The Mask, un vrai-faux méchant drôle que pour les enfants ? Vous allez pouvoir réviser vos classiques, grâce à la réédition de cette double rencontre explosive… Attention, ça défouraille sec !
Pour le grand public, le personnage de The Mask restera éternellement associé à Jim Carrey et à sa prestation hystérique dans l’adaptation cinématographique en 1994 du même nom. Sauf que comme l’a rappelé récemment l’excellente anthologie parue chez Delirium et rassemblant ses toutes premières escapades, The Mask est avant tout une bande dessinée complètement délirante profitant à fonds de son postulat de départ – un masque aux origines mystérieuses confère à celui qui le porte des pouvoirs quasi-infinis tout en pervertissant subtilement sa personnalité – pour mieux partir dans des délires dignes d’un cartoon sous acide.
Or vu la personnalité du Joker – a-t-on besoin de vous rappeler que ‘joker’ peut être traduit par ‘bouffon’ ? – les deux étaient forcément faits pour se rencontrer un jour. Et c’est finalement arrivé dans ce crossover– The Mask est chez Dark Horse alors que le Joker est bien sûr l’une des têtes de gondole de DC Comics – datant du début des années 2000.
Oui, Batman apparaît sur la couverture (il faut bien attirer le chaland ma bonne dame) mais pour être franc, il fait ici limite de la figuration, histoire de mettre l’accent sur le combat entre les deux méchants. Combat intérieur si l’on peut dire car toute l’intrigue tourne autour d’un Joker trouvant par hasard ce masque ancien lors d’un casse improvisé du musée de Gotham avant de l’endosser pour devenir une espèce de mélange des deux.
Autre potentiel malentendu : oui, le graphisme emprunte clairement aux séries animées contemporaines mettant en scène ses différents personnages et destinés, à la base, aux enfants. Sauf qu’ici ce ne sont pas vraiment nos bambinos qui sont visés mais plutôt leurs grands frères, vu comment tout ce petit monde tournant à 200 à l’heure redouble d’ingéniosité pour s’égosiller dans tous les sens.
Le résultat est assez réjouissant. Déjà, c’est franchement assez drôle, à condition d’aimer l’humour assez acide lancé à toute berzingue. Et puis il y a cette façon si particulière qu’a The Mask de se mettre constamment en scène, de changer de forme et de costumes ou de multiplier les clins d’œil aux lecteurs auxquels il semble constamment s’adresser directement, nous rappelant donc que le grand public a sûrement oublié combien ce anti-héros n’était pas si mignonnet et politiquement correct que ça.
C’est d’ailleurs encore plus flagrant dans le bonus pas si anodin que cela rajouté en seconde partie, cet autre crossover autant si ce n’est encore plus explosif avec Lobo, le bad boy chasseur de primes intergalactique si populaire dans les années 90 mais aujourd’hui hélas un peu oublié. Ici, vous pouvez oublier le style plus enfantin de la rencontre avec le Joker et surtout, lâchez les chiens ! Les scénaristes assument complètement leur parti-pris de rapidement se débarrasser de toute intrigue alambiquée avec un point de départ des plus basiques : payé par un consortium d’aliens baveux, le flingueur à gros cigares débarque sur Terre pour envoyer à la casse The Mask. Voilà, c’est tout. S’ensuit baston sur baston à coups de délires visuels et gore adorant foutre ses doigts purulents dans son nez en disant des gros mots. Un véritable feu d’artifice où Tex Avery croise Evil Dead et LA pépite de ce volume plus subversif qu’il n’y paraît…
Olivier Badin
Joker vs The Mask de Henry Gilroy, John Arcudi, Alan grant, Ramon F. Bachs et Douge Mahnke. DC Comics/Dark Horse/Urban Comics. 23 euros