02 Avr

Le gang Mazda fait son intégrale et c’est toujours aussi drôle

S6OvJKVQdi8bNipIc9UKSE313JB1fVGx-couv-1200C’est l’histoire d’un gang mais un drôle de gang, pas du genre à vous détrousser au détour d’une rue sombre, non, plutôt du style à vous offrir du bonheur. C’est le gang Mazda. l’histoire d’une bande d’auteurs BD travaillant en atelier. Pourquoi Mazda ? Parce que l’atelier était tout simplement installé au dessus d’un garage Mazda. « Un pièce immense, inchauffable, cernée de vitres laissant passer le froid de l’hiver comme la chaleur de l’été », se rappelle aujourd’hui Darasse, l’un des auteurs.

Aux manettes de cette série, Darasse donc mais aussi Hislaire, le Hislaire de Bidouille et Violette et plus tard de Sambre. Tous les deux vont pendant une dizaine d’années, de 1987 à 1996, raconter leur quotidien d’auteurs de BD, mettre en scène des situations ubuesques, souvent vécues dans le secret de leur atelier. Mais le succès ne sera pas vraiment au rendez-vous. Même le rédacteur en chef du journal Spirou de l’époque, Philippe Vandooren,  trouvait qu’une « série comme Le gang Mazda où des dessinateurs se mettaient en scène était donc tout simplement aberrante et narcissique », raconte Hislaire.

Et pourtant, les gags à gogo du gang sont à mourir de rire. Ce premier volume de l’intégrale réunit les trois premiers albums de la série et un dossier introductif passionnant – vraiment – avec une interview de Darasse, Hislaire mais aussi de Zep et de Suzanne la coloriste. Indispensable pour tous ceux qui aiment Pauvre Lampil et L’Atelier Mastodonte!

Eric Guillaud

Le gang Mazda, intégrale. Editions Dupuis. 24 €

© Dupuis / Darasse & Hislaire

© Dupuis / Darasse & Hislaire

Une aventure inédite de Spirou signée de son créateur Rob-Vel retrouvée au fond d’une malle

FullSizeRenderUne couverture de Rob-Vel sur un Spirou de 2015 ? L’affaire n’est pas banale et risque bien d’agiter quelques temps les réseaux sociaux. D’autant que cette couverture-là ne dira rien à personne. C’est une illustration inédite qui annonce une aventure elle-aussi inédite publiée cette semaine dans les pages du journal Spirou.

Cette aventure date, selon l’équipe du journal, de 1940. Rob-Vel, le créateur du personnage, est alors mobilisé et participe à des manoeuvres avec son régiment à Saint-Quentin dans l’Aisne. Désireux de renouveler les aventures de Spirou, il écrit donc ce Spirou et les monstres, une histoire fortement imprégnée du contexte de guerre et de l’atmosphère de Freaks, le film de Tod Browning. Effrayée par la teneur de l’histoire, la direction des éditions Dupuis refuse de la publier. Rob-Vel fait alors cadeau des planches à un de ses amis mobilisé comme lui, un certain Maurice Martineau.

De fonds de malles en étals de brocanteurs, les planches finissent dans les mains d’un collectionneur. Et cette fois, la direction des éditions Dupuis ne s’interdit pas de les publier. Et c’est chose faite depuis ce mercredi matin dans le Spirou n°4016 daté du 1er avril 2015… du combien ? Comment dites-vous ? Du 1er avril ?

Eric Guillaud 

31 Mar

Chaminou et le Khrompire de Macherot réédité dans la collection 50/60

9782873930622Comme son nom l’annonce clairement, la Collection 50/60 du label Niffle aux éditions Dupuis a pour vocation de réunir des oeuvres majeures des années 50 et 60, telle que celle-ci, Chaminou et  le Khrompire, réalisée au milieu des années 60 par Raymond Macherot.

Chaminou et le Khrompire, une oeuvre majeure ? Un véritable trésor pour les éditions Dupuis et plus généralement pour le Neuvième art. Comme les titres précédents de la Collection 50/60, à savoir La Mauvaise tête, La Voiture immergée, La Guerre des 7 fontaines ou encore La Villa du Long-cri, Chaminou et le Khrompire bénéficie ici d’une magnifique réédition, un album au format carré de 128 pages, des planches restaurées et agrandies pour apprécier pleinement le trait de génie de Raymond Macherot et, bien sûr, les commentaires du journaliste Hugues Dayez qui apportent un éclairage passionnant sur cette oeuvre exceptionnelle, un récit animalier de toute beauté avec Chaminou le chat détective.

Eric Guillaud

Chaminou et le Khrompire, de Macherot. Editions Niffle/Dupuis. 28€

© Dupuis / Macherot

© Dupuis / Macherot

27 Mar

Mettez des mots sur votre colère : une histoire choc de Marc Malès autour des enfants travailleurs aux Etats-Unis au début du XXe siècle

mettez-des-mots-sur-votre-colèreMarc Malès… Dans les recoins de ma petite mémoire de mollusque, ce nom-là est associé à un polar, un très bon polar. Vérification faite dans mon crâne et dans ma bibliothèque, il s’avère effectivement que Marc Malès a commis Sous son regard, un album publié en 2009 aux éditions Vents d’ouest, un polar écrivais-je à l’époque « noir, racé, viril, qui rend un merveilleux hommage aux films noirs américains des années 50″.

Bien sûr, Marc Malès a travaillé en compagnie de divers scénaristes sur d’autres séries et one-shots tels que Hollywood, Mille visages, De Silence et de sang ou encore Les Révoltés. Mais Sous son regard a en commun avec son tout nouvel album, Mettez des mots sur votre colère, d’avoir Marc Malès pour seul et unique auteur, signant à la fois le scénario et le dessin. Et aujourd’hui comme hier, Marc Malès fait mouche. Mettez des mots sur votre colère est un magnifique album à l’italienne, « pour m’approcher d’un format cinématographique » confie l’auteur, aux atmosphères sépias propices à nous transporter au début du XXe siècle.

Mais pour nous raconter quoi ? Sur près de 140 pages, Marc Malès raconte justement les milieux défavorisés américains de ce début de XXe siècle et notamment les enfants travailleurs, des gamins exploités par des industriels peu scrupuleux, obligés d’accepter les pires conditions, les blessures aussi, parfois même la mort, pour aider leur famille. Un travail de forçat pour, bien sûr, un salaire de misère.

Mais là où l’album pourrait se contenter d’être une BD documentaire ou une BD purement historique, Marc Malès en fait une fiction en mettant en scène un certain Owen Brady, un photographe bien décidé à dénoncer le scandale des enfants travailleurs, un photographe qui a aussi ses zones d’ombres. Soutenu par le National Child Labour Committee, nous le suivons dans sa course à travers le pays, passant d’une usine à l’autre, photographiant les enfants et récoltant de précieuses informations. « Les nombreux ouvrages documentaires sur les Etats-Unis à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe…« , précise l’auteur, « font beaucoup usage de la photographie sociale, celle qui a vocation à témoigner ».

Parmi les représentants de la photographie sociale, il y eut notamment Jacob Riis, Walker Evans et surtout Lewis Hine qui a inspiré le personnage d’Owen Brady. « Avec Lewis Hine et son reportage sur les enfants travailleurs, je ressentais qu’il y a avait une dimension personnelle supplémentaire (…) Je suis parti dans la volonté d’extrapoler par rapport aux sentiments que je devinais chez Lewis Hine. Alors, dans le but de montrer l’idée d’une résonance personnelle avec sa propre histoire, il devenait évident dès le départ que je devais créer un personnage fictif en lieu et place du photographe réel ». Owen Brady qui dénonce l’exploitation des enfants fréquente assidument les maisons closes, une autre forme d’exploitation. Il peut aussi être parfois très violent. C’est cette part d’ombre que Marc Malès nous fait aussi découvrir au fil des pages. Ce qui fait de Mettez des mots sur votre colère un album très riche, très dense aussi, peut-être parfois un peu trop bavard mais toujours très intéressant !

Eric Guillaud

Mettez des mots sur votre colère, de Marc Malès. Editions Glénat. 25,50 €

21 Mar

Scott McCloud revisite le mythe de Faust avec son roman graphique « Le Sculpteur »

album-cover-large-25582Si l’auteur Scott McCloud est connu et reconnu en France, tout au moins au sein des amateurs éclairés du Neuvième art, ce n’est pas tant grâce à ses albums de bandes dessinées qu’à ses ouvrages théoriques sur le médium.

L’Art invisible, Réinventer la bande dessinée, tous deux parus chez Vertige Graphic, ainsi que Faire de la bande dessinée, publié par Delcourt, l’ont rendu célèbre des deux côtés de l’Atlantique en permettant à quantité de passionnés de s’initier à la narration et au dessin de façon originale et concrète.

Mais c’est bien avec une fiction, un roman graphique, que l’auteur américain nous revient cette année. Le Sculpteur, c’est son titre, un gros livre de 500 pages et une histoire qui nous transporte aux Etats-Unis, plus précisément au coeur des milieux artistiques new-yorkais.

David Smith, jeune sculpteur de 26 ans a goûté un temps au succès. Mais il est aujourd’hui tombé dans l’oubli et ses oeuvres ne valent plus rien. Il se retrouve sans argent, doit quitter le loft qu’il occupait dans Chelsea, penser à se trouver un petit boulot et peut-être à se marier histoire de bien rentrer dans le rang et attendre gentiment sa mort. A moins qu’un ange gardien le prenne sous son aile et lui permette d’être enfin reconnu par le monde de l’art.

En guise d’ange gardien, c’est le diable qui se présente. Et avec lui, David accepte de pactiser. En échange de sa vie, le diable lui octroie le pouvoir de sculpter à mains nues pendant deux cents jours, le temps nécessaire pour se créer une oeuvre monumentale, se faire enfin un nom.

Mais au moment précis où le décompte commence, David rencontre une jeune femme, Meg, dont il tombe éperdument amoureux. Lui qui pensait l’art au dessus de tout, au dessus des personnes, de l’argent, du sexe de la politique… se rend compte finalement que l’amour est la plus belle des choses.

On ne pouvait s’attendre à moins de la part de Scott McCloud et de son expertise. On aurait pu craindre que l’auteur et théoricien de la bande dessinée utilise ce récit comme une vitrine de son savoir faire mais non, Le Sculpteur est un joyau narratif et graphique où tout semble naturel, facile. Un très beau livre et une histoire particulièrement émouvante sur ​​la vie, l’amour, la mort et la créativité !

Eric Guillaud

Le Sculpteur, de David Smith. Editions Rue de Sèvres. 25 €

L’info en +

Scott McCloud est en dédicaces au Salon du livre de Paris jusqu’au dimanche 22 mars

16 Mar

La Grosse tête, un Spirou qui n’a pas le melon signé Makyo, Toldac et Tehem

10800313_10204952416471735_1753725871_o-800x1071Faire un Spirou, rejoindre le cercle très restreint et convoité de ceux qui ont pu contribuer aux célèbres aventures du groom, ne serait-ce que le temps d’un épisode, pourrait faire enfler quelques chevilles. Mais non, Makyo, Toldac et Tehem on juste donné la grosse tête à Spirou qui, dans cette nouvelle aventure, se la joue star de cinéma.

Et on a parfois du mal à le reconnaître notre bon groom national toujours prêt d’habitude à rendre service, à combattre les méchants de tous poils, à sauver le monde d’une fin atroce. La célébrité lui est monté au ciboulot. Un premier rôle dans un film et le voilà qu’il n’en finit plus de fréquenter les plateaux télé, les tribunes de Roland Garros et les soirées people, oubliant par là même le coup d’état à Bretzelburg, l’exode, les camps de réfugiés… Des camps de réfugiés à Bretzelburg, me direz-vous ? Oui, ce petit pays que connaît si bien Spirou est tombé entre les mains de la junte militaire, laquelle a instauré un système terrifiant basé sur la consommation obligatoire et excessive de chtoumpfell, plat familial à base de saucisses, de saindoux, de patates et de fraises. Ne riez pas, c’est atroce ! Et c’est bien connu, précise un personnage de l’histoire :

« au-delà de 9000 calories par jour, les gens ne réfléchissent plus, ils digèrent« . C’est justement ce qu’espère la junte militaire.

Bon, la question est : Spirou redeviendra-t-il Spirou ? Normal quoi ? Pour le savoir, une seule solution, lire cet album qui, bien sûr, fait d’innombrables clins d’oeil à la série mère, même si le scénario du tandem Makyo-Toldac et le dessin très moderne de Tehem, membre de la bande à Tchô, apportent un regard neuf et intéressant sur une des plus grandes séries de la bande dessinée franco-belge.

« J’avoue que je n’étais pas fan de Spirou… », déclare Tehem dans une interview réalisée par l’éditeur, « J’étais plutôt un « gastoniste », un fan des gags de Gaston Lagaffe. Mais j’aime bien les challenges, et celui-ci était vraiment très intéressant. J’ai dit oui, un peu sans réfléchir…« 

Inutile de réfléchir trop longtemps pour vous jeter sur La Grosse tête, l’humour et l’aventure sont bien au rendez-vous de ce one-shot attendu en librairie le 20 mars.

Eric Guillaud

La Grosse tête, Le Spirou de Tehem, Makyo et Toldac. Editions Dupuis. 14,50 €

© Dupuis / Makyo, Toldac et Tehem

© Dupuis / Makyo, Toldac et Tehem

08 Mar

Les Tuniques bleues : la série mythique en version thématique

oRf2L9zF3ChenWDxe86p8JVeLr4xmt5Q-couv-1200130 000 exemplaires imprimés en 2014, 140 000 en 2013, 150 000 en 2012… Si on se réfère aux chiffres fournis chaque année par Gilles Ratier et l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée), la série des Tuniques Bleues compte parmi les 20 plus gros tirages de la bande dessinée francophone. Un bijou pour les amoureux du Neuvième art, une poule aux oeufs d’or pour la maison d’édition Dupuis et ses auteurs, Lambil et CauvIn.

Du coup, tout le monde en redemande. Outre le 58e album de la série mère sorti en octobre 2014, Dupuis vient de publier quasiment coup sur coup une  intégrale et une série thématique consacrées aux deux héros. Le premier recueil de cette dernière porte sur les grandes batailles et réunit deux albums : Bull run et Les Nancy Hart. Intitulée Les Tuniques Bleues présentent…, elle comportera à terme 10 volumes autour de différents thèmes : les indiens, la photographie, la guerre navale ou encore les femmes dans l’armée. En bonus, dans chaque volume, un dossier mettra en lumière l’incroyable travail de documentation réalisé par les auteurs.

Eric Guillaud

Les Tuniques Bleues présentent… Les Grandes batailles, de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 14,50 €

05 Mar

Rencontre avec l’auteur angevin Olivier Martin à l’occasion de la sortie de l’album Cases Blanches chez Grand Angle

Après Lloyd SInger, No stress ! ou encore Face Cachée, Olivier Martin sort Cases blanches, un récit qui met en scène un auteur de BD en panne d’inspiration depuis de longues années, incapable au grand dam de son éditeur d’achever un nouvel album. Eric Aubron et Pascal Cosset ont rencontré Olivier. Contrairement à son héros, l’auteur angevin ne manque pas d’inspiration…

04 Mar

Fluide Glacial fête ses 40 ans avec un numéro spécial

image00240 ans ? Oui oui, tout juste 40 ans. Le fameux « journal d’umour et bandessinées » a été fondé précisément le 1er avril 1975 par Marcel Gotlib, Alexis et Jacques Diament. Seuls ceux qui ont dépassé aujourd’hui les 50/55 ans peuvent donc s’en souvenir.

Pour ceux-là et pour les autres, l’équipe de Fluide a concocté un numéro anniversaire d’anthologie, en kiosque le 7 avril !

196 pages d’hommages avec Gotlib, Binet, Margerin, les Guignols de l’Info, Jack Lang, Edika, Michel Onfray, Albert Algoud, les Grolandais, Pétillon, Geluck… Qu’on se le dise !

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