Nous l’avions interviewé en mars 2010 alors qu’il venait de publier le septième volet de Samson et Néon. Quelques années et bébés plus tards, nous le retrouvons quasi inchangé, toujours aussi Tebo, à l’occasion d’un nouveau Captain Biceps, les aventures du justicier en collant rouge qu’il anime depuis 10 ans maintenant avec son ami Zep. 400 000 exemplaires vendus à ce jour annonce fièrement l’éditeur. De quoi bomber le torse et jouer les gros bras mais ce serait mal connaître Tebo, rencontre avec un auteur qui aime les super-héros pour de vrai et la baston pour de rire…
C’est pas commun comme nom, Tebo. D’où ça vient ?
Tebo. Comme je n’ai jamais pu me trouver un pseudo classe, j’ai juste simplifié mon nom de famille qui est thébault.
Une vingtaine d’albums, deux séries adaptées en dessins animés pour la télé… bref, tu es un peu une star de la BD maintenant. C’est facile à vivre?
Tebo. Il y a pire comme métier… En fait, j’ai même trois séries adaptées en dessins animés : Samson et Néon, Captain Biceps et Comment dessiner?. Et là, je bosse sur une autre série animée avec Futurikon (société de production française, ndlr). Les héros sont mes deux premiers enfants et ça s’appellera César et Capucine. Euh… je me la pète un peu !
Tu habites Caen, est-ce un bon endroit pour trouver l’inspiration ?
Tebo. Non, jamais (même si j’aime beaucoup ma ville… ou alors il faudrait qu’il pleuve un peu moins).
Et travailler avec Zep, c’est comment ?
Tebo. Un pied d’enfer ! On se connait depuis 15 ans grâce à la création du journal Tchô! (journal de titeuf). On est devenu vite copains. Et comme on aimait le travail de chacun, il était logique qu’on travaille ensemble. En plus d’être mon pote, d’être très connu, Zep est un des meilleurs scenaristes du gag en une page. Il faudrait être idiot pour refuser de bosser avec lui.
Si je compte bien, c’est le sixième album de Captain Biceps. C’est un puits sans fond en plus d’être une mine d’or ?
Tebo. Le puits sans fond, il faut le travailler… parce que les idées ne tombent pas toutes seules du ciel ! Et si on veut avoir une mine d’or, il faut être très exigeant sur son travail…
Si je te demandais de tirer le portrait de ton personnage, comment le décrirais-tu ?
Tebo. Faut être une grosse brutasse avec peu de cerveau pour oser s’appeler Captain Biceps!
Qu’est-ce qui t’inspire dans la vie ?
Tebo. Pas grand chose… car c’est un très gros boulot pour moi de trouver mes histoires, mes gags ainsi que mes petits bouts de phrases rigolotes dans les bulles. Je creuse dans le fond de mon cerveau pour trouver tout ça!
Et qu’est ce qui t’a plus précisément inspiré pour imaginer ton Captain Biceps et ses aventures ?
Tebo. Captain Biceps est né de l’amour que je porte aux histoires de super-héros (c’est ce genre de bd qui m’a donné envie d’être dessinateur) et des histoires rigolotes trash de Wuillemin, Edika, Maester et surtout Gotlib, avec qui j’ai dessiné un combat de Captain Biceps contre Superdupont! Oui, je sais, je me la pète encore…
Tu n’en a pas marre de faire dans le gros bras ? Tu n’as pas envie d’un peu de tendresse, de délicatesse, de faire une série pour les filles avec des princesses qui chantent et font du cheval, un mélange de Violetta et de Grand Galop quoi ?
Tebo. C’est super dur pour moi, de dessiner un cheval… donc, je vais continué à faire ce que j’adore faire : des hommes en collant et slip qui se mettent des bonnes roustes!
Est-ce qu’il y a du Biceps en toi et inversement ?
Tebo. J’ai de trop grosses cuisses pour être Captain Biceps! Et Captain Biceps est nul avec les filles, alors que moi… ah! merde! moi aussi je suis assez nul avec elles. Bon, ben, j’ai au moins un point commun avec mon héros.
Dans une interview de 2011, tu annonçais pour le tome 6 un récit long et moins de combats ? Au final, on retrouve les mêmes ingrédients que dans les albums précédents, à savoir des histoires courtes et de la baston à toutes les pages ou presque. C’est difficile de changer une formule qui marche ?
Tebo. Quand je parlais de combats, il s’agissait des « combats-gag en une page ». J’en avais un peu marre de les dessiner et je trouvais que l’on avait fait le tour de ce genre d’histoire. Ce qui qui est nouveau dans cet album, c’est qu’il n’y a QUE des histoires courtes avec des petites astuces qui les relient entre elles pour en faire une sorte de grande histoire. En plus, Captain Biceps a avec lui dans (pratiquement) toutes les histoires un assistant (Genius Boy)… Ce qui change un peu la série.
Tu es depuis peu à nouveau papa, le troisième je crois, un petit Raphaël, pourrais-tu abandonner la BD pour te consacrer exclusivement à tes enfants?
Tebo. Non, je ne pourrai pas… comme je ne pourrai pas abandonner mes enfants pour me consacrer exclusivement à la bd.
D’ailleurs, si tu n’avais pas fait de BD tu aurais pu faire quoi ?
Tebo. Astronaute mais j’étais un peu nul en maths et en sport.
Quel effet ça fait d’être exposé dans une galerie comme Arludik à Paris (du 6/3 au 5/4) ?
Tebo. C’est classe ! Je suis très fier, je commence à snober tous mes confrères qui n’ont pas exposé dans cette superbe galerie.
Quel est ton coup de gueule du moment ?
Tebo. il y a trop de bd qui sortent chaque année (et beaucoup trop de bouses à mon goût), ce qui laisse trop peu de places aux bonnes bd et surtout peu de temps pour que les gens les découvrent. Certaines bd restent à peine une semaine en vitrine avant de retourner dans les cartons… C’est triste!
Quel est ton coup de coeur du moment ?
Tebo. Le film Gravity m’a mis une bonne claque!
Un mot sur tes projets ?
Tebo. J’ai deux bouquins jeunesse qui vont sortir en juin et septembre 2014 (Les Psicopattes 1 et 2, avec Hélène Bruller au scénario chez glénat). Je participe au tome 2 de L’Atelier Mastodonte, une série publiée dans le journal spirou (sortie en juin 2014 chez dupuis). Je bosse sur les illustrations d’un livre traduit de l’américain qui s’appelle Je pète donc je suis (sortie en octobre 2014 chez glénat), j’attaque le story board du troisième et dernier tome d’Alice au pays des singes (sortie en janvier 2015 chez glénat). Ensuite en juin de cette année, je commence une bd (scenario, dessin et couleur) avec comme héros MIckey (chez Glénat et Disney). L’année prochaine, je dois faire une aventure de Spirou, et après ça, je pourrais reprendre les aventures de Captain Biceps (mais sans mon pote Zep qui est trop occupé ailleurs). Enfin, je prendrai une journée de vacances, et après je me remettrai au boulot…
Ah oui quand même ! Un dernier mot (pas trop gros) ?
Tebo. Il y avait beaucoup trop de questions à cette interview…
Nous sommes d’accord. Merci Tebo !
Interview réalisée le 13 mars 2013 par Eric Guillaud
Retrouvez la vie trépidante de Tebo ici, l’exposition Arludik là et la chronique du sixième album de Captain Biceps sur ce blog