Une invasion zombie, une société qui s’écroule, des individus essayant chacun à leur façon de survivre… Cela vous rappelle quelque chose ? Bien sûr que Year Zero se revendique ouvertement de The Walking Dead, jusqu’à cette façon de se concentrer sur l’humain plutôt que l’horreur. Mais cette nouvelle saga essaye aussi, timidement, d’écrire son propre petit manuel de survie.
Même pas la peine de tourner autour du pot : le nom de The Walking Dead est cité dès la quatrième ligne du texte d’introduction du premier tome de cette nouvelle série signée par deux petites mains de Marvel et DC Comics. Comme dans la franchise de Robert Kirkman, les auteurs assument d’entrée de s’intéresser plus aux comportements de leurs différents personnages face à la catastrophe plutôt qu’à la catastrophe elle-même. D’ailleurs, l’origine de cette pandémie (cela vous rappelle un sujet d’actualité peut-être ?) est assez rapidement expédiée et digne d’un film de science-fiction de série B des années 50 avec ce mort-vivant datant de la préhistoire et soigneusement conservée dans la glace polaire.
Non, là où Year Zero marque plutôt sa différence, c’est par son style choral et mondialiste. Chacun de ces cinq premiers épisodes alternent des scènes tirées de cinq histoires individuelles se déroulant sur cinq continents. Ce yakuza japonais, ce gamin des rues mexicain ou cette traductrice afghane ont tous en commun d’être isolés ou dans une situation très précaire lorsque cette apocalypse zombie balaie tous. Des survivants avant l’heure qui, chacun à leur façon, vont faire face à la désolation en marche…
Oui, on voit des corps mutilés. Oui, des gens se font bouffer et cela décapite pas mal. Mais pourtant, il y a ici un côté presque contemplatif ici, notamment chez ce tueur à gages japonais au calme olympien avec ses longs monologues intérieurs. Voire limite drôle chez ce survivaliste du midwest américain qui sous sa misanthropie de façade cache en fait un grand geek timide en surpoids qui ne demande qu’à avoir des amis et être aimé.
On ne sait pas encore comment tous ces destins vont finir par se rejoindre, ni comment ces deux auteurs vont réussir à se détacher de leur modèle. Mais la justesse du ton, ainsi que le rythme général assez soutenu qui permet de ne jamais décrocher malgré les multiples aller-retour scénaristiques donnent envie de connaître la suite. Comme quoi, on peut être mort et savoir quand même se renouveler.
Olivier Badin
Year Zero – Tome 1 de Benjamin Parcy et Ramon Rosanas. AWA/Panini Comics. 18 €