06 Avr

Lip ou le combat de héros ordinaires raconté par Laurent Galandon et Damien Vidal

Couv_213180Le combat des LIP, comme on appelle communément les employés de cette entreprise horlogère de Besançon, est de ces combats qui ont marqué profondément et durablement l’histoire ouvrière de France.

Au début des années 70, l’usine produit quelque 500 000 montres par an dont les premières montres à quartz. Mais la concurrence américaine et japonaise est rude et l’entreprise dépose le bilan en avril 1973. Refusant de voir leurs emplois disparaître et l’entreprise démantelée, les employés se lancent dans une lutte de plusieurs mois, réduisant dans un premier temps les cadences avant de prendre totalement le contrôle de l’usine et de se lancer dans une autogestion qui rendit leur mouvement populaire dans tout l’hexagone et même au-delà avec ce slogan : « C’est possible, on fabrique, on vend, on se paye »…

Lip, des héros ordinaires retrace de façon prenante cette lutte menée par les ouvriers et les ouvrières de l’entreprise pendant 329 jours. Mais pas seulement ! Le scénariste Laurent Galandon et le dessinateur Damien Vidal nous offrent ici une photographie de la société française à la fin des Trente Glorieuses et notamment de la condition des femmes à travers le parcours de Solange, ouvrière horlogère. Un roman graphique tout à fait remarquable à classer entre Les Mauvaises gens de Davodeau et Plogoff de Horellou et Le Lay, deux autres bandes dessinées qui ont pour dénominateur commun le peuple en lutte !

Eric Guillaud

Lip, Des héros ordinaires, de Galandon et Vidal. Editions Dargaud. 19,99€

© Dargaud / Galandon & Vidal

© Dargaud / Galandon & Vidal

01 Avr

Une Affaire de caractères, un polar lettré de François Ayroles

9782756041377vVoilà un polar peu ordinaire. Un polar qui se déroule à Bibelosse, un village d’écrivains, d’imprimeurs, de typographes et autres amateurs de belles lettres…

Tout commence par un accident de la circulation à l’entrée du village. Ramon Hache, spécialiste en enseignes envoi son camion dans le décor. C’est donc à pied qu’il devra honorer une livraison de lettres géantes à un certain Monsieur Tézorus. Monsieur Tézorus parle comme un dictionnaire. Et ce n’est pas une métaphore. Dites-lui bonjour, il vous répond « Bonjour n.m. Salut du jour ». Heureusement, pour le guider dans ce village peuplé de personnages pour le moins singuliers et de caractère, Ramon Hache peut compter sur un vendeur de renseignements ambulant. La livraison suit son cours jusqu’au moment où l’une des figures emblématiques de Bibelosse, Donald Fraser, est retrouvé sauvagement assassiné, son corps jeté au fond d’un puits. L’inspecteur Edgar Sandé est chargé de l’enquête. Très vite, les villageois comprennent qu’ils sont confrontés à un tueur en série. Et l’affaire ne s’annonce pas simple…

Pas très simple mais pas vraiment compliquée non plus cette Affaire de caractères ! Plutôt drôle même. Membre du groupe OuBaPo (Ouvroir de bande dessinée potentielle) qui à la manière de l’OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle) de Raymond Queneau impose aux auteurs des contraintes artistiques, François Ayroles signe ici un polar au pays des belles lettres et des bons mots. Les meurtres, l’enquête, les nombreux personnages, ne sont que prétexte à un bel exercice de style qui se niche dans le scénario mais aussi et surtout dans les dialogues. Un album aux nombreuses surprises que nous nous garderons bien de dévoiler ici.

Eric Guillaud

Une Affaire de caractères, de François Ayroles. Editions Delcourt. 16,95 €

© Delcourt - Ayroles

© Delcourt – Ayroles

30 Mar

Les premiers traits de Picasso : qui se cachent derrière la réussite de Pablo ?

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

Après Max Jacob, Apollinaire et Matisse, voici enfin le dernier tome de la saga du jeune peintre espagnol appelé à être mondialement connu : Pablo. Commencée en 2012, cette série est née d’une idée de Julie Birmant qui a choisi le point de vue de la première muse de Picasso : Fernande, restée jusqu’à présent dans l’ombre du maître. Clément Oubrerie a relevé le défi de dessiner les premiers pas de l’artiste à Montmartre. Ce 4ème album débute en 1907 aux premières heures du cubisme.

–          Est-ce que dessiner la jeunesse de Picasso quand il a commencé à peindre cela a été un défi ou un plaisir pour vous ?

Clément Oubrerie : Moi, j’adore Picasso de toute manière. Là, l’idée ce n’était pas du tout de faire de l’art en tant que tel, mais plutôt d’essayer de se rapprocher de l’esprit de l’époque et d’utiliser le matériel de l’époque comme le fusain.

Clément Oubrerie © Dargaud / Rita Scaglia

Clément Oubrerie © Dargaud / Rita Scaglia

–          C’est une contrainte que vous vous êtes fixée d’utiliser le matériel de l’époque ?

–          Oui et d’être plutôt sur des grands formats, de dessiner les images une à une, comme si cela était des tableaux.

–          Votre style évolue au fil des tomes. Est-ce un choix délibéré ?

–          Ce n’est pas conscient mais je ne m’interdis pas de changer, de m’adapter. J’essaye juste de suivre et d’être dans la dynamique du récit. Cela dépend selon l’humeur et il n’y a pas vraiment de règle. C’est que l’on n’est pas dans la ligne claire. Il n’y a pas une charte hyper stricte, c’est plus instinctif.

« Je n’ai rien inventé. Tout est réel. C’était totalement grandiose et démesuré ! » Clément Oubrerie

–          Même s’il y a des références à la ligne claire d’Hergé avec l’épisode de la consommation d’opium ?

–          Oui effectivement c’est effectivement une grosse référence et Tintin est dans mon panthéon personnel.

–          L’essentiel du récit se déroule à Paris. Avez-vous travaillé avec des documents d’époque pour reconstituer l’ambiance du début du siècle ou avez vous choisi de vous rendre sur place ?

–          Les deux. Tout est bon à prendre. Julie Birmant a une énorme documentation. Moi j’avais aussi pas mal de doc. Et pour le 4ème tome nous avons eu accès à toutes les archives du Musée Picasso. On le sait peu, il était fou de la photo très vite. Il a eu son premier appareil vers 1905. Avant la réouverture prochaine du musée, nous avons pu voir pleins de photos que personnes n’a jamais vues. Il y a aussi le musée de Montmartre qui est en pleine renaissance.

–          Vous avez aussi utilisé leurs archives ?

–          Oui, ils sont aussi énormément d’archives photographiques sur Montmartre du début du siècle et eux aussi nous ont donné les clés. C’était un truc un peu poussiéreux et là, il y a une nouvelle équipe qui est entrain de tout changer. Leurs photos sont classées par rues, commerces, par scènes et c’est une mine d’or pour les décors. C’est pour ce tome, que nous avons bénéficié de la plus grande quantité de matériel.

–          Il y a une scène éblouissante, celle de l’exposition universelle avec, par exemple, un tapis roulant en bois.

–          Je n’ai rien inventé. Tout est réel. C’était totalement grandiose et démesuré. Ils ont construits des trucs gigantesques qui ont été détruits juste après. Certains étaient plus ou moins de bon goût. Il y avait des monuments du kitsch, des trucs incroyables.

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

 « Fernande, c’était une femme fatale, il n’y avait pas un homme qui n’était pas sous son charme ! » Julie Birmant

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26 Mar

Chabouté s’expose : nous sommes chavirés !

Moby Dick par Chabouté - Vents d'Ouest

Moby Dick par Chabouté – Vents d’Ouest

Le 3 avril prochain, Christophe Chabouté inaugure une nouvelle Galerie. C’est la première occasion d’admirer les planches originales de son dernier ouvrage Moby Dick. La galerie, connue depuis plus de 25 ans sous le nom de Petits Papiers, prendra l’appellation de ses deux directeurs : Alain Huberty et Marc Breyne. A Paris comme à Bruxelles, elle fait peau neuve et devient Huberty- Breyne Gallery. Le dossier de presse affirme qu’elle est là « pour défendre la Bande Dessinée et ouvrir le 9ème art à l’ensemble des domaines de création »

Coup de cœur d’Eric Guillaud, paru en début d’année aux Editions Vents d’ouest, Moby Dick de Christophe Chabouté, est une adaptation magistrale du classique de la littérature américaine d’Herman Melville. A travers cet album, l’auteur met sa vision personnelle et sa maîtrise du noir et blanc au service du récit et de l’aventure. Une approche et un traitement graphique qui a lui a déjà valu quelques succès. Le dessinateur de 46 ans résidant à l’île d’Oléron a été nommé et récompensé à plusieurs reprises au festival de BD d’Angoulême, notamment pour Quelques jours d’été, et Un Îlot de Bonheur. Dernièrement, il a publié chez Vents d’Ouest Les Princesses aussi vont au petit coin et Un peu de bois et d’acier.

Huberty-Breyne Gallery

Huberty-Breyne Gallery

Pour Moby Dick, Chabouté reste fidèle au récit original et à l’esprit d’Herman Melville, reflétant la frontière étroite entre l’acharnement et la folie, baignant dans le sang, l’huile et la sueur d’un navire baleinier de la fin du XIXe siècle. La galerie Huberty-Breyne présente l’intégralité des planches originales de l’album ainsi qu’une sélection d’illustrations inédites signées par ce virtuose du noir et blanc.

Didier Morel

Huberty-Breyne Gallery 91, rue Saint-honoré 75001 Paris Tél : 01.40.28.04.71 ouvert du mercredi au samedi de 11 à 19h jusqu’au 3 mai 2014

 

22 Mar

Celui qui n’existait plus, une histoire dans l’ombre du 11 septembre signée Rodolphe et Van Linthout

Capture d’écran 2014-03-21 à 14.23.26Norman Jones, 40 ans, marié, deux enfants, un bon boulot, pas mal d’argent et… une vie qui l’ennuie affreusement. Alors ce matin-là, à NewYork, Norman traîne au lit avec sa maîtresse, Tiny, pas pressé de rejoindre son bureau au World Trade Centrer. Bureau qu’il n’aura d’ailleurs pas l’occasion de rejoindre. Nous sommes le 11 septembre 2001 et deux avions de ligne viennent de percuter les tours. Les médias redoutent déjà des milliers de morts, alors pourquoi pas lui, oui, pourquoi pas lui qui rêvait de tout recommencer, de repartir à zéro…

Pourtant peu incontionnel du travail de Rodolphe, je dois reconnaître que ses derniers récits me surprennent agréablement, notamment Mojo et aujourd’hui Celui qui n’existait plus, tous deux mis en images il est vrai par un dessinateur de talent passé maître dans l’art d’installer des ambiances, le Belge Van Linthout. Comme Mojo, ce nouvel album paru chez Vents d’Ouest nous entraîne sur les routes américaines avec une fiction inscrite dans le réel et ici l’attentat contre les Twin towers comme point de départ !

Eric Guillaud

Celui qui n’existait plus, de Georges Van Linthout et Rodolphe. Editions Vents d’Ouest. 22€

© Vents d'Ouest / Rodolphe & Van Linthout

© Vents d’Ouest / Rodolphe & Van Linthout

19 Mar

Errance en mer rouge, un voyage sur les pas de Henry de Monfreid signé Joël Alessandra

L.10EBBN002048.N001_ErranceMe_C_FROublier le souffle d’Anna, oublier la douleur, la maladie qui l’a anéantie, oublier la mort. Un mois après le décès de sa femme, Tom commence seulement à réaliser que la cicatrisation sera longue et douloureuse. La solution ? Fuir ce quotidien devenu insupportable, s’envoler pour d’autres horizons. Ce sera l’Afrique, Djibouti, le lycée Kessel où il remplace au pied levé un professeur de dessin rapatrié en urgence en France. A défaut d’échapper aux souvenirs douloureux, Tom se laisse envoûter, happer, par ce pays, par ses habitants, ses ambiances et par ses fantômes, Joseph Kessel et surtout Henry de Monfreid, l’écrivain voyageur. L’aventure est au bout de la piste !

Magnifique. Absolument magnifique ! Errance en mer rouge est un récit comme on en lit finalement assez rarement, une invitation au voyage, à l’aventure, à la découverte. Il faut dire que Joël Alessandra, auteur d’une vingtaine d’albums parmi lesquels Le Périple de Baldassare (Casterman), Retour du Tchad (La Boîte à bulles), Ennedi la beauté du monde (La Boîte à bulles) ou Instinct sauvage (KSTR), est lui-même un grand voyageur et avoue une attirance particulière pour l’Afrique où Il a vécu un an et demi, à Djibouti. Une histoire troublante, un graphisme vivant, des atmosphères merveilleuses, de belles références littéraires… Errance en mer rouge vous emmènera loin, très loin !

Eric Guillaud

Errance en mer rouge, de Alessandra. Editions Casterman. 22,50€

18 Mar

Omaha Beach, 6 juin 1944 ou l’histoire d’une photographie mythique de Robert Capa

© Dupuis

© Dupuis

C’est l’un des clichés les plus célèbres du Débarquement en Normandie et plus largement du XXe siècle. Un homme allongé dans l’eau, arme à la main, prêt à en découdre avec l’ennemi, une photo légèrement floue prise dans l’urgence, dans la folie du débarquement en juin 44 par un photoreporter qui deviendra mondialement célèbre, l’immense Robert Capa.

70 ans après cette immortalisation de l’un des événements majeurs de la Seconde guerre mondiale, événement qui annonce la libération et la fin des années noires en Europe, les éditions Dupuis et l’agence Magnum Photos s’unissent pour publier une monographie portant sur le cliché, une monographie « à la croisée de la photographie et de la bande dessinée » précise le dossier de presse, 60 planches réalisées par Dominique Bertail au dessin et Jean-David Morvan au scénario complétées par un dossier associant photos, archives et témoignages.

Jean-David Morvan revient sur le genèse de cet album : « J’aime la bande dessinée et la photo. Il y a environ un an, j’ai eu l’idée de contacter Magnum Photos pour leur proposer de faire des bandes dessinées adaptées de leurs reportages. Je n’avais aucun contact, j’ai donc envoyé un email à une adresse trouvée sur Internet. J’ai eu une réponse de Clément Saccomani, le Directeur Editorial de Magnum Photos deux jours plus tard. Ils étaient intéressés et souhaitaient me rencontrer ».

Un album à paraître le 30 mai.

Eric Guillaud

Blast : à vous couper le souffle !

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Magistral ! Un choc graphique ! Un vénéneux voyage dans les ténèbres ! Le quatrième tome des aventures de Polza Mancini vient de sortir. Blast, c’est l’effet de souffle que l’on ressent après une explosion – et c’est ce qu’a réussi à nous faire éprouver Manu Larcenet avec cette série qui figurera dans les must du 9ème art.

Le dictionnaire nous dit qu’une explosion, c’est une onde qui a plusieurs effets :

  • l’onde de choc dans l’air percute la personne et provoque une onde de choc dans son corps, c’est le « blast primaire »
  • elle projette des objets, c’est le « blast secondaire »
  • lorsque l’onde de choc atteint une personne, celle-ci se trouve pendant un très court instant avec une surpression d’un côté et la pression atmosphérique de l’autre, c’est le « blast tertiaire »
  • enfin l’effroi provoqué par l’explosion induit fréquemment un traumatisme psychique que l’on qualifie parfois de « quatrième blast ».
Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Vous voilà prévenu avant la lecture des 4 tomes de Blast. Ce traumatisme psychique, cet état d’apesanteur qui le libère du poids de sa lourde carcasse, c’est ce que recherche Polza Mancini, un écrivain de 150 kg parti à la dérive après la mort de son père. « Si vous voulez comprendre… Il faut que vous passiez par où je suis passé ». Blast c’est donc le récit, par nature sujet à caution, de cette dérive, à travers un long interrogatoire policier – pour comprendre l’histoire d’un homme suspecté d’avoir fait de nombreuses victimes dont Carole Oudinot, la seule femme qu’il ait aimée.

« Ça y est. C’est fini. Quelle aventure!

Je voudrais adresser ici un remerciement général à tous ceux qui se sont laissés tenter par ces quatre livres. C’était très inattendu qu’un tel récit puisse trouver une audience si importante. Merci, donc, de m’avoir suivi sur ces 5 dernières années qui me semblent aujourd’hui tenir du marathon, certes formateur, mais épuisant. Je suis soulagé que la fin arrive, nullement attristé, solitaire  ou démuni, comme d’ordinaire, au moment de mettre un point final à un livre. Juste soulagé. »

Manu Larcenet - Dargaud / Rita Scaglia

Manu Larcenet – Dargaud / Rita Scaglia

Ainsi s’exprime le peu disert Manu Larcenet sur son blog. Il a réussi à mener à bien ce nouveau récit, mêlant réflexions et résonances des plus autobiographiques pour les réflexions existentielles. Mais ce récit est aussi bien plus noir que ne l’était le Combat ordinaire ou le Retour à la terre. Une oeuvre supplémentaire qui confirme la maturité et la puissance graphique de son auteur. Avec originalité et une liberté incroyable, il multiplie les styles – jusqu’aux dessins de ses enfants pour évoquer les fameux Blast de son héros ou le papier découpé pour les créations schizophréniques d’une de ses victimes. Il y a du Jiro Taniguchi dans les planches évoquant la nature et ses magnifiques plages de silence et du Didier Comès pour la fluidité du noir et blanc.

Il a pourtant bien failli se perdre plus d’une fois, comme il le confie à la fin de son ouvrage. Il a alors fait appel à son fidèle complice Jean-Yves Ferri, qui l’a remis en piste en lui proposant quelques strips de Jasper, l’ours bi-polaire sur la banquise, des tranches d’humour salutaire pour Larcenet, comme pour le lecteur, au milieu d’une histoire sur le fil du rasoir.

Après un si long périple, cette grasse carcasse nous aura fait réfléchir sur ce qu’est l’harmonie et le retour à l’état sauvage en harmonie avec la nature. Pourvu que les bouddhistes se trompent, une fois refermé le dernier tome, les effets du Blast n’ont pas fini de nous souffler … une réussite en forme d’apothéose.

Didier Morel

Blast (4 tomes) par Manu Larcenet © Dargaud

A noter : ce 4ème tome est dédié à Laurent Beaufils, le géant roux, notre regretté confrère de France 3, mort prématurément l’an dernier. Ils se sont rencontrés au cours de reportages et il a réalisé avec Sam Diallo en 2006, un documentaire permettant au spectateur de suivre Manu Larcenet pendant la conception du troisième tome du Combat Ordinaire. Manu Larcenet a donné son visage et sa silhouette au personnage du journaliste qui clôt la série.

 La B.O à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir (un clin d’oeil de Larcenet, son héros porte un T-shirt faisant référence au groupe) :

Red Hot Chili Peppers – Scar Tissue

16 Mar

L’album Lucie s’en soucie réédité aux Humanoïdes Associés

lucie-s-en-soucie-bd-volume-1-simple-51236A quoi peut bien rêver une jeune parisienne célibataire de 30 ans ? Au grand amour bien sûr. Et au prince charmant, vous savez celui qui est beau, créatif, intelligent, rassurant et drôle. Une perle rare que Lucie pense avoir finalement dégoté au hasard d’une soirée chez un voisin. Lambert, c’est son petit nom, est photographe, mais sans pellicule. De l’humour à froid qui scotche un peu mais bon ! Pour Lucie, le souci est ailleurs. Du haut de ses 30 ans, Lucie n’a plus de temps à perdre et son prince charmant doit aussi être un parfait géniteur même si elle se défend par ailleurs d’être dans le moule comme sa soeur. Très peu pour elle le plan bobonne, la bague au doigt et les polichinelles dans le tiroir… ou alors avec du sentiment !

Une course au bonheur ! Voilà ce que nous racontent Catel et Véronique Crisseaux, elles-mêmes trentenaires à l’époque, dans ce récit intimiste publié en 2000 dans la collection Tohu Bohu. Naviguant dans la sphère du tandem Dupuy – Berberian, les deux jeunes femmes avaient imaginé avec Lucie le pendant féminin de Monsieur Jean. Un pendant féminin qui vivra plusieurs aventures dans une série publiée ultérieurement chez Casterman. Un tantinet parisien mais franchement drôle !

Eric Guillaud

Lucie s’en soucie, de Catel et Véronique Grisseaux. Editions Les Humanoïdes Associés. 14,20€

14 Mar

Pulp : ce nouveau festival promet de vous faire pétiller

Pulp Festival 2014

Pulp Festival 2014

Un festival hybride, c’est ce que propose la Ferme du Buisson, la scène nationale de Marne-la-Vallée (Noisiel 77) avec Arte. Ce week-end du 14 au 16 mars, Pulp entend sortir de la case pour croiser les genres en associant la bande dessinée avec la musique, la danse et le théâtre, mais aussi le cinéma et la peinture. Plus que jamais la BD est un art vivant et cette 1ère édition le réaffirme.

Auteurs de BD et artistes venus de tous horizons, duels de dessinateurs, installations, spectacles, expositions, librairie, rencontres et débats animeront ce week-end au rythme des bulles.

« L’explosion du 9e art, dans ses formes les plus populaires comme les plus pointues, nourrit aujourd’hui de façon profonde les imaginaires collectifs. Du livre au live, du papier glacé à l’image animée, des cases à l’installation, de la 2D à la 3D, PULP FESTIVAL déplace les frontières pour inventer un art toujours plus vivant »

peut-on lire sur le site internet de l’événement.

Ainsi, « Dans l’oeil du cyclope », installation conçue avec la revue Professeur Cyclope, créée en 2013, côtoiera, plongée dans l’univers de six auteurs et de leurs multiples sources d’inspiration. Dans La Ferme des animaux, Blexbolex, sur un scénario de Loo Hui Phang inspiré de George Orwell, colonisera de ses dessins une maison, du sol au plafond.

 

Ceci n'est pas une bande dessinée par Phillipe Dupuy

Ceci n’est pas une bande dessinée par Philippe Dupuy

Parmi les nombreux spectacles, les visiteurs découvriront La Fille, road-movie rock et sexy de la chanteuse pop Barbara Carlotti et Christophe Blain, l’auteur de la BD best-seller Quai d’Orsay. Mais aussi Le moral des ménages, pièce de Stéphanie Cléau avec Mathieu Amalric, illustrée par Blutch, d’après le roman d’Eric Reinhardt. Les Chiliens de Teatrocinema raconteront à leur façon une Histoire d’amour de Régis Jauffret, tandis que l’Odyssée d’Homère sera revue et dessinée par la compagnie britannique « The Paper Cinema » et Nicholas Rawling.

Enfin connaissez vous l’émission Tac au Tac diffusée par l’ORTF ? Sur le principe de ces séances de cadavres exquis, une dizaine de dessinateurs se donne rendez-vous pour des matchs d’improvisation totale de dessin, commentés en direct par des comédiens et retransmis sur grand écran. Au menu : Jul, Catherine Meurisse, Marion MontaigneCyril PedrosaMathieu Sapin, Mana Neyestani,François Olislaeger, Dash Shaw, Hervé Tanquerelle, Nicolas Wild…

Didier Morel

Pour découvrir ce festival, rendez-vous donc les 14, 15 et 16 mars prochains à la Ferme du Buisson à Marne-la-Vallée (77000). 
Inscription : 01 64 62 77 00 et le programme
Tarif : 29 euros pour le pass festival tarif plein.

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