01 Nov

Bloodshot passe du 7e au 9e art

Après Marvel et DC Comics, c’est au tour de l’éditeur Valiant de franchir le cap du cinéma. La première bande-annonce de sa première adaptation a été dévoilée cette semaine…

Fondé en 1990, le studio Valiant a donné naissance à pas mal de héros plus sombres et plus torturés, comme Rai, Ninja K ou Archer & Armstrong. Mais c’est son héros le plus brut de décoffrage qui a été choisi pour ouvrir le bal, le mercenaire Bloodshot avec ses hordes de nanites (des robots miniaturisés) dans son corps qui lui permettent de presque instantanément cicatriser en plus de décupler ses capacités.

Après qu’on ait parlé pendant longtemps de Jared Leto, c’est finalement l’acteur bodybuildé Vin Diesel (Fast & Furious, Riddick) qui a été choisi pour l’incarner au cinéma, un choix qui tombe sous le sens tant son physique seul colle parfaitement au personnage tel qu’il est décrit dans les comics.

Si le réalisateur est un inconnu, on reconnaît par contre Guy Pearce dans le rôle du ‘méchant’ scientifique manipulateur. Et d’après la première bande-annonce officielle, ce premier film (sous-entendu : si cela marche, d’autres suivront) suit logiquement l’histoire de ses origines ou comment ce mercenaire subi une expérimentation sauvage visant à le transformer en soldat suprême, avant de se retourner vers ses créateurs.

En attendant une sortie prévue pour Mars 2020, vous pouvez toujours réviser l’histoire en relisant notre chronique ici

Olivier Badin

Le retour de la revanche du fils du méchant Doggybags, deuxième partie !

Après 13 numéros remplis d’hémoglobine en forme d’hommage aux pulps et aux films d’horreur des années 70, la série collégiale Doggybags s’était arrêtée, pour ne pas tomber dans la redite. Mais il faut croire que ses patrons avaient conservé au frigo quelques kilos de bidoche en stock car elle revient finalement d’entre les morts pour un nouveau triptyque d’histoires qui revisitent, chacune à leur manière, un pan de la culture horrifique.

Vendredi 13Les Griffes de la NuitSaw… Autant de sagas qui ont enchaîné les opus qui s’achevaient invariablement par la soi-disante mort du personnage principal… qui revenait systématiquement quelques années après. Freddy Krueger, Jason, Leatherface… Tous comme les grands héros, les grands méchants ne meurent jamais. Cela tombe bien, Doggybagsnon plus.

Lancée presque en catimini en 2011 par un petit studio indépendant, cette revue à la périodicité indéfinie fut la première en France a revisiter ce kaléidoscope de sous-genres qu’est l’exploitation. Un terme un peu barbare volé à la contre-culture anglo-saxonne des années 70 que des gens comme Quentin Tarantino (avec les films Grindhouse) ou Roberto Rodriguez (avec Une Nuit En Enfer) se sont mis en tête de ressusciter. Il désigne divers supports (BD, livres, films), réalisés en général avec peu de moyens et dédiés à un sous-genre bien précis de la culture bis. Ils vont jusqu’à revendiquer les clichés inhérents pour mieux, justement, les exploiter. On y retrouve en vrac des histoires de zombies ou de vampires, des récits post-apocalyptiques, des polars occultes etc.

@ Doggybags Ankama/Label

On a clairement affaire ici à de gros fans d’horreur qui connaissent les dialogues de Massacre à la Tronçonneuse par cœur. Doggybags est donc certes bourré de références plus ou moins subtiles mais il reste assez osé, aussi bien sur le plan visuel qu’éditorial. Ses auteurs vont d’ailleurs piocher aussi bien dans le manga que dans le street-art, aboutissant au final à quelque chose d’assez unique. On est donc content que Run, le papa de la série Mutafukaz et patron de Label 619, soit revenu sur sa décision, il en parle d’ailleurs avec pas mal d’humour dans l’édito qui ouvre ce numéro. 

Et puis on sait d’entrée qu’on va être entre gens de bonne compagnie en reconnaissant cette couverture signée Ed Repka. Un artiste américain que les métalleux connaissent bien, vu qu’il est responsable de la moitié des pochettes de thrash-metal dans la seconde moitié des années 80. Les plus cultes étant celles réalisées pour le groupe Megadeth pour lequel il a donné corps à leur squelette mascotte, Vic Rattlehead.

@ Doggybags Ankama/Label

Pour cette ‘saison 2’ comme ils le disent, on retrouve tout de suite nos marques avec cette mise en page colorée pleine de punchs. Entre deux histoires, on retrouve également le courrier des lecteurs, de fausses publicités pour, par exemple, « des masques mortuaires ». Mais aussi des articles on ne peut plus sérieux en forme de mise en point historique sur tel ou tel sujet abordé dans le numéro. Run lui-même nous la joue Alain Decaux en signant un article très instructif sur les différents moyens de torture depuis l’antiquité jusqu’à la dernière guerre par exemple…

Mais les joyaux de la couronne restent les trois histoires du jour, trois contes noirs où l’on retrouve des habitués de la maison comme Prozeet, Ivan Shavrin et Neyef. Trois variations assez distinctes : si la première, presque réaliste, utilise comme décor l’ex-bloc de l’Est livré à la pègre, la deuxième est beaucoup plus hallucinatoire et suffocante avec son personnage central emprisonné dans son propre corps. Quant à la dernière histoire, elle reprend (un peu) à son compte l’idée déjà développée par la série L’Amateur de Souffrances chez Glénat d’un exécuteur qui se nourrit de l’agonie des condamnés pour rester immortel.

@ Doggybags Ankama/Label

Les trois, bien que ne jouant pas sur le même registre, sont non seulement réussies mais elles s’inscrivent aussi en plus parfaitement dans le style Label 619. Un éditeur en passe de devenir une vraie marque de fabrique, un gage de qualité avec certes des bouts de dents cassées et quelques viscères dessus, de la BD d’horreur ‘à la française’ que les fans peuvent désormais acheter les yeux fermés. À condition d’aimer quand ça tache…

Olivier Badin

Doggybags 14, Saison 2, Ankama/Label 619. 13,90€

Prisonniers du passage: une bande dessinée documentaire de Chowra Makaremi et Matthieu Parciboula sur les zones d’attente pour personne en instance

Vous pouvez être un familier des aéroports sans connaître ces espaces, et pour cause, les zones d’attente pour personne en instance sont des lieux de détention pour les étrangers refusés aux frontières. Chowra Makaremi et Matthieu Parciboula nous les font découvrir dans une bande dessinée documentaire parue chez Steinkis…

Il y un peu plus de 25 ans, les étrangers refusés aux frontières pour quelque raison que ce soit erraient dans les gares, ports et aéroports sans cadre légal. Il faudra attendre la loi dite Quilès de 1992 pour que soient créées les Zones d’Attente pour Personnes en Instance également appelées ZAPI, des zones de détention où les étrangers peuvent être enfermés jusqu’à 26 jours avant d’obtenir le statut de demandeurs d’asile, de se voir admis sur le territoire ou refoulés.

Le récit Prisonniers du passage nous plonge dans cet espace, froid, sans âme, bien loin de l’image de terre d’accueil que la France a longtemps véhiculée. Chowra Makaremi et Matthieu Parciboula nous montrent les conditions de (sur)vie offertes à ces hommes, femmes et enfants venus chercher une meilleure vie loin de la misère, de la violence, de la guerre, enfermés avec pour seuls interlocuteurs des policiers pas toujours compréhensifs et, heureusement, la visite régulière des associations citoyennes comme l’Anafé, Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers.

Au fil des pages, on peut croiser Kadiatou, Yoones, Jana… tou(te)s refusé(e)s aux frontières, tou(te)s amené(e)s à la ZAPI, quelques noms, quelques visages, parmi les milliers d’étrangers qui passent chaque année entre les murs des zones d’attente.

Un récit humain et instructif, complété par un dossier documentaire d’une quinzaine de pages.

Eric Guillaud

Prisonniers du passage, de Chowra Makaremi et Matthieu Parciboula. Steinkis. 18€

28 Oct

Senso : une comédie à l’italienne signée Alfred

Après Come Prima qui lui valut un Fauve d’or au festival d’Angoulême en 2014, Alfred nous revient avec Senso, l’histoire d’une rencontre fortuite dans le décor d’une Italie qui lui est chère…

C’est typiquement le genre de mésaventure qui peut arriver à tout le monde. Elle est d’ailleurs arrivée à Alfred à l’occasion d’un festival près de Rome : « aucune chambre n’avait été réservée à mon nom, et pendant un temps, la perspective de passer la nuit à errer dans cet hôtel vieillot plein de tableaux et d’objets insolites m’avait amusé ».

Cette mésaventure avait rejoint l’un des carnets que l’auteur remplit chaque jour d’anecdotes, de dessins, de souvenirs et autres rêves. Jusqu’au jour où une étincelle se produit et lui permet de relier toutes ces idées, toutes ces pistes, pour en faire une histoire. C’est de cette mésaventure qu’est né Senso: « C’était l’élément qui allait tout relier, et permettre à l’histoire de commencer ».

@ Delcourt / Alfred

Et l’histoire commence avec un personnage, Germano Mastorna. Il n’est pas auteur de BD comme Alfred, il est vaguement producteur de groseilles bio, mais il se retrouve lui-aussi sans chambre dans un hôtel à la déco d’un autre âge quelque part en Italie du sud. Errant de canapé en fauteuil, l’homme finit par tomber sur une très vieille connaissance qui n’est autre que le patron des lieux. Il se marie justement ce jour-là et invite Germano à la fête.

Au point où il en est, Germano accepte l’invitation. Il s’y ennuie un peu, beaucoup, à la folie, jusqu’à sa rencontre avec Elena. Lui n’aurait jamais dû être là, elle ne voulait pas venir, une rencontre inattendue, une nuit pour se mentir un peu, arrêter le temps qui passe, peut-être prendre une autre direction, trouver un sens (senso en italien) à la vie…

@ Delcourt / Alfred

Après Le Désespoir du singe sur un scénario de Jean-Philippe Peyraud, Pourquoi j’ai tué Pierre avec Olivier Ka, Je mourrai pas gibier, adaptation du roman de Guillaume Guéraud, et bien sûr Come Prima, Alfred nous offre ici une comédie à l’italienne avec un héros légèrement lunaire, une chaleur étouffante et un décor époustouflant de beauté qui a tout de l’Italie sans en refléter un lieu défini : « C’est un mélange de mes Italies. Des endroits que je connais ou dans lesquels j’ai vécu, et que je mélange les uns aux autres. Mes origines italienne sont toujours très présentes, mais je triture différentes périodes , différents endroits, pour en restituer une Italie imaginée, théâtralisée, personnelle… ».

@ Delcourt / Alfred

Une Italie comme on peut se l’imaginer, écrasée de soleil, magnifique.. et un parc, extraordinaire, sans limites, quasiment sorti d’un rêve où les deux personnages vont se libérer, se rapprocher, s’aimer. « Le parc prend racine dans tous ces souvenirs : le jardin botanique de Rome, celui de Naples, un parc caché de Venise dans lequel ma fille a fait ses premiers pas et surtout la Villa Rocca, à Chiavari, l’endroit d’où vient ma famille ».

Avec un dessin plutôt sobre destiné avant tout à servir l’histoire, Alfred nous invite à un magnifique voyage au coeur de l’Italie mais aussi au coeur des sentiments humains. Sublime !

Eric Guillaud

Senso, d’Alfred. Delcourt. 23,95€

23 Oct

Le coin des mangas : Dragon Ball, Blue Phobia, Sky Wars, La malédiction de Loki, Blue Giant, Frère à louer, Skip Beat, Ranma…

On commence par un livre qui n’est pas un manga, pas une bande dessinée, pas un comics, non, on commence par un livre de recettes. Mais pas n’importe quelles recettes, il s’agit ici des Recettes légendaires de Dragon Ball. Pour ceux qui connaissent la série, rien de très surprenant, pour les autres, une petite explication s’impose. Dans l’oeuvre d’Akira Toriyama, la gastronomie tient une place importante, il n’en fallait pas plus pour que Thibaud Villanova, chef cuisinier et expert en pop culture, dresse un pont entre ses deux passions avec ce livre de cuisine somptueusement illustré. Au menu : effiloché de briquet de boeuf mariné, traditionnel curry japonais au boeuf, bouillon de chou rouge, raviolis végétariens ou encore tentacules de poulpes snackés. (Les recettes légendaires de Dragon Ball, de Thibaud Villanova. Glénat. 20€)

Tout ça ouvre fortement l’appétit ! Alors voici quelques petites gourmandises qui devraient vous rassasier comme cette première oeuvre du Japonais Eri Tsuruyoshi, Blue Phobia, publiée au Japon en deux volumes, proposée en France en un tome unique au format perfect histoire d’apprécier pleinement le style graphique direct et nerveux de l’auteur. L’histoire ? Celle d’un jeune homme qui se réveille dans un laboratoire. Il ne se souvient de rien. Où est-il exactement ? Que fait-il attaché sur ce lit ? Pas le temps de se poser mille questions, une jeune fille au corps teinté de bleu l’aide à sortir du laboratoire. Ensemble, ils vont tenter de fuir l’île qui les retient prisonniers et ses mystères… (Blue Phobia, de Eri Tsuruyoshi. Glénat. 10,75€)

Les deux premiers volets ont été publiés un peu avant les vacances de l’été, la suite est prévue pour le début de l’année 2020, il est donc encore temps de se plonger dans cette aventure qui nous entraîne dans le petit royaume d’Eldura où sévit un despote de premier ordre qui interdit au peuple de fendre l’air par quelque moyen que ce soit. « Tenter de voler comme le font les oiseaux est interdit. Il paraît que le simple fait de les imiter, c’est faire un affront au roi », nous rappelle le héros de cette saga, Knit. Voler… il en rêve pourtant, comme son père, qui en son temps avait construit une machine volante. Il en rêve en secret jusqu’au jour où surgit dans les cieux du royaume un inconnu chevauchant une monstrueuse créature ailée. (Sky Wars, de Ahndongshik. Casterman. 6,95€ le volume)

Nouvelle série chez Delcourt avec ces deux volumes de La Malédiction de Loki parus simultanément au mois de septembre. L’auteur, Hachi, y raconte l’histoire de la jeune orpheline Aisya qui pense avoir un don, celui d’aider les gens en les peignant avec son sang. La rumeur dit qu’une jeune mariée malade aurait ainsi retrouvé la santé, qu’un paysan aurait vu repousser la jambe qu’il avait perdu ou encore qu’un honnête homme ruiné avait retrouvé tout l’argent qu’il lui fallait. Mais ses peintures n’apportent pas que le bonheur et sont bientôt baptisées « les peintures maudites de la sorcière ». Seule, très seule, Aisya créé en peinture le personnage de Loki et lui demande de brûler toutes ses œuvres…(La Malédiction de Loki , de Hachi. Delcourt Tonkam. 7?99€ le volume)

Changement de style et d’univers avec Blue Giant et la sortie du huitième volume sur les dix prévus, une série signée Shinichi Ishizuka. Blue Giant nous embarque dans le monde de la musique et plus spécialement dans celui du jazz en compagnie de Dai Miyamoto qui avec des amis a formé le trio de jazz “JASS”. Leurs performances habitées commencent à attirer le public mais le pianiste Yukinori a été vertement critiqué par une personne du club où il rêve de se produire. « Une performance sans le moindre intérêt ». Mais il faut se relever et Dai va l’y aider… Après Vertical qui traitait de la haute montagne, l’auteur Shinichi Ishizuka offre à ses lecteurs un somptueux voyage au pays du jazz. Pour un public un peu plus adulte. (Blue Giant 8, de Shinichi Ishizuka. Glénat. 7,60€)

Plus embarrassant qu’un chat, qu’un chien ou qu’un lapin, un ours. Bon, celui-ci ne vit pas dans l’appartement de son créateur, le mangaka Koromo. Il vit dans son milieu naturel, la banquise, où il tombe follement amoureux d’un jeune phoque. Oui, ça peut paraître étrange quand on connaît l’attirance du premier pour le second lorsqu’il s’agit de manger mais Koromo souhaite à travers cette histoire impossible lancer un message d’amour universel. Et dans ce second volet, une sérieuse rivale phoque pourrait tout remettre en question. Ahhh l’amour ! Un récit tout mimi ! (Polar Bear in love tome 2, de Koromo. Soleil Manga. 15€)

On ne choisit pas sa famille. Mais peut-on s’en fabriquer une moyennant finances ? Dans cette nouvelle série signée Ichiro Hako, déjà connu au Japon pour ses livres illustrés et ses jeux vidéos, la jeune Kanami va utiliser son héritage pour se payer un frère qui s’occupera d’elle contrairement à son vrai grand frère, odieux depuis la mort de leurs parents. Un premier manga pour l’auteur.  (Frère à louer tome 1, de Hako Ichiro. Delcourt Tonkam. 7,99€)

Énorme succès au Japon, tiré à plus de 10 millions d’exemplaires, adapté en série télévisée de 25 épisodes, Skip Beat! est le premier manga publié en France de Yoshiki Nakamura. Elle y raconte l’histoire de la jeune Mogami Kyôko venue à Tokyo pour accompagner son ami d’enfance Shô qui souhaite percer dans la musique. Mais très vite, Mogami Kyôko se rend compte que Shô abuse de sa gentillesse et la prend pour une bonne… (Skip Beat! tome 40, de Yoshiki Nakamura. Casterman. 6,96€)

Troisième volet de La Lanterne de Nyx et des aventures de Miyo, jeune orpheline qui n’a aucun talent, elle ne sait ni lire ni écrire, sauf celui de voir à qui a appartenu ou va appartenir un objet rien qu’en le touchant. Bon, sur le marché de l’emploi, ce n’est pas très vendeur mais Miyo finit par trouver un job chez Momotoshi, un marchand d’objets importés d’Europe. Une série prévue en six tomes au graphisme de caractère. (La Lanterne de Nyx, de Kan Takahama. Glénat. 10,75€)

On termine avec Ranma 1/2 sixième volet, un manga signé Rumiko Takahashi publié chez Glénat dont les jeunes garçons raffolent. Au menu, une bonne dose d’histoires d’amour, des personnages qui se transforment en animaux au contact de l’eau et des arts martiaux à gogo. Le tome 10 est sorti à la rentrée, le 11 le sera début novembre. (Ranma 1/2 tome 10, de Rumiko Takahashi. Glénat. 10,75€)

Eric Guillaud

21 Oct

Le Roi des bourdons, un plongeon masqué et costumé dans le milieu de l’édition BD signé David de Thuin

Il avait fait sensation en 2014 avec La Proie, un récit de 10 000 cases sur 1000 pages. David de Thuin nous revient aujourd’hui avec un récit animalier qui a les apparences -trompeuses – d’un récit humoristique…

Zola Vernor est manutentionnaire au service expédition des éditions Chatterbooks. Nullement par passion comme on peut l’imaginer mais par obligation. Pour les croquettes en somme. D’un autre côté, Zola sait qu’il est dans la place, la bonne place, lui qui rêve depuis toujours de devenir auteur de bande dessinée.

Hélas, personne chez Chatterbooks ne prête attention à son travail, à ses dessins. Pour tous, il reste le petit manutentionnaire de service, celui qui charrie à longueur de journées les cartons remplis des livres des autres.

Mais un jour, pour avoir sauvé un de leurs congénères de la noyade, des bourdons lui offrent un super-pouvoir, celui de bourdonner ou plus exactement de voler. Oui, comme Superman ! De là à se prendre pour un super-héros…

Et voilà notre Zola, masqué et affublé d’un collant jaune volant au secours de la veuve et de l’orphelin dans tous les recoins sombres et malfamés de sa bonne ville de Chattertown. Ses exploits largement relayés par les médias en font très vite le Roi des bourdons, plus fort, plus rapide, plus populaire, qu’un autre super-héros local, Hyperclébard, dont les aventures faisaient jusqu’ici les beaux jours des éditions Chatterbooks.

La boucle est bouclée. À défaut de devenir auteur de bande dessinée chez Chatterbooks, Zola pourrait en devenir le principal héros de papier…

Récit humoristique ? Histoire de super-héros ? Ne vous méprenez pas, bien qu’assez proche de l’univers de Lapinot du sieur Trondheim, bien qu’assez léger dans le trait et le ton, le récit de David de Thuin porte un regard assez noir et acerbe sur le milieu de l’édition BD. Éditeurs, directeurs de collection, auteurs… tout le monde en prend pour son grade.

Faut-il dès lors voir Le Roi des bourdons comme la réponse à un sentiment, un ressentiment ou à une expérience personnelle ? L’auteur s’en défend même si, reconnaît-il, il a travaillé un an comme manutentionnaire au service expédition de l’imprimerie Proost qui imprimait les albums des éditions Dupuis, Dargaud et autres lombard.

Une chose est certaine, Le Roi des bourdons tient particulièrement à cœur à son auteur qui l’avait publié une première fois en six volumes autoédités, entre 2005 et 2007, avant de nous le proposer aujourd’hui complètement revisité, réécrit et redessiné pour la collection 1000 Feuilles des éditions Glénat.

Au-delà du milieu de la BD, de la condition d’auteur, David de Thuin aborde des sujets sociétaux et existentiels plutôt lourds avec une certaine légèreté. Une très belle réalisation, tant au niveau de l’écriture que de la mise en images et un épilogue qui impose le respect.

Eric Guillaud

Le Roi des bourdons, de David de Thuin. Glénat. 19€

@ Glénat / David de Thuin

20 Oct

Captain Biceps, Yoko Tsuno, Lila, Sam, Louca, Dad, Zhou Zhou, Mickey… Une sélection de BD jeunesse pour les vacances de la Toussaint

De l’amour, de l’aventure, du cocasse, de la fantasy et de l’humour musclé, on vous a sélectionné dix beaux albums à potasser pendant les vacances. On ramasse les copies à la rentrée…

On commence avec Captain Biceps, le héros super-musclé de Zep et Tebo reprend du service après cinq petites années de repos bien méritées. Alors oui bien sûr tout commence par une petite remise en forme avec Derek, le coach des justiciers. Puissance, réflexes, souplesse, concentration, mental… tout est passé en revue et le verdict est sans appel : il est prêt ! Mais prêt à quoi ? À tout ! Mais avant tout prêt à réduire en bouillie tous les super-méchants de la planète, de Iron Man à Docteur Nuisible, en passant par Porte Malheur Man, Acid Man ou encore Caoutchouc Girl. De la baston en collant rouge pour pouffer de rire ! (Captain Biceps tome 7, de Zep et Tebo. Glénat. 10,50€)

Un autre retour, celui de la belle Yoko Tsuno. Bientôt 50 ans d’aventures, 29 albums, mais toujours pas une ride, pas un cheveu blanc, pas un petit bourrelet, Yoko fait partie de ces héros qui ne vieillissent pas, aussi intemporelle qu’universelle. Et c’est un nouveau voyage dans le temps que nous propose Anges et Faucon, un retour vers les années 30 où la belle électronicienne japonaise, accompagnée d’Emilia et Bonnie, va tenter de changer le cours de l’histoire, empêcher une catastrophe ferroviaire et sauver la vie de deux jeunes enfants… Un grand classique des éditions Dupuis !(Anges et Faucons, Yoko Tsuno tome 29, de Leloup. Dupuis. 10,95€)

Ahhh… l’amour. Le vrai, le seul, l’unique. Avec trois « u ». Pourquoi trois « u » ? Parce que celui-ci le mérite. Oui, Lila est amoureuse, grave amoureuse, the big love comme dirait une de ses copines. Et en ce jour de rentrée des classes, elle va enfin retrouver son amoureux et lui faire un énorme baiser, avec la langue et tout et tout. Comment fait-on ? Pour ceux qui ne sauraient pas ou qui auraient oublié, tout est expliqué dans cet album, le quatrième de la série. Avec toujours au programme, de l’humour, des histoires de cours de collège et des questions existentielles. Premier baiser, orientation sexuelle, puberté, look… tout est là, expliqué avec simplicité et pudeur. (L’Amouuur et les baisers, Lila tome 4, de Séverine de la Croix et Pauline Roland. Delcourt. 14,95€)

Cet album-là aussi nous ramène à l’enfance, plus exactement au passage délicat entre l’enfance et l’adolescence avec une bande de gamins qu’on a déjà pu voir dans Lily a des nénés du même Geoffroy Barbet-Massin, aka Geoff. C’était la première bande dessinée de ce réalisateur de films d’animation, Sam a des soucis est donc sa deuxième. Pas de changement majeur, c’est toujours aussi bien écrit et dessiné avec de subtiles couleurs directes, des personnages sympas et toujours le décor fabuleux et légèrement revisité de Portsall, localité côtière faisant partie de la commune de Ploudalmézeau, située dans le nord-ouest du Finistère. Au centre de l’histoire cette fois, un pistolet, un vrai, découvert dans une décharge par les garçons, un pistolet qui va provoquer un accident de la route et attirer de sacrés ennuis à notre bande de gamins…  (Sam a des soucis, de Geoff. Casterman. 14€)

Apparu dans les pages du journal Spirou en 2012, le héros de Bruno Dequier est une véritable catastrophe ambulante, paresseux, nul à l’école, nul sur un terrain de foot, menteur et maladroit avec les filles – rien d’un super héros en somme – qui voit sa vie changer grâce à Nathan, un fantôme qui lui veut du bien et lui a confié une mission : la constitution d’une équipe de football. Pour cela, il doit convaincre des joueurs qui se sont détournés du football pour d’autres sports. Et l’exercice n’est pas toujours des plus faciles… (Foutu pour foutu, Louca tome 7, de Bruno Dequier. Dupuis. 12,50€)

Avec plus d’un million d’abonnés inscrits à sa chaîne YouTube, aucun doute, Maskey fait partie de ces nouvelles stars d’internet. Alors pourquoi pas de la bande dessinée, se sont dits certains éditeurs ? De fait, lui qui ne sait même pas dessiner une pomme comme il dit vient de publier un album avec Malec au dessin. Pas une autobiographie, même si chacun de ses personnages possède un peu de lui, mais une vraie fiction qui parle de rap, de culture urbaine et des réseaux sociaux. Follow me, premier tome d’une série ? À suivre… (Follow me, de Maskey et Malec. Glénat. 10,95€)

Dad est un père à tout faire, un père célibataire. Les repas, c’est lui, la lessive, c’est lui, le ménage, c’est toujours lui, le rangement, c’est encore lui… et l’éducation des filles, il en a quatre, c’est lui, forcément. « Je dois le dire combien de fois ? On ne parle pas la bouche pleine! ». Mais dans l’immédiat, Dad est fâché. Ondine a ramené un 4 sur 20 en anglais, son poème qu’elle devait imaginer n’a apparemment pas plu au prof. Pourtant, elle avait trouvé les mots justes : « Love, love me do, You know I love you, I’ll always be true, so please, love me do ». Et si Dad est fâché, ce n’est pas parce qu’Ondine a recopié sans vergogne ce poème sur internet, non, il est fâché parce que le prof n’a même pas été fichu de reconnaître les Beatles. « C’est un jeune prof… », dit à sa décharge Ondine, « il connaît pas forcément la musique ancienne! ». C’est clair ! Sixième album, toujours aussi rafraîchissant ! (Père à tout faire, Dad tome 6, de Nob. Dupuis. 10,95€)

Petit détour par la Chine avec le quatrième volet du Monde de Zhou Zhou signé Golo Zhao et Bayue Chang’an, un récit tout en douceur qui aborde les questionnements de la pré-adolescence, l’école, les petits copains, les copines, le corps qui commence à changer… Un manhwa au format européen avec de grandes cases et un graphisme simple mais efficace, des personnages trognons, des couleurs chaleureuses et beaucoup d’émotion. Le monde de Zhou Zhou tome 4, de Golo Zhao et Bayue Chang’an. Casterman. 17€)

Dragons & Poisons est le troisième album d’une toute jeune maison d’édition spécialisée dans la fantasy et la science fiction et drivée par l’un des maîtres en la matière, le scénariste Christophe Arleston (Lanfeust de Troy…). Avec ici, l’histoire de deux aventuriers qui se lancent à l’assaut d’un puits à souhaits où un dragon accepte d’exaucer leurs vœux. Mais avec un prix à payer : ils ne ressortent du puits que 20 ans plus tard… (Dragons & Poisons, de Isabelle Bauthian, Rebecca Morse et Aurélie F. Kaori. Drakoo. 14,50€)

On termine avec une aventure de Mickey signée Pieter de Poortere, auteur par ailleurs de la série Dickie publiée dans la collection 1000 Feuilles des éditions Glénat. Après Cosey, Keramidas, Trondheim ou encore Tebo, c’est au tout de l’auteur flamand de s’attaquer au mythique personnage. Dans l’esprit de son univers graphique, il nous offre un Mickey super-héros, une aventure muette où les gags s’enchaînent à la vitesse d’un train en rase campagne. Du burlesque pour toute la famille  ! (Super Mickey, de Pieter de Poortere. Glénat. 15€)

Eric Guillaud

19 Oct

Nemesis le Sorcier ou la délirante guerre cosmique des aliens et des humains, version 2000 AD

Presque quarante ans après le début de sa parution dans la revue culte anglo-saxonne 2000 AD, voici une série déjantée qui reprend certains éléments de son copain Judge Dredd et le plonge dans un bain steampunk ébouriffant. Attention, chef d’œuvre !

Cela fait quelques temps que le petit mais costaud éditeur français Delirium s’acharne a enfin faire traduire en français les plus grands héros sortis des pages cultissimes de 2000 AD, l’équivalent en Angleterre du magazine Métal Hurlant dans les années 80.

Sauf que si certains, comme bien sûr Judge Dredd, ont dépassé les frontières, d’autres comme Nemesis Le Sorcier ont inexplicablement disparu du paysage. Cette réédition sera une découverte totale pour la majorité des lecteurs. Et là, attention, c’est le choc, aussi bien graphique que conceptuelle.

L’équipe de 2000 AD nous avait pourtant déjà habitués à ce genre de mélange détonnant entre steampunk, heroic fantasy, satire politique et science-fiction psychédélique. Mais ici, on franchit un cap et on tombe dans le délirant absolu que même le choix de ce sobre noir et blanc ne réussit pas à cadenasser.

Et le pire est que l’on ne tient là ‘que’ le premier tome de trois annoncés… Nemesis est un alien doublé d’un sorcier au physique surréaliste, sorte de centaure que l’on aurait pu croiser dans un rêve de HR Giger. Sa mission ? Sauver ses frères extra-terrestres du Grand Inquisiteur Torquemada qui a décidé de ‘purifier’ la galaxie et que rien, même la mort, ne semble en mesure d’arrêter dans sa croisade sanguinaire.

@ Delirium / Mills, O’Neill, Redondo & Talbot

Le long de ces 368 pages engoncées dans une couverture ‘en dur’ de qualité supérieure, on croise des vaisseaux spatiaux en forme de galions, des ‘terminators’ (terme utilisé des années avant le film de James Cameron) fanatisés, des combats de joutes, des cérémonies nécromanciennes et on en pense. Le tout n’hésitant pas parfois à s’étaler sur une seule case prenant toute une page pour laisser parler au mieux le stylo épique de Kevin O’Neill qui s’était déjà illustré avec La Ligue Des Gentlemen Extraordinaires.

Les corps, les bâtiments, les décors… Tout est acéré, chaotique et en même temps, bizarrement beau, baroque même. Même si deux histoires complètes signées Bryan Talbot et Jesùs Redondo ont été rajoutées en bonus en quelque sorte, c’est vraiment O’Neill et son style fin, inventif et en même temps presque décharné qui marque le plus, de loin.

@ Delirium / Mills, O’Neill, Redondo & Talbot

Et puis sous cette lutte sans merci entre deux montres dont aucun des deux n’est vraiment ni tout noir ni tout blanc, on retrouve aussi l’humour très grinçant du scénariste Pat Mills. Difficile d’ailleurs de ne pas voir dans cette série parue initialement dans la première moitié des années 80 une critique acerbe de l’Angleterre Thatcherienne, une société conservatrice, arc-boutée sur ses illusions d’ex-grand empire, sourde aux changements et xénophobe.

Certes, la parution originelle en épisode de quatre ou cinq pages donne lieu bout-à-bout à un rythme très haché, avec de sempiternels retours en arrière mais cela ne gâche absolument pas le plaisir, tant ici l’absurde côtoie le superbe. Délire cosmique et chef d’oeuvre méconnu, ce Nemesis est ce que l’on appelle une claque inratable, une baffe cyberpunk.

Olivier Badin

Nemesis Le Sorcier de Pat Mills, Kevin O’Neill, Jesùs Redondo et Bryan Talbot. Delirium. 35€

17 Oct

L’Argentine : un nouveau départ pour Andréas

Andréas a toujours préféré le format série qui lui permet de développer des univers complexes. C’est pourtant avec un one-shot qu’il est revenu à la rentrée, L’Argentine, un récit envoutant aux frontières du polar et du fantastique…

Il a été l’architecte de plusieurs séries phares du neuvième art, notamment Arq (18 volumes), Rork (8 volumes) et Capricorne à laquelle l’auteur a mis un terme en 2017 au bout de 20 tomes et autant d’années d’aventures. Alors que celles-ci sont aujourd’hui rééditées en intégrales aux éditions du Lombard, Andréas a rejoint l’écurie Futuropolis et poursuit avec L’Argentine son exploration passionnée du médium bande dessinée, un récit sous tension qui navigue quelque part entre le polar et le fantastique.

Comme toujours avec Andréas, la narration est d’une maîtrise absolue. C’est le point fort de cet auteur aux origines allemandes, aujourd’hui installé en Bretagne ! C’est en tout cas ce qui l’amène depuis toujours à préférer la bande dessinée à tout autre médium pour s’exprimer. Mais le graphisme, l’écriture et les couleurs, signées Isa Cochet, ne sont pas en reste, L’Argentine est un album en tout point réussi qui peut – ou doit – se lire plusieurs fois pour en découvrir toutes les subtilités.

Au coeur de l’histoire, une gamine, France, que tout le monde appelle Silver. Elle est la fille d’un conseiller politique d’envergure,Yvon d’Alayrac, mis au placard depuis l’arrivée à l’Elysée d’un président d’extrême droite, le bien nommé Lebrun. Au placard mais pas oublié de tous pour autant. Quelqu’un quelque part lui en veut au point d’enlever sa fille. Un rapt de 48h chrono, aucune revendication, aucune rançon réclamée et une réapparition de Silver à l’Ambassade de France en Argentine.

« Je me suis endormie en haut, dans ma chambre… », explique-t-elle, « et je me suis réveillée dans cette petite maison au milieu de nulle part. Ce qui s’est révélé être l’Argentine. Je n’y ai vu personne. J’étais tout seule… »

De quoi semer le trouble chez les enquêteurs d’autant qu’un autre événement vient interférer avec l’enlèvement. L’épouse d’Yvon d’Alayrac, dans le coma depuis la naissance de Silver, connaît subitement une activité cérébrale en surchauffe…

Un beau concentré des talents d’Andréas.

Eric Guillaud 

L’Argentine, d’Andréas. Futuropolis 18€

@ Futuropolis / Andréas

13 Oct

Contrefaçons : une authentique aventure de Jérôme K. Jérôme Bloche signée Alain Dodier

On a l’habitude de le présenter comme le détective privé le plus lunaire du neuvième art mais il est aussi le plus sympathique. Jérôme K. Jérôme Bloche est de retour pour une vingt-septième aventure qui n’a rien d’une contrefaçon…

Souvent copié, jamais égalé, Jérôme K. Jérôme Bloche est un héros tout à fait unique dans le monde du neuvième art en général et dans celui du polar en particulier.

Unique par son caractère, un être absolument attachant, humain. Unique par ses aventures aussi qui n’ont jamais rien de racoleur, de spectaculaire dans le mauvais sens du terme.

Et que dire des personnages secondaires, le père Arthur, Madame Rose, Madame Zelda, Burhan l’épicier et bien sûr la – de plus en plus – belle Babette. Tout un petit monde qui participe à l’atmosphère chaleureuse qui se dégage de la série.

Loin des effets de modes, Jérôme K. Jérôme Bloche nous prend par la main depuis maintenant presque 35 ans pour nous embarquer dans la vie ordinaire d’un détective privé ordinaire. Bien sûr, il y a bien un crime par-ci, une escroquerie par-là mais chacune de ses aventures est une bulle de douceur dans un monde de bruts, une pause salutaire dans une société lancée à pleine vitesse.

C’est à pleine vitesse justement que débute cette vingt-septième aventure, à bord d’une Alpine Gordini slalomant entre les camions, non pas pour une quelconque urgence, mais juste pour le plaisir. Au volant, le père Arthur, un fou des voitures anciennes. À la place du passager, Jérôme. Tous les deux ont rendez-vous avec une certaine Madame Barbier de Conches, baronne de son état, propriétaire d’un magnifique château et mère d’un énergumène qui se prétend médecin, tente régulièrement de lui soutirer de l’argent, et se retrouve dans l’immédiat entre les mains de ravisseurs. Au menu des réclamations : 100 000 euros sinon… couic.

L’affaire peut sembler simple à première vue mais la baronne pense que son fiston est dans le coup. C’est là qu’intervient notre détective…

Eric Guillaud 

Contrefaçons, Jérôme K. Jérôme Bloche tome 27, de Didier. Dupuis. 13,95€

@ Dupuis / Dodier