01 Avr

Une aventure inédite de Spirou signée de son créateur Rob-Vel retrouvée au fond d’une malle

FullSizeRenderUne couverture de Rob-Vel sur un Spirou de 2015 ? L’affaire n’est pas banale et risque bien d’agiter quelques temps les réseaux sociaux. D’autant que cette couverture-là ne dira rien à personne. C’est une illustration inédite qui annonce une aventure elle-aussi inédite publiée cette semaine dans les pages du journal Spirou.

Cette aventure date, selon l’équipe du journal, de 1940. Rob-Vel, le créateur du personnage, est alors mobilisé et participe à des manoeuvres avec son régiment à Saint-Quentin dans l’Aisne. Désireux de renouveler les aventures de Spirou, il écrit donc ce Spirou et les monstres, une histoire fortement imprégnée du contexte de guerre et de l’atmosphère de Freaks, le film de Tod Browning. Effrayée par la teneur de l’histoire, la direction des éditions Dupuis refuse de la publier. Rob-Vel fait alors cadeau des planches à un de ses amis mobilisé comme lui, un certain Maurice Martineau.

De fonds de malles en étals de brocanteurs, les planches finissent dans les mains d’un collectionneur. Et cette fois, la direction des éditions Dupuis ne s’interdit pas de les publier. Et c’est chose faite depuis ce mercredi matin dans le Spirou n°4016 daté du 1er avril 2015… du combien ? Comment dites-vous ? Du 1er avril ?

Eric Guillaud 

31 Mar

Chaminou et le Khrompire de Macherot réédité dans la collection 50/60

9782873930622Comme son nom l’annonce clairement, la Collection 50/60 du label Niffle aux éditions Dupuis a pour vocation de réunir des oeuvres majeures des années 50 et 60, telle que celle-ci, Chaminou et  le Khrompire, réalisée au milieu des années 60 par Raymond Macherot.

Chaminou et le Khrompire, une oeuvre majeure ? Un véritable trésor pour les éditions Dupuis et plus généralement pour le Neuvième art. Comme les titres précédents de la Collection 50/60, à savoir La Mauvaise tête, La Voiture immergée, La Guerre des 7 fontaines ou encore La Villa du Long-cri, Chaminou et le Khrompire bénéficie ici d’une magnifique réédition, un album au format carré de 128 pages, des planches restaurées et agrandies pour apprécier pleinement le trait de génie de Raymond Macherot et, bien sûr, les commentaires du journaliste Hugues Dayez qui apportent un éclairage passionnant sur cette oeuvre exceptionnelle, un récit animalier de toute beauté avec Chaminou le chat détective.

Eric Guillaud

Chaminou et le Khrompire, de Macherot. Editions Niffle/Dupuis. 28€

© Dupuis / Macherot

© Dupuis / Macherot

27 Mar

Mettez des mots sur votre colère : une histoire choc de Marc Malès autour des enfants travailleurs aux Etats-Unis au début du XXe siècle

mettez-des-mots-sur-votre-colèreMarc Malès… Dans les recoins de ma petite mémoire de mollusque, ce nom-là est associé à un polar, un très bon polar. Vérification faite dans mon crâne et dans ma bibliothèque, il s’avère effectivement que Marc Malès a commis Sous son regard, un album publié en 2009 aux éditions Vents d’ouest, un polar écrivais-je à l’époque « noir, racé, viril, qui rend un merveilleux hommage aux films noirs américains des années 50″.

Bien sûr, Marc Malès a travaillé en compagnie de divers scénaristes sur d’autres séries et one-shots tels que Hollywood, Mille visages, De Silence et de sang ou encore Les Révoltés. Mais Sous son regard a en commun avec son tout nouvel album, Mettez des mots sur votre colère, d’avoir Marc Malès pour seul et unique auteur, signant à la fois le scénario et le dessin. Et aujourd’hui comme hier, Marc Malès fait mouche. Mettez des mots sur votre colère est un magnifique album à l’italienne, « pour m’approcher d’un format cinématographique » confie l’auteur, aux atmosphères sépias propices à nous transporter au début du XXe siècle.

Mais pour nous raconter quoi ? Sur près de 140 pages, Marc Malès raconte justement les milieux défavorisés américains de ce début de XXe siècle et notamment les enfants travailleurs, des gamins exploités par des industriels peu scrupuleux, obligés d’accepter les pires conditions, les blessures aussi, parfois même la mort, pour aider leur famille. Un travail de forçat pour, bien sûr, un salaire de misère.

Mais là où l’album pourrait se contenter d’être une BD documentaire ou une BD purement historique, Marc Malès en fait une fiction en mettant en scène un certain Owen Brady, un photographe bien décidé à dénoncer le scandale des enfants travailleurs, un photographe qui a aussi ses zones d’ombres. Soutenu par le National Child Labour Committee, nous le suivons dans sa course à travers le pays, passant d’une usine à l’autre, photographiant les enfants et récoltant de précieuses informations. « Les nombreux ouvrages documentaires sur les Etats-Unis à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe…« , précise l’auteur, « font beaucoup usage de la photographie sociale, celle qui a vocation à témoigner ».

Parmi les représentants de la photographie sociale, il y eut notamment Jacob Riis, Walker Evans et surtout Lewis Hine qui a inspiré le personnage d’Owen Brady. « Avec Lewis Hine et son reportage sur les enfants travailleurs, je ressentais qu’il y a avait une dimension personnelle supplémentaire (…) Je suis parti dans la volonté d’extrapoler par rapport aux sentiments que je devinais chez Lewis Hine. Alors, dans le but de montrer l’idée d’une résonance personnelle avec sa propre histoire, il devenait évident dès le départ que je devais créer un personnage fictif en lieu et place du photographe réel ». Owen Brady qui dénonce l’exploitation des enfants fréquente assidument les maisons closes, une autre forme d’exploitation. Il peut aussi être parfois très violent. C’est cette part d’ombre que Marc Malès nous fait aussi découvrir au fil des pages. Ce qui fait de Mettez des mots sur votre colère un album très riche, très dense aussi, peut-être parfois un peu trop bavard mais toujours très intéressant !

Eric Guillaud

Mettez des mots sur votre colère, de Marc Malès. Editions Glénat. 25,50 €

21 Mar

Scott McCloud revisite le mythe de Faust avec son roman graphique « Le Sculpteur »

album-cover-large-25582Si l’auteur Scott McCloud est connu et reconnu en France, tout au moins au sein des amateurs éclairés du Neuvième art, ce n’est pas tant grâce à ses albums de bandes dessinées qu’à ses ouvrages théoriques sur le médium.

L’Art invisible, Réinventer la bande dessinée, tous deux parus chez Vertige Graphic, ainsi que Faire de la bande dessinée, publié par Delcourt, l’ont rendu célèbre des deux côtés de l’Atlantique en permettant à quantité de passionnés de s’initier à la narration et au dessin de façon originale et concrète.

Mais c’est bien avec une fiction, un roman graphique, que l’auteur américain nous revient cette année. Le Sculpteur, c’est son titre, un gros livre de 500 pages et une histoire qui nous transporte aux Etats-Unis, plus précisément au coeur des milieux artistiques new-yorkais.

David Smith, jeune sculpteur de 26 ans a goûté un temps au succès. Mais il est aujourd’hui tombé dans l’oubli et ses oeuvres ne valent plus rien. Il se retrouve sans argent, doit quitter le loft qu’il occupait dans Chelsea, penser à se trouver un petit boulot et peut-être à se marier histoire de bien rentrer dans le rang et attendre gentiment sa mort. A moins qu’un ange gardien le prenne sous son aile et lui permette d’être enfin reconnu par le monde de l’art.

En guise d’ange gardien, c’est le diable qui se présente. Et avec lui, David accepte de pactiser. En échange de sa vie, le diable lui octroie le pouvoir de sculpter à mains nues pendant deux cents jours, le temps nécessaire pour se créer une oeuvre monumentale, se faire enfin un nom.

Mais au moment précis où le décompte commence, David rencontre une jeune femme, Meg, dont il tombe éperdument amoureux. Lui qui pensait l’art au dessus de tout, au dessus des personnes, de l’argent, du sexe de la politique… se rend compte finalement que l’amour est la plus belle des choses.

On ne pouvait s’attendre à moins de la part de Scott McCloud et de son expertise. On aurait pu craindre que l’auteur et théoricien de la bande dessinée utilise ce récit comme une vitrine de son savoir faire mais non, Le Sculpteur est un joyau narratif et graphique où tout semble naturel, facile. Un très beau livre et une histoire particulièrement émouvante sur ​​la vie, l’amour, la mort et la créativité !

Eric Guillaud

Le Sculpteur, de David Smith. Editions Rue de Sèvres. 25 €

L’info en +

Scott McCloud est en dédicaces au Salon du livre de Paris jusqu’au dimanche 22 mars

08 Mar

Les Tuniques bleues : la série mythique en version thématique

oRf2L9zF3ChenWDxe86p8JVeLr4xmt5Q-couv-1200130 000 exemplaires imprimés en 2014, 140 000 en 2013, 150 000 en 2012… Si on se réfère aux chiffres fournis chaque année par Gilles Ratier et l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée), la série des Tuniques Bleues compte parmi les 20 plus gros tirages de la bande dessinée francophone. Un bijou pour les amoureux du Neuvième art, une poule aux oeufs d’or pour la maison d’édition Dupuis et ses auteurs, Lambil et CauvIn.

Du coup, tout le monde en redemande. Outre le 58e album de la série mère sorti en octobre 2014, Dupuis vient de publier quasiment coup sur coup une  intégrale et une série thématique consacrées aux deux héros. Le premier recueil de cette dernière porte sur les grandes batailles et réunit deux albums : Bull run et Les Nancy Hart. Intitulée Les Tuniques Bleues présentent…, elle comportera à terme 10 volumes autour de différents thèmes : les indiens, la photographie, la guerre navale ou encore les femmes dans l’armée. En bonus, dans chaque volume, un dossier mettra en lumière l’incroyable travail de documentation réalisé par les auteurs.

Eric Guillaud

Les Tuniques Bleues présentent… Les Grandes batailles, de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 14,50 €

04 Mar

Fluide Glacial fête ses 40 ans avec un numéro spécial

image00240 ans ? Oui oui, tout juste 40 ans. Le fameux « journal d’umour et bandessinées » a été fondé précisément le 1er avril 1975 par Marcel Gotlib, Alexis et Jacques Diament. Seuls ceux qui ont dépassé aujourd’hui les 50/55 ans peuvent donc s’en souvenir.

Pour ceux-là et pour les autres, l’équipe de Fluide a concocté un numéro anniversaire d’anthologie, en kiosque le 7 avril !

196 pages d’hommages avec Gotlib, Binet, Margerin, les Guignols de l’Info, Jack Lang, Edika, Michel Onfray, Albert Algoud, les Grolandais, Pétillon, Geluck… Qu’on se le dise !

03 Mar

48H BD 2015 : quand BD rime avec BA !

Capture48HBD

Une bande dessinée emportée, une bonne action assurée !

L’opération 48H BD fait son retour les 3 et 4 avril prochains un peu partout en France et en Belgique. Le concept n’a pas changé, il est juste renforcé. 12 éditeurs participent cette année à l’opération proposant chacun une bande dessinée à 1 euro, oui oui vous avez bien lu, 1 euro. Parmi les titres disponibles, Le top du Chat de Geluck, Lucien Père et fils de Margerin, Holmes de Cecil et Brunschwig, Alerte aux Zorkons de Yoann et Vehlmann…

En tout, 216 000 BD seront proposées à ce prix ridicule. Mais 48H BD, c’est aussi des séances de dédicaces, une centaines sur les deux jours, des animations, des rencontres dans les écoles et bibliothèques et en guise de nouveauté une bonne action. Les revenus générés devraient permettre en effet d’offrir des BD, 50 000 selon les organisateurs, à des écoles, collèges, lycées et bibliothèques…

Plus d’infos ici

01 Mar

Drink a LOL de Thom J. Tailor et Ookah : quand l’imbuvable n’est pas seulement au fond du verre

Couv_234822« Des collants qui ne filent pas, ça serait un soulagement énorme pour nous, les femmes. Si ça vous aide à la fermer un peu, ça serait un soulagement énorme pour nous, les hommes ».

Quitte à être imbuvable, autant l’être complètement. Et là-dessus, aucun doute, le protagoniste principal de cette bande dessinée publiée aux éditions Marabout l’est au-delà de toutes limites connues. Misogyne, misanthrope même, cynique, méchant, suffisant, il balade son physique de jeune premier du cinéma des années 30 dans une série de strips, avec toujours un verre à la main et la réplique qui flingue. Un espèce d’alcoolique mondain psychologue, oui oui, mais sans une once de psychologie, le genre de gars qu’on peut très vite regretter d’avoir rencontrer.

Mais d’où sort ce type me direz-vous ? D’un blog lancé en 2011 par Thom J. Tailor, un auteur bien sous tous rapports qui orienta ses études vers un cursus de psychologie et obtint au final un master 2 psychologie clinique et psychothérapie. Autant dire qu’il connaît le monde des psychologues.

Mais il n’est pas seul sur l’affaire. Ookah, jeune graphiste spécialisée dans le print et le packaging produit, débarque dans l’aventure en 2012 pour en assurer la direction graphique.

Résultat des courses, 500 et quelques strips plus tard, l’odieux psychologue débarque dans le monde de la BD version papier. Un petit livre à déguster sans modération entre deux coupes. Divinement génial !

Eric Guillaud

Drink a lol, de Thom J. Tailor et Ookah. Editions Marabout. 17,95 € 

28 Fév

Jean Valhardi en intégrale chez Dupuis : c’est parti !

Capture d’écran 2015-02-28 à 16.14.20Il ne fait peut-être pas partie des héros les plus populaires du journal Spirou, tout de même, Jean Valhardi eut son heure de gloire pendant la Seconde guerre mondiale et dans les années 50/60 avec notamment Jean Doisy, Jean-Michel Charlier et Philip au scénario, Jijé et Eddy Paape au dessin.

C’est en 1941 que Jean Valhardi fait son apparition dans les pages du journal Spirou. En pleine guerre. En pleine occupation allemande. A cette époque-là, rappellent Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault dans une longue et passionnante introduction, les vedettes « avaient pour nom Superman, Bill l’Albatros, Red Ryder, Tif et Tondu, Trinet et Trinette, Brick Bradford et, bien entendu, Spirou. Mais, tandis que le jeune groom avait été conçu comme porte drapeau du journal… », poursuivent-ils, « son succès n’était pas encore à la mesure des attentes de la rédaction ». Pour différentes raisons ! La plus notable étant sans conteste que les héros américains permettaient aux jeunes lecteurs belges et français de s’échapper de la vieille Europe en guerre. Avec l’invasion de la Belgique et la raréfaction des séries américaines, le journal dut impérativement trouver des remplaçants, « des ersatz locaux qui n’auraient pas à craindre la censure allemande ».

Jean Valhardi, en véritable héros, moderne, courageux, tel un grand frère idéal adulé par de nombreux enfants, vécut ses premières aventures jusqu’à l’interdiction du journal par les Allemands en septembre 1943. Il fût de retour dès la Libération et traversa les années 50 sans encombre avant de disparaître de la circulation au milieu des années 60 et de réapparaître une dernière fois, le temps de quatre albums, dans les années 80.

Ce premier volume de l’Intégrale Jean Valhardi réunit les aventures publiées dans les albums Jean Valhardi détective et Valhardi II en version intégrale et restaurée. Un très bel album pour les amoureux du Neuvième art et de son patrimoine !

Eric Guillaud

L’Intégrale Valhardi 1941-1946, de Jean Doisy et Jijé. Editions Dupuis. 35 €

23 Fév

Quand vous pensiez que j’étais mort : Matthieu Blanchin témoigne des 10 jours qu’il a passé dans le coma

IMG_1030Je dois vous l’avouer, pour des raisons personnelles, j’ai eu du mal, beaucoup de mal, à me jeter dans cette histoire.

Peut-être la trouille de revivre une sombre période de ma vie, la perte d’un ami tué par une pu*** de tumeur au cerveau. C’était en 2004. Mais toutes les histoires sont différentes. Et celle de Matthieu Blanchin a fini par m’interroger, m’intriguer. L’auteur de la fabuleuse biographie en BD de Calamity Jane avec Christian Perrissin raconte ici son quotidien dans le coma suite à un accident cérébral provoqué par une tumeur au cerveau. Dix jours de coma et des souvenirs qu’il met quelques années plus tard en images. Des souvenirs qui équivalent, explique-t-il, « à 3 ou 4 années de tribulations diverses » : voyage au Canada, enlèvement de sa fille Jeanne, errance en Australie, emprisonnement dans un placard de l’aéroport de Sydney, séjour de plusieurs mois dans une cave, enrôlement forcé dans un camp de blessés serbo-croate…

C’est un peu le big bang dans sa tête et dans son corps : « Je pressens l’agonie tout en me sentant toujours plein de vigueur. Comment dire ces moments d’effondrement ? Aujourd’hui encore, les souvenirs sont si nets… Si crûment ambivalents … Je m’obstine … Je m’agrippe une dernière fois ?… Là, je me souviens comment je suis écartelé, puis méticuleusement déchiré. Les lambeaux de moi s’éparpillent… »

Les souvenirs sont violents, terrifiants, la mise en images l’est tout autant. Mais au delà de la période de coma, Matthieu nous raconte comment il s’est sorti de toute cette affaire, les crises d’épilepsie, les traitements médicaux lourds, la récidive quelques années plus tard, les journées rythmées par les rendez-vous médicaux, son incapacité à reprendre le dessin, l’amour de ses proches, sa fille Jeanne, son retour parmi les vivants…

Le livre de Matthieu Blanchin peut effrayer et éloigner une partie des lecteurs de BD mais le témoignage qu’il apporte dans ses pages est sans équivalent. Comme lui, on ne peut ressortir indemne de l’expérience. C’est toute la force de son livre et toute la force du médium bande dessinée…

Eric Guillaud

Quand vous pensiez que j’étais mort, de Matthieu Blanchin. Editions Futuropolis. 24 €

© Futuropolis / Blanchin

© Futuropolis / Blanchin