son contexte de conflit politico-religieux. Un récit rythmé et limpide, un dessin et des couleurs sobres, relativement peu de textes… Yerzhan devrait plaire aux inconditionnels de la collection Néopolis des éditions Delcourt (Aquablue, Arcanes, Carmen Mc Callum…). E.G.

27 Juil

Trauma, Synchrone (tome 1), de Delmas et Crosa. Editions Le Lombard. 11,95 euros.

Pouvez-vous imaginer un instant vivre vos émotions en différé ? Rire ou pleurer, s’attendrir ou s’énerver avec un temps de décalage plus ou moins long ! Impossible ? C’est pourtant bien ce qui arrive à Ian Mallory depuis l’attentat qui l’a plongé dans le coma et tué sa femme. A son réveil, trois ans plus tard, cet ancien flic va se reconvertir en romancier, se remarier, et apprendre à vivre avec cette étrange pathologie qui se révélera finalement bien utile dans certaines situations. Mieux, son ancien employeur, la NSA, voyant un intérêt certain dans cette désynchronisation émotionnelle lui proposera des missions particulièrement dangereuses…

Une très bonne idée de départ, un bon scénario, une narration qui a du punch, un graphisme efficace, des couleurs modernes… Trauma est un thriller séduisant et on attend la suite avec une certaine impatience ! E.G.

25 Juil

Scénario catastrophe, de Sable et Totino Tedesco. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Alan Ripley est un célèbre romancier américain. Dans un de ses best-sellers qui vient d’être adapté au cinéma, il imagine un missile tiré d’un sous marin passer entre les Twin Towers et s’écraser un peu plus loin. Nous sommes alors en 1999. Deux ans plus tard, les tours s’effondrent dans un nuage de poussière et de sang. C’est pour éviter ou du moins prévoir ce genre de scénarios catastrophes qu’Alan Ripley est appelé à rejoindre une cellule de réflexion pour le compte d’une agence gouvernementale américaine. Enfin, c’est ce qu’il croit car les commanditaires de ce « labo d’idées » comme ils l’appellent ont d’autres ambitions…

Bientôt 10 ans que les tours jumelles de New York ont été prises pour cible par les terroristes. 10 ans et un événement qui appartient aujourd’hui à la mémoire collective. On dit que personne à Hollywood n’aurait imaginé un tel scénario. Mark Sable et Julian Totino Tedesco vont encore plus loin en imaginant ce sombre récit de conspiration finalement plausible, tellement plausible qu’il valu au scénariste d’être arrêté et mis en détention provisoire à l’aéroport international de Los Angeles, les policiers l’ayant pris pour un terroriste. Un album captivant ! E.G.

Lefranc, un héros pour l’éternité…

Jacques Martin est décédé il y a maintenant un an et demi mais ses héros lui ont survécu. Preuve en est cette deuxième aventure du reporter Guy Lefranc publiée depuis la disparition du créateur, une aventureintitulée Les Enfants du bunker, signée par le dessinateur Alain Maury et le scénariste Michel Jacquemart. On y retrouve bien entendu tous les ingrédients qui ont fait le succès de cette série créée en 1952 pour le journal Tintin, un graphisme ligne claire, des aventures flirtant avec le fantastique et des personnages principaux terriblement attachants. Et Justement, tandis que le journaliste Guy Lefranc se trouve en Algérie, rappelé sous les drapeaux en qualité d’officier de réserve de l’Armée de l’air, le jeune Jeanjean, lui, part pour des vacances sur la côte fleurie quelque part en Normandie. Là-bas, il explore avec ses amis scouts un bunker posé sur la plage lorsque surviennent d’étranges phénomènes…

Simultanément à cette nouvelle aventure pleine de mystères, les éditions Casterman ont publié un nouveau volume des Voyages de Lefranc consacré justement au mur de l’Atlantique. Sur plus de cinquante pages, photos d’archives et illustrations à l’appui, cet album nous explique la construction de ce système défensif conçu par l’Allemagne nazie, sa configuration, la vie quotidienne des soldats, son rôle dans le Débarquement… A noter l’admirable travail de recherche documentaire et les magnifiques illustrations, parfois pleine page, d’Olivier Weinberg qui signe ici son premier album chez Casterman… Valeur sûre ! E.G.

Dans le détail :

Les Enfants du bunker, Lefranc (tome 22), de Maury, Jacquemart et Martin. Editions Casterman. 10,40 euros.

Le Mur de l’Atlantique, Les Voyages de Lefranc (tome 2), de Weinberg et Martin. Editions Casterman. 12,90 euros.

21 Juil

En première ligne, Alamo (tome 1), de Dobbs et Pezzi-Perovic. Editions Soleil. 13,50 euros.

Sans être à bout de souffle, le western est un genre qui se fait plutôt discret dans la bande dessinée actuelle. Suffisamment discret pour qu’on ne passe pas à côté des quelques titres publiés de-ci de-là comme cet album intitulé En première ligne, volet d’ouverture de la série Alamo, nom ô combien magique et mythique qui suffit à lui seul à nous propulser au cœur même de la guerre d’indépendance de la jeune République du Texas et plus globalement au cœur de l’histoire des Etats Unis. Rendu célèbre à travers le monde par les multiples adaptations cinématographiques dont il a été l’objet, comme le fameux film de John Wayne réalisé en 1960, cet événement trouve sous la plume de Dobbs et les pinceaux du tandem Pezzi-Perovic une nouvelle respiration grâce à une approche mélangeant vérité historique et libertés d’écritures notamment autour de certains personnages comme Jim Bowie ou Louis Rose. A découvrir dans la collection 1800 ! E.G.

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