12 Juin

L’île aux femmes : Zanzim en dédicaces à Nantes samedi 13 juin

501 ILE AUX FEMMES[BD].inddJouer les Robinson Crusoe sur une île uniquement peuplée de femmes, un fantasme pour beaucoup d’hommes, un sombre cauchemar pour Céleste Bompard. Cet as de la voltige et de la bagatelle, engagé dans la guerre de 14 comme facteur, en avion tout de même, écrase son biplan sur une île qu’il croit déserte. Elle est en fait habitée par de nombreuses femmes, des amazones, toutes plus belles les unes que les autres et très très court vêtues. Il n’en faudra pas plus à notre Bompard pour tomber sous le charme, se laisser mener par le bout du nez, et devenir l’objet-reproducteur de ces dames…

C’est l’une des BD marquantes du début d’année avec aux manettes un Zanzim pour la première fois auteur complet. Après le dessin de Ma Vie posthume chez Glénat et de Tartuffe chez Delcourt, l’auteur rennais, d’origine mayennaise, signe ici à la fois le dessin et le scénario. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’en sort merveilleusement le bougre. L’album fortement remarqué par la profession, encensé par la critique, plébiscité par le public, est un petit bijou de délicatesse et de drôlerie aussi bien graphique que scénaristique. Un album qu’il faut impérativement avoir dans sa bibliothèque, et quitte à l’avoir autant l’avoir dédicacé. Ça tombe bien, l’auteur sera en dédicaces samedi 13 juin à la Mystérieuse librairie à Nantes de 14 à 18h00. À vos albums…

Eric Guillaud

L’île aux femmes, de Zanzim. Editions Glénat. 19,50 €

 

08 Juin

Les aventures de Modeste et Pompon de Franquin en intégrale au Lombard

5b4yLbFwkBcD5dTKxzrER0T9G7WN2oYx-couv-1200Tout le monde connait les aventures de Gaston Lagaffe ou celles de Spirou et Fantasio qu’il a animées pendant une vingtaine d’années. Les plus grands fans de l’artiste ont aussi dévoré Les Idées noires. Mais combien sommes nous à avoir lu les aventures de Modeste et Pompon ?

Beaucoup moins. Et c’est une erreur, une grave erreur que les éditions Lombard nous proposent de corriger avec cette très belle intégrale aux couleurs des années 50 marquées par une évidente modernité. 183 gags au coeur des Trente glorieuses. On croit alors au progrès, aux bienfaits de la technologie et de la consommation, le futur se dessine sur les routes comme dans les intérieurs.

Ces aventures doivent leur existence à une fâcherie entre l’auteur André Franquin et son éditeur de toujours, Charles Dupuis, propriétaire du journal Spirou. Une histoire de sous bien sûr qui trouvera vite une solution mais trop tard pour éviter que le maître du 9e art aille vendre une autre série à la concurrence, au fameux Journal de Tintin. Et cette série, c’est Modeste et Pompon qu’il animera de 1955 à 1959, 4 ans de bons et loyaux services et une reprise assurée par Attanasio.

A l’occasion des 60 ans de la série, les éditions du Lombard nous offrent donc cette formidable intégrale réunissant l’ensemble des planches dessinées par André Franquin ainsi qu’un dossier très documenté de plus de 70 pages revenant sur le contexte de création.

Eric Guillaud

L’intégrale des aventures de Modeste et Pompon, par Franquin. Editions Le Lombard. 29 €

06 Juin

Manuel de la jungle : une BD documentaire au coeur de la forêt guyanaise avec Joub et Nicoby

manuel-de-la-jungle-nicoby-joub-copin-dupuis-couvertureLes petites bébêtes rampantes les plus insignifiantes vous font grimper sur les tables en hurlant à la mort ?  Alors, vous n’auriez absolument pas pu partager l’aventure de Nicoby et Joub dans la jungle guyanaise...

Invités par un ami à découvrir ce qu’on appelle l’enfer vert, les deux auteurs de bande dessinée on enfilé leurs costumes d’aventuriers le temps d’une balade, de plusieurs jours quand même. Au programme, pirogue, chasse, bivouac… et quelques rencontres animales mais pas que. Outre les caïmans, serpents, araignées… qui font partie du décor, pourrait-on presque dire, la petite troupe a croisé le chemin d’orpailleurs et de clandestins, nombreux dans la région, souvent armés et parfois agités de la gâchette.

Mais l’histoire finit bien, vous vous en doutez, puisque Joub et Nicoby sont revenus entiers de cette aventure et nous la racontent avec beaucoup d’humour dans cette bande dessinée publiée chez Dupuis. « Vous en aurez pour 10 ans d’anecdotes », leur a promis leur hôte. C’est un minimum !

Eric Guillaud

Manuel de la jungle, de Joub et Nicoby. Editions Dupuis. 19 euros

© Dupuis / Joub et Nicoby

© Dupuis / Joub et Nicoby

04 Juin

Les esclaves oubliés de Tromelin : l’interview de Sylvain Savoia

© Sylvain Savoia

© Sylvain Savoia

NantesMetz, Rennes, Saint-MaloMontargis, difficile d’attraper au vol Sylvain Savoia. Depuis la sortie de son album Les esclaves oubliés de Tromelin, l’auteur doit être partout à la fois, ici pour dédicacer, là pour recevoir le prix du meilleur album 2015, là encore pour répondre aux sollicitations des journalistes.

Même s’il touche à peine terre depuis 5 semaines, comme il dit, Sylvain Savoia ne se plaint pas. « Le premier tirage a été épuisé en trois semaines et il vient d’être réimprimé, je ne m’attendais pas à cet accueil, c’est très agréable mais aussi très prenant« .

Il faut dire que « Les esclaves oubliés de Tromelin » est le témoignage exceptionnel d’un épisode pour le moins funeste de la traite négrière. En 1761, un bateau transportant des esclaves fait naufrage sur des récifs à proximité de l’île de Tromelin. L’équipage blanc repart sur une embarcation de fortune, les noirs restent sur l’île où certains survivront pendant 15 ans.

Un album formidable qui relève à la fois du documentaire, du carnet de voyage  et du récit historique avec en toile de fond l’esclavage bien sûr mais aussi le déracinement, l’exil, l’instinct de survie… Interview.

La suite de l’interview ici, la chronique de l’album là

01 Juin

Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro envoient Mobutu dans l’espace

couve_mobutu_dans_l_espace_web-thumbUne fusée, un dictateur africain que les plus attentifs reconnaitront immédiatement. Mais que peut bien raconter cette bande dessinée ? Tout simplement l’histoire incroyable de Manfred Sternschnuppe, jeune ingénieur allemand de l’OTRAG (Orbital Transport und Raketen AG), envoyé en 1978 au Zaïre pour travailler sur la construction de la première fusée africaine dans le cadre de l’ambitieux programme spatial décidé par Mobutu.

Loufoque pensez-vous ? Pas du tout, le récit d’Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro, bien que romancé, est basé sur des faits absoluments authentiques. Le président dictateur du Congo, appelé Zaïre entre 1971 et 1997, voulait concurrencer la France, la Russie et les Etats-Unis sur le marché des mises en orbites satellitaires.

Vous ne voulez toujours pas me croire ? La preuve en images…

L’échec de la phase expérimentale, quelques considérations géopolitiques aussi, eurent raison du projet. Quelques dizaines d’années plus tard, Aurélien Ducoudray découvre cette séquence tirée d’un film de Thierry Michel, Mobutu roi du Zaïre et reste médusé comme nous pouvons l’être nous-même. Il explique : « Le documentaire de Thierry Michel dure plus de trois heures (et c’est loin d’être un film comique), retraçant le joug infernal de Mobutu Sese Seko sur son peuple… mais cette séquence est digne d’une slapstick comedy des années 20 : décollera ? Décollera pas ? S’écrasera ? S’écrasera pas ? Je me repasse la séquence en boucle n’y croyant toujours pas… et le fou rire vient inéluctablement. Grandeur et décadence d’un mythomane en une seule image… ».

Drôle et tragique à la fois. Alors bien sûr, qui dit Congo dit Tintin. Mais Manfred n’a rien à voir avec Tintin comme nous l’explique l’auteur. « Je vois mon personnage principal comme l’inverse de Tintin au Congo. Dans l’album d’Hergé, Tintin arrive avec sa bonne vision de blanc qui connait tout à l’avance. Dans Mobutu dans l’espace, l’ingénieur arrive en ne sachant rien et va apprendre des noirs qui on été éduqués par les blancs »

Pas de héros tintanesque donc mais un petit clin d’oeil tout de même au personnage d’Hergé avec cette illustration pleine page (à droite) qui vous rappellera forcément la couverture de l’album Objectif Lune (à gauche).

© Casterman / Hergé /// Futuropolis / Ducoudray & Vaccaro

© Casterman / Hergé /// Futuropolis / Ducoudray & Vaccaro

Par les auteurs de Young et de Championzé.

Eric Guillaud

Mobutu dans l’espace, de Ducoudray et Vaccaro. Editions Futuropolis. 18 €

 

28 Mai

Dragon rouge, le nouveau volet de Jour J par Duval, Pécau et Denys

496c16aec55c492110cc812d675a5afeAprès USA über alles, nous restons dans l’uchronie avec le nouvel épisode de Jour J, une série lancée en 2010 par les scénaristes Jean-Pierre Pécau, encore lui, et Fred Duval. Vingt tomes au compteur, pas mal de périodes de l’histoire revisitées et à chaque fois des dessinateurs différents. Cette fois, et pour la deuxième fois, c’est le Guérandais Denys (7 Survivants, Le Casse, Dans la nuit…) qui s’est collé à la mise en images. Un dessin simple et percutant qui donne une touche polar au récit. Et ça tombe bien car Dragon rouge est justement un polar qui se déroule dans l’Amérique des années 50 avec dans les rôles principaux Lawrence S. Ivory, détective privé de son état, rescapé de la guerre de Corée et alcoolique notoire, présentement chargé par une jeune et riche chinoise de retrouver son père disparu. Rien de bien singulier pour une uchronie, me direz-vous sauf que ces années 50 ne sont pas tout à fait comme celles que nous avons connu ou appris à connaître sur les bancs de l’école.

Dès les premières pages en effet, le récit nous apprend que l’armée française a été sauvée du piège de Diên Biên Phù par une frappe nucléaire, trois bombes A qui ont explosé à la frontière chinoise, provoqué la colère de Mao, enclenché une troisième guerre mondiale et des pogroms anti-chinois sur le sol américain. Alors forcément, travailler pour une Chinoise, même riche, aux Etats-Unis dans ce contexte n’est pas tout à fait anodin… Du très bon divertissement !

Eric Guillaud

Dragon rouge, Jour J (tome 20), de Duval, Pécau, Denys et Scarlett. Editions Delcourt. 14,95 €

26 Mai

USA über alles : et si Hitler était mort dans un attentat ? Une uchronie signée Pécau et Maza

usa uber allesEt si Hitler était mort dans un attentat ? Et si les forces alliés avaient signé une paix séparée avec l’Allemagne et poursuivi la guerre, unies, contre l’URSS ? Et si la France avait été occupée par les Américains ?

Non, ce n’est pas le dernier scénario d’un épisode de Jour J même s’il aurait pu le devenir mais le premier volet d’une nouvelle série emmenée par le scénariste Jean-Pierre Pécau, le dessinateur Maza et le coloriste Jean Verney. A l’instar de Jour J, USA über alles est ce qu’on appelle une uchronie qui, comme l’explique si bien wikipédia, « repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé ». Nous sommes en 1947, Georges Charlier, un grand aviateur français du groupe Normandie, évadé du bagne, refait surface à la frontière soviéto-finlandaise. Alors que l’avionneur Marcel Bloch Ferdinand, connu aujourd’hui sous le nom de Marcel Dassault, lui propose de rejoindre ses équipes pour travailler sur le dossier sensible d’un nouveau bombardier, d’autres doutent de sa loyauté. Georges Charlier pourrait-il être un agent soviétique ? Réponse en trois volumes.

Eric Guillaud

USA über alles, de Pécau, Mama et Verney. Editions Delcourt. 14,95 €

Mezzo et Jean-Michel Dupont lauréats du 26e prix des libraires de bande dessinée pour l’album Love in vain

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Sublime ! C’est par cet adjectif que nous achevions notre chronique de Love in vain au moment de sa sortie en librairie en septembre 2014. Et nous maintenons. Sublime tant dans la forme que dans le fond. Love in vain, pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu raconte la vie du légendaire bluesman Robert Johnson mais pas seulement, le dessinateur Mezzo et le journaliste Jean-Michel Dupont nous offrent tout au long de cet album au format à l’italienne la photographie d’un pays ségrégationniste où la vie d’un noir ne vaut pas grand chose… 

Le prix des libraires de bande dessinée vise à promouvoir la diversité de la bande dessinée et encourager la liberté de ses créateurs. Pendant une année, les libraires des réseaux Canal BD et Album soutiendront les auteurs et le livre primé, et mettront à leur service l’ensemble de leurs supports de communication.

L’album Love in vain rejoint Les Vieux fourneaux de Cauuet et Lupano (2014), Le singe de Hartlepool de Moreau et Lupano (2013), Portugal de Pedrosa (2012), Polina de Vivès (2011), Blast de Larcenet (2010)…

Eric Guillaud

La chronique de l’album ici

24 Mai

Roi ours, un premier album griffé par la Franco-mexicaine Mobidic

couvblogMobidic. Avec un nom pareil, on peut s’attendre à un grand récit maritime, plus encore lorsqu’on sait que l’auteur a effectivement choisi ce pseudo en hommage au roman d’Herman Melville.

Pourtant, pas un océan à l’horizon, pas un cachalot même tout petit, non, mais un ours, blanc, tout de même, le fameux Roi Ours du titre de l’album, qui va sauver de la mort une jeune fille offerte en sacrifice à la déesse Caïman. Vous suivez ? Et la mettre dans une situation délicate ! En effet, impossible après ça de retourner dans son village qui verrait en elle la responsable de tous les maux à venir. La déesse Caïman risque d’être très en colère. Bref, Xilil, c’est son nom, est condamnée à errer dans la forêt. À moins que… À moins que le Roi Ours lui propose de devenir son épouse !

Il a de la gueule cet album, surtout pour un premier album, et plus encore pour un album réalisé à une main, celle de Mobidic, une jeune Franco-mexicaine qui devrait jouer dans la cour des grands auteurs complets. Le graphisme est racé et dynamique, les couleurs, profondes à souhait, le casting, très réussi, la mise en scène limpide et l’histoire, bougrement intelligente. Sous une couche épaisse de jungle et de rites sacrificiels qui nous ramènent forcément aux civilisations précolombiennes, l’auteure nous parle de différence, de tolérance, d’amour… Bravo !

Eric Guillaud

Roi Ours, de Mobidic. Editions Delcourt. 16,95 €

© Delcourt / Mobidic

© Delcourt / Mobidic

22 Mai

Embarqué à bord du Floréal, Christian Cailleaux rencontre les gars et les filles de la Marine

couve-embarque-tel« Qu’est ce qui pousse un jeune de 16/17 ans au XXIe siècle à s’engager dans la marine pour aller s’enfermer dans un bateau militaire ? », s’interroge Christian Cailleaux dans une interview récemment accordée à France Inter. Et c’est à cette question justement et à quelques autres que l’auteur apporte des réponses dans Embarqué, son nouvel album paru aux éditions Futuropolis. Car au fond, comme il le souligne lui-même, malgré notre passé maritime et nos 7000 km de littoral, nous connaissons peu, très peu, notre marine…

Si Christian Cailleaux a toujours été en proximité avec la mer, c’est en 2005, quand il rencontre l’acteur Bernard Giraudeau dont il souhaite raconter la jeunesse de mécanicien dans la Marine nationale, qu’il embarque pour la première fois sur un bateau militaire, le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc. Trois semaines de mer au départ de Brest et une arrivée à New York la veille de Noël. De quoi marquer son homme !

Ensemble, l’acteur et l’auteur signent deux albums, R97 chez Casterman et Les Longues traversées chez Dupuis. Deux albums qui racontent la mer, l’aventure, le voyage, la marine et Bernard Giraudeau, décédé en 2010.

Mais Christian Cailleaux a attrapé le virus à son tour. Le voyage est une idée qui lui a toujours plu. Mais pour lui, le voyage sur un bateau est encore différent. A défaut de paysages changeant, il doit imaginer à quoi ressemblera la prochaine escale. Et ça, c’est déjà en soi un voyage.

La mer l’attire, le monde de la marine l’interroge, le fascine. Il va alors partager pendant quelques temps le quotidien des mousses au Centre d’instruction naval de Brest avant d’embarquer à bord de la frégate Floréal, alors en mission du côté des terres australes et antarctiques françaises, puis à bord d’un sous-marin à propulsion nucléaire.

Du simple moussaillon au commandant, Christian Cailleaux va accompagner et interroger ces hommes et ces femmes qui font la Marine nationale d’aujourd’hui pour tenter de comprendre ce qui les motive profondément. Est-ce Le voyage ? La découverte ? La guerre ? L’argent ? Ont-ils un esprit romanesque ou au contraire très cartésien ?

En retour de cette expérience unique, l’auteur nous offre un album passionnant qui tient tout autant du documentaire en immersion que du carnet de voyage. Un album très riche et très documenté qui ne peut que réveiller en nous l’envie d’aventure et de voyage !

Eric Guillaud

Embarqué, de Christian Cailleaux. Editions Futuropolis. 24 €

L’info en +

Christian Cailleaux est l’invité d’honneur du festival Regard 9 qui se tiendra du 25 mai au 7 juin à Bordeaux et proposera d’entrer au coeur de la création en bande dessinée avec des expositions, des performances, des créations. Plus d’infos ici

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