15 Mar

Dix secondes de Max de Radiguès : comme un air de Fureur de vivre

Après un petit détour par le polar, le western et la science-fiction, Max de Radiguès retrouve la fiction réaliste en explorant le quotidien d’un adolescent qui combat l’ennui et son mal-être par la drogue et les jeux dangereux……


Dix secondes pour se sentir vivant, dix secondes pour peut-être mourir ! C’est un rituel pour le jeune Marco : lorsqu’il arrive en scooter à hauteur du panneau de Rixensart, sa commune, il ferme les yeux et compte jusqu’à 10. Parfois, c’est la gamelle, parfois ça passe de justesse. Il faut dire qu’à part ça, Marco s’ennuie à mourir dans son patelin. Un père absent, une mère étouffante, une banlieue d’une tristesse sans fin à quelques kilomètres de Bruxelles. Les seules distractions qu’il partage avec ses potes sont l’herbe, l’alcool, le tout à s’en rendre malade. Marco est capable de siphonner une bouteille entière d’un douteux mélange aromatisé au coca et de vomir aussitôt dans le sac à dos d’un de ses copains.

La loose totale ! Et si encore, il se rattrapait à l’école. Mais le constat est sans appel : l’école n’est vraiment pas faite pour lui. Quant aux filles ? Ce n’est guère mieux. Marco est maladroit, voire timoré. Et quand il croise la route de Zoé, on pourrait l’imaginer sorti d’affaire, avoir trouvé le chemin pour grandir… mais non !

Prépubliée dans les pages du fanzine Ketje, Dix Secondes est une fiction largement inspirée de la jeunesse de Max de Radiguès qui a lui-même grandi à Rixensart. Comme il le précise en fin d’ouvrage, les personnages sont le fruit de son imagination et de gens qu’il a pu croiser à l’époque. Quoi qu’il en soit, le décor planté est lui bien réel, et rappellera sans doute quelque chose à beaucoup d’entre nous, une ville de banlieue pavillonnaire des années 1990 avec sa jeunesse qui zone en mobylette entre deux petits joints et quelques bières, une jeunesse qui s’ennuie à mourir et cherche une bonne raison de vivre.

Comme toujours, Max de Radiguès aborde son sujet avec une immense douceur, une touche d’humour irrésistible, un graphisme simple, épuré, reconnaissable entre tous et une mise en page d’une extrême fluidité. À la fois auteur, éditeur à L’Employé du Moi et directeur de collection chez Sarbane, Max de Radiguès n’en finit pas de faire du bien au neuvième art partout où il passe. Un livre à acheter les yeux fermés et à lire sans compter !

Eric Guillaud

Dix secondes, de Max de Radiguès. Casterman. 22€

© Casterman / Max de Radiguès