17 Jan

La Page blanche, de Boulet et Pénélope Bagieu. Editions Delcourt. 22,95 euros.

Elle ne se rappelle de rien. Son travail, ses études, sa famille, son adresse, son nom… le trou noir total. Bien sûr, elle sait encore où sont les stations de métro, qui est Britney Spears… Mais pour le reste, ce qui la concerne directement… rien. Absolument rien ! En fouillant dans son sac, elle trouve une adresse. La sienne ? Elle s’y rend. Sa clef ouvre la porte de l’appartement. A partir de ce moment précis, Eloïse – ce serait son prénom – va tout faire pour cacher son amnésie à son entourage et reconstituer son passé, sa personnalité. Mais ce que la jeune femme découvre sur elle-même au fil de sa quête ne lui plaît guère…

Boulet, au scénario, et la flamboyante Pénélope Bagieu, au dessin, signent avec ce premier album commun une drôle d’histoire qui commence somme toute assez classiquement autour d’un personnage qui perd subitement la mémoire et se lance dans une quête d’identité, une « enquête d’identité » dirait Boulet. Elle se poursuit plus curieusement avec ce même personnage qui renonce finalement à sa quête pour se forger une nouvelle identité. Après le trou noir, c’est donc une page blanche qui s’ouvre, une page blanche qu’il va falloir noircir.

Outre la quête d’identité abordée de manière assez légère et même humoristique, les auteurs brocardent dans cette histoire la société de consommation et ses dérives. « L’album se passe pour partie dans une grande surface culturelle [où travaille Eloïse, ndlr], et nous en profitons… », précise Pénélope, « pour décrire sans complaisance ce milieu de la consommation de masse. Je suis particulièrement indignée par le fait que l’on vende des livres comme n’importe quelle marchandise ». De toute évidence, La Page blanche n’est pas une marchandise comme les autres, c’est un livre, un bon livre, un très bon livre, qui interroge sur ce qu’on est, sur ce qu’on laisse entrevoir à travers les objets qui nous entourent, un livre sur le superflu et le paraître avec cette question omniprésente et revendiquée par les auteurs : « l’essence d’un individu ne réside-t-elle pas dans sa mémoire ? ».

Une mise en scène innovante, un graphisme jeune et dynamique… Une chose est sûre, vous n’oublierez jamais La Page blanche ! E.G.

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Découvrez le génialissime blog de Pénélope Bagieu

PS: Dis Pénélope… tu me fais un p’tit dessin pour le blog ?