Chez Bliss, éditeur des séries comics Valiant en France, on aime les gros pavés. J’ai dit les GROS. Mais là, c’est le pompon : cette intégrale des premières aventures de Bloodshot parues initialement aux Etats-Unis entre 2012 et 2014, avoisine quand même les 900 pages ! Et attention, ici on ne fait pas de quartier…
Par contre, attachez vos ceintures, car même ceux qui ont croisé cet albinos à la peau blanche dans Book of Death, The Valiant ou dans Harbinger risquent d’être par moments un peu perdus, vu que les différents univers ne cessent d’entrer en collision et que la temporalité est régulièrement malmenée. En fait, cette intégrale sur les origines du – à priori – premier héros de l’écurie Valiant à avoir droit à une future adaptation cinématographique (Jared Leto et Vin Diesel seraient sur les rangs) a les défauts de ses qualités.
En se voulant exhaustif et en reprenant ainsi l’intégralité des 25 épisodes, le résultat est dense, très dense, limite trop même. Bloodshot est un peu comme une série à la 24h tellement pleine de rebondissements qu’un visionnage d’une traite devient rébarbatif. Surtout qu’ici, personne n’est celui qu’il semble être et les trahisons aussi nombreuses que les déchaînements de violence qui n’épargnent personne et surtout pas le personnage principal.
Le point de départ est, a priori, plutôt simpliste : soldat super-entrainé, Ray est un habitué des missions quasi-impossibles qui, pourtant, commence à se poser des questions sur comment préserver sa famille et sortir de cette spirale de violence. Sauf qu’assez rapidement, on découvre que Ray n’existe pas, ou plus. Il est en fait Bloodshot, véritable machine à tuer crée une unité spéciale gouvernementale qui le manipule mentalement pour faire le sale boulot. Son corps est plein de nanites (des robots miniaturisés) capables de le régénérer de façon quasi-instantané, le rendant pratiquement invincible. Or lorsque le voile de sa réalité commence à se déchirer, il décide de s’émanciper mais rencontre sur son chemin des enfants mutants aux pouvoirs surnaturels (les Psiotiques), des agents du gouvernements lancés à ses trousses mais aussi d’autres personnages bien connus de l’univers Valiant comme Faith, Toyo Harada de la fondation Harbinger ou Archer et Armstrong. Et à partir de là, plus personne n’est à l’abri. Personne.
Sorte de croisement entre le Punisher et Terminator assez proche physiquement de Rai (autre héros de chez Valiant), Bloodshot est peut-être le personnage le plus désespéré de son éditeur, le plus violent aussi. Profitant de sa quasi-immortalité, les scénaristes qui se succèdent semblent prendre un malin plaisir à lui faire subir les pires traitements : œil crevé par télékinésie, membres découpés à la tronçonneuse, visage explosé par une balle tirée à bout portant et on en passe ! Pourtant, malgré son regard rouge vide, il y a quelque chose qui tient presque de la tragédie grecque chez lui, un côté désespéré qui lui donne une dimension supplémentaire et qui pousse à le suivre, même si on sait pertinemment que tout cela finira (forcément) mal.
Pas pour les petits enfants !
Olivier Badin
Bloodshot : Intégrale, Valiant/Bliss, 45 euros