12 Juil

Quand Hellboy rencontre Richard Corben, ça fait des étincelles !

La dernière entrée de la désormais volumineuse bibliographie de Hellboy s’offre une guest-star de 78 ans dont les traits talentueux réussissent à transformer une ‘petite’ histoire de huit planches en réflexion sur la destinée…

Il y a plusieurs entrées dans l’univers Hellboy. Dont celle-ci, plus axée sur son ‘travail’ au sein du B.P.R.D. (le Bureau de Recherches et de Défense sur le Paranormal en français). Des aventures en général situées entre la fin de la deuxième guerre Mondiale – date à laquelle il a été adopté – et la période actuelle et plus particulièrement dans les années 50. Bon, dans l’absolu, on vous l’accorde, cela ne change pas grand-chose dans les faits : son créateur Mike Mignola est toujours à la manœuvre et signe encore les couvertures (pour attirer le chaland) et ce rejeton né de l’union d’un démon et d’une femme en est toujours le héros principal. Mais tout l’intérêt de ce troisième volume de la série ‘Hellboy & B.P.R.D.’ (à ne pas confondre ni avec les séries ‘Hellboy’ et ‘B.P.R.D.’ tout court attention !) tient en fait en ces huit dernières pages.

Pourtant, les deux premières histoires de ce volume qui en contient trois ne déméritent pas, loin de là. Surtout la première et la plus longue, signée par le dessinateur Stephen Green, avec ses nombreux clins d’œil au film ‘The Thing’ de John Carpenter sur lequel il s’est amusé avec Mignola à greffer des nazis jusqu’en-boutistes (souvenez-vous, nous sommes en 1954 !). Mais le meilleur est pour la fin.

© Delcourt / Mignola, Roberson, Corben, Green, Reynolds, Churilla et Stewart

Après, peut-être ne sommes-nous pas foncièrement objectifs. Et encore, on reconnaît que le scénario de ce court épisode ‘Le Miroir’ est des plus simpliste et tient sur un timbre-poste. Oui, sauf que c’est le dernier grand prix d’Angoulême qui tient le crayon… Certes, Richard Corben, ancien collaborateur de ‘Metal Hurlant’, n’en est pas à sa première parade d’amour avec Hellboy. Et celle-ci est donc très courte et presque contemplative, le rejeton de l’Enfer se ‘contentant’ de se faire molester par des démons. Mais plus que jamais son trait sombre et mélancolique, cette faculté d’évocation et surtout cette ‘patte’ si particulière où l’on a impression de presque sentir les effluves de pourriture qui semblent sommeiller sous ses chacun de ses personnages donnent au tout une touche presque diaboliquement désespérée qui fait toute la différence.

Olivier Badin

Hellboy & B.P.R.D. 1954, par Mignola, Roberson, Corben, Green, Reynolds, Churilla et Stewart, Delcourt, 15,95 euros

© Delcourt / Mignola, Roberson, Corben, Green, Reynolds, Churilla et Stewart