Seule face à la mer. Et bien seule ! Après tout, elle devait bien savoir à quoi s’attendre en quittant son foyer, son mari, ses enfants. Après 16 ans de bons et loyaux services, elle souhaita reprendre un travail histoire de voir autre chose que les quatre murs de son foyer. Mais Lulu eut beau chercher, envoyer des lettres, passer des entretiens… Rien ! Lassée, elle décida un beau jour de ne plus rentrer chez elle. Elle partit pour le sud, découvrant la liberté, les nuits à la belle étoile, la débrouille mais aussi la solitude. Et ce malgré les rencontres : Charles tout d’abord, avec qui elle passa quelques jours hors du temps qui vont la changer à jamais. Puis aujourd’hui cette vielle dame, Madame Pilon, 89 ans, a qui elle essaye de voler le sac à main. La déchéance ! Mais contre toute atttente, cette vieille dame va lui tendre la main et lui proposer de l’héberger contre le récit de ses aventures. Et pendant ce temps là, la petite famille de Lulu tente de surmonter son absence…
Suite et fin de ce récit signé Etienne Davodeau. Lulu femme nue est un magnifique portrait de femme ordinaire qui va se surpasser pour mener une quête d’elle-même. « Mon intention initiale… », déclarait l’auteur à la sortie du premier épisode, » était de proposer un voyage au pays de l’inaction du temps libre, de l’attente, ou même de l’improductivité. Raconter une parenthèse. Explorer le rien foutre. Enfin, et surtout, d’un point de vue formel, j’avais envie de profiter de ces thèmes pour réaliser un livre assez libre, qui me permette, sur une base ouverte mais très précise, de goûter aux joies de l’improvisation ». L’auteur de Rural!, Chute de vélo, Les Mauvaises gens ou encore d’Un Homme est mort part ici d’un fait de société, les disparitions volontaires, pour raconter une histoire, élaborer un récit où l’humanité, la sincérité, la simplicité ne sont pas de vains mots. Comme peu d’auteurs, Etienne Davodeau parvient à parler du réel, de la vie ordinaire mais vraie, avec justesse et émotion. « … ce qui m’intéresse le plus dans mon métier », confie Etienne Davodeau, « … c’est de trouver la meilleure façon de raconter une histoire en bande dessinée, que ce soit dans mon travail pour une BD de fiction ou un documentaire. Ces deux types de récits ne présentent d’ailleurs pas de réelle différence. Dans mes fictions, j’assemble des faits, des personnages, des idées, qui n’ont pas d’autres points communs que d’exister dans le champ de mon expérience personnelle. Dans un reportage, ou un documentaire, ces éléments ont entre eux un lien qui ne dépend pas de moi ». Magnifique ! E.G.