14 Juin

Rencontre avec le dessinateur Stéphane Douay à l’occasion de la sortie du second tome de la série Commandant Achab…

Après la trilogie Matière Fantôme, réalisée avec Hugues Fléchard au scénario, le Caennais Stéphane Douay s’associe à Stéphane Piatzszek pour mettre en scène les aventures du commandant Achab, un drôle de flic, unijambiste, ronchon et amateur de pétards. Rencontre…

Quel a été votre premier coup de foudre graphique ?

Stéphane Douay. Bizarrement, ce fut Gotlib. J’adorais son univers et sa façon de faire les mains des filles. Puis Milton Caniff, Alex Raymond ou encore Eisner…

Quel a été leur influence sur votre propre graphisme ?

S.D. L’influence est assez diffuse en fait. On commence par recopier tout ce qui nous tombe sous la main, on arrange le tout pour en faire une histoire puis on prend ses distances. On commence à trouver son propre truc.

Comment qualifiez-vous votre style ?

S.D. Pseudo ligne claire semi-réaliste. Je cherche encore.

Comment êtes-vous passé d’un récit SF à un polar ? Avez-vous dû adapter votre dessin ?

S.D. J’ai envie de tout faire. Dans le sens d’essayer des genres différents. La SF m’attire beaucoup. A chaque histoire, j’ai le sentiment qu’il me faut adapter mon dessin à ce qui doit être raconté. Les nuances ne sont pas flagrantes mais elles existent. Je suis passé de la SF au polar comme on passe du camembert au livarot. Ca n’a pas le même goût mais quand on aime le fromage, c’est toujours bon.

Quelle est la genèse de cette nouvelle série ? Et comment se passe votre collaboration avec le scénariste ?

S.D. Au départ, Stéphane Piatzszek avait conçu son histoire pour une série télé. C’est devenu une BD et aux dernières nouvelles, il semblerait que ça puisse devenir une série télé. Notre collaboration se passe très bien. Il m’envoie son scénario, on en discute, je découpe tout l’album, on en discute, je rajoute, j’enlève, on en discute et puis j’attaque et on ne discute plus !!

Comment voyez-vous l’avenir de la série ? Du personnage ?

S.D. L’avenir de la série est entre les mains des lecteurs. Imaginez une arène romaine avec au milieu le personnage et tout autour, sur les gradins, les lecteurs. Si ces derniers sont assez nombreux, ils lèveront le pousse, sinon…

Dans quels univers vous sentez-vous le plus à l’aise ? Qu’aimez-vous par dessus tout dessiner ?

S.D. Je ne me pose pas la question de cette manière. Avant tout, c’est l’histoire que l’on me propose qui m’accroche. J’y vois alors le plaisir que je peux prendre à la dessiner, comment découper telle ou telle scène, la meilleur façon de raconter. C’est ça qui m’intéresse avant le dessin.

Quels sont vos projets ?

S.D. Un album dans la collection BD jazz, un projet avec Siro qui me propose un scénario très drôle et que j’ai très envie de concrétiser. Et puis faire de la planche à voile mais sans voile et sans planche… De la natation en fait.

Propos recueillis le 16 juin 2010 par Eric Guillaud.

 

Retrouvez la chronique du second volet de la série Commandant Achab ici-même !

13 Juin

Gil Jourdan, Théodore Poussin… Deux intégrales pour l’été !

C’est avec une certaine frénésie – une urgence ? - que les éditions Dupuis rééditent depuis quelques temps les aventures de ses héros en intégrales. C’est ainsi qu’on a pu retrouver, non sans un certain plaisir, les mythiques Spirou et Fantasio, Natacha, Yoko Tsuno, Tif et Tondu, Les Petits Hommes ou encore Gil Jourdan, le personnage de Maurice Tillieux, dont le troisième volet de l’intégrale vient justement de sortir. Au menu, quatre longs récits en version restaurée (Le Gant à trois doigts, Le Chinois à 2 roues, Chaud et froid, Pâtée explosive), quelques récits courts et, en bonus, un cahier graphique d’une trentaine de pages permettant d’approcher le contexte de création de chaque aventure.   

 Mais la grande nouveauté et la très belle surprise en ce mois de juin, c’est sans aucun doute le lancement de l’Intégrale Théodore Poussin. Le tome 1 réunit les quatre premières aventures (Capitaine Steene, Le Mangeur d’archipels, Marie Vérité, Secrets) et un dossier très complet avec photos, illustrations inédites, planches crayonnées, planches première version, projets de couverture… Un très très très beau volume et une plongée au coeur même de la création d’une des séries majeures des années 80. Une série créée par un Rouennais, depuis exilé, le sieur Frank Le Gall. Et la question est : comment nous en étions-nous passés jusqu’ici ? Mystère ! Théodore Poussin est un héros ou plus exactement un anti-héros, un aventurier malgré lui, qui nous invite ici à une virée au pays de l’exotisme et de la poésie. Un voyage et une expérience uniques dans la bande dessinée contemporaine. Avec ces quatre premières aventures, on peut constater la transformation impressionnante du trait de Frank Le Gall qui gagne en maturité, en rondeur, en souplesse, en excellence. Certains y ont vu dès les premières pages un peu de Tintin, un peu de Corto Maltese aussi… Ils avaient raison ! La série compte aujourd’hui douze titres. Le dernier d’entre-eux, Les Jalousies, est sorti en 2005. Cinq ans déjà ! Autant dire une éternité… Et c’est long une éternité… E.G.

  

Dans le détail :

Gil Jourdan l’Intégrale (volume 3), de Tillieux. Editions Dupuis. 24 euros

Théodore Poussin l’Intégrale (volume 1), de Le Gall. Editions Dupuis. 24 euros.

12 Juin

Silence on chuchote !, Grand galop (tome 3). Editions Delcourt. 8,95 euros.

5 millions de romans vendus, 580 000 téléspectateurs chaque semaine devant le petit écran, des vidéos… et maintenant des bandes dessinées. 3 tomes parus à ce jour aux éditions Delcourt. Le dernier en date, Silence on chuchote !,  permet de retrouver Stéphanie, Carole et Lisa pour une nouvelle aventure dans l’univers équestre. Et cette fois, les trois copines pourraient bien devenir de véritables stars car Jerry Corman, un célèbre producteur de télé, débarque au ranch pour leur proposer de participer à une émission alors que Madame Reg leur apprend à chuchoter à l’oreille des chevaux. Attention à la grosse tête ! E.G.

09 Juin

Ma Jambe de plastique, Commandant Achab (tome 2) de Stéphane Piatzszek et Stéphane Douay. Editions Quadrants. 14,30 euros.

Ce matin là, le commandant Achab a le visage d’un cadavre. Normal, me direz-vous, pour quelqu’un qui vient tout juste de quitter l’hôpital et sa superbe vue plongeante sur le cimetière voisin. Certains y auraient vu un mauvais présage. Achab, non ! Peut-être est-il vraiment immortel, comme il se plait à l’affirmer à ses collègues. En attendant de le vérifier, Achab est de retour au 36 quai des Orfèvres. Et cette fois, c’est dans le milieu du showbiz qu’il va devoir enquêter. Une jeune chanteuse a été assassinée. Son nom : Suzanne Merlin, dite Tosca. Et autour d’elle et de son cadavre encore chaud planent quelques noms de stars plus ou moins éphémères, quelques noms de paparazzis aussi plus ou moins sympatiques, que du beau linge en somme baigné dans un univers de strass et de paillettes, de haines et de faux semblants. L’affaire s’annonce compliquée mais Achab a de sérieux atouts, de l’expérience et une certaine ténacité…
Après un premier volet remarqué à Angoulême 2010, Stéphane Piatzszek et Stéphane Douay continuent de mettre en place l’univers de cette nouvelle série policière qui a pour héros un vieux flic atypique, unijambiste, ronchon et gros fumeur de pétards. Sur un scénario somme toute assez classique, Stéphane Piatzszek propose une mise en scène rythmée, des dialogues finement ciselés et des personnages aux caractères trempés. Côté graphisme, le Caennais Stéphane Douay nous offre une nouvelle facette de son talent après avoir illustré la série de science fiction Matière fantôme parue aux éditions Dupuis. Sont trait est ici légèrement plus fluide et les atmosphères plus douces, grâce peut-être aussi aux couleurs particulièrement sobres d’Irène Häfliger. Un personnage qui ne demande qu’à prendre de la bouteille ! E.G.

Découvrez l’interview du dessinateur Stéphane Douay ici-même !

06 Juin

Bill Baroud, Aimé Lacapelle, Mammouth et Piston, Franck Margerin présente… Fluide Glacial lance la collection Série Or !

  

  

    

   

  

     

  

Radada, la méchante sorcière de Gaudelette, Mammouth et Piston, de Coyote, Frank Margerin présente, de Margerin, Y a d’la poisse, d’Edika, Aimé Lacapelle, de Ferri et Bill Baroud, de Larcenet… les éditions Fluide glacial ont mis les petits plats dans les grands en cette veille de grande transhumance pour nous offrir l’essentiel de l’humour fluidesque en cinq intégrales réunissant chacune trois ou quatre albums. L’occasion rêvée de retrouver quelques-uns de nos héros favoris comme ce cher Aimé Lacapelle, un gars de la terre, un vrai, un agriculteur un peu spécial, membre du BIT, Bureau d’Investigation du Tarn, et à ce titre au courant de tout ce qui se passe dans le petit monde agricole. Un personnage incroyable, imaginé par Ferri, un gars qui a de l’humour, et un poète rural aussi, comme le signale son éditeur, qui a scénarisé par la suite l’excellente série Retour à la terre sur des dessins de Larcenet. Et si vous n’aimez pas la campagne, si vous êtes plutôt du genre urbain, tendance polar, alors vous aimerez les aventures complètes de Bill Baroud, héros franchement petit et nerveux, intrépide et tenace, qui n’a de cesse de vouloir sauver l’humanité du mal. Une véritable obsession qui vous fera mourir de rire… E.G.

Dans le détail :

Radada, la méchante sorcière de Gaudelette. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Mammouth et Piston, de Coyote. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Frank Margerin présente, de Margerin. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Y a d’la poisse, d’Edika. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Aimé Lacapelle, de Ferri. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Bill Baroud, de Larcenet. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Football, le grand guide des passionnés. Editions Gallimard jeunesse. 18,90 euros.

Dans quelques jours, le 11 juin précisément, sera donné le coup d’envoi de la Coupe du monde 2010 en Afrique du sud. Et parmi les premiers matchs, celui qui opposera la France à l’Uruguay devrait rassembler quelques millions de supporters français devant le petit écran. En attendant, il est encore temps de se préparer psychologiquement et intellectuellement avec, pourquoi pas, ce livre publié chez Gallimard jeunesse qui offre un tour d’horizon général du roi des sports. En 208 pages, il revient sur l’histoire du football depuis ses origines jusqu’à nos jours, abordant tous les aspects techniques (compétitions, tactiques, stades, règles…), présentant les grands clubs, les joueurs, revenant sur l’épopée des grandes sélections nationales, donnant les résultats, classements et palmarès des compétitions nationales et internationales. Un ouvrage très riche en informations et en images. En bonus, le programme complet de la Coupe du monde 2010, avec toutes les équipes tous les matchs, les stades, les horaires… Prêts ? Allez, on y croit ! E.G.

05 Juin

Fahrenheit 451, de Ray Bradbury et Tim Hamilton. Editions Casterman. 16 euros.

C’est sans conteste un des grands chefs-d’oeuvre de la science fiction ! Son titre : Fahrenheit 451. Son auteur, Ray Bradbury. Publié en 1953 aux Etats-Unis, deux ans plus tard en France, Fahrenheit 451 est adapté au cinéma par François Truffaut en 1966. Aujourd’hui le célèbre roman devient une BD, publiée par Casterman, dessinée par Tim Hamilton, validée et préfacée par Ray Bradbury lui-même. Et la puissance du roman est intacte tout au long des 160 pages que proposent cette adaptation. Le graphisme et le découpage de Tim Hamilton font sensation et rappellent à certains une autre oeuvre majeure : The watchmen. Un récit captivant, effrayant aussi, dans un monde futuriste où la littérature a été définitivement bannie et les pompiers transformés en pyromanes, chargés de mettre le feu aux derniers livres qui peuvent encore traîner… E.G.

29 Mai

Ca n’arrive qu’à moi ! (livre premier), de Didier Tronchet. Editions Futuropolis. 16 euros.

Elle s’appelle Prunelle… et voudrait sauver la planète. Pour cela, elle prend des douches plutôt que des bains, trie toujours ses déchets, écrit au dos des photocopies ratées, choisit les oeufs de poules élevées en plein air, achète du liquide vaisselle qui respecte la nappe phréatique, préfère le vélo au 4X4… Avec un peu de chance, elle devrait y arriver ! Côté défauts, personne n’est parfait, Prunelle mélange les expressions. Ce qui peut donner : tomber comme un cheval dans la soupe !!! Ca ne s’invente pas… Elle est aussi une gaffeuse de premier ordre et se fait souvent remarquer pour son sens de la répartie… à peu près nul ! Mais Prunelle a un projet, un grand projet : ouvrir un cabinet de naturopathie. Encore faut-il qu’elle parvienne à expliquer ce dont il s’agit à son banquier et aux éventuels clients…

Didier Tronchet, le papa de Raymond Calbuth (éd. Glénat),  de Jean-Claude Thergal (éd. Fluide glacial), de Là-bas (éd. Dupuis), ou encore de La Gueule du loup (éd. Futuropolis) est de retour avec une comédie sociale totalement décapante qui raconte le quotidien de cette jeune femme pas comme les autres… quoique… ! Enchaînement de situations pour le moins cocasses, dialogues savoureux et drôles, personnages attendrissants, dessin inimitable, mise en scène théâtrale avec une touche de burlesque façon Le Père Noël est une ordure… et voilà notre Tronchet national regonflé à bloc. Vivement la suite ! E.G.

25 Mai

La Parenthèse, d’Elodie Durand. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Il faut bien le reconnaître, face à la quantité pléthorique de nouveautés chaque année, peu de titres finalement nous interpellent instantanément et nous marquent durablement. La Parenthèse, album paru aux éditions Delcourt  dans la collection Encrages, fait pourtant bien partie de ce club très fermé dans lequel on compte des gens comme Davodeau, Baru, Guibert, Delisle et quelques autres qui savent parler de la vie, la vraie, avec une simplicité et une évidence qui ne s’apprennent pas à l’école. La Parenthèse, donc, est un miracle, un cadeau de Noël en plein mois de mai, un petit bijou d’écriture et de mise en images. Même si le thème abordé dans ses 224 pages n’a rien de drôle. Pas même de léger ! Elodie Durand, son auteur, y aborde en effet une partie de sa vie, une parenthèse particulièrement douloureuse qui a bien failli lui coûter la vie. A l’époque, Elodie a une vingtaine d’années et la vie devant elle. Enfin, théoriquement ! Depuis peu, Elodie perd la mémoire et multiplie les crises d’épilepsie. De scanner en IRM, les médecins finissent par déceler une petite tumeur cérébrale. C’est cette vie là qu’elle raconte, l’arrivée de la maladie, l’effacement des souvenirs, le monde médical et hospitalier, l’entourage de ses proches, de sa mère et de son père, la vie qui bascule, qui continue… et qui finalement reprend. « Ce projet est né… », précise Elodie, « d’une nécessité, d’un besoin, d’un désir très fort de rassembler des souvenirs confus, d’éclaircir un passé douloureux mais aussi incroyable. Puis, plus tard, c’est l’envie de partager, de témoigner, et de bâtir ce récit qui m’a animée. Je voulais que ces souvenirs deviennent autre chose. J’ai attendu d’avoir suffisamment de recul par rapport au sujet pour me lancer réellement dans son élaboration, ce qui explique le temps qui s’est écoulé entre mes toutes premières recherches et le moment de sa réalisation ». Grâce à son écriture particulièrement douce, à des pages en noir et blanc au graphisme alternant traits légers et torturés, Elodie parvient à happer littéralement le lecteur, à lui faire partager, lui expliquer sa maladie sans le mettre en situation de voyeur, avec « peut-être une volonté informative, mais pas du tout  didactique, ludique parfois parce que certains passages sont durs, éprouvants. Je ne souhaitais pas donner un ton larmoyant à ce récit. Il y a beaucoup d’humour dans cette histoire. ! Je raconte les scènes médicales le plus simplement possible, sans commentaire ». Un témoignage poignant et un bel album ! E.G.

Sous la bannière étoilée, de Novgorodoff, Percy et Ponsoldt. Editions Casterman. 15 euros.

Ils s’appellent Josh, Cody et Gordon. Trois jeunes américains comme les autres. Qui mènent une vie comme les autres. Dans une petite ville comme les autres. Du moins en apparence ! Car ici, la plupart des hommes sont des soldats de l’armée américaine et sont présentement partis combattre en Irak. Pendant leur absence, la vie s’organise, se réorganise. Et pas toujours comme certains le souhaiteraient. Histoire de tromper l’ennui, histoire aussi de ne pas penser au pire, les trois copains se retrouvent régulièrement à la sortie des cours pour une séance de castagne…

Adapté d’une nouvelle de Benjamin Percy, considéré comme l’un des meilleurs jeunes écrivains américains, Sous la bannière étoilée aborde la guerre en Irak sous un angle singulier, celui des enfants restés au pays et confrontés chaque jour à la peur d’une mauvaise nouvelle. C’est James Ponsoldt qui signe le scénario de cette adaptation et Danica Novgorodoff, la mise en images. Un portrait sans concession des Etats-Unis et de ces ados qui n’ont que la guerre comme ligne de mire et parfois que l’armée comme avenir. Une adaptation pour le cinéma serait actuellement en préparation ! E.G.

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