18 Fév

Rencontre avec Le Cil Vert, auteur de l’album Une Vie toute tracée paru chez Delcourt

Après Un Faux boulot et Rentre dans le moule, l’auteur Sylvere Jouin, alias Le Cil Vert, publie Une Vie toute tracée, la suite d’une autobiographie romancée. Interview…
Le Cil Vert © Chloé Vollmer-Lo

Tu es un ancien élève de l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers qui forme des ingénieurs. Comment se retrouve-t-on auteur de bande dessinée ?

Sylvere. C’est vrai qu’à première vue, ce n’est pas forcément la voie la plus directe pour devenir auteur de bandes dessinées… mais entre nous, s’il y avait une voie rapide, ça se saurait ! Plus sérieusement, j’ai eu de la chance de faire ces études et je ne regrette rien, mais ce qui a été important pour moi finalement, c’est de ne pas avoir essayé d’en faire quelque chose, d’être ingénieur et d’essayer de faire de la BD en parallèle. Les deux sont des boulots à part entière. J’ai finalement commencé par dessiner dans des magazines écolos, puis j’ai participé à des projets d’illustrations pour des ONG. Je travaille beaucoup pour me rassurer en fait. Je dois avoir peur du vide.

Un jour, en sortant d’une expo de Chris Ware à la galerie Martel, je me suis assis dans un bar et j’ai écrit 20 pages. Une histoire d’un gars qui travaille dans un abattoir à poulets appartenant à son oncle. C’était pas son idée à la base, c’était celle de sa mère « pour l’aider » parce qu’il était au fond du trou. Je l’ai envoyée à Lewis Trondheim et il m’a publié dans la revue Papier, il y avait un spécial « famille », ça tombait bien. C’est peut-être ça qui m’a fait devenir auteur de BD. Une expo, un abattoir à poulets et Lewis Trondheim !

© Éditions Delcourt, 2021 – Le cil vert

Comme les deux albums précédents, Une Vie toute tracée est une BD autobiographique. Pourquoi avoir appelé ton personnage Jean et non Sylvere ?

Sylvere. Ma toute première BD, publiée en auto-édition s’appelait Le Scaphandre fêlé. C’était mon histoire, celle de Sylvere et c’était bizarre pour mes quelques premiers lecteurs de lire mon histoire sans distance, d’être comme des voyeurs. Et puis, je me suis dis que je n’étais pas non plus Barack Obama, très vite je me suis rendu compte que ma vie n’intéresserait personne. J’ai eu la chance de commencer une psychanalyse et j’ai appris à prendre de la distance avec moi-même.

Finalement, je dirais aussi que ce n’est pas si mal de proclamer que ce n’est pas vraiment mon histoire, on peut raconter des horreurs sur les gens en disant que ce n’est pas vraiment eux non plus.

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La chronique de l’album à lire ici 

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Entre la mort de ton père et ton départ pour Prague, quinze années se sont en fait écoulées. Pourquoi avoir contracté le temps ainsi ? 

Sylvere. Parce que j’ai une DeLorean dans mon garage et que ça serait dommage de ne pas l’utiliser Doc ! Pour moi écrire une histoire c’est surfer sur une vague et ensuite tirer sur un fil et faire un parallèle avec mon histoire. Par exemple, dans Un faux boulot, ma première BD, j’ai parlé des séjours que j’ai animés pour des personnes adultes handicapées. Je n’ai pas parlé des séjours, ça existe déjà en BD, en film, en livres etc… J’ai parlé de vacanciers que j’ai rencontrés qui avaient une vie normale ou plutôt dans la norme et qui, après un choc énorme, se sont réfugiés dans l’alcool ou le cannabis pour ne plus avoir à revenir parmi nous. J’avais d’énormes crises d’angoisses à l’époque. J’avais même peur d’avoir peur et je m’enfermais chez moi, et dans ma névrose. J’étais comme ces vacanciers, ou du moins j’avais peur de leur ressembler de plus en plus… le choc de la mort de mon père m’avait complètement fait perdre pied, et je me suis retrouvé à écrire beaucoup comme pour m’échapper.

Pour cette BD, la vague qui m’emmène est l’expatriation, partir pour Prague c’est marcher comme sur une page blanche. J’ai rencontré pas mal d’immigrés français (parfois ils s’appellent entre eux des expats, ça fait plus classe) qui fuyaient la France pas forcement à cause du fisc, mais plutôt à cause d’une famille trop toxique, un passé lourd à porter. Je me suis dit que pour Jean, ce passé était tout trouvé : la vente de la maison familiale après la mort de son père.

© Éditions Delcourt, 2021 – Le cil vert

Plus qu’une autobiographie, il s’agit d’une autofiction finalement…

Sylvere. Oui, une autofiction, complètement. Je me rends compte qu’il faut que je demande à réécrire tous les dossiers de presse de mes dernières BD parce que je n’ai parlé que d’autobiographie, mais en fait j’ai négligé le coté fiction. Mes histoires sont le mélange d’un tiers de réalité, un tiers d’imaginaire et un tiers d’inconnu ou plutôt de  laisser jouer ensemble les personnages et de voir ce qui va en sortir. Quand je commence une BD, comme une journée d’ailleurs, je ne sais pas comment elle va finir. Des fois, on a vraiment envie de décoller de son lit et de dévorer le monde à pleine dent et parfois, c’est lundi matin et il pleut. Écrire, pour moi, c’est un peu pareil.

L’autodérision est permanente dans l’album, un moyen de prendre de la distance avec ton personnage et ton parcours ?

Sylvere. J’imagine que oui, ça m’aide. Et puis le deuil, la mort, la remise en question, les changements de vie ce n’est pas très vendeur. Je sais qu’on nous vend du divertissement à longueur de télé et que se marrer n’est pas suffisant pour se maintenir en vie mais parfois ça peut aider à faire passer la pilule surtout si le message est derrière. J’ai toujours peur d’être comme le vieux gars dans L’Étoile mystérieuse de Tintin qui au début de l’album tape dans une casserole en criant « c’est la fin du monde ». On vaut mieux que ça, je pense.

Tu vis depuis peu à Nantes avec ta nouvelle compagne, une Tchèque. Est-ce que cette nouvelle « vie toute tracée » dans une ville que tu découvres et apprécies je crois fera l’objet d’un prochain album ? 

Sylvere. J’écris toujours la suite de cette histoire. Alors oui, il y aurait potentiellement une suite ! Encore faut-il que je puisse trouver la vague dont je parlais tout à l’heure, mais j’y travaille ! Et je serai ravi de dessiner Nantes, y planter mes personnages, mais cette fois ils ne suivront certainement pas un fil rouge comme dans Une vie toute tracée, plutôt une ligne verte !

Propos recueillis par Eric Guillaud le 17 février 2021

Pour suivre Le Cil Vert c’est ici

15 Fév

Chez nous… paroles de réfugiés : une BD documentaire sur l’accueil des migrants en Italie signée Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso

En 2019, Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso embarquaient à bord de l’Aquarius pour nous raconter en BD le sauvetage en mer des migrants entassés sur des bateaux de pacotille. Ils reviennent cette année avec une enquête sur les conditions d’accueil de ces mêmes migrants dans l’Italie du sud…

Publié en février 2019 chez Futuropolis, À bord de l’Aquarius nous décrivait le quotidien de l’équipage de ce navire affrété par l’association SOS Méditerranée et surtout les sauvetages de ces migrants, hommes, femmes, et enfants, parfois dans un état pitoyable, tous supportant les pires conditions avec l’espoir légitime d’une vie meilleure, loin de la guerre et de la misère.

Deux ans après, le duo Marco Rizzo – Lelio Bonaccorso reprend plumes et pinceaux pour nous raconter en quelque sorte la suite. Après le sauvetage, l’accueil. Quelle est sa réalité? Comment est-il vécu par les premiers intéressés?

Beaucoup moins médiatisé, parce que beaucoup moins « spectaculaire », l’accueil des réfugiés est « une obligation légale que les états sont tenus de respecter », rappelle dans une postface Amnesty International, co-éditeur de l’ouvrage. Mais dans la réalité, il y a ceux pour qui l’accueil est une évidence, un sursaut d’humanité, et ceux qui n’hésitent pas à refouler les migrants au risque de les envoyer à la mort.

© Futuropolis / Rizzo & Bonaccorso

Pour enquêter, les auteurs se sont rendus en Italie du sud, en Calabre pour être précis, un peu moins de deux millions d’habitants, une région parmi les plus touchées par le chômage mais aussi parmi les plus hospitalières pour les réfugiés. Le besoin de main d’oeuvre agricole à bas coût expliquant peut-être cela.

Là-bas, Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso ont recueilli les témoignages de réfugiés qui ont réussi plus ou moins à s’intégrer, la Nigérienne Blessing, le Sénégalais Buba ou l’Egyptien Irshak, trois parcours différents mais pareillement marqués par la violence, la peur, le mépris, le danger et au final une reconnaissance pour leur pays d’accueil. Ils nous emmènent ensuite à Riace, village quasi-abandonné qui retrouva vie pendant plusieurs années grâce à la volonté de son maire Mimmo Lucano (qui témoigne aussi dans ce livre) d’en faire un village-modèle, une « utopie », d’intégration pour des milliers de migrants. Jusqu’à ce qu’il soit, à l’arrivée de Matteo Salvini au ministère de l’intérieur, suspendu de ses fonctions et interdit de séjour dans son propre village !

© Futuropolis / Rizzo & Bonaccorso

Mais la réalité, c’est aussi le camp de réfugiés San Ferdinando, un bidonville que Matteo Salvini, encore lui, fit évacuer et détruire en mars 2019. Et c’est enfin le fameux décret Sécuritaire, anti-migrants et anti-ONG adopté en 2019 qui modifia considérablement les conditions d’accueil et d’asile. 

Sur une centaine de pages, Chez nous…. paroles de réfugiés remet en avant ce qu’on aurait peut-être tendance à oublier avec l’épidémie. Des migrants traversent toujours les océans au péril de leur vie pensant trouver une vie meilleure ailleurs. Mais lorsqu’ils arrivent dans cet ailleurs, c’est encore la misère, le mépris et parfois la mort qui les attend, eux qui ne recherchent qu’une chose, avoir un chez-eux !

Eric Guillaud

Chez nous… paroles de réfugiés, de Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso. Futuropolis avec Amnesty International. 18€

12 Fév

Le tueur en série Edmund Kemper : un croquemitaine bien réel

Malaise et fascination. C’est sur ce mélange bizarre que s’est bâtie toute la légende des tueurs en série et c’est donc logiquement aussi sur ces mêmes bases que s’est construite la collection Les Serial Killers dont on tient ici un quatrième avatar à ne pas mettre entre toutes les mains. Sur le banc des accusés, le géant Ed Kemper et ses dix victimes, entre 1964 et 1973…

Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur ce phénomène et depuis les slasher movies (Vendredi13, Massacre  La Tronçonneuse, Freddy Les Griffes De La Nuit’ etc.), la pop culture n’est pas en reste, avec en point d’orgue au début des années 90 les films Seven et Le Silence Des Agneaux. En parlant du réalisateur David Fincher, sa série sur Netflix Mindhunter a su jeter sur le sujet une lumière inédite, malgré le fait qu’elle ait été hélas limitée à seulement deux saisons. En retraçant le travail des premiers agents du FBI à s’être penchés sur la question à la toute fin des années 70, elle a permis de mettre à jour leurs méthodes de travail, à base d’entretiens avec des tueurs-en-série déjà condamnés. Parmi ses personnages haut en couleurs qui ont tous existé, celui d’Ed Kemper a particulièrement frappé les téléspectateurs.

Il y a déjà ce gabarit, herculéen avec ses 2m06 et ses plus de 160 kg. Mais c’est surtout c’est ce calme, cette lucidité, voire même cette douceur si l’on peut dire avec laquelle il sait parler de ses crimes, de toutes ses femmes qu’il a tuées brutalement, comment il les a parfois décapitées pour garder leur tête comme une sorte de trophée ou même de ses pulsions nécrophiles qui frappe ici.

© Glénat / Bourgoin, JDMorvan, Martinez, Vargas, Steren & Ribeiro

Autant le dire tout de suite, ce volume de la série Les Serial Killers est donc réservé à un public très averti. Pas que ses prédécesseurs consacrés à Ted Bundy et Michel Fourniret entre autres soient des bisounours à côté, loin de là. Mais ce qui trouble ici, c’est la volonté du scénariste (assisté par le directeur de la publication Stéphane Bourgoin, spécialiste auto-proclamé plus ou moins contesté en France) de montrer d’abord comment il a été en quelque sorte programmé dès sa tendre enfance à devenir un monstre à cause d’une famille complètement dysfonctionnelle et notamment d’une mère tyrannique et abusive. Avant de suivre son parcours implacable de tueur, sans lésiner sur les détails les plus morbides.

© Glénat / Bourgoin, JDMorvan, Martinez, Vargas, Steren & Ribeiro

Le récit suit donc deux temporalités : une chronologique, partant de son enfance sans rien nous épargner des différents traumas successifs qui vont le transformer en monstre. Et l’autre, en prison, où il est interviewé par l’alter-ego de Bourgoin et où il se confie, sans aucun tabou. Mieux : comme on l’a vu dans Mindhunter, Kemper joue limite avec son interlocuteur et fait preuve d’une étonnante lucidité vis-à-vis de ses crimes, les cadrages stricts, les décors très austères et les dessins parfois froids accentuant l’ambiance au couteau. C’est d’ailleurs cet éternel paradoxe qui rend cet ogre si fascinant, lui qui a échoué à l’examen d’entrée à la police malgré un QI de 145 mais qui ne pouvait s’empêcher de tuer. 

Au final, on ne sait d’ailleurs pas ce qui est le plus glaçant dans l’histoire : le récit en lui-même ou le dossier inclus en fin d’ouvrage à base de photos et de faits avérés qui confirment, hélas, que tout ce qui est raconté est ici diaboliquement vrai.

Olivier Badin

Edmund Kemper, L’Ogre De Santa Cruz de Stéphane Bourgoin, JDMorvan, Roy Allan Martinez, Mauro Vargas, Juliette Steren & Raphaël Ribeiro. Glénat. 17,50 €.

Dans la même collection, trois autres titres sont d’ores et déjà disponibles et racontent les parcours macabres des Américains Gerard Schaefer, scatophile, nécrophile, zoophile, sadique, et manipulateur, accusé du meurtre de deux adolescentes, soupçonné d’en avoir tué plus d’une centaine, Ted Bundy, qui a enlevé, violé et assassiné plus d’une trentaine de jeunes femmes dans les années 70 et du Français Michel Fourniret surnommé l’Ogre des Ardennes, dont on ne connaît pas encore exactement le nombre de meurtres à son actif, le tout avec l’assentiment de sa femme Monique Olivier.

11 Fév

Pacific palace : une aventure de Spirou cinq étoiles de Christian Durieux

La couverture annonce la couleur, Pacific palace est un album de toute beauté. Mais ce n’est pas là la seule qualité du livre, Christian Durieux nous a concocté une histoire comme il en a le secret, belle et sensible. Une aventure de Spirou et Fantasio comme vous n’en avez jamais lue…

Depuis son lancement en 2006, la collection Le Spirou de… offre une relecture passionnante de la série-mère avec des approches graphiques et scénaristiques très différentes et souvent audacieuses.

C’est encore le cas avec cet album de Christian Durieux qui commence sur une drôle de surprise : un Fantasio habillé en Spirou. Autant vous le dire tout de suite, notre héros n’assouvit pas là un fantasme de longue date mais répond à une stricte obligation vestimentaire. En effet, viré du journal Le Moustique, Fantasio s’est fait engager aux côtés de Spirou dans un palace et pas n’importe lequel, le Pacific palace. Avec un job un peu particulier à la clé, puisque l’hôtel a été vidé de sa prestigieuse clientèle pour accueillir un hôte peu recommandable, Korda, le président à vie de la République Démocratique du Karajan, à vie ou presque puisque le dictateur vient d’être chassé de son pays et cherche une terre d’asile.

Autre surprise de taille, même si ce n’est pas la première fois que ça lui arrive, Spirou tombe raide dingue d’une ravissante jeune-femme. Le seul souci, parce qu’il y a bien sûr un souci, est que cette jeune-femme est la fille de Korda. De quoi troubler la quiétude nécessaire et recherchée entre les murs de ce palace pour le ballet politique qui doit s’ouvrir et décider de l’avenir du dictateur en fuite.

Action confinée, ambiances feutrées, ton mélancolique, scénario subtile, graphisme épuré et gracieux, final surprenant… Pacific palace est un album qui ne peut que marquer les esprits des fans de la série et au-delà.

À noter que l’album est accompagné d’un EP du groupe français Cocoon portant également le titre Pacific palace et pour lequel Christian Durieux a réalisé la pochette et le clip ci-dessous.

Eric Guillaud

Le Spirou de Christian Durieux. Pacific Palace, Dupuis. 16,5€

09 Fév

Tournée générale d’humour…

Avocat ou footballeur, sauveur de princesses ou vendeur d’aspirateur, coach en tennis de table ou hypocondriaque, voici une galerie de personnages des plus savoureux qui pourraient bien remettre d’équerre vos zygomatiques en ces temps de covid…

Hitler, Pinochet, Khadafi, Dutroux, Ben Laden, Kim Jong-un, Hannibal Lecter, Dupont de Ligonnès ou encore Charles Manson… Des noms à vous coller l’angoisse pour perpète et au-delà. Sauf pour lui, lui l’avocat du diable, toujours prêt à défendre l’indéfendable, à faire passer un crime contre l’humanité pour une petite erreur de jeunesse, à mettre en avant l’artiste qui sommeille chez le plus ignoble et sanguinaire des dictateurs. Avec ses airs à la Jacques Vergès, le personnage de Tehem enchaîne les plaidoiries loufoques, ce qui ne manquera pas de rappeler aux plus anciens d’entre nous Le tribunal des flagrants délires, fameuse émission radiophonique satirique des années 80. Cent strips pour rire ! (Avocat du diable, de Tehem. Delcourt. 9,95€)

« Il ne joue pas dans les plus grands stades du monde, il ne touche pas un salaire mirobolant, il ne couche pas avec des top-models, il n’est pas l’égérie d’une grande marque, c’est… le footballeur du dimanche ». En une page et quelques lignes, le décor est planté. Après le vélo, Tronchet nous parle du football, du vrai football, celui qui se joue loin des caméras de télévision et des enjeux financiers. Avec son humour et son trait taillé à la serpe, l’auteur des fameux Raymond Calbuth, Les Damnés de la terre associés ou encore de La bite à Urbain enfile le maillot et chausse les crampons, comme il le fait tous les week-ends, pour nous embarquer dans un monde de passionnés. Une belle déclaration d’amour au ballon rond en une cinquantaine de pages et autant de gags. (Footballeur du dimanche, de Tronchet. Delcourt. 12,50€)

L’avantage avec Tebo, c’est qu’on en a généralement pour son argent, en l’occurrence ici un peu plus de 12 euros. L’auteur de Samson et Néon et de Captain Biceps poursuit son exploration de l’humour tendance déjanté et un brin scatologique avec Raowl dont voici le deuxième volume. Rien que le titre est un poème à lui seul, Peau d’âne, la princesse qui pue. Et c’est vrai qu’elle pue, une odeur de truite disent certains. De quoi passer inaperçue auprès de Raowl, sauveur en chef de princesses en détresse. Mais l’arrivée d’une nouvelle reine au château, maniaque de la propreté et prête à tout pour donner un bain à Peau d’âne oblige Raowl à intervenir… Et ça fait mal ! Tordant. (RaowlPeau d’âne, la princesse qui pue, de Tebo. Dupuis. 12,50€)

« Qu’est-ce que l’homme ? D’où venons-nous? Depuis quand existons-nous et comment avons-nous fait pour nous élever au-dessus de toute autre créature. Et pourquoi, au terme de millions d’années d’évolution, sommes-nous toujours aussi cons ? » voilà voilà, Ralf König a toujours le chic pour poser les bonnes questions… et accessoirement y répondre. En quelque 200 pages, l’auteur allemand nous rejoue l’évolution de l’humanité en plongeant deux spécimens particulièrement gratinés d’homo sapiens au milieu d’une colonie de chimpanzés quelque part en Afrique au temps du pléistocène, il  y a plusieurs millions d’années. Le choc des cultures… (Homo Erectus, de Ralf König. Glénat. 27,50€)

Le premier tome avait cartonné. Le second, sorti en octobre dernier n’a pas fait moins. Faut pas prendre les cons pour des gens figure parmi les best-sellers de la bande dessinée d’humour avec plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires vendus à chaque fois. Et que nous racontent Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud dans les pages de cet album ? La vie, tout simplement, mais la vie du côté absurde, où les déambulateurs sont devenus des armes de 2e catégorie, où le sigle HEC ne signifie plus Hautes Études Commerciales mais Hautes Études de Clochard, et n’y rentrent pas qui veut, où un couple de Parisiens parvient à faire construire un mur antibruit sur le littoral pour se protéger du bruit des vagues, où l’on soigne les bronchites en mangeant du poulet. Absurde, complètement absurde mais génial, tellement génial, Faut pas prendre les cons pour les gens pose un regard acide sur notre monde, de quoi faire passer les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. (Faut pas prendre les cons pour des gens 02, d’Emmanuel Reuzé. Fluide Glacial. 12,90€)

Lui aussi a fait un carton dès son premier volet sorti en mai 2018. Énorme le carton, aussi énorme que le personnage principal, le fameux Jacques Ramirez, qui n’a rien d’un super héros, rien d’un héros tout court, expert en aspirateurs chez Robotop le jour, suspecté d’être un assassin la nuit et surtout d’être impliqué dans un attentat contre sa propre société Robotop. Pourchassé par la police mais aussi par les hommes de main d’un dangereux cartel, Ramirez n’a plus le choix : il doit fuir. Jubilatoire ! (Il faut flinguer Ramirez, de Petrimaux. Glénat. 22,95€)

Dans le même esprit tarantinesque, voici Valhalla Hotel de Pat Perna et Fabien Bedouel chez Comix Buro, 64 pages d’action et autant de franche rigolade autour d’une galerie de personnages atypiques et de situations pour le moins décalées. Tout commence sur une route désertique du Nouveau-Mexique, Lemmy et son coach Malone sont en route pour la finale régionale du championnat de tennis de table d’Albuquerque quand leur voiture, une fiat 500, tombe en panne. En attendant de rejoindre un jour peut-être Albuquerque, nos deux protagonistes vont avoir tout le loisir de découvrir la charmante bourgade de Flatstone où se trouve le garage le plus proche. Flatstone, son shérif, homophobe et rustre, sa forte communauté allemande, son schnaps local et son motel, le Valhalla Hotel, tenu par Frau Winkler. De quoi passer un séjour au calme ? Pas tout à fait… (Valhalla Hotel, de Perna et Bedouel. Comix Buro –  Glénat. 14,95€)

Raconter son hyper-anxiété et parvenir à en faire rire ou du moins sourire, c’est le pari osé mais réussi de Théo Grosjean avec sa BD L’Homme le plus flippé du monde née sur les réseaux sociaux avant d’être adaptée en album. Et ça marche fort. Preuve en est son nombre d’abonnés sur Instagram, près de 150 000, preuve en est aussi l’accueil réservé aux deux tomes aujourd’hui disponibles en librairie. Comment expliquer ce succès ? Tout simplement parce que l’homme le plus flippé du monde tient autant de Théo Grojean que de nous tous. Qui ne s’est jamais senti mal à l’aise dans une soirée festive au point de se débiner discrètement ? Qui n’a jamais paniqué à l’idée de prendre la parole en public ? Qui n’a jamais tremblé devant le mot cancer ? Qui n’a pas la fin du monde au moment du premier confinement ? Bon, Théo Grosjean cumule toutes les angoisses du monde, on appelle ça de l’anxiété généralisée. Pour lui, comme pour nous, L’Homme le plus flippé du monde a au final quelque chose de thérapeutique. Essentiel ! (L’Homme le plus flippé du monde Tome 2, de Théo Grosjean. Delcourt. 15,50€)

Eric Guillaud

06 Fév

Cahiers Baudelaire d’Yslaire : suite et fin du work in progress

Attention collector ! Les éditions Dupuis viennent de sortir le troisième et dernier volet du work in progress d’un prochain album hommage à Charles Baudelaire signé Yslaire. De quoi nous faire amplement saliver en attendant sa publication dans trois petits mois…

Yslaire et Baudelaire, deux noms qui se marient rudement bien, deux noms connus et reconnus dans leurs arts respectifs à leurs époques respectives et qui se retrouvent associés sur la couverture d’un album de bande dessinée à paraître le 23 avril 2021, à l’occasion du bicentenaire de la naissance du poète.

Trois petits mois à trépigner mais les plus impatients peuvent d’ores et déjà avoir un avant-goût de la chose à travers trois magnifiques cahiers work in progress parus ces derniers mois aux éditions Dupuis. Le troisième vient tout juste de rejoindre les étagères de nos librairies préférées. Quarante huit pages ô combien sublimes, d’esquisses exquises, empreintes du fameux spleen baudelairien et guidées par la Vénus noire, Jeanne Duval, la mystérieuse muse de Baudelaire.

Dans un élan graphique bouillonnant, l’auteur de la mythique série Sambre y dépeint le poète maudit face à ses tourments, face à son génie aussi, un double plongeon au coeur de la création, la poésie et Les Fleurs du mal d’un côtéla bande dessinée et un album en travaux de l’autre.

Tirage limité à 2500 exemplaires, conception hyper soignée, un triptyque envoutant indispensable pour tous les amoureux de Baudelaire et/ou d’Yslaire.

Eric Guillaud

Cahiers Baudelaire, d’Ylslaire. Dupuis. 17,95€ le volume

Mademoiselle Baudelaire, album à paraître le 23 avril 2021

© Dupuis / Yslaire

04 Fév

Nouveauté 2021. Les amants d’Hérouvillle : une histoire un peu folle et complètement rock racontée par Yann le Quellec et Romain Ronzeau

On connaît tous plus ou moins la folle histoire du château d’Hérouville dans le Val d’Oise qui accueillit pour des enregistrements les plus grandes stars du rock dans les années 70. On connait finalement beaucoup moins l’histoire de ses hôtes, du compositeur Michel Magne et de sa femme Marie-Claude, les amants d’Hérouville. La voici…

La musique, ça les connaît et ça les titille. Yann le Quellec et Romain Ronzeau ont déjà collaboré autour d’un album sur l’air guitare, Love is in the air guitare, paru sous pavillon Delcourt en 2011 et aujourd’hui réédité.

Il n’est donc pas surprenant de les retrouver ici, réunis autour de cette histoire, un plongeon dans la mythologie rock avec l’un de ses lieux emblématiques, le château d’Hérouville.

Nous sommes dans les années 70, les studios d’enregistrement résidentiels, qui offrent le gite, le couvert et un supplément d’âme, ne sont pas monnaie courante à travers le monde. Celui-ci connaît très vite une notoriété internationale grâce à la détermination d’un homme, Michel Magne, grâce aussi à son sens de l’accueil et de la fête, grâce à sa générosité sans limite.

Le reste de la légende, ce sont les musiciens qui l’écrivent : Eddy Mitchell, David Bowie, Elton John, Bee Gees, Pink Floyd, Cat Stevens, T. Rex, Jethro Tull, Urah Heep… se succèdent entres ses murs pour enregistrer des albums aujourd’hui mythiques et donner des soirées à jamais gravées dans les annales comme ce fameux concert des Grateful Dead donné devant une centaine de convives dans les jardins du château en remplacement d’un concert que le groupe de rock américain devait donner à Auvers, annulé à cause de la météo.

Dans un bon format de plus de 250 pages, avec des planches colorées, dans un esprit tantôt pop, tantôt psyché, régulièrement agrémentées de photographies, de flash-backs sur la jeunesse et la carrière de Michel Magne, Les Amants d’Hérouville dépeint la folie du lieu et de ses habitants, des années de fête, de musique, d’énergie créative… un lieu de miracles.

Mais avant d’être l’histoire d’un lieu, aussi mythique soit-il, cet album raconte une histoire d’amour, de passion… entre un homme de quarante ans et une jeune femme de seize ans qu’il rencontre sur le bord d’une route de campagne, qu’il prend en autostop et finit par épouser en grande pompe.

Une histoire qui finit mal… forcément. Michel Magne était tout sauf un gestionnaire. Très vite, et malgré ses nombreuses musiques de films, le compositeur croule sous les dettes, les saisies et les regrets éternels. Tout vole en éclat, le studio, la musique, son bonheur… Michel Magne met fin à ses jours, un peu abandonné de tous…

Captivant sur le fond, attrayant par sa forme, Les amants d’Hérouville offre une belle histoire qui enthousiasmera les amoureux de la musique mais pas seulement. En bonus, un dossier réunissant postfaces de Costa-Gavras, Eddy Mitchell, Sempé et Bill Wyman (excusez du peu!), galerie de photos, reproductions d’oeuvres d’art signées Michel Magne, discographie complète et chronologie du château d’Hérouville entre gloire, abandon et renaissance.

Eric Guillaud

Les amants d’Hérouvillle, une histoire vraie, de Le Quellec et Ronzeau. Delcourt. 27,95€ (en librairie le 17 février)

© Delcourt / Le Quellec et Ronzeau

03 Fév

La série Mutafukaz se la joue western et on dit chapeau. Enfin plutôt Stetson !

À la tête de la série-phare de Label 619 et après une tentative de passage sur grand écran qui n’a hélas pas rencontré son public, les deux héros un peu foutraques de Mutafukaz reviennent sur leur côte ouest américaine adorée. Mais cette fois-ci cent trente-cinq ans en l’arrière, à l‘époque de la ruée vers l’or… et des aventures qui vont avec.

En plus de la culture hip-hop et de la société californienne, les deux créateurs de Mutafukaz n’ont jamais caché que l’une de leur grande source d’inspiration était ces fameux ‘buddy movies’ (littéralement, ‘films de potes’) qui ont fait le bonheur des vidéos clubs dans les années 80, vous savez ces paires souvent assorties de deux héros qui, a priori, n’ont rien en commun mais qui finissent quand même (toujours) par se trouver. Si vous ne voyez toujours, rematez vous pour la 67ème fois L’Arme Fatale ou 48 Heures et vous comprendrez…

Alors oui, le ressort dramatique entre Angelino l’éternel écorché vif à la recherche d’aventure et son acolyte gaffeur Vinz au visage de forme de crâne ultra-expressif a un goût de déjà-vu mais ça marche. En fait, cela marche même tellement bien qu’il peut être greffé sur n’importe quelle situation. Voire n’importe quelle époque… La preuve avec Mutafukaz 1886 dont le premier (sur cinq prévus, à un rythme mensuel) épisode sortira le 12 février. À la manœuvre, on retrouve encore une fois le scénariste Run, artiste multi-casquette (dessin, textes, business) à l’origine de Label 619, et cette fois-ci le dessinateur Hutt qu’on avait déjà repéré dans certaines aventures de Doggybags, la série ‘horrifique’ de Label 619.

© Label 619 – Run et Hutt

Cuisiné donc à la sauce ‘western’, Mutafukaz marche toujours aussi bien. Ce premier épisode fait pourtant bien attention à dévoiler juste ce qu’il faut pour allécher le chaland et le maintenir en haleine d’ici au prochain épisode : on y retrouve nos deux héros après qu’ils se soient improvisés chercheurs d’or. Après avoir (enfin) dégotté une petite pépite, le duo accompagné de leur âne décide d’aller dans la petite ville de Rias Rosas claquer leur pécule. Une séance de shopping et un duel dans la rue principale plus tard, ils croisent la route d’un étrange personnage qui s’intéresse de près à eux… 

Des références assumées au cinéma bis (notamment aux westerns spaghettis de Sergio Leone), une pincée de fantastique, un humour potache mais jamais vulgaire, des fausses pubs en forme de clin d’œil au récit… Tout ce qui fait la sève du Label 619 est présent, avec au dessin un vrai-faux nouveau venu qui se fond parfaitement dans le décor. C’est drôle, avec une vraie patte et ça joue à fonds la carte du périodique, jusqu’à son prix, très abordable. Bref c’est un peu comme si le film Cowboys Et Envahisseurs avait accordé ses violons avec un BO signée Snoop Dogg et ça donne juste envie de dévorer la suite, là tout de suite maintenant !

Olivier Badin

Mutafukaz 1886 – Chapter One de Run et Hutt. Label 619. 4,95€ (sortie le 12 février)

© Label 619 - Run et Hutt

© Label 619 – Run et Hutt

Brève de bulles. Love : quatre rééditions, un inédit et toujours le même souffle animal

À l’occasion de la sortie du cinquième tome de cette série animalière intitulée Love signée Bertolucci pour le scénario et Brrémaud pour le dessin, les éditions Vents d’Ouest ont réédité les quatre premiers volets parus initialement chez Ankama depuis 2011. L’occasion pour les amoureux de la faune de se délecter pleinement de ces histoires pas aussi love-love que pourrait le laisser penser le titre mais qui font partie de la vie sauvage. Après Le Lion, Les Dinosaures, Le Renard, Le Tigre, voici Le Molosse, une histoire muette de 88 pages qui nous embarque sur le continent australien au milieu des serpents, dingos, kangourous et autres ornithorynques locaux. Des récits entre documentaire et fiction. EG (Love, de Brrémaud et Bertolucci. Vents d’Ouest. 14,95€ le volume)

02 Fév

Quand Spider-Man dézinguait les (petites) bulles au quotidien

Outre-Atlantique, le format strips (BD sous forme de trois ou quatre cases maximum paraissant de façon quotidienne) était une énorme institution. Publié parfois simultanément dans une centaine de journaux à travers le pays, son lectorat se chiffrait en millions. Mieux : coincé en général dans les dernières pages entre le sport et la culture, il permettait surtout de toucher un public ultra-large, dont un bon nombre de gens qui, sinon, n’achetait jamais de BD. Le Tisseur ne pouvait laisser lui échapper toutes ses proies potentielles…

Alors bien sûr, lorsqu’on pense strips, on pense surtout à ces petites vignettes souvent humoristiques se savourant en trente secondes d’une traite, un genre à part entière qui permis à des séries stars telles que SNOOPY, CALVIN & HOBBES ou encore THE FAR SIDE de percer. Mais la tentation étant trop grande pour les éditeurs de comics de super-héros de ne pas s’y mettre non plus, surtout au moment ù les ventes de leurs sorties hebdomadaires ont commencé à sérieusement s’éroder. Et oui, quitte à reformater pour l’occasion certaines de leurs plus grosses stars…

MARVEL n’échappe bien sûr pas à la règle. Certes, ses éternels rivaux de DC les avaient déjà précédés trois décennies avant avec BATMAN et SUPERMAN sur un terrain déjà dominé par FLASH GORDON ou TARZAN mais pas grave, à la guerre comme à la guerre – surtout que la maison des idées met les petits plats dans les grands en convoquant ses héros les plus populaires du moment, dont CONAN, STAR WARS et donc SPIDER-MAN.

© Comics/Marvel / Stan Lee & John Romita Sr.

On en apprend d’ailleurs pas mal sur l’enjeu que tout cela représentait dans la très intéressante introduction de cette belle réédition, pour l’instant disponible en deux volumes couvrant la période allant de 1977 à 1981, avec un troisième a priori prévu. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le célèbre Stan Lee, qui avait pourtant délaissé le tisseur des années auparavant, s’est remis pour l’occasion à en écrire les scénarios, tout en faisant le forcing pour convaincre le grand dessinateur John Romita Sr de faire partie de l’aventure, malgré le rythme frénétique de travail que cela signifiait.

En France, la série fut parue pendant un temps dans Télé-Poche ( !) puis avait eu droit en 2007 à une première réédition aujourd’hui uniquement trouvable à prix d’or sur internet. Grâce à cette nouvelle version améliorée (notamment au niveau des couleurs et du contenu), on retrouve ici tout ce qui fait le charme, mais aussi le défaut majeur pour ses détracteurs, de ce format si atypique.

La contrainte principale ici, c’est bien sûr son rythme de parution. Avec quatre cases maximum (sauf le dimanche, où on avait alors droit à une pleine page), impossible de ne pas tomber dans un certain manichéisme. Il faut de l’action à tous les coins de rue, des ressorts dramatiques assez basiques et des histoires à la fois simples et en même temps permettant de nombreux rebondissements. En fait, le strip est un style en soit, alors on aime ou on n’aime pas, point.

© Comics/Marvel / Stan Lee & John Romita Sr.

Mais pour ceux qui aiment, c’est un régal. Déjà parce que le style très réaliste de Romita Sr est aussi très ancré dans cette période de la seconde moitié des années 70 et la ville de naissance de SPIDER-MAN, New York avec toutes les clins d’œil qui vont avec, plus en bonus un certain nombre de cameo de people de l’époque, répertoriés dans l’introduction. Ensuite, vu que cette série est totalement indépendante des séries dites ‘principales’ avec sa propre chronologie, Stan Lee s’est permis de rappeler plusieurs des grands méchants de l’écurie MARVEL – du DOCTEUR FATALIS (éternel rival des 4 FANTASTIQUES) en passant par le DOCTEUR OCTOPUS, le CAÏD ou KRAVEN LE CHASSEUR – histoire d’attirer le chaland. Un vrai casting quatre étoiles donc, allié à une restauration de haute volée avec papier épais et couverture couleur tout en respectant le format d’origine en horizontal…

En lançant en 2006 de superbes rééditions, publiées année par année, de la série SNOOPY, l’éditeur DARGAUD avait sans le savoir lancé de façon officieuse la réhabilitation du format strip en France. Un an après la sortie du premier volume des strips du BATMAN de Bob Kane chez URBAN COMICS (à quand le deuxième volume, tiens ?) et celui de STAR WARS chez DELCOURT, PANINI COMICS leur emboîte le pas et met la barre bien haute avec ces deux gros volumes (plus de 300 pages chacun) indispensables aussi bien pour les fans les plus mordus du Tisseur que pour les amateurs de ‘pop art’ populaire.

Olivier Badin

Amazing Spider-Man : Les Comic Strips 1977 – 1979 & 1979 – 1981 de Stan Lee et John Romita Sr. Panini Comics/Marvel. 39,95 euros.