16 Mai

La Corse, île des Justes ? Piatzszek et Espé répondent oui avec une très belle histoire…

501 L'ILE DES JUSTES[BD].inddDe tous les départements français, la Corse est le seul qui n’a pas arrêté et déporté de juifs, « sauf peut-être un, accidentellement« , si l’on en croit l’avocat et historien Serge Klarsfeld. Pourtant, les ordres de Vichy étaient les mêmes pour tout le monde dès 1941 : rafler les juifs étrangers. Alors la Corse serait-elle l’île des Justes comme certains le prétendent ou l’espèrent ?

Pour le scénariste Stéphane Piatzszek et le dessinateur Espé, la Corse est bien l’île des Justes. En tout cas, les auteurs l’affichent en toutes lettres dès la couverture, comme une certitude. L’île des justes raconte comment une jeune femme juive, Suzanne Cohen, et son fils, Sacha, ont quitté Marseille en 1942 pour se réfugier en Corse. Comment elle s’est fait arrêtée par la police à son arrivée et comment elle est parvenue à s’échapper, à se cacher dans un petit village et à passer entre les mailles d’un commissaire particulièrement zélé. Un préfet bienveillant, des villageois insoumis qui protègent des familles juives, des hommes qui rejoignent le maquis… cette fiction s’appuie sur une réalité historique même si, bien sûr, l’ensemble de la population n’était pas à 100% opposée à la politique anti-juive et qu’elle comptait en son sein nombre de collaborateurs. Noëlle Vincensini, ancienne déportée, présidente de l’association anti-raciste Ava basta précisait dans une interview à Corse Net Infos en 2013 : « île des Justes, c’est un peu exagéré parce que la Corse a connu nombre de collaborateurs, mais ce qui a dominé chez les Corses, c’est le sentiment de protection de la population par rapport aux juifs ».

Un graphisme sobre et élégant, de très belles couleurs signées Irène Häfliger, des personnages principaux attachants, des décors somptueux, un scénario carré… Au-delà de l’aspect historique déjà fort intéressant, L’île des Justes offre un bon moment de lecture et un autre regard sur la Corse. Lu et approuvé !

Eric Guillaud

L’île des Justes de Patzszek et Espé. Editions Glénat. 18,50 €

L’info en +

Pour en savoir un peu plus sur cette notion d’île des Justes, un article de Corse Net Infos

© Glénat / Espé & Piatzszek

© Glénat / Espé & Piatzszek

14 Mai

Les esclaves oubliés de Tromelin, le témoignage d’une tragédie silencieuse signé Savoia

couverture-les-esclacves-oublie-s-de-tromelinL’île de Tromelin ne vous dit peut-être pas grand chose. Et c’est normal. Tromelin est un caillou ou plus précisément un banc de sable posé au milieu de l’océan indien à 500 kilomètres de la terre la plus proche.

1700 m du nord au sud, 700 m d’est en ouest, une végétation assez réduite, des oiseaux, des Bernard-L’Hermite par dizaines de milliers et les traces presque imperceptibles mais bien réelles d’une présence humaine ancienne.

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L’interview de l’auteur à lire ici

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L’île a en effet été habitée au XVIIIe siècle pendant 15 ans par des esclaves laissés là après le naufrage du navire qui devait les emmener vers un destin tout aussi funeste. 15 ans à tenter de survivre et au bout du compte, huit rescapés, 7 femmes et un enfant de 8 mois sauvés en 1776 après plusieurs tentatives de sauvetage. Une histoire incroyable mais bien réelle que nous raconte avec passion et talent l’auteur de bande dessinée Savoia, déjà connu du grand public pour avoir mis en images le récit autobiographique de la Polonaise Marzena Sowa, Marzi (éd Dupuis).

© Dupuis / Savoia

© Dupuis / Savoia

Et plus que le simple mais déjà conséquent récit de ce naufrage et des quinze années passées sur l’île, Savoia met également en images la mission archéologique qu’il a accompagnée sur l’île de Tromelin en 2008, mission chargée justement de comprendre comment avait pu être la vie de ces naufragés.  Et c’est passionnant de bout en bout, le lecteur suit les découvertes de l’équipe d’archéologues en même temps qu’il vit la lente tragédie silencieuse des esclaves. Un album très soigné et un témoignage indispensable qui vient à merveille compléter les diverses manifestations qui ont émaillé la journée commémorative de l’abolition de l’esclavage le 10 mai dernier. 

Eric Guillaud

Les esclaves oubliés de Tromelin, de Savoia. Editions Dupuis. 20,50 €

L’info en +

Une exposition intitulée Tromelin, l’île des esclaves oubliés  sera présentée au Château des Ducs de Bretagne à Nantes du 17 octobre 2015 au 20 avril 2016. L’itinérance la mènera à Lorient, Bordeaux, Bayonne et Marseille.

Une autre exposition, consacrée à l’album Les esclaves oubliés de Tromelin est présentée au Centre belge de la bande dessinée à Bruxelles jusqu’au 21 juin.

© Dupuis / Savoia

© Dupuis / Savoia

12 Mai

La couverture du prochain album de Corto Maltese dévoilée ce matin

_photo(1)Nos confrères du Figaro ont dévoilé ce matin la couverture du prochain album de Corto Maltese, le mythique héros du géantissime Hugo Pratt doit en effet reprendre du service sous la plume de Juan Diaz Canales et les pinceaux de Ruben Pellejero.

Cette nouvelle aventure attendue pour la rentrée, très attendue même et parfois attendue au tournant par quelques détracteurs qui estiment impossible la reprise des aventures du célèbre marin par quelqu’un d’autre que son créateur, s’intitule Sous le soleil de minuit et devrait, comme le confie au Figaro le directeur éditorial de Casterman Benoît Mouchart « se dérouler en 1915 dans le froid... ». La couverture laisse d’ailleurs entrevoir en second plan une montagne enneigée. Pour le reste, mystère…

Un article à retrouver ici

10 Mai

Quand l’artiste italien Liberatore illustre Les Fleurs du mal de Baudelaire…

501 LES FLEURS DU MAL[LIV].inddTous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la bande dessinée connaissent RanXerox, publié au début des années 80. Une bande dessinée mythique, violente, au graphisme inhabituel à l’époque, très moderne, qui marquera plusieurs générations d’auteurs au point d’en faire aujourd’hui encore une référence dans le milieu du Neuvième art. Pourtant, Liberatore ne fera par la suite que de très rares incursions dans le monde de la bande dessinée privilégiant le cinéma, collaborant notamment sur le film Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre de Chabat, et l’illustration. Pochette de disques, artbook… Liberatore libère son trait de tout carcan pour nous offrir une oeuvre cohérente, ultra-réaliste, charnelle.

Après avoir illustré le texte pornographique de Guillaume Apollinaire, Les Onze mille verges, Liberatore s’attaque une nouvelle fois à la littérature française avec Les Fleurs du mal de Baudelaire. 30 poèmes sélectionnés, autant d’illustrations, la plupart du temps sur deux pages, et de nombreuses recherches graphiques constituent ce très bel ouvrage grand format de 88 pages. Une véritable pièce de collection pour tous les amoureux de la littérature, de l’illustration et de l’érotisme qui se prolonge par une expo à la galerie Glénat à Paris jusqu’au 30 mai !

Eric Guillaud

Les Fleurs du mal de Baudelaire, de Liberatore. Editions Glénat. 39 €

09 Mai

Le Prédicateur, un thriller adapté du roman de Camilla Läckberg par Léonie Bischoff et Olivier Bocquet

9782203078338Quand ils sont appelés en urgence ce matin-là, le commissaire Bertil Mellberg et l’inspecteur Patrik Hedström pensent à la découverte d’un cadavre. En fait, ce n’est pas un mais trois cadavres qui ont été trouvés, ou plus précisément le corps d’une femme et deux squelettes. Terminées les vacances. Patrik qui ne rêvait que d’une chose, passer du temps avec sa compagne Erica, enceinte jusqu’à la glotte, va devoir se remettre au boulot. Et vite parce que cette découverte fait remonter à la surface de vieilles affaires pas très glorieuses et surtout parce que la disparition d’une autre jeune fille vient d’être annoncée…

Patrik Hedström est-il à la hauteur de cette affaire ? Lui, le petit flic qui s’occupe ordinairement « de querelles de voisinage, de cambriolages et de bagarres d’ivrognes » se retrouve avec une série de meurtres odieux sur les bras et un serial killer tout droit sorti des ténèbres.

Après La Princesse des glaces, Léonie Bischoff et Olivier Bocquet poursuivent avec Le Prédicateur l’adaptation en BD d’une série policière à succès de la Suédoise Camilla Läckberg. Un thriller glaçant et une adaptation particulièrement réussie.

Eric Guillaud

Le Prédicateur, de Léonie Bischoff et Olivier Bocquet. Editions Casterman. 18 €.

04 Mai

Anticyclone, La gloire d’Albert, Ceux qui t’aiment: trois Davodeau sinon rien réédités chez Delcourt

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C’était avant Le Chien qui louche, Les Ignorants, Lulu femme nue ou encore Les Mauvaises gens. Une autre époque ? Pas vraiment. C’est avec une certaine constance que l’Angevin Etienne Davodeau nous plaque en BD son regard sur le monde. Pas encore des documentaires – le premier sera Rural! en 2001 – mais des fictions très marquées par le quotidien, les vrais gens, la vraie vie.

Et cette vraie vie peut parfois ressembler à celle d’Albert, Albert Colin, le genre de gars que personne ne remarque. Un bon petit soldat au boulot comme dans la vie. Sa femme le méprise, peu importe, il trouve de l’oxygène en militant pour un parti d’extrême droite. Jusqu’au jour où il assiste au meurtre d’un des leaders de ce parti et parvient a attraper les meurtriers. Il croit que son heure de gloire est arrivée, il se trompe… La vie peut ressembler aussi à celle de Nina. Elle se fait passer pour affréteuse dans une entreprise de transports, elle n’est que technicienne de surface et va être licenciée. Mais Nina est prête à tout pour garder son job, y compris au pire. La vie peut enfin ressembler à celle d’un amateur de football qui décide un beau jour de kidnapper Titou, LA star du ballon rond…

Politique, travail, sport, dans cette trilogie fraîchement rééditée chez Delcourt, Un Monde si tranquille, Etienne Davodeau nous dresse le portrait d’une société au contexte social lourd. Un monde pas si tranquille en somme, entre thriller et chronique sociale !

Eric Guillaud

Un Monde si tranquille, de Davodeau. Editions Delcourt. 14,95 €

29 Avr

Le Jardin de minuit : le roman de Philippa Pearce librement adapté en BD par Edith

9782302045057_1_75C’est un jardin extraordinaire, coloré, joyeux, rempli d’arbres fantasmagoriques, de fleurs magnifiques et surtout de souvenirs incroyables.

Tom y est arrivé un peu par hasard. Grâce à la rougeole de son frère qui eut pour effet de le contraindre à une quarantaine chez Tante Gwen et Oncle Allan. Et ils ne sont pas très drôles ces deux -là, surtout Oncle Allan. Pas une once de poésie, pas un chouia d’humour, pas un gramme d’imagination. Bref, le séjour s’annonce pour le moins ennuyeux. En plus, Tante Gwen et Oncle Allan vivent dans un appartement, en pleine ville, des barreaux aux fenêtres, pas de jardin. Pas de jardin ? Si justement, Tom va finir par en découvrir un derrière une vieille porte, ce fameux jardin plein de souvenirs qu’il semble être le seul à voir dans l’immeuble. Tout y est magnifique, les arbres, les fleurs, les gens en costume d’époque. Chaque nuit, il part l’explorer et finit par rencontrer une petite fille prénommée Hatty. Avec elle, il va découvrir les secrets du jardin…

Il y a du Little Nemo in Slumberland dans cette histoire, du Petit Prince aussi, de ce genre de récits qui vous emmènent loin, très loin, dans l’imaginaire et le rêve. Auteure de livres jeunesse mais aussi de bandes dessinées, dont la fameuse série Basil et Victoria, Edith signe ici une très très belle adaptation du chef-d’oeuvre de la romancière anglaise Philippa Pearce, Tom et le jardin de minuit (Tom’s Midnight Garden), publié en 1958. On y retrouve tout ce qui fait le charme du roman, la poésie, la magie et le mystère, le délicat coup de crayon d’Edith en plus. on y parle de l’enfance, de l’amour, du temps qui passe, et des souvenirs qui restent figés dans nos mémoires. Une histoire magnifique, une histoire qui fait du bien !

Eric Guillaud

Le Jardin de minuit, librement adapté du roman de Philippa Pearce par Edith. Editions Soleil/Noctambule. 17,95 €

26 Avr

Un certain Cervantès, un récit picaresque de Christian Lax au coeur de l’Amérique

Couv_240029Il fut un temps ou l’appeler Miguel de Cervantès aurait eu tendance à le mettre en colère. Son nom à lui, c’était, c’est toujours, Mike, Mike Cervantès. Aucun lien de parenté direct ou indirect avec le célèbre romancier espagnol. Après avoir perdu un tiers de son bras en Afghanistan, il compte bien revenir au pays avec un nom intact.

Malgré tout, au F.B.I., on pense que Mike a lu trop de bouquins, un peu comme Don Quichottte justement, le cultissime héros de Miguel de Cerventès. Des bouquins qui l’auraient rendu dingue. Et c’est vrai que depuis son retour de la guerre, Mike a décidé de se faire le « défenseur des faibles et de toutes les catégories d’opprimés », comme il dit lui-même. De quoi être vite submergé ! Tour à tour, Mike vandalise une banque, sauve un clandestin péruvien des griffes de bikers pas vraiment accueillants, empêche une vente aux enchères de maisons saisies, offre les clefs d’une bibliothèque à un SDF, agresse un révérend.. S’il pouvait trouver des moulins à vent sur sa route ou des géants, il serait capable de les combattre à mains nues.

Jeté sur la route au volant de sa Mustang, pardon de sa « Rossinante », tel un chevalier errant, Mike nous entraîne dans les coins et recoins de l’Amérique, pas l’Amérique des magazines pour touristes, non l’Amérique sans paillettes, celle des indiens Navajo, des travailleurs clandestins, des motels pouilleux, des alcolos sans limite, des sans logis, des taulards et ex-taulards… l’Amérique de John Wayne aussi, de John Ford ou encore de Scorsese, des décors fabuleux, des paysages en cinémascope.

Après L’écureuil du Vel’d’Hiv, Amère patrie ou encore Pain d’Alouette, Christian Lax signe ici un récit picaresque époustouflant qui sent la poussière et la révolte, autour d’un Don Quichotte des temps modernes jusqu’au boutiste, aussi fou que génial.

Eric Guillaud

Un certain Cervantès, de Christian Lax. Editions Futuropolis. 26 €

22 Avr

Hermann aux Journées de la BD à Rouans les 25 et 26 avril

jdbd-28e-2015-affiche-officielIl est l’un des grands maîtres de la bande dessinée franco-belge, créateur de séries à succès comme Bernard Prince, Commanche, Jeremiah ou encore Les Tours de Bois-Maury, Hermann sera présent ce week-end aux Journées de la BD de Rouans en compagnie d’une quarantaine d’autres auteurs…

 

À 76 ans, Hermann ne semble aucunement songer à la retraite. Pas une année sans qu’il ne publie un ou deux albums, des one shots comme « Sans pardon » fraîchement publié au Lombard, « Station 16 » également sorti au Lombard en 2014, ou un nouvel épisode de la série culte post-atomique « Jeremiah », plus de 35 années d’existence pour cette dernière et 33 albums… pour le moment.

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Eric Guillaud

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