Un manchot pianiste, un mafieux 2 pièces, un bébé maléfique, des catcheurs fantômes, un cycliste raté, une perruque vivante et un vendeur de piano solitaire qui n’y connaît rien en musique classique, le casting annonce la couleur : La République du catch est un polar affreusement déjanté qui se lit à la vitesse d’un TGV en rase campagne.
Normal, ce nouveau récit, Nicolas de Crécy l’a écrit initialement pour les Japonais. Il a été prépublié dans la revue Ultra Jump entre les mois d’août 2014 et mars 2015. Il est aujourd’hui publié en album, simultanément au Japon par la Shueisha Publishing et en France par Casterman. « L’idée d’une bande dessinée longue, 200 pages environ, en noir et blanc, avec une narration très fluide, me titillait depuis un moment« , confie l’auteur dans une interview publiée par Casterman. Bien qu’il ne connaisse pas précisément l’univers du manga, si ce n’est les classiques comme Otomo ou Taniguchi, Nicolas de Crécy a cherché à en cerner les spécificités et à adapter un tant soit peu son style « Le dessin est vraiment une écriture, c’est sans doute lié à l’écriture même au Japon, qui est dessinée. De notre côté, Européens, nous sommes beaucoup plus statiques dans la mise en scène, elliptiques et littéraires dans la façon de raconter« .
Pour ce récit, Nicolas de Crécy est allé puiser dans la mythologie yōkai mais aussi dans notre culture occidentale. « Je ne voulais pas faire un récit qui se déroule et utilise la culture spécifiquement japonaise, mais je voulais trouver des équivalents – mafia italienne – que les Japonnais puissent comprendre. Idem pour les fantômes, que je nomme comme des fantômes mais qui sont un hommage à la culture yōkai. Quant au catch, c’est la métaphore du Sumo ».
Quand l’imaginaire n’a plus de limite, c’est que Nicolas de Crécy n’est pas loin.
Eric Guillaud
La République du catch, de Nicolas de Crécy. Editions Casterman. 22€