10 Oct

Petite voleuse, une première BD en forme de petit chef d’oeuvre signée Michael Cho

Couv_225381Ça peut énerver mais c’est ainsi, il y a des gens qui comprennent tout, tout de suite. Michael Cho en fait partie.

Pour sa première contribution au Neuvième art, l’auteur signe en effet un petit chef d’oeuvre tant sur le plan du scénario que du graphisme. Les éditions Delcourt le présentent comme un nouveau prodige de la BD. Ils ont sans aucun doute raison.

Né en Corée du Sud, installé au Canada depuis l’âge de six ans, Michael Cho a appris l’anglais en lisant les comics. Ça aide. Il se fait un nom dans l’illustration en travaillant pour le New York Times, le National Post ou encore le Boston Globe. Il signe aussi des couvertures de livres avant de s’intéresser à la bande dessinée, d’écrire plusieurs histoires courtes et aujourd’hui ce roman graphique.

Petite voleuse, Shoplifter en anglais, raconte l’histoire de Corrina Park, une jeune femme ordinaire ou presque, diplômée de littérature anglaise, pleine d’ambition mais emprisonnée dans un boulot alimentaire qui lui déplaît. Corrina a envie de tout plaquer et de devenir enfin écrivain, ce dont elle rêve depuis son plus jeune âge. Mais elle doit payer son loyer et nourrir son chat. Alors, simplement pour mettre en peu de piquant dans sa vie bien terne, la jeune femme vole. Pas grand chose, des bricoles, mais suffisamment pour que ça finisse par changer le cours de son existence..

Même si l’auteur n’a pas souhaité en faire la « voix d’une génération« , comme il l’explique dans une interview accordée au journal The Coast News, Corrina Park ressemble à beaucoup de jeunes filles et de jeunes garçons de notre époque, surdiplômés et sous-employés. Son histoire nous parle de recherche du bonheur, d’épanouissement, de rêves parfois enfouis et fatalement de renoncements. C’est beau, bien écrit, juste et passionnant !

Eric Guillaud

Petite voleuse, de Michael Cho. Editions Delcourt. 19,99 €.

Quai des Bulles, le festival BD de Saint Malo est ouvert

Quai-des-bulles-2014_sslogo_Frederik-Peeters_LD_2500 auteurs… et des milliers de passionnés au rendez-vous !

C’est parti pour trois jours de folie autour de la bande dessinée. Quai des Bulles, 34e du nom, a ouvert ses portes ce vendredi matin avec un programme plutôt chargé et particulièrement alléchant qui devrait dans tous les cas contenter les festivaliers jusqu’à dimanche soir.

Au programme, plusieurs expos, notamment consacrées à Jean-CLaude Mézières, la Grande guerre, Frédéric Bézian, Guy Delisle, mais aussi des rencontres, des projections de films, des animations jeunesse, des débats et bien sûr les incontournables séances de dédicaces auxquelles les 500 auteurs présents se plieront de bonne grâce même si le SNAC BD, le Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs de BD, appelle les auteurs à une actions collective lors du festival contre la réforme de leur régime retraite. Un débrayage des auteurs est annoncé pour le samedi 11 octobre à 17h30.

Plus d’infos sur le festival ici

Eric Guillaud

06 Oct

Corto Maltese, le héros du géantissime Hugo Pratt, reprend du service…

© Pratt

© Pratt

Non vous ne rêvez pas, le légendaire Corto Maltese sera effectivement de retour en librairie dans une petite année, en octobre 2015, ont annoncé aujourd’hui les éditions Casterman.

Contrairement à Hergé et son non moins légendaire Tintin, Hugo Pratt, mort il y a 20 ans, ne s’est jamais opposé à ce que son personnage lui survive.

Une très très bonne nouvelle pour les tous amoureux de l’aventurier qui n’avaient plus rien à se mettre sous la dent depuis 1992 et la parution de Mû la cité perdue.

Cette trentième aventure, dont on ignore bien évidemment tout pour le moment, sera réalisée par le scénariste Juan Diaz Canales connu pour son polar animalier Blacksad et le dessinateur Ruben Pellejero (Dieter Lumpen, Le Tour de valse…).

Eric Guillaud

04 Oct

Nouvelles vies, l’aventure d’une grossesse racontée par Stéphanie Delmas

nouvelles-vies360 000 naissances par jour à travers le monde, 250 premiers cris par minute écoulée ! Alors oui c’est vrai, l’aventure d’une grossesse n’a rien d’exceptionnelle, enfin quand ce n’est pas la sienne bien sûr. Et j’entends déjà certains commentaires sarcastiques, surtout du côté des hommes, qui pourraient ressembler à ça : « oh non encore une histoire d’amour qui finit mal à cause d’un polichinelle dans le tiroir ».

Bon, effectivement, Stéphanie Delmas ne va pas révolutionner la BD avec ce récit, ce témoignage pourrait-on même écrire puisqu’il s’agit d’un album autobiographique. Mais tout de même, la jeune auteure a su trouver un angle singulier et finalement intéressant, celui des réactions que l’arrivée d’un enfant provoque. Et pas seulement chez le futur papa qui, on s’en doute, attend l’arrivée du bébé comme on attendrait la livraison d’un colis pour reprendre les propres termes de Stéphanie, mais aussi du côté des futurs grands-parents, arrière-grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines… d’où le titre Nouvelles vies au pluriel qui signifie bien quelques petits changements dans le quotidien de chacun.

« Dans Nouvelles vies… », écrit Stéphanie Delmas sur le blog qu’elle anime sous le pseudo de Bambiii (avec 3 i), « je parle de ce repositionnement généalogique que représente la grossesse. Ce moment si particulier n’est pas QUE l’attente d’un seul enfant mais aussi une remise en questions sur sa propre enfance, sa positions dans telle ou telle famille ».

« Achetez le, il donne une belle peau! » écrit l’auteure toujours sur son blog. Sans aller jusque là – je ne voudrais quand même pas être accusé de publicité mensongère – je pense effectivement qu’il faut l’acheter. Et même si on est un mec, SURTOUT si on est un mec ! Car non seulement Nouvelles vies est un album agréable à lire, bourré de tendresse et de drôlerie, mais il répond aussi à de véritables interrogations qui naissent immanquablement dans ces moments là. Ajoutez un graphisme subtil qui doit autant à la bande dessinée qu’à l’illustration et vous obtiendrez un beau bébé, pardon un beau bouquin, à lire en famille !

Eric Guillaud

Nouvelles vies, de Stéphanie Delmas. Editions Delcourt. 14,95 €

© Delcourt / Delmas

© Delcourt / Delmas

L’album Tyler Cross du Nantais Brüno et du Parisien Nury élu album de l’année au festival de la BD de Chambéry Savoie

tyler-cross-tome-1-tyler-crossLe 38e festival de la BD de Chambéry Savoie, qui se tient jusqu’à demain dimanche, a attribué ses récompenses, les fameux Eléphants d’Or. A noter que Philippe Druillet a reçu l’Elephant d’Or du Festival pour l’ensemble de son oeuvre.

L’auteur a accueilli son prix par un bras d’honneur, comme nous le rapporte nos confrères de France 3 Alpes, et ajouter un « je vous emmerde » qui a laissé perplexe l’assistance.

Tyler Cross, le fabuleux polar de Brüno et Nury, reçoit l’Eléphant d’or du meilleur album de l’année et Le Temple Flottant de Zhang Xiaoyu, l’Eléphant d’or du Public France 3.

A lire et relire la chronique de Tyler Cross ici et l’interview de Brüno et Nury là !

 

Tous les Eléphants d’or 2014

Prix du Public France 3 : Zhang Xiaoyu pour « le Temple Flottant »
Prix Jeunesse : Patrick Sobral, pour « Les légendaires »
Prix du Meilleur scénario : Laurent Galandon pour « un peu de bonheur », Bamboo
Album de l’année : « Tyler Cross » de Brüno et Fabien Nury, Dargaud
Prix Coup de coeur : Rick Leonardi, auteur américain de Spider man 2099
Prix de l’Ensemble de l’œuvre : Philippe Druillet

03 Oct

Mon truc en plus, une histoire de chromosome en plus signée Noël Lang et Rodrigo Garcia

mon-truc-en-plusPablo est un petit garçon comme les autres qui aimerait devenir un jour footballeur pour travailler uniquement le dimanche. Ou chanteur pour écrire de jolies chansons à sa fiancée préférée. En attendant, il aime partager son temps avec ses amis et son amoureuse sans quitter des yeux son disque favori, un disque de Petula Clack, une sorte de doudou en vinyle qu’il traine jusque sur la plage ou au terrain de jeux. Oui, Pablo est un petit garçon comme les autres… enfin presque. Car Pablo a un truc en plus du côté des chromosomes…

60 000 personnes seraient porteuses en France d’une trisomie 21, un enfant sur 800 serait atteint… Dans ce petit livre au format carré, les auteurs Noël Lang et Rodrigo Garcia nous offrent un autre point de vue sur la maladie, celui d’un petit garçon malicieux extrêmement attachant. Un livre à mettre entre toutes les mains !

Eric Guillaud

Mon truc en plus, de Noël Lang et Rodrigo Garcia. Editions Steinkis. 18 €

 

01 Oct

Le grand désordre, un témoignage absolument poignant sur la maladie d’Alzheimer aux éditions Steinkis

Couv_225604Difficile d’écrire, ne serait-ce qu’un mot, une fois la dernière page de ce livre tournée. Je dois l’avouer, il m’a fallu attendre quelques minutes avant de retrouver un tant soit peu mes esprits et ma plume. Car oui Le Grand désordre est un récit poignant, déchirant, un témoignage unique en son genre sur cette p… de maladie neurodégénérative à laquelle on a donné le nom de son « découvreur », Alois Alzheimer. Et ce témoignage est celui d’une jeune femme, canadienne, Sarah Leavitt, qui décide à la fin des années 90, de garder en mémoire la maladie de sa mère par des notes et dessins qu’elle conservera religieusement jusqu’à son décès. Elle ressort alors les carnets, les croquis, les notes couchées sur des bouts de papier pour en faire une BD, plus précisément un graphic memoir, sorte de roman graphique autobiographique.

« J’ai écrit ce livre… », confie l’auteure, « parce que je veux me souvenir de ma mère avant sa maladie, mais aussi pendant. Je veux me rappeler comment certains de ses traits de caractère ont été profondément affectés par Alzheimer, mais aussi comment elle a conservé d’autres aspects de sa personnalité jusqu’à la fin. Alors que la maladie la transformait, j’ai changé moi aussi, contrainte de réexaminer ma propre identité en tant que fille et en tant qu’adulte, et de recréer ma relation avec ma mère ».

Alors que beaucoup chercheraient à oublier, Sarah note tout méticuleusement, les premiers signes, les sautes d’humeur, les visites chez les spécialistes, l’annonce du diagnostique, la dégénérescence lente et progressive, jusqu’aux dernières heures. Elle note tout pour se souvenir et finalement pour témoigner. Le Grand désordre très habilement sous-titré Alzheimer, ma mère et moi nous embarque pour un long voyage au pays de la maladie, un quotidien de plus en plus lourd dont on imagine pas un instant les difficultés, mais aussi un chemin d’amour dans l’intimité d’une famille soudée par l’épreuve. Ce n’est pas une BD, c’est un choc !

Eric Guillaud

Le Grand désordre, de Sarah Leavitt. Editions Steinkis. 18 €

© Steinkis / Sarah Leavitt

© Steinkis / Sarah Leavitt

30 Sep

Jorge González et Gani Jakupi : un certain regard sur la guerre au Kosovo

Couv_226465Depuis Bandoneon et peut-être plus encore depuis Chère Patagonie, la seule annonce d’un prochain album signé Jorge González suffit à aiguiser notre curiosité et mettre à mal notre patiente. Nous vous en parlions dès le mois de juillet, le voici enfin, Retour au Kosovo est arrivé sur nos bureaux de chroniqueurs avec quelques jours d’avance sur la sortie en librairies. Impossible de le glisser sur la pile de BD en attente et de terminer comme si de rien n’était les chroniques en cours, quoiqu’on fasse, le regard se porte sur cette couverture qui montre des enfants jouant au football devant un char d’assaut, telle une promesse de paix. Et c’est bien de cela dont parle Retour au Kosovo, d’une belle promesse de paix au Kosovo après des années de guerre.

Dans les années 90, le Kosovar Gani Jakupi vit en France et en Espagne. La guerre, il la vit intensément, violemment, même à distance, mais avec peut-être un autre parti pris, celui d’un émigré qui a des amis et de la famille dans les deux camps. Auteur, journaliste, musicien, il est alors publié par les journaux, invité dans les universités, dans les campagnes électorales, sur les plateaux de télévision. Inlassablement, il témoigne, témoigne de son déracinement, de cette guerre, puis un jour, lorsque les armes se taisent enfin, il retourne au Kosovo enquêter pour le compte d’un journal espagnol. C’est cette histoire que Jorge González met ici en images, cette confrontation avec l’horreur, la haine, la violence, la mort et puis au bout de la route l’espoir, l’espoir d’un renouveau. Alors que des armes traînent encore un peu partout, que les exactions n’ont pas totalement disparu, que l’esprit de revanche risque de tout refaire basculer… les échafaudages fleurissent un peu partout dans le pays comme pour marquer la fin d’une époque, le début d’une autre, la reconstruction. La vie continue, doit continuer…

Ce n’est pas la première fois que Gani Jakupi aborde l’après-guerre au Kosovo. La Dernière image publié en 2012 chez Soleil proposait déjà une radiographie du conflit accompagnée d’une réflexion sur le métier de reporter.

Le graphisme si particulier de Jorge González laisse transparaître frontalement les émotions de Jakupi. Au fil des pages, l’auteur alterne les planches tourmentées – la guerre – et les planches colorées de lendemains que l’on espère chantants. Magnifique !

Eric Guillaud

Retour au Kosovo, de Jakupi et González. Editions Dupuis. 20,50 €

En 2012, Jorge González nous avait accordé une longue et passionnante interview au moment de la sortie de l’album Chère Patagonie. Une interview à retrouver ici !

28 Sep

Artbook 12 pilotes, un livre pour les amoureux du sport automobile

Capture d’écran 2014-09-28 à 16.23.28« Les années 1960, coeur des Trente Glorieuses, sont une magnifique pochette surprise dont le plus beau des cadeaux est l’automobile et son acmé : la compétition ». Ces quelques mots de Jean-Marc Thévenet que vous retrouverez en préface de l’album résument parfaitement l’état d’esprit de cette époque encore pionnière dans le domaine du sport automobile, une époque qui peut « se prêter à tous les excès, tous les dangers ». Et de nous rappeler que le vainqueur d’un grand prix de F1 touchait alors l’équivalent de 3500 €, autant dire des clopinettes au regard des risques encourus. Car les années 60 et même 70 vont être marquées par de nombreux accidents et de nombreux morts sur les circuits.

Jack Brabham, Stirling Moss, Graham Hill, Bruce McLaren… Des 12 pilotes retenus par Jean-Marc Thévenet et Denis Sire pour l’élaboration de ce somptueux artbook de 144 pages, certains sont encore en vie, d’autres sont morts, tous ont activement contribué à faire de la compétition automobile un des grands mythes du XXe siècle. Les deux auteurs, qui avouent eux-mêmes une passion dévorante pour le sport mécanique, ont pris leur plus belle plume et leurs plus beaux pinceaux pour raconter et illustrer ces destins incroyables « dont le cours de la vie aura souvent oscillé entre la comédie, à l’heure des victoires,  la fraternité réelle de l’époque, et la tragédie – mot final d’une règle du jeu que tous connaissaient et acceptaient ». Un album cher – 45 € – mais absolument magnifique, alliant le trait méticuleux et fantastiquement fluide de Denis Sire (Courses de légende…) et les textes riches et documentés de Jean-Marc Thévenet (Les Chemins de l’Amérique…) !

Eric Guillaud

Artbook 12 pilotes, de Thévenet et Sire. Editions Dupuis. 45 €

27 Sep

Entre parenthèses, une BD de Marion Barraud sur la séparation

9782756059730vTrouver des points positifs au célibat quand on vient de se faire plaquer, je vous l’accorde ce n’est pas forcément chose facile. Mais avec un peu d’imagination et beaucoup d’auto-persuasion, on peut encore y parvenir. Dans son recueil d’histoires courtes intitulé Entre parenthèses et tout juste publié chez Delcourt, la jeune auteure nantaise Marion Barraud en a compilé un certain nombre sans échapper pour autant aux moments de doute, de déprime, de solitude…

Quel bonheur de ne plus avoir à batailler pour regarder son programme télé préféré, de pouvoir se laisser pousser les poils sur les jambes sans risque de réflexions, de s’habiller, manger, sortir à l’envie… c’est aussi le bon moment finalement pour se refaire un look, profiter du temps et de ses amis, regarder autour de soi. Et un jour, la vie finira forcément par redevenir belle et légère, c’est du moins ainsi que se termine ce recueil.

Entre parenthèses est le premier ouvrage de Marion Barraud qui a jusqu’ici collaboré avec des magazines tels que Kostar, Fricote, Papier mâché, Anorak ou Bonbek. Son graphisme très enfantin, largement inspiré des livres jeunesse, baigne le lecteur dans une ambiance pastel, pleine de douceur, de poésie et de réalisme. Le livre idéal pour ceux qui vivent une rupture difficile !

Eric Guillaud

Entre parenthèses, de Marion Barraud. Editions Delcourt. 12,50€

© Delcourt / Barraud

© Delcourt / Barraud