06 Jan

Cinq BD feel-good pour commencer l’année en douceur

Conflits armés, attentats, catastrophes naturelles… Quand le monde devient fou, une petite douceur de temps en temps ne peut pas faire de mal. En voici cinq d’un coup, cinq albums, autant d’histoires, qui devraient apaiser l’âme et le corps…

On commence avec un récit des plus moelleux. Il s’appelle Pillow Man et, comme son nom l’indique, raconte l’histoire d’un homme-oreiller. La belle vie ? Pas tout à fait ! Jean, ancien chauffeur routier au chômage depuis trois ans, a été contraint d’accepter le job. Contraint, mais aussi largement séduit par les avantages : un bon salaire, un statut cadre, une mutuelle au top, des tickets restaurant, une carte de transport, des costumes sur mesure… et un métier qui s’exerce allongé. Allongé certes, mais pas au repos ! Être un homme-oreiller, ça ne s’improvise pas. Il faut entretenir son embonpoint pour satisfaire les clients et surtout les clientes en toutes circonstances et le plus chastement possible. Jean est un homme-oreiller, pas un prostitué. Et cela lui convient plutôt bien jusqu’au jour où sa dulcinée, qui le croyait agent de sécurité chez LVMH, découvre la véritable nature de son travail…

Sorti en septembre dernier, cet album offre une véritable bouffée d’air frais tant sur le plan du scénario que du graphisme, avec un personnage qui nous ressemble, un super héros du quotidien qui tente de se dépatouiller entre sa vie professionnelle et sa vie de couple. Pillow Man est une comédie pas si légère. Entre les lignes, entre les cases, Stéphane Grodet et Théo Calmejane se penchent sur le monde du travail et la solitude. (Pillow Man, de Stéphane Grodet et Théo Calmejane. Glénat. 26€)

Il y a des bandes dessinées qui rendent heureux et d’autres qui rendent carrément amoureux. C’est du moins ce que suggèrent les éditions Casterman qui en ont fait un véritable argument de vente pour Toi & Moi, un récit signé Pacco. À défaut de rendre réellement amoureux, cette BD-là donne effectivement envie de partager les moments de vie, de bonheur de complicité, de rigolade, d’amour et de chamaillerie, que l’auteur vit avec sa dulcinée, l’autrice Margaux Motin, et accepte de dévoiler ici dans une centaine de saynètes. C’est léger, tendre et universel. (Toi & Moi, de Pacco. Casterman. 14,95€)

Margaux Motin, justement. Révélée au grand public en 2008 grâce à son blog, l’illustratrice et autrice de BD connaît une ascension fulgurante dans le monde du neuvième art. Aujourd’hui, elle compte plus de 400 000 abonnés sur Instagram, 290 000 sur Facebook, et ses albums s’écoulent à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Autant dire que son univers touche un large public, notamment féminin.

Son créneau ? La vie tout simplement ! Avec une bonne dose d’autodérision et une lucidité à toutes épreuves, un graphisme contemporain, une narration fluide, une ambiance très colorée et un ton résolument léger, l’autrice raconte son quotidien de mère célibataire.

Dans cette intégrale qui réunit les deux volumes du Printemps suivant, parus en 2020 et 2022, Margaux emménage avec son amoureux (Pacco) et redécouvre les joies de la vie en couple, avec ses avantages, ses inconvénients, ses limites, les inévitables compromis, les disputes, les réconciliations et les courses chez Ikea et Jardiland… Un récit à la fois drôle et touchant ! (Le Printemps suivant – édition intégrale, de Margaux Motin. Casterman. 30€)

Restons dans le même univers avec cette fois Pénélope Bagieu. L’autrice a retrouvé les vitrines de nos librairies préférées en septembre dernier avec une intégrale des aventures de Joséphine. Cette héroïne attachante ou attachiante, c’est selon, est apparue en 2008 dans un premier album (2 autres suivront) avant de se retrouver dans les salles obscures à l’affiche de deux films réalisés en 2013 et en 2016, avec Marilou Berry dans le rôle titre.

Joséphine, trentaine et célibataire, incarne avec humour et justesse la femme contemporaine, libre mais en recherche permanente de l’amour. Ses aventures, présentées sous forme de saynètes d’une à deux pages, regorgent de situations burlesques, de maladresses, de petits mensonges et de grands moments de solitude. Drôles et attendrissantes, ces tranches de vie ne manquent pas de faire sourire et d’offrir une belle dose de légèreté, parfaite pour éloigner la morosité. (Joséphine Intégrale, de Pénélope Bagieu. Delcourt. 23,95€)

Après le succès de Peau d’Homme réalisé sur un scénario d’Hubert, 200 000 exemplaires vendus et des récompenses en pagaille, Zanzim reprend la plume et le pinceau pour nous concocter en auteur complet un petit bijou qui nous interroge sur la notion de grand homme.

Le protagoniste de l’histoire se nomme Stanislas. Il a un air de Charles Denner, mesure un mètre cinquante-sept et demi, est complexé, timide mais amoureux des femmes et surtout fétichiste des pieds, de leurs pieds. Ça tombe bien, Stanislas travaille dans un magasin de chaussures où il peut en tâter à loisir. Jusqu’au jour où une paire de chaussures magiques auxquelles il confie son regret de ne pas être un grand homme le réduisent à la taille d’une souris. Échappant de justesse à quelques prédateurs d’appartement, Stanislas trouve refuge dans le cocon intime d’une de ses collègues dont il devient le jouet sexuel. Mais c’est auprès de Fleur, une jeune femme dont il tombe amoureux, qu’il prendra finalement de la hauteur…

Tendre, drôle, un brin magique, Grand Petit homme est une gourmandise graphique et scénaristique, un récit qui ne peut que nous inciter à devenir de grands hommes par l’amour, le respect, l’abnégation et le courage. (Grand Petit homme, de Zanzim. Glénat. 25€)

Eric Guillaud