Je sais, le porte-monnaie va être encore mis à rude épreuve ce mois-ci tant les sorties sont nombreuses et pour certaines indispensables. C’est le cas de Pauvre Jean-Pierre de Grégory Mardon et des Gens honnêtes de Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat, deux albums parus chez Dupuis…
On commence a avec le Pauvre Jean-Pierre, une intégrale qui réunit les trois premiers albums de Mardon chez Dupuis, parus entre 2004 et 2006, les trois albums qui m’ont en fait permis de découvrir l’auteur. Il avait à l’époque déjà publié Vagues à l’âme aux Humanoïdes Associés et Cycloman chez Cornélius mais la trilogie aujourd’hui rassemblée sous le titre Pauvre Jean-Pierre vont le faire connaître du grand public et le propulser au rang d’auteur incontournable. Après une bonne vingtaine d’albums parmi lesquels L’Echappée chez Futuropolis, L’Extravagante comédie du quotidien chez Dupuis ou encore et tout dernièrement Prends soin de toi chez Futuropolis, l’intégrale que voici permet de nous relancer dans les pas de Jean-Pierre, du pauvre Jean-Pierre.
« Je me présente, Jean-Pierre Martin, ni grand, ni petit, ni beau, ni moche, je suis un individu moyen. Je rêve d’excès et de démesure, de déséquilibre et de sensations fortes. Je rêve de me sentir en vie mais je reste là, bien au milieu, imperturbablement raisonnable ».
Personnage central mais pas unique, Jean-Pierre nous permet de croiser et de suivre les trajectoires de tout un tas de protagonistes, des hommes et des femmes tou(te)s plongé(e)s dans le bain de la vie urbaine offrant une photographie de notre société sans pareille, à la fois caustique et souriante, douce et poétique, Il y a du Monsieur Jean dans l’esprit, du Blutch dans le trait, et du génie dans l’air ! (Pauvre Jean-Pierre, de Mardon, Dupuis, 32€)
On reste dans la chronique du quotidien avec l’intégrale Les Gens honnêtes qui réunit les quatre volets existants, autant de petits bijoux de sensibilité, de tendresse et d’humanité publiés originellement entre 2008 et 2016 et signés par deux grands messieurs de la BD, Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat.
En héros de l’ordinaire cette fois, Philippe, la cinquantaine, une vie paisible, une femme, des enfants, une maison… jusqu’au jour où il apprend son licenciement. Patatras, tout s’écroule autour de lui, sa femme le quitte, il perd sa maison, plonge dans l’alcool avant de finalement se raccrocher à la vie, d’enchaîner les petits boulots, de retrouver une petite amie…
Le parcours accidenté d’un homme honnête en près de 300 pages. C’est beau, c’est intelligent et c’est émouvant. (Les Gens honnêtes, de Durieux et Gibrat, Dupuis, 35€)
Eric Guillaud