04 Mar

Le 3e oeil : Didier Tronchet relance les aventures de Violine en compagnie de Baron Brumaire

9782203132412Il est heureux Didier Tronchet. Après dix ans de combat raconte-t-il sur son compte Facebook, il a enfin pu faire sortir Violine du catalogue Dupuis pour lui offrir de nouvelles aventures chez Casterman. La jeune héroïne a vieilli, elle a aujourd’hui seize ans et un fichu caractère, une vraie ado en somme avec toujours ce petit quelque chose en plus dans le regard…

Nous l’avions perdue de vue depuis 2007 et l’épisode La Maison piège. Violine est finalement de retour avec tout de même quelques changements de taille, à commencer par le nom, la série s’appelle dorénavant Le 3e Œil. Changement aussi d’éditeur, exit Dupuis, bonjour Casterman, mais l’affaire ne fût pas si simple nous explique Didier Tronchet : « Dupuis était propriétaire des droits du personnage de Violine mais ne voulait pas les céder. Ce qui bloquait tout le monde. Dupuis a finalement accepté de me les restituer dans un bon esprit de fair-play ».

Troisième changement visible dès la couverture, Violine à pris un coup de vieux, relatif certes, mais tout de même, quelques années qui suffisent à la faire glisser dans le monde des ados. « Pour ce nouveau cycle chez Casterman, il était intéressant de renouveler le personnage… », confie Didier Tronchet, « d’une part avec un autre dessinateur, d’autre part avec une Violine ado plus percutante, moins limitée par son âge. L’idée est d’en faire un personnage évolutif ».  

C’est le Nantais Baron Brumaire, dessinateur de la série Les Morin-Lourdel publiée chez Glénat de 1994 à 2005, qui prend la relève de Jean-Marc Krings et Fabrice Tarrin au dessin. Avec son trait plus réaliste et nerveux, Baron Brumaire offre aux aventures de Violine un caractère moins enfantin.

Pour le reste, Violine a toujours ses grands yeux violets dépourvus de pupilles et une faculté de lire dans les pensées des gens en les regardant simplement dans les yeux.

La plupart du temps, ce super pouvoir lui permet de tricher à l’école, de décrocher d’excellentes notes tout en passant son temps à dormir en classe. Mais sa rencontre avec Tsampa, un jeune indien mutique et sujet à des crises de terreur va changer la donne. Violine doit percer son secret… et tous les moyens sont bons.

De très belles retrouvailles !

Eric Guillaud

Le Sommeil empoisonné, Le 3e Œil (tome 1), de Tronchet et Brumaire. Editions Casterman. 11,50€

© Casterman / Tronchet & Brumaire

© Casterman / Tronchet & Brumaire

02 Mar

Les Louves : une histoire de femmes sous l’occupation allemande racontée par Flore Balthazar

9782800167787-couv-M800x1600 Cette histoire signée Flore Balthazar parue dans la prestigieuse collection Aire Libre des éditions Dupuis se déroule pendant la seconde guerre mondiale, mais elle ne raconte pas frontalement la guerre, elle raconte le quotidien d’une famille, et plus précisément encore le quotidien de femmes belges sous l’occupation, des femmes ordinaires… ou presque.

Des femmes ordinaires ou presque car oui, peut-on rester ordinaire lorsque le contexte ne l’est pas ? Pour la deuxième fois dans l’histoire du XXe siècle, l’Allemagne envahit la Belgique ignorant par la-même la neutralité déclarée du pays. Nous sommes le 10 mai 1940. Commencent dès lors pour les Belges, comme pour les Français, de longues années d’occupation avec leur lot de privations, d’humiliations, d’inquiétudes et de douleurs.

Dans la famille Balthazar qui n’est autre que la famille de l’auteure, la vie était plutôt douce avant cette invasion. Terminées les virées à Bruxelles en famille pour la Saint-Nicolas, terminées les gaufres et autres douceurs, l’heure est désormais aux restrictions et à la mobilisation générale. Le père ressort son vieil uniforme du placard et rejoint le front. La mère reste avec les cinq enfants et la grand-mère, obligée de trouver un deuxième emploi pour subvenir aux besoins de la famille et pallier l’absence du père. C’est ce quotidien effectivement ordinaire mais rythmé par les événements que nous permet de suivre Les Louves.© Dupuis / Balthazar

© Dupuis / Balthazar

« Je me pose souvent la question : comment vivent les gens ? », explique l’auteure, « La vie quotidienne constitue un sujet inépuisable, si on le raconte bien. En temps de guerre comme en temps de paix finalement. Dans le cas de ma famille, la question qui m’intéressait était de comprendre comment une femme ( son arrière grand-mère, ndlr) avec cinq enfants et un mari prisonnier en Allemagne a-t-elle tenu le coup durant le conflit ? C’était une personnalité peu commune, elle avait une grande force de caractère. »

Non seulement, les femmes font tourner la boutique mais elles se révoltent aussi contre l’occupant. Pas toujours de manière spectaculaire mais avec courage tout de même. Et là, on n’est plus tout à fait dans le quotidien. Des V de la victoire graffités ici, des insignes patriotiques arborés là pour commémorer la victoire de 1918, des journaux anti-Allemands distribués sous le manteau et même quelques actions de renseignement effectuées pour le compte des forces alliées, les femmes sont loin d’être restées inactives. Flore Balthazar l’illustre parfaitement dans son récit.

« Quelque part, je me mets dans une solution de facilité en faisant des femmes le centre de mon récit… », explique-t-elle, « car il m’est plus facile de m’y identifier. Je suis à l’aise pour manier des personnages féminins. Et leurs rôles dans la société belge occupée m’ouvraient pas mal de perspectives au point de vue du scénario »

© Dupuis / Balthazar

© Dupuis / Balthazar

Des faits réels, des personnages ayant existé, une histoire adaptée du journal de la grand-mère Marcelle Balthazar alors adolescente et – tout de même – une petite part de fiction pour lier le tout, c’est la recette magique de Flore Balthazar pour cet album.

« Le journal de Marcelle a été une référence, sa reconstitution a été minutieusement respectée, jusque dans les dialogues. Mais il y a tout de même un travail d’adaptation. Puisque l’on passe d’un format à l’autre, le langage est différent. Ma recette a donc été de mélanger des souvenirs de famille à des faits réels, transformés, comme le personnage de Marguerite Clauwaerts, inspiré de la résistante belge Marguerite Bervoets. Finalement, Les Louves est devenu une fresque qui montre toutes les possibilités d’une femme durant la Seconde guerre mondiale en Belgique ».

Avec une petite touche de féminisme, les femmes de Flore Balthazar travaillent, résistent, prennent leur autonomie et s’impliquent dans les affaires du monde avec l’espoir d’un juste retour des choses. « Tu vas voir qu’ils vont nous faire le coup de 14-18 : on va travailler dans leurs usines et après, ils nous renverront à la maison! », s’exclame une des protagonistes.

© Dupuis / Balthazar

© Dupuis / Balthazar

Et la guerre ? On ne la voit pas réellement finalement, on la devine, on la sent, on croise ici et là quelques uniformes français, belges, allemands, puis américains, on voit passer un camion rempli de cadavres. On en ressent surtout les effets, et c’est là où le travail de Flore Balthazar est exemplaire, l’auteure souhaitait rester pudique sur la violence, elle s’en tient à décrire le quotidien loin des champs de bataille, c’est l’absence des hommes, le règne de la débrouille, la peur au ventre, les sirènes, le froid, la colère, la révolte, la résistance et la mort parfois… Et puis il y a ce bombardement de mars 44 qui détruit le quartier du Parc de Louvière où habite justement la famille Balthazar et rappelle que la guerre n’épargne personne.

Trois ans de travail ont été nécessaires à Flore Balthazar pour mener à bien cette aventure graphique. L’auteure de Miss Annie (Dupuis) ou encore de Frida Kahlo (Delcourt) signe à l’arrivée un magnifique album de 180 pages au graphisme vivant et sensible, une petite histoire de la grande histoire, une fiction aussi essentielle pour la mémoire collective qu’un documentaire.

Eric Guillaud

Les Louves, de Flore Balthazar. Éditions Dupuis. 18€ ou 32€ pour l’édition spéciale

01 Mar

Le coin des mangas : Love under arrest, Sous le ciel de Tokyo, Timeless Romance et La Porte

love-under-arrest-1-delcourtOn commence par un véritable phénomène au Japon, une série vendue à plus de 2 millions d’exemplaires, couronnée du prix du meilleur shôjo manga 2017 au Prix annuel du meilleur manga, il s’agit de Love under arrest de Maki Miyoshi, une histoire d’amour née dans le mensonge entre une adolescente de 16 ans, Kako, qui se fait passer dans une soirée pour une étudiante de 22 ans, et un jeune garçon, Kôta, qui se révèlera être un policier. Le premier volet vient de sortir aux éditions Delcourt. Coup de foudre assuré. (Love under arrest, de Maki Miyoshi. Delcourt Tonkam. Sous-le-ciel-de-Tokyo-026,99€)

Le deuxième volet de Sous le ciel de Tokyo de Seiho Takizawa est sorti. Ce seinen manga qui s’adresse donc aux jeunes adultes de sexe masculin raconte le quotidien d’un couple pendant la seconde guerre mondiale. En 1943, le capitaine Shirakawa, pilote de chasse, rentre enfin au pays après avoir combattu un peu partout dans le monde, notamment dans le ciel birman. Il est désormais affecté à la division des essais aériens de l’armée impériale à proximité de sa maison et de sa femme. Bien que soulagé de s’éloigner des zones de combat à un moment où le Japon perd La-porte-daisuke-inoueen capacités face aux Américains, Shirakawa craint, après tant d’années, de se retrouver comme un étranger chez lui… (Sous le ciel de Tokyo tome 2, Delcourt Tonkam, 7,99€)

D’un côté l’écrivain japonais Sôseki, auteur de romans et nouvelles. De l’autre, le mangaka Inoue Daisuke, ancien assistant d’Osamu Tezuka (Bouddha, Dororo, Blackjack…). Au centre, l’adaptation en manga du roman La Porte paru en 1910 et racontant la vie d’un couple, Sôsuke et O-Yone, partageant un lourd secret qui culpabilise Sôsuke au point de l’empêcher de prendre toutes décisions. Dans un format plus proche du roman graphique que du manga, La Porte nous entraîne 19042dccb64d67304563b82dd4c07d8bdans le Japon du début du XXe siècle. Et rien que pour ça, ça vaut le détour. (La Porte, de Inoue Daisuke. Éditions Philippe Picquier. 15,50€)

On reste dans le Japon du début du XXe siècle avec Timeless Romance, une série de Saki Aikawa en trois volumes qui met en scène la jeune lycéenne Akari Shimotsuki. Celle-ci s’évanouit le jour où elle tente de déclarer sa flamme à Mamiya et se réveille dans le corps de Sayoko Shinonome, une princesse d’un autre monde. Il s’agit bien sûr d’un shojo manga, de la romance à la sauce fantastique. (Timeless Romance tome 2, de Saki Aikawa. Soleil manga, 6,99€)

Eric Guillaud

26 Fév

Flic & fun : Pluttark et Jorge Bernstein inventent les super-anti-héros policiers

flic_funEn découvrant cet album de Pluttark et Bernstein trônant en bonne place sur ma pile d’albums à chroniquer, ma fille de 13 ans me jette un œil inquiet et me lance : « Mais ? On a le droit de rire de la police ? ». Je lui réponds : « Euh oui, enfin je crois, on se moque bien des hommes politiques, des infirmières, des employés de bureau, des geeks, des croque-morts, des vieux, des jeunes… alors pourquoi pas des policiers ? Ils font partie de notre vie. Et puis, on est en démocratie non ? ».

Bon, il faut bien l’avouer, les deux héros de cet album – enfin si on peut appeler ça des héros – sont des crétins de première qui font injure à la profession. À toutes professions. D’ailleurs, ils ont longtemps hésité entre un job d’animateurs de parcs d’attraction et le métier d’éleveur de bovins avant de finalement tenter le concours de la police et d’être reçus. Un sacré coup de bol pour eux, pas vraiment pour nous!

Chemise bleue réglementaire sur les épaules, casquette noire estampillée « police » sur la tête, voilà notre duo de choc lâché dans la nature, avec pour mission de sauver la veuve et l’orphelin, de protéger les gentils des méchants et autres petites tâches annexes. Mais nos deux idiots, l’un s’appelle Roland, l’autre n’a pas dénié décliner son identité, vont accumuler les erreurs judiciaires, les actes de tortures à coup de variétés françaises, passant d’une lâcheté extrême à un zèle excessif en fonction des risques encourus, d’une bêtise incommensurable à une stupidité abyssale en moins de temps qu’il faut pour le dire, sans jamais un espoir d’éclaircie, une lueur d’intelligence même infinitésimale.

Alors bien sûr, tout ça c’est pour rire. Et on rit de bon cœur en espérant tout de même ne jamais avoir à croiser ces deux gus dans la vraie vie. Quant aux auteurs ? Depuis la sortie de l’album, le Nantais Pluttark et le Rennais Bernstein seraient dit-on en prison pour moquerie aggravée, recel de fous rires et détournement de bonne humeur. Ils ont ce qu’ils méritent !

Eric Guillaud

Flic & fun, de Pluttark et Bernstein. Éditions Fluide Glacial. 10,95€

© Fluide Glacial / Pluttark et Bernstein

© Fluide Glacial / Pluttark et Bernstein

23 Fév

La Déconfiture : un diptyque magistral en deux volumes signée Pascal Rabaté

Capture d’écran 2018-02-24 à 11.15.31

Si il y a un album qu’on attendait avec une certaine impatience voire une fébrilité certaine, c’est bien celui-ci. Le deuxième volet de La Déconfiture de Pascal Rabaté vient de rejoindre les rayons de nos librairies préférées. Et très franchement, sa lecture a de quoi nous faire oublier en quelques minutes les 18 mois d’attente…

Le génie se cache parfois dans les détails. Avec Pascal Rabaté, il s’affiche dès la couverture. Un décor identique pour les deux tomes, celui d’une France en pleine déconfiture, fuyant ou tentant de fuir avec enfants et matelas l’avancée des troupes nazies. Mêmes carcasses de voitures abandonnées, mêmes cadavres de chevaux sur la route. Mais une différence tout de même, comme un avant et un après : le ciel bleu et l’atmosphère printanière du premier volet exprimant l’espoir d’une victoire rapide sur les Allemands, le ciel rouge du deuxième qui annonce les années difficiles. Et comme un fil rouge entre les deux, le personnage central du diptyque, Amédée Videgrain, montant au front sur le premier tome, nonchalant, la veste sur l’épaule, repartant du front sur le deuxième, encadré par des soldats allemands, prisonnier comme ses camarades après une défaite pour le moins éclair et pas franchement glorieuse de l’armée française. Fini de rire !

Neuf mois de guerre et je n’aurai pas tiré un seul coup de feu

C’est sur ce constat, ce regret presque, exprimé par un des milliers de soldats français faits prisonniers dès les premières heures du conflit que se refermait le premier volet de La Déconfiture. Après la drôle de guerre, c’était la drôle de défaite, les fusils, chars et autres armes de notre fière armée sabotés afin qu’ils ne tombent pas entre de mauvaises mains, la fin des illusions, le début des années noirs.

© Futuropolis / Rabaté

© Futuropolis / Rabaté

Pendant la guerre, tous les hommes sont gris. C’est ce qui se dégage de La Déconfiture. Pas franchement des lâches, pas vraiment des héros, des gars ordinaires qui préfèreraient être au milieu des leurs plutôt qu’entre les mains des boches. « Je suis juste un petit comptable », dit un prisonnier. « Je ne sais même pas si ma gosse a eu son certificat d’études », s’inquiète un autre. « il n’y a pas de métro à Vierzon et c’est pas plus mal », lance un troisième. Les pensées sont ailleurs !

On n’est pas près de reboire du pinard

Anti-héros parmi les anti-héros, Amédée Videgrain se retrouve dans la colonne de prisonniers, supportant tout, la pluie, la chaleur, le manque de nourriture et de sommeil, la violence aussi des Allemands notamment envers les noirs, insultés, violentés, humiliés, non pas parce qu’ils sont des ennemis mais parce qu’ils n’ont pas la même couleur de peau. Un d’entre-eux est exécuté sans sommation. Pour Amédée Videgrain, qui partage des idées plus humanistes, la scène est insupportable. Mais c’est la guerre et lui aussi apprend à enfouir ses convictions…

© Futuropolis / Rabaté

© Futuropolis / Rabaté

On pourrait le croire cynique mais le regard posé par Pascal Rabaté est en fait plein de compassion pour tous ces hommes qui sont allés à la mort mal préparés physiquement et psychologiquement, déroutés de se retrouver aussi loin de chez eux, de leurs petites habitudes, de leurs proches. De la compassion mais aussi pas mal d’interrogations avec un épisode de la deuxième guerre mondiale, période troublée s’il en est, qui entre en résonance avec la nôtre, dira l’auteur. Une oeuvre magistrale aux dialogues savoureux, à la narration d’une très grande fluidité et au trait léger, épuré et élégant !

Eric Guillaud

La Déconfiture (tome 2), de Pascal Rabaté. Editions Futuropolis. 20€

19 Fév

Le coin des mangas. L’Académie musicale Alice, Fruits basket, Passionate Lullaby et bloody Secret

fruitBaskectPerfectT1Quand c’est fini, ça recommence ! Fruits Basket, la série à très grand succès de Natsuki Takaya initialement publiée en 23 volumes chez Delcourt de 2003 à 2007, est de retour dans une version collector de 12 doubles volumes. Quoi de neuf me direz-vous ? Bien évidement, l’histoire est strictement identique, celle de la jeune Tohru Honda, une orpheline de 16 ans qui vit secrètement dans une tente pour rester libre et se retrouve un beau jour face à la famille Soma, famille maudite dont les membres se transforment dans certaines circonstances en l’un des animaux du zodiaque chinois. Ça fait désordre ! Pour le reste, l’impression a été retravaillée à partir des originaux et chaque volume offre des illustrations et bonus inédits. Les deux premiers volumes de cette « perfect édition » sont sortis simultanément accompagnant ainsi fruitBasketAnotherT1le premier volume de Fruits Basket Another, à la fois spin-off et début de la fin de la série culte avec les personnages de la série initiale et leur descendance. Un des grands mangas shojo publiés en France. (Fruits Basket tomes 1 et 2 et Fruits Basket Another tome 1, de Natsuki Takaya. Delcourt Tonkam,12,50 et 7,99€ le volume)

On reste dans le shojo manga avec la sortie là-aussi simultanée des deux premiers volumes de Passionate Lullaby, la nouvelle série de Kana Nanajima après Ne me repousse pas et Dangerous Love. Kogure Maki, la jeune pasionnate-lullaby-1-soleilhéroïne de ce manga a 16 ans et fréquente la première année du lycée. Sa passion ? Les shojo justement et leur héros masculins « plus beaux et gentils » à l’en croire que les garçons en chair et en os. Jusqu’au jour où elle rencontre un vrai garçon, Hiiro, et en tombe amoureuse… comme dans les meilleurs mangas. Mais Kogure va apprendre que l’amour en vrai est parfois plus douloureux que dans ses lectures… (Passionate Lullaby tomes 1 et 2, de Nanajima. Soleil Manga. 9782344025918-G6,99€ le volume)

Vous avez aimé L’Académie Alice avec ses élèves dotés de pouvoirs spéciaux ? Alors vous aimerez L’Académie Musicale Alice. Prévue en trois tomes, alors que L’Académie Alice publiée entre 2007 et 2014 en compte 31, L’Académie Musicale Alice reprend l’univers de la série initiale en le plongeant dans celui de toutes ces comédies musicales qu’adore l’auteure Tachibana Higuchi. L’héroïne Hikari Andô, dépourvue de pouvoirs spéciaux parvient à intégrer cette fameuse école nationale de musique. Elle espère retrouver ainsi son frère Tsubasa enlevé à sa famille et incorporé d’office dans l’Académie. (L’Académie Musicale Alice tome 1, de Tachibana Higuchi. Glénat. 6,90€)

bloodySecretT1Vous avez vu ces petites dents pointues qui dépassent ? Yura serait-il un vampire ? C’est en tout ce que croit fermement Anko, une camarade de classe, qui a par ailleurs remarqué que le jeune garçon fuit en permanence le soleil et vit comme au ralenti. Et ce teint blafard ? Aucun doute pour Anko, c’est un vampire. Et elle a raison. À 10% raison. Car oui Yura a bien 10% de sang vampirique dans les veines. Et quand celui-ci apprend que le groupe sanguin d’Anko est d’une très grande rareté, son intérêt pour elle augmente subitement. Entre Anko et Yura, l’amour n’est plus très loin… Une première série en deux volumes signée Mutsumi Yoshida. (Bloody Secret tomes 1 et 2, de Mutsumi Yoshida. Soleil Manga. 6,99€ le volume)

Eric Guillaud

16 Fév

La Petite souriante : Quand le Belge Zidrou et le Nantais Springer signent un thriller à vous filer la chair d’autruche !

Capture d’écran 2018-02-10 à 17.25.49 Si vous êtes plutôt du genre à aimer les belles histoires d’amour, alors passez votre chemin, La Petite Souriante n’a rien à voir avec une histoire d’amour, encore moins avec une histoire d’amour qui finit bien, ici tout commence et finit de la même façon, par un bain de sang.

Josep Pla, dit Pep ou encore Pepino ne supporte plus sa femme. Sa décision est prise, il va la tuer. À grands coups de masse. Et jeter son corps au fond d’un puits au milieu de nulle part. Un plan machiavélique aussitôt imaginé, aussitôt réalisé !

Le temps de faire disparaître les traces de sang dans son pick-up et sur ses fringues et voilà note homme de retour au bercail. Une affaire rudement menée. Ça tombe bien, son élevage d’autruches le réclame. Oui mais voilà, en rentrant chez lui, Pep tombe nez à nez avec… sa femme, aussi vivante et détestable qu’avant. Un cauchemar !

Devra-t-il tout recommencer pour enfin s’en débarrasser et vivre l’amour qu’il mérite avec sa belle-fille, oui sa belle-fille, la fille de sa femme, enfin de son ex-femme, avec qui il a imaginé ce plan ? Réponse dans ce récit bâti comme un court métrage autour d’une idée scénaristique très forte. Après Le Beau voyage et L’Indivision, le tandem Zidrou – Springer nous offre un thriller qui fait froid dans le dos, trash et gore à souhait. Les planches de Benoît Springer, mises en couleurs par la talentueuse Séverine Lambour, ont tout pour maintenir le lecteur dans un cauchemar éveillé, on s’y croirait pour de vrai, attention aux éclaboussures !

Eric Guillaud

La Petite souriante, de Zidrou et Springer. Éditions Dupuis. 14,50€

© Dupuis / Zidrou & Springer

© Dupuis / Zidrou & Springer

14 Fév

Baddawi – une enfance palestinienne par Leila Abdelrazaq

STEINKIS_BADDAWI_COUV2.inddLes bandes dessinées évoquant la Palestine ne manquent pas. Nous le constations ici-même il y a encore quelques jours avec la sortie de l’album Vivre en terre occupée de José Pablo Garcia aux éditions La Boîte à bulles. Mais quand José Pablo Garcia ou Joe Sacco pour ne citer qu’eux offrent un regard extérieur sur la question, Leila Abdelrazaq apporte de son côté un témoignage de l’intérieur. Leila Abdelrazaq est américaine. Son livre Baddawi raconte l’enfance palestinienne de son père Ahmad…

Leila Abdelrazaq est née aux États-Unis mais elle n’a pas oublié, elle ne peut oublier, l’histoire de son père. Cependant, la bande dessinée Baddawi ne raconte pas sa seule histoire. Elle parle d’Handala, nous dit l’auteure en préambule. Handala est un personnage culte dans la culture arabe, une icône de la résistance palestinienne.

Leila explique : « Elle parle de mes cousins, de mes tantes et de mes oncles. De ceux qui ont été déplacés à de multiples reprises, contraints de quitter d’abord la Palestine, puis des pays comme le Koweït et la Syrie. Elle parle de cinq millions de personnes nées avec une vie marquée par l’exil et la persécution, privées de leur patrie pour une durée indéterminée ».

Et de raconter la jeunesse de son père dans un camp de réfugiés situé au nord du Liban, le camp Baddawi. Il y est né, y a vécu ses premières joies, ses premières peines, ses premières peurs, tenté d’oublier la guerre avec ses copains d’école et ses parents qui faisaient tout leur possible pour rester loin de la politique et ne pas s’attirer la foudre du gouvernement libanais. Mais la guerre, forcément les rattrapa et obligea la famille à déménager sur Beyrouth. Puis ce fut aussi la guerre à Beyrouth. Et le départ d’Ahmad pour les États-Unis…

La guerre, l’exil, le déracinement, la vie malgré tout… Baddawi nous parle d’une enfance de réfugié parmi d’autres avec beaucoup de sincérité, d’humanité et une touche de subjectivité, comme le souligne l’éditeur dans un avant-propos. Mais qui pourrait être complètement objectif au milieu de tant de violences et de douleurs ? Un témoignage forcément utile.

Eric Guillaud

Baddawi – Une enfance palestinienne, de Leila Abdelrazaq. Éditions Steinkis.18€

© Steinkis / Leila Abdelrazaq

© Steinkis / Leila Abdelrazaq

13 Fév

La Tomate : un récit d’anticipation signé Anne-Laure Reboul et Régis Penet

Capture d’écran 2018-02-11 à 16.13.17 Et si dans un proche avenir, nous ne disposions plus de la liberté élémentaire qui est de choisir ce que nous mangeons ? Et si le simple fait de faire pousser soi-même des tomates pouvait être considéré comme un crime d’état ? C’est ce qu’imagine La Tomate, un récit d’anticipation glaçant signé Régis Penet et Anne-Laure Reboul aux éditions Glénat…

L’héroïne de ce one-shot s’appelle Anne Bréjinski. Rien de prime abord d’une dangereuse terroriste, rien non plus d’une criminelle ou même d’une délinquante, plutôt une employée du genre irréprochable, accomplissant son travail au sein du service d’épuration d’objets avec sérieux et enthousiasme. Une employée modèle en somme jusqu’au jour où la jeune femme tombe sur un paquet de graines de tomates. À l’instar des livres, des œuvres d’art et « autres résidus » d’une époque révolue, Anna aurait dû détruire ces graines. Mais pour la première fois de sa carrière, la jeune femme ne peut s’y résoudre, allant même jusqu’à les planter dans un petit récipient, y ajouter un peu d’eau et enclencher un processus formellement interdit, considéré comme une menace pour la survie de la communauté. De quoi se retrouver vite fait bien fait devant un tribunal…

Avec La Tomate, Anne-Laure Reboul et Régis Penet imaginent une société futuriste totalement aseptisée et aux mains de puissantes multinationales, une vie sans art, sans amour, sans terre, sans magie, sans fruit et légumes, où l’eau est devenue le bien le plus précieux et l’homme une machine à surveiller que son voisin ne dévie pas, un monde qui a définitivement vendu son âme. Effrayant !

Eric Guillaud

La Tomate, de Anne-Laure Reboul et Régis Penet. Éditions Glénat. 19,50€

© Glénat / Reboul & Penet

© Glénat / Reboul & Penet

12 Fév

Insulaires – petites histoires de Groix : un recueil tout carré tout mignon signé Prosperi Buri

9782365353175La Bretagne est un pays de légendes, on le sait, on les connaît pour certaines. Mais là où nous emmène l’auteur Prosperi Buri avec cet album paru aux éditions Warum, les histoires qu’on y raconte on encore plus la saveur de l’océan et du mystère. C’est l’île de Groix, un petit bout de terre au large de Lorient…

C’est un gros caillou jeté dans la mer, un gros caillou où se bousculent aujourd’hui les touristes, du moins à la belle saison. Mais hier, Groix était une île de pêcheurs, et même un haut lieu de la pêche au thon pendant une cinquantaine d’années, un endroit où la vie était peut-être un peu plus rude qu’ailleurs. Pendant que les hommes embarquaient pour de longues campagnes de pêche, sans pouvoir remettre les pieds chez eux durant des mois, les femmes ramassaient les crustacés, faisaient sécher les bouses de vache sur le pignon des maisons pour en faire du combustible et s’occupaient des jeunes enfants qui parfois disparaissaient à la faveur d’une intervention mystérieuse.

Le Korrigez, c’est le nom de cette intervention mystérieuse que Prosperi Buri définit comme une sirène mangeuse d’enfants. Elle permettait aux femmes de se débarrasser d’une progéniture non désirée à une époque où l’avortement était interdit. Un petit tour en bord de mer, le bébé dans le couffin et hop… Quand la nature ne peut plus rien faire, les légendes prennent le relais !

C’est par cette légende justement que s’ouvre l’ouvrage de Prosperi Buri avant d’enchaîner sur une série de petites histoires qui proviennent des lectures de l’auteur, lui-même groisillon, et des anecdotes qu’on a pu lui rapporter. On y parle en vrac de la Compagnie des Indes, des Naufrageurs, du Docteur Galleux, de l’abbé Uzel, d’envahisseurs, des vieux qui sont restés sur l’île, des jeunes qui en sont partis, des touristes qui vont et viennent…Un livre de caractère pour les amoureux de la Bretagne, des atmosphères insulaires et des petites histoires savoureuses…

Eric Guillaud

Insulaires – Petites histoires de Groix, de Prosperi Buri. Editions Warum. 15€