27 Oct

Gil Jourdan l’intégrale (volume 2), de Tillieux. Editions Dupuis. 24 euros.

  

Apparues dans les pages du journal Spirou en 1956 et reprises en album à partir de 1959, les aventures de Gil Jourdan imposent très rapidement Maurice Tillieux comme l’un des maîtres de la bande dessinée franco-belge. Celui-ci animera la destinée du personnage jusqu’à sa mort accidentelle, en 1978. Déjà réunies dans une version intégrale baptisée Tout Gil Jourdan, publiée entre 1985 et 1987, les aventures du détective sont aujourd’hui réunies dans une nouvelle intégrale dont le second volume vient tout juste de paraître. Au sommaire, quatre récits publiés au début des années 60, L’Enfer de Xique-Xique, Surboum pour 4 roues, Les Moines rouges, Les 3 taches, et une histoire courte intitulée La Poursuite. En ouverture, un dossier très complet revient sur le contexte de création avec de nombreuses illustrations inédites, recherches graphiques, indications de couleurs… Un grand classique et une belle intégrale. E.G.

Yoko Tsuno, Marzi, Pandora Box… Une petite sélection d’intégrales indispensables !

   

Et de huit ! L’intégrale des aventures de Yoko Tsuno arrive à son terme avec cet ultime album réunissant trois titres qui s’articulent autour d’un thème central cher à l’auteur : l’avion. Il s’agit de Message pour l’éternité, Le canon de Kra et Le Septième code. Comme dans les volumes précédents et, d’une manière générale, comme dans toutes les intégrales Dupuis, ce huitième volume propose en ouverture un cahier, ici rédigé par l’auteur lui-même, qui revient sur le contexte de création. Roger Leloup y présente avec force détails et anecdotes ce qu’il présente comme de « …merveilleuses machines, du passé, du présent, ou du futur, qui nous portent, par-dessus l’immensité nuageuse, vers le rêve sans cesse renouvelé. » On y retrouve notamment le fameux Colibri présent dans Le Canon de Kra. De nombreux croquis, illustrations, maquettes, projets de couverture, photographies accompagnent les explications de l’auteur.

   

   L‘orgueil, La Paresse, La Gourmandise, La Luxure, L’Avarice, L’Envie et La Colère sont les titres des sept premiers albums de la série Pandora Box qui revisitent le mythe de la boîte de Pandore à la lumière des avancées technologiques d’aujourd’hui. Lancée en janvier 2005, la série se termine en mars 2006 par un huitième album intitulé L’Espérance et proposant une réponse à la question de chacun des volets de Pandora Box : l’homme est-il capable de prendre en main son destin ? Ces huit albums au final, réalisés en un peu plus d’un an par une équipe composée d’un scénariste, Alcante, et de sept dessinateurs, dont Pagot, Radovanovic, Henriet, Damour ou Pignault, sont aujourd’hui réédités en intégrales dans un format roman graphique. L’occasion de se replonger dans ce récit d’anticipation hors du commun  où l’on parle de vache folle, d’armes bactériologiques, d’intelligence artificielle, de clonage…

  

Marzi… Cette série des éditions Dupuis a eu une destinée peu commune. Publiée depuis 2005 dans une édition classique, grand public, elle ne semble pas trouver son public et végète jusqu’au jour où la maison d’édition a la lumineuse idée de la publier, en parallèle, dans un volumineux format roman graphique de 264 pages. Le premier volet sort en 2008 et réunit les trois premiers albums. Les couleurs ont laissé place à une bichromie grise et rouge, les pages ont été remontées avec quatre cases maximum sur chacune d’elles, des dessins ont été ajoutés et hop, comme par magie, Marzi devient une toute autre bande dessinée qui intrigue et surprend. Et c’est véritablement l’engouement au sein de la presse, du public et des festivals.  Le second volet, publié fin octobre, reste bien évidemment calqué sur le même principe avec la réédition des tomes 4 et 5 accompagnés d’un cahier documentaire intitulé Journal d’un voyage et racontant le retour de la scénariste Marzena Sowa en Pologne, 20 ans après son enfance et la chute du mur. Un récit vraiment passionnant dans la lignée du Persepolis de Marjane Satrapi (éd. L’Association) ou du Photographe d’Emmanuel Guibert et Daniel Lefèvre (éd. Dupuis). Le tome 5 de l’édition grand public, intitulé Pas de liberté sans solidarité, est également sorti au début du mois d’octobre. E.G.

  

Dans le détail :

Menaces pour la Terre, Yoko Tsuno (intégrale 8), de Leloup. Editions Dupuis. 18 euros.

Pandora Box (Intégrales 1 et 2), Collectif. Editions Dupuis. 18 euros le volume.

Marzi… 1989  (Intégrale 2), de Sowa et Savoia. Editions Dupuis. 25 euros.

Pas de liberté sans solidarité, Marzi (tome 5), de Savoia et Sowa. Editions Dupuis. 10,40 euros.

02 Oct

Dieu en personne, de Marc-Antoine Mathieu. Editions Delcourt. 14,95 euros.

   

Nom : Dieu. Prénom : Dieu. Le fonctionnaire d’état n’en saura pas plus. L’homme qui est devant son bureau n’a ni numéro de matricule, ni inscription au service de sécurité, ni référence de traçabilité, ni domicile, ni papiers d’identité. Simplement une identité : Dieu. Et une existence réelle, révélée au grand jour et au beau milieu d’une foule qui n’en croit pas ses oreilles et ses yeux. Dieu, en personne, a rejoint les hommes, ces pauvres mortels. Et très vite, Dieu devient une star. Une superstar. Un phénomène médiatique, une opportunité commerciale, un monstre de foire aux facultés cérébrales infinies, capable de calculer instantanément le nombre de molécules flottant dans une pièce, capable aussi « d’inverser l’évolution irréversible associée à la croissance de l’entropie, et ceci en manipulant chaque molécule individuelle ». Bon, comprenne qui pourra ! En attendant, Dieu, qui se dit à l’origine de tout, se retrouve inculpé et traîné devant la justice, non pas la justice divine mais celle des hommes. Un  »coupable universel » idéal qui devra répondre de nombreux chefs d’inculpation…

Profondément influencée par Kafka, Borges, Terry Gilliam ou encore David Lynch, l’oeuvre de Marc-Antoine Mathieu est à la fois surprenante, déroutante, excitante, forte et en tous cas absolument unique dans l’histoire du Neuvième art. Tout a commencé en 1987 avec l’album Paris-Mâcon, suivi des aventures de Julius Corentin Acquefacques (5 albums parus chez Delcourt), une série qui joue avec les codes de la bande dessinée et le révèle au grand public. Plus tard viendront les one-shot Le Dessin, Mémoire morte (éd. Delcourt) ou encore Les Sous-sols du révolu (éd. Futuropolis) et finalement aujourd’hui Dieu en personne, 120 pages de bonheur graphique et narratif dans lesquelles l’auteur s’empare d’un sujet pour le moins sérieux et le traite façon comédie intelligente, une farce qui prête à réfléchir sur notre monde, notre vision des choses et pas seulement de la religion. Dans l’organe officiel des éditions Delcourt, Planète 49, l’auteur confie : « J’avais envie de réaliser une fresque de l’état actuel de la pensée humaine en me posant une question : que se passerait-il si Dieu débarquait en chair et en os dans le monde d’aujourd’hui? Je voulais que ce soit drôle, parfois grotesque. Il s’agit avant tout d’une farce. Et comme toutes les farces, quand elles sont bien faites, il y a des questionnements qui vont plus loin que le rire » E.G.

Souvenirs de films, collectif. Editions Le Lombard. 29 euros.

    

Le Péril jeune, Sept ans de réflexion, Les Temps modernes, Lost in translation, Danse avec les loups, Easy rider, Il était une fois dans l’ouest, Mort à Venise, Retour vers le futur, Brazil, Les Tontons flingueurs, West side story… Chacun de ces films a marqué le septième art et laissé des souvenirs impérissables, voire révélé une fibre artistique, à nombre de spectacteurs. C’est tout au moins le cas pour Rabaté, Pinelli, Cosey, Blanc-Dumont, Boucq, Dany, Gibrat, Lepage, Servais, Taduc, Hermann, le Rouennais Vatine, Monge et quelques autres encore qui ont en commun le métier d’auteur de bande dessinée et la passion du cinéma. Dans les pages de ce beau livre, paru au Lombard, plus de cinquante auteurs ont ainsi été invités à livrer leurs souvenirs autour du film qui a compté pour eux ou provoqué quelque chose dans leur vie et à en revisiter à leur manière l’affiche. En plus de cent pages, Souvenirs de films établit une belle passerelle entre le septième et le neuvième art. Un beau cadeau pour tous les passionnés de bande dessinée ou de cinéma ! E.G.