Vous pensiez qu’auteur de bande dessinée était un métier d’avenir ? Qu’on pouvait s’enrichir à tous les coups ? Redescendez sur Terre et lisez donc les aventures de ce pauvre Daniel, auteur de base pour ne pas dire auteur de fond qui trouve son salut – provisoire – dans le plagiat…
Vous le voyez sur la couverture ? Oui, tout en haut à droite, avec son gilet rouge, seul, affreusement seul, à l’écart d’une foule attirée par la promesse d’une dédicace. C’est l’auteur de BD en trop, Daniel de son prénom, responsable et coupable d’albums profondément dispensables comme le dernier en date, un documentaire sur les difficultés du commerce des chenilles alimentaires en Centrafrique.
Rien de très sexy mais Daniel est capable de pire encore. Son prochain ouvrage doit traiter des conséquences de la grippe aviaire dans les Bouches-du-Rhône. À moins que ce ne soit de la grippe espagnole en Alsace. On s’y perd, lui aussi, mais peu importe, puisqu’il ne traitera au final de rien du tout, son éditeur venant de lui faire savoir qu’il était contraint de « resserrer son catalogue sur les titres qui ont du potentiel ». Ça calme!
Il a pourtant gagné un prix à Angoulême notre Daniel. Mais c’était il y a 20 ans dans la catégorie scolaire. Depuis, il est dans la cagade jusqu’au cou comme il dit. Alors, pour s’en sortir, pour payer son loyer, il va jouer avec le feu, plagier le travail d’un jeune gamin écervelé mais fichtrement talentueux. Son éditeur lui prédit un succès énorme, le livre est sélectionné au festival d’Angoulême…
Très bel album proposé par Daniel Blancou (Être riche, Sous le feu corse: L’enquête du juge des paillotes…), et les éditions Sarbacane, un grand format avec dos toilé rouge du meilleur effet, des planches de toute beauté, une narration, un scénario et un dessin des plus soignés, et un regard sur le métier d’auteur et le monde du neuvième art qui pourrait bien calmer les ardeurs de certains. Follement drôle mais tellement vrai !
Eric Guillaud
Un auteur de BD en trop, de Daniel Blancou. Sarbacane. 22,50€