Ô dingos, ô châteaux! est la troisième adaptation par jacques Tardi d’un roman de Jean-Patrick Manchette, son ami décédé en 1995. Il y eut d’abord Le Petit bleu de la côte ouest, réédité en 2009 par Futuropolis, La Position du tireur couché publié en 2010, toujours par Futuropolis, et donc ce récit un peu dingo, un peu château aussi, troisième pierre d’un édifice que Jean-Patrick Manchette baptisera lui-même de « néo polar » et qui recevra, comme nous le rappelle Claude Guérif en préface, le Grand Prix de Littérature Policière en 1973.
L’histoire ne commence pas dans un château, comme pourrait le laisser croire le titre, mais dans un immeuble. Un immeuble chic tout de même plus proche de l’hôtel particulier que du HLM. C’est là, au troisième étage, que Julie Bellanger, tout juste sortie d’une clinique psychiatrique, logera dorénavant pour s’occuper du jeune neveu de Michel Hartog, le propriétaire des lieux. Michel Hartog est un industriel très riche et étrangement philanthrope, capable de choisir une épileptique pour cuisinière, un manchot pour jardinier, une aveugle pour secrétaire et donc une déjantée, pyromane et voleuse à ses heures, pour nouvelle nurse. Mais Julie n’aura pas le temps de se familiariser avec son nouvel emploi. Elle et le fameux neveu vont avoir à faire à un certain Thompson, un tueur à gages chargé de liquider le gamin. Ca commence par un kidnapping, se poursuit en course-poursuite infernale à travers la France et s’achève dans un effroyable bain de sang quelques part dans un château…
Pas de surprise, l’adaptation de Jacques Tardi est un régal pour les yeux et pour la tête. L’histoire est sombre à souhait, les personnages absolument désespérés, parfois désespérants, l’atmosphère des années 70 parfaitement reconstituée, les décors très détaillés et documentés, et le trait du maître, comme toujours, absolument génial ! Un bonheur… E.G.
Une interview réalisée par l’éditeur Futuropolis