C’est LE rendez-vous incontournable de la bande dessinée en France, l’un des plus grands et réputés au monde, il fête cette année ses cinquante ans. Et si vous cherchez encore une bonne raison pour vous y rendre, vous la trouverez ici…
1. C’est la cinquantième édition! Et rien que pour ça, le festival mérite le détour. Lancé en janvier 1974, on ne parlait pas encore de festival mais de salon de la bande dessinée avec tout de même une envergure internationale fièrement affichée, l’événement rassemble près de 10 000 passionnés et quelques pointures du neuvième art, parmi lesquels Hermann, Jacques Martin, Dany, Tibet, Burne Hogarth, André Franquin, Jean Giraud, Alexis, Gotlib, Claire Bretécher, Harvey Kurtzman. Hugo Pratt signe l’affiche. Coup d’essai, coup de maître, la ville d’Angoulême n’est pas encore la capitale mondiale de la bande dessinée comme le prétendit alors le journaliste d’un grand quotidien national mais elle va s’y atteler pour le devenir !
On le présente comme le plus beau métier du monde. Le plus beau peut-être mais certainement pas le plus facile car de tout temps l’enseignement a eu ses détracteurs, ses ennemis. Christian Lax nous le rappelle dans ce dernier album, une histoire en deux temps, deux époques et différents lieux…
« L’éducation est l’arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde ». Nelson Mandela à qui on doit ces quelques mots et tellement d’autres avait diablement raison. Tellement raison que certains s’évertuent à la combattre, à l’interdire. Pour les filles ici. Pour tout le monde un peu plus loin.
On pense bien évidemment à l’Afghanistan, où les Talibans ont interdit encore récemment l’accès des femmes aux universités du pays, mais ce n’est bien évidemment pas le seul endroit sur Terre où l’ignorance est préférée à la connaissance, histoire de bloquer toute velléité d’émancipation, tout appétit de liberté.
Dans son dernier album en date, le dernier tout court puisqu’il aurait décidé de mettre un terme à sa carrière d’auteur de bandes dessinées, Christian Lax nous emmène dans les pas de deux personnages bien décidés à transmettre le savoir. Le premier, Fortuné Chabert, est un instituteur itinérant qui sillonne les Alpes du Sud dans les années 1830 pour enseigner l’écriture et le calcul aux enfants. Le second, Sanjar, fait de même bien loin des Alpes du sud, dans les montagnes afghanes, et de nos jours.
Deux époques, deux territoires éloignés, mais une histoire qui bégaye, l’un et l’autre se voyant obligés de mettre un terme à leur mission, leur sacerdoce, face à la réticence et à la violence des obscurantistes de tout poil, ici un curé, là un djihadiste.
Et entre ces deux hommes, un lien, un trait d’union en la personne d’une journaliste américaine, Arizona Florès, descendante de Fortuné Chabert, en lutte contre le NRA, le lobby des armes à feu, et les violences faites à l’école, envoyée un beau jour par sa rédaction en Afghanistan où elle aura pour fixeur Sanjar…
À travers le destin ce ces hommes et leur obstination commune à délivrer cet enseignement nomade qu’on nomme l’université des chèvres, Christian Lax aborde un thème qui lui est particulièrement précieux, l’émancipation par le savoir face à l’obscurantisme. Il le fait à sa façon, avec sagesse et humanisme, en douceur mais non sans conviction, dans une fiction très documentée, notamment nourries de témoignages recueillis auprès de réfugiés afghans. Un récit forcément engagé soutenu par un graphisme des plus sensibles. Du grand Lax !
Eric Guillaud
L’Université des chèvres, de Christian Lax. Futuropolis. 23€
Il n’y a pas que les héros qui sont immortels, on aimerait penser que certaines maisons d’édition le sont tout autant tant elles nous ont offert et nous offrent encore du rêve, de l’évasion, de l’aventure… En attendant, Dupuis a 100 ans, le début de l’éternité, et publie un beau petit livre sur son histoire en complément d’une exposition à Charleroi…
Comment évoquer les 100 ans d’une maison d’édition comme Dupuis ? Et par où commencer ? Par le début tout simplement lorsque Jean Dupuis achète sa première presse à pédale et s’improvise imprimeur-éditeur. Nous sommes en 1896.
Quelques photos en noir et blanc du patriarche et de la famille et on arrive au lancement de la revue Les Bonnes soirées en 1922, de l’hebdo Le Moustique en 1924 et bien évidemment du fameux Journal de Spirou en 1937 qui offrira très vite à la maison d’édition belge une reconnaissance internationale.
Après, tout s’enchaine très vite, la création du héros-titre, les ADS, Amis de Spirou, Tif et Tondu, la guerre, l’Almanach 1947, Jijé, Valhardi, Lucky Luke, Gaston, les gags de poche, Yoko Tsuno, le Trombone illustré, Aire Libre, Largo Winch…
100 ans en 200 pages, une véritable gageure quand on connait un peu l’histoire de la maison mais le but de ce livre n’est pas d’être exhaustif, plutôt d’offrir aux amoureux du 9e art et plus spécifiquement des éditions Dupuis un panorama le plus large possible de la création en son sein en s’appuyant sur de nombreuses anecdotes et illustrations.
Héros, auteurs, expériences éditoriales… l’essentiel est ici et dans l’exposition qui se tient au Musée des Beaux-Arts de Charleroi jusqu’au 30 juillet 2023.
Eric Guillaud
La Fabrique de héros, 100 ans d’édition chez Dupuis, de José-Louis Bocquet et Sergio Honorez. Dupuis. 34€
J-10. Pour la quatrième année consécutive, France Télévisions s’associe au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême pour décerner le Prix du public. Huit albums ont été sélectionnés. Le lauréat sera connu le samedi 28 janvier. Qui sont les auteurs ? Que racontent leurs livres ? Réponse ici et maintenant…
Quelle tête faites-vous lorsque vous dormez à poings fermés ? Peut-être ressemblez-vous à l’un ou l’autre de ces endormis croqués sur le vif dans les transports en commun par Emmanuel Guibert. Peut-être même allez-vous vous reconnaître ou reconnaître l’un de vos proches…
Voilà bien une drôle d’idée : tirer le portrait des gens tombés dans les bras de Morphée entre deux stations de métro, deux arrêts de bus ou deux gares. Cette idée-là vient d’Emmanuel Guibert, le même qui nous avait embarqué en 2020 dans les musées et autres lieux de culte et réuni dans le premier volet de Légendes une série de croquis et dessins réalisés au cours de ses pérégrinations.
Le Grand Prix de la ville d’Angoulême 2020, auteur du Photographe ou de La guerre d’Alan, pour ne citer que ces titres-là, revient avec un deuxième volet où il croque sur le vif, avec des techniques variées et dans des styles différents, son voisin voyageur plongé dans un profond sommeil, une « petite mort » bien réparatrice, l’occasion pour lui de s’interroger, de nous interroger sur notre rapport à la mort, la vraie, entre anecdotes personnelles et considérations philosophiques.
Un beau et bon petit bouquin, un peu cher certes, mais qui se lit avec grand plaisir malgré la thématique et nous amène à réfléchir sur notre existence. Et ça, ça n’a pas de prix !
Eric Guillaud
Légendes tome 2, Dormir dans les transports en commun, d’Emmanuel Guibert. Dupuis. 38€
Repéré dès son premier album, Comme un frisson, prix révélation ADAGP du festival Quai des Bulles, Aniss el Hamouri revient en 2022 avec un récit de dark fantasy en trois tomes résolument sombre et tourmenté…
Ne cherchez pas une once d’espoir dans les pages de cet album, il n’y en a pas. Ou si peu. L’univers médiéval élaboré par Aniss el Hamouri est désespérément sombre et violent. Pour un rien, vous pouvez finir sur un bûcher ou le ventre transpercé d’un coup d’épée.
Le seul rayon de lumière, le seul élan de bonté, vient d’une amitié, celle qui unit le jeune et bienveillant Georg à Pluie et Ongle, deux adolescentes dotées de pouvoirs surnaturels qui ont décidé de s’enfuir du Sanctuaire, une prison de l’inquisition. Depuis, elles sont pourchassées par Le Mage, un inquisiteur sans pitié, et rejetées partout où elles passent. Georg fera tout son possible pour les aider à fuir les soutanes et à surmonter les traumatismes physiques et psychiques endurés par le passé et qu’il découvre au fil de leur périple…
Plus qu’une fuite, c’est une quête que l’auteur belgo-marocain Aniss el Hamouri met ici en images, une quête d’identité pour nos trois personnages, autant de caractères inadaptés à ce monde de brutes épaisses et de croyances obscures.
Avec son trait hyper nerveux et expressif, quasiment habité, et une narration musclée, l’auteur parvient à nous happer jusqu’au bout de son histoire même si les premières pages nécessitent peut-être un petit temps d’acclimatation à l’univers.
Ils brûlent figure dans la sélection des albums en lice pour le Fauve d’Angoulême – Prix du Public France Télévisions 2023
Eric Guillaud
Ils brûlent tome 1, Cendre et rivière, de Aniss el Hamouri. 6 Pieds sous Terre. 20€
Rejetée de toutes les écoles d’art françaises pour son trait un peu trop calqué sur celui de Robert Crumb, Maybelline Skvortzoff a fini par trouver refuge dans un master en bande dessinée à l’institut Saint-Luc à Bruxelles avant de finalement nous revenir avec une première bande dessinée sacrément culottée…
Roxane est plutôt du genre à croquer la vie à pleines dents, à se droguer un peu, à faire l’amour beaucoup, à faire la fête énormément. Et bien évidemment, tout ça coûte cher. Alors, histoire d’arrondir ses fins de mois et peut-être de pimenter un peu plus encore sa life, Roxane décide de vendre ses culottes sales sur internet. Et ça rapporte ! 60 euros la culotte, plus encore quand elle accepte de la remettre en main propre.
Mais de fil en aiguille, Roxane se retrouve embringuée dans un monde qui n’est pas le sien, un monde étrange, voire glauque, dérangé et dérangeant, qui lui fait faire des choses qu’elle ne se serait jamais autorisée auparavant, au risque de se perdre, au risque aussi de perdre tous ceux et toutes celles qui l’entourent et l’aiment.
Mère, amants, copines, ses relations ne sont d’ailleurs pas au beau fixe et Roxane n’hésite pas à se débarrasser des gens comme elle le fait de ses culottes sales au moindre changement d’humeur. Une fuite en avant tête baissée, jusqu’au jour où elle se retrouve face à un point de non-retour…
Des dialogues crus, des séquences trash, un personnage pas toujours sympathique, assez égoïste, un trait parfois un peu rêche… ce premier roman graphique ne peut pourtant pas laisser indifférent tant la jeune autrice y a mis du sens et un peu de sa vie, abordant au passage des questions aussi essentielles que l’amitié, l’amour, la famille, le sexe ou le pouvoir de l’argent. Un récit au ton résolument libre, moderne, à la fois tragique et comique, sous une couverture très réussie offrant un touché peau de pêche bien agréable.
Roxane vend ses petites culottes figure dans la sélection des albums en lice pour le Fauve d’Angoulême – Prix du Public France Télévisions 2023
Eric Guillaud
Roxane vend ses culottes, de Maybelline Skvortzoff. Tanibis. 19€
Après Hagar Dunor, c’est au tour des petits vauriens de Pim Pam Poum de revenir dans une réédition de qualité du même acabit, après avoir fait le bonheur des lecteurs du Journal de Mickey pendant des décennies. Un vrai bout d’histoire du neuvième art et un premier volume classieux de 250 pages.
Il y a deux niveaux d’intérêt avec ce très beau livre au format ‘à l’italienne’, c’est—dire s’étalant dans le sens de la largeur. Le premier est avant tout historique : sous sa première forme et sous le nom de The Katzenjammer Kids ce strip fut publié à partir de 1897, ce qui en fait l’un des tous premiers de l’histoire. L’autre est purement nostalgique car certains d’entre nous les ont connu dans les pages du Journal De Mickey, magazine où ils sont apparus pour la première fois en 1935-36 avant de revenir trente ans plus tard de façon épisodique, jusqu’en 1989.
Renommée en VF Pim Pam Poum, cette bande dessinée a contribué à établir certaines des bases sur lesquelles le genre se repose encore aujourd’hui : un cadre unique (l’île imaginaire de Bongo), deux garnements toujours à la recherche de nouvelles bêtises à faire (Hans et Fritz), un souffre-douleur attitré (le Capitaine) plus la petite morale qu’il faut à la fin de chaque épisode.
Accessoirement, c’est aussi un cas d’école car suite à un désaccord entre leur créateur Rudolph Dirks et son premier éditeur, ce dernier l’a confié à partir de 1912 à un autre dessinateur Harold Knerr. Furieux, Dirks décide de continuer de publier sa version chez un éditeur concurrent. S’en suit un procès dont le jugement fait depuis jurisprudence, statuant qu’un personnage appartient à son éditeur, non pas à son créateur. Ce qui n’a pas empêché les deux séries de continuer d’exister, en parallèle.
Ce premier volume reprend la version de Knerr et les planches publiées à partir du 20 septembre 1936, soit les plus anciennes retrouvées dans un état jugé suffisamment acceptable. Dirks étant un immigré allemand, il avait glissé dans la version originale pas mal de références à sa culture germanique, notamment dans le choix des prénoms des héros ou dans les dialogues, mélange d’argot américain et allemand. Dans l’excellente introduction de ce volume, le spécialiste Tristan Lapoussière explique que ces traits ont dû être gommés dans la version française pour des raisons pratiques : impossible de retranscrire correctement nombre d’expressions intraduisibles de patois, à moins de les dénaturer. Les héros, aussi, ont été rebaptisés, devenant Pam et Poum, leur tante devenant, elle, Pim.
Ces recadrages n’entachent en rien le rendu, bien au contraire. Grâce notamment au superbe travail de reproduction (du même niveau que celui effectué par le même éditeur pour les Dailies de Batman signés Bob Kane) et au séquençage étonnement moderne et dynamique pour un comics des années 30, le tout garde une fraicheur et une simplicité qui transcende assez vite son caractère historique. Oui, peut-être que la façon dont des personnages secondaires, comme le roi Bongo et ses sujets, sont décrits est un chouia caricaturale et cela fera peut-être tiquer ceux qui aujourd’hui considèrent qu’une BD comme Tintin Au Congo est trop colonialiste. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte et ne pas oublier que la série s’adressait avant tout à des enfants des années 30, ni occulter le superbe travail de restauration effectué.
Olivier Badin
Pim Pam Poum – 1936 – 1942 de Harold Knerr. Urban Comics. 29 euros.
Il n’y a pas que des footballeurs arrogants en Argentine, il y a aussi des auteurs de bande dessinée aussi modestes que talentueux. On en a eu la preuve par le passé avec notamment Jorge González, on l’a à nouveau aujourd’hui avec Sole Otero et son album Naphtaline, une épopée familiale qui débute quelque part en Italie au moment de l’accession au pouvoir d’un certain Mussolini…
L’histoire débute par la fin. La fin d’une vie. Un cimetière, trois personnes en tout et pour tout devant un cercueil, un dernier adieu et c’est la vie qui continue. Pourtant, RocÍo n’en revient pas qu’il y ait si peu de monde à l’enterrement de sa grand-mère Vilma.
En attendant, elle hérite de sa maison ou du moins est-elle autorisée à l’habiter en attendant qu’elle soit un jour vendue. Après la crise ! Nous sommes en 2001 en Argentine et le pays se trouve dans une situation économique et politique catastrophique.
Une fois dans la maison, RocÍo se remémore les rares fois où elle est venue visiter cette grand-mère. Elle n’était pas très proche d’elle ou plus exactement, la grand-mère n’était proche de personne. Un sacré caractère, solitaire, acariâtre, colérique, qui a réussi à se fâcher avec tous les membres de la famille. Sauf RocÍo. Il faut dire que sa vie n’a rien eu d’un long fleuve tranquille.
Et de se remémorer l’histoire de cette grand-mère, une histoire qu’elle connaît finalement par cœur pour l’avoir entendue par bribes, à commencer par l’installation de la famille en Argentine après avoir fuit l’Italie fasciste, sa jeunesse bridée par une éducation patriarcale rigoriste, son premier flirt, son mariage forcé avec un voisin lorsqu’elle tombe accidentellement enceinte, sa fausse-couche, son frère qui cache son homosexualité…
Avec un ton et un esthétisme résolument modernes, originaux, l’autrice Sole Otero nous offre la photographie d’une Argentine en crise en même temps qu’elle nous raconte la destinée d’une famille d’immigrés italiens fuyant l’horreur fasciste et tentant de se reconstruire à l’autre bout du monde entre sacrifices et désillusions. C’est aussi l’histoire de deux femmes, Vilma et RocÍo, qui, chacune à sa manière et à son époque, s’interrogent sur la vie, leur vie de femme dans une société patriarcale. Une très belle découverte et une autrice à suivre !
Les deux premiers volets n’ont jamais permis de résoudre le conflit au Proche-Orient, le troisième tiendra-t-il ses promesses ? Une seule solution pour le savoir : l’acheter, le lire et attendre le suivant…
La barre était haute, l’objectif ambitieux et le résultat forcément incertain. Non, les deux premiers volets de cette série, parus chez Vroum en 2012, 2014 et 2016 pour l’intégrale n’ont pas permis de résoudre le conflit au Proche-Orient, on le saurait, mais ils ont tout de même permis à leur auteur de décrocher un diplôme et accessoirement de trouver une femme. C’est déjà pas mal !
Avec un taux de réussite de 66%, Sylvain Mazas méritait bien d’écrire un troisième volet, c’est chose faite en ce mois de janvier 2023 avec de nouveaux objectifs affichés dès la couverture. Exit le règlement du conflit au Proche-Orient, place à la réduction des inégalités entre les riches et les pauvres, à l’écriture d’une symphonie et au remboursement de sa femme.
Pour permettre à l’auteur de réaliser au moins un de ces objectifs, c’est très simple, jetez-vous sur l’album, ça lui permettra d’empocher un peu d’argent et d’éponger ses dettes. Quant à vous, ça vous permettra de rigoler un bon coup. Car oui, au-delà de son titre à rallonge et son bavardage à tous les étages, ce livre est un concentré d’humour et de réflexions tous azimuts sur notre monde contemporain.
Vous avez loupé les deux premiers tomes ? Pas de panique, les éditions Delcourt rééditent l’ensemble dans un élan de générosité contrôlé.
Eric Guillaud
Ce livre devrait me permettre de réduire les inégalités entre les riches et les pauvres, d’écrire une symphonie et de rembourser ma femme, de Sylvain Mazas. Delcourt. 10,50€