19 Juil

Le Fantôme de l’opéra (volume 1), de Christophe Gaultier, d’après l’oeuvre de Gaston Leroux. Editions Gallimard. 13,90 euros.

Sorti à la fin du mois de mars, ce premier volet de l’adaptation du Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux nous permet de retrouver à la plume et à au pinceau un auteur singulier et talentueux : Christophe Gaultier. Banquise, Kuklos, Le Suédois ou Robinson Crusoé… autant d’albums qui nous ont déjà permis d’apprécier son travail et notamment son trait expressionniste d’une efficacité redoutable. Direction cette fois le Paris de la seconde moitié du XIXème siècle et plus précisément l’Opéra Garnier où un fantôme semblerait hanter les lieux jusqu’à exiger qu’on lui attribue en permanence la loge n°5 et 20000 francs par mois… Une très belle adaptation ! E.G.

18 Juil

Les Enfants terribles, Le droit chemin (tome 1), de Wilfrid Lupano, Tanco et Lorien. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Valard, Dusquennes et les frères Blondiau. Une fameuse bande ! C’est dans un établissement d’enseignement agricole pour pupilles de la nation qu’ils se sont rencontrés. Du côté de Merandac. Nous sommes en 1929 et les quatre lascars vont très vite se faire remarquer en multipliant les mauvais coups. On les considère déjà comme de la graine de voyous, des bagnards en puissance, mais c’est à Paris, pendant l’occupation, qu’ils vont vraiment trouver leur voie…

Après Alim le tanneur, L’honneur des Tzarom, Les aventures de Sarkozix et L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, le scénariste Wilfrid Lupano lance cette nouvelle série en compagnie de Tanco avec qui il a déjà réalisé L’Ivresse des fantômes. Si les deux premiers volets forment une histoire complète, les suivants seront, selon l’éditeur, des one-shots. On y retrouve d’emblée la touche humoristique de Wilfrid Lupano, grand admirateur de Franquin, Gotlib ou encore de Goscinny, et le trait souple et léger de Tanco. A découvrir ! E.G.

Mezek, de Juillard et Yann. Editions Le Lombard. 15,95 euros.

Israël, juin 1948. Tel-Aviv est à nouveau survolé par des Spitfire de l’armée égyptienne. Ils auront le temps de larguer plusieurs bombes et de faire couler le sang avant que les avions affichant la fameuse étoile bleue ne fassent leur apparition dans le ciel et finissent par les chasser. Il faut dire que les avions du jeune Etat hébreu ne sont pas de prime jeunesse. Soumis à un embargo international, Israël doit se contenter de quelques vieilles carcasses de Messerschmitt récupérées chez les Tchèques auxquels on a adjoint des moteurs de bombardiers Junker Jumo. Des avions lourds et dangereux pilotés la plupart du temps par des mercenaires appâtés par l’argent comme le jeune Suédois Björn…

Est-il nécessaire de présenter le scénariste Yann et le dessinateur André Juillard ? L’un et l’autre sont de très grands noms de la bande de dessinée franco-belge, responsables et coupables d’un certain nombre de petites pépites comme Les Innommables, Sambre, Pin-up, Spoon & White pour le premier, Masque rouge, Le cahier bleu, Le long voyage de Lena pour le second ! Avec Mezek, ils abordent un épisode de l’histoire étrangement peu connu du grand public, les débuts de l’aviation militaire israélienne et le recours à des pilotes mercenaires. L’un d’entre eux aurait même été allemand ! Bien sûr, Yann et Juillard profitent de ce contexte historique fort de la grande histoire pour nous raconter une petite histoire, de fiction cette fois, en l’occurrence une histoire d’amour. Un album impressionnant par l’émotion qu’il dégage, par l’écriture très travaillée, par la documentation aussi et, bien sûr, par le graphisme ligne claire unique du maître Juillard ! E.G.

12 Juil

Salade grecque, de Yves Montagne. Editions Vents d’Ouest. 9,95 euros.

Passer des vacances en Grèce avec des Mayennais affichant fièrement leur origine sur des tee-shirts I Love Laval, bien sûr Alex et Anna n’en rêvaient pas particulièrement ! Mais comme dans tous les voyages organisés, il faut s’attendre à tout et surtout au pire. Alex et Anna doivent se rendre à l’évidence, ce pays qui a vu naître la démocratie, la philosophie, Socrate, Platon, Aristote… est aussi celui du tourisme de masse avec tout ce que cela implique. Alex n’est d’ailleurs pas en reste. Râleur officiel, il ne manque pas une occasion pour se faire détester et parfois même un peu bousculer par les locaux ou les touristes. Un album pour tous ceux qui ont goûté ou envisagent de goûter aux joies des voyages organisés ! E.G.

Carnac, de Laurent Bidot. Editions Glénat. 13,50 euros.

Avis aux amoureux de la Bretagne et de son patrimoine, les éditions Glénat en partenariat avec les Monuments nationaux viennent de publier une bande dessinée sur les alignements de Carnac. Son auteur, Laurent Bidot, qui a précédemment signé des albums sur l’histoire de la Grand Chartreuse et du Mont-Saint-Michel ainsi qu’une série ésotérique intitulée L’Eternel, nous propose ici de remonter le temps de quelques 5000 ans à la rencontre de Erhar, tailleur de pierre et architecte des lieux sacrés, et de sa douce et tendre, Syll. Une histoire d’amour hors du commun dans un lieu plein de mystère et de magie ! E.G.

De Prague à Tcheliabinsk, Svoboda! (tome 1), de Kris et Pendanx. Editions Futuropolis. 12 euros.

D’un côté, Jean-Denis Pendanx, dessinateur des excellents Abdallahi et Jeronimus. De l’autre, Kris, scénariste humaniste révélé par Un Homme est mort et Notre Mère la guerre. Deux auteurs qui ont du talent à revendre et un sacré penchant pour les belles histoires. Réunis pour la première fois autour d’un projet, Kris et Pendanx ont exhumé un épisode épique de l’histoire tchèque connu sous le nom de L’Anabase sibérienne. Retour en 1918… 70000 soldats de nationalités tchèque et slovaque profitent de la Révolution russe pour fuir les camps de prisonniers tsaristes. Ils s’emparent du Transsibérien pour rejoindre les alliés sur le front de l’Ouest en espérant obtenir la création d’une république tchécoslovaque. Le périple prévu pour durer deux mois s’étalera sur trois ans ! « L’idée n’est évidemment pas de raconter cette histoire incroyable à la façon des belles histoires de ce cher Oncle Paul… », précise Kris. « J’ai toujours pensé que l’on fait entrer le lecteur dans la grande histoire par le truchement de la petite, que l’on perçoit bien mieux l’essence d’une aventure humaine à travers le destin de quelques-uns. Et que pour mieux la raconter, il faut aussi, paradoxalement, savoir s’en éloigner un minimum. » Acteur de cette Histoire vraie, un personnage de fiction : le Tchèque Josef Cerny, dit Pepa, juif, professeur d’arts plastiques. Lorsqu’en 1938, il apprend la signature des accords de Munich, il se sent trahi et se remémore l’époque où il s’est battu pour son pays. Tout avait commencé à Tcheliabinsk, en mai 1918…

Des couleurs raffinées, un graphisme beaucoup moins pictural que dans les précédents albums de Jean-Denis Pendanx, des dialogues qui font mouche… Ce premier album offre une très belle entrée en matière ! E.G.

09 Juil

Le Schtroumpfissime, de Peyo et Delporte, commenté par Dayez. Editions Dupuis. 19,95 euros.

C’est en 1958, le 23 octobre pour être tout à fait précis, que les Schtroumpfs font leur première apparition dans le journal de Spirou. Ils ne sont alors que les personnages secondaires d’une aventure de Johan et Pirlouit, La Flûte à six schtroumpfs. Succès immédiat ! Quelques années et mini-récits plus tard, Peyo offre à ses personnages leur première grande aventure: Le  Schtroumpfissime. A la veille de la sortie en salle du film américain adapté de la bande dessinée et réalisé par Raja Gosnell, les éditions Dupuis nous invitent à redécouvrir cet album devenu culte grâce à une réédition spéciale comportant une analyse originale signée Hugues Dayez. Planche après planche, ce grand spécialiste de Peyo décrypte l’intention des auteurs, replace le récit dans son contexte de création et livre nombre d’anecdotes et de secrets. Un bon concept qui devrait, espérons le, s’appliquer à d’autres albums essentiels du Neuvième art ! E.G.

06 Juil

Les frères Zimmer contre le reste du monde, de Jérémy Mahot. Editions Delcourt. 11,50 euros.

L’un est rond et vert. L’autre, rouge et cubique. L’un ne vit que par son travail chez Megacorp. L’autre serait plutôt du genre obsédé sexuel. Seul point commun entre les deux personnages de cette bande dessinée, leur nom de famille : Zimmer. Karl et Hans Zimmer ! Ils sont frères, habitent à Hilberseimer, une jolie bourgade aux formes absolument géométriques et monotones, et vivent des aventures qui n’ont aucun intérêt sauf, bien sûr, d’être passées entre le cerveau et les mains de Jérémy Mahot, ingénieur informatique de formation et passionné d’art contemporain, deux composantes de sa personnalité qui expliquent peut-être l’aspect à la fois cartésien et un peu déjanté de cet album qui dès le titre, Les frères Zimmer contre le reste du monde, donne le ton général de l’album. Mais qui est donc ce fameux reste du monde, vous demandez-vous ? Personne en particulier, tout le monde en général, les collègues de bureau, les voisins, les arbres, les ordinateurs, les robots, les patrons… bref beaucoup du monde, tellement de monde qu’il faudra plusieurs volumes pour espérer en faire le tour… Et ça tombe plutôt bien, nous on aime et on en redemande ! E.G.

05 Juil

Chroniques de la Nécropole, de Golo et Dibou. Editions Futuropolis. 21 euros.

« Vu la nouvelle donne politique, je ne suis pas sûr que cela voie le jour… Le peuple égyptien est étonnant, je suis admiratif. », confiait Golo en février 2011 à propos d’un sombre projet immobilier qui devait se faire au détriment du peuple. C’est l’objet de cet album paru aux éditions Futuropolis. Gournah, petit village situé aux abords de Louxor a séduit Golo et sa compagne Dibou. Ensemble, ils s’y installent en 2000, ouvrent un atelier de peinture et de création pour les enfants, créent des bijoux et vêtements avec les artisans locaux. Mais voilà, Gournah est à deux pas de Louxor et quelques proches du pouvoir – de l’époque – ont semble-t-il décidé de bâtir ici-même un ensemble immobilier pour accueillir les touristes. Expulsions, destruction du village, relogement des habitants dans des maisons sans âme… Chroniques de la Nécropole témoigne donc avec tendresse, humanité et humour de la disparition d’un village séculaire mais aussi de l’amour des auteurs pour ce pays et pour son peuple. Une BD-reportage passionnante qui mélange à la manière de la fameuse trilogie Le Photographe d’Emmanuel Guibert, des dessins au style proche des illustrations de presse et des photographies. Coup de cœur assuré ! E.G.

02 Juil

La Lecture des ruines, de David B. Editions Dupuis. 14 euros.

Un album de longue garde ! La Lecture des ruines est comme ces bons vins qui se bonifient avec le temps. Sorti il y a juste dix ans dans la collection Aire Libre, le voici tout fraîchement réédité au format d’un roman, ce qui peut se révéler pratique, je vous le concède, pour la plage cet été. Et de se replonger dans cette histoire qui se déroule pendant la première guerre mondiale en compagnie de personnages insolites comme le Hollandais Van Meer, un agent des services secrets alliés, accessoirement folkloriste, métier qui consiste à mener des recherches sur les croyances et les superstitions liées à la guerre. Comme aussi l’ingénieur Hellequin connu pour avoir transformé un canon ordinaire en canon à rêves, une machine infernale qui empêcherait les ennemis allemands de rêver, les rendant fou jusqu’à les tuer… Un récit à la fois réaliste et fantastique, influencé par le maître Jacques Tardi. A découvrir ou redécouvrir ! E.G.

RSS