» Quand j’ai découvert les albums de Jean-Claude dans les années 1980, j’ai trouvé qu’ils correspondaient à ce que j’avais envie de lire mais aussi à ce que j’avais envie de faire en bande dessinée. J’appréciais son humour léger et sa manière élégante de mettre en scène les tiraillements de ses personnages. Ses histoires m’évoquaient certains scénarios de Woody Allen ou de Frank Capra… ». Comme Charles Berberian, auteur de ces quelques mots pour le moins élogieux, nombreux sont les auteurs de bande dessinée à considérer Jean-Claude Denis comme un grand et influent membre de la famille du Neuvième art. Depuis 1979 et son premier album, Cours tout nu (éd. Futuropolis), Jean-Claude Denis construit un univers intimiste qui interdit le spectaculaire pour mieux s’intéresser au quotidien, aux gens, avec toujours une approche psychologique. » Dans mes histoires… », confie-t-il, « j’essaie de parler de tout ce que les gens semblent ne pas remarquer. C’est ce que j’aime dans la littérature : les petits détails qui paraissent anodins mais qui réveilllent quelque chose en moi… ». Pour autant, Jean-Claude Denis se méfie des histoires réalistes. « J’ai toujours peur qu’elles finissent par ressembler aux séries télé qui ont toujours été, selon moi, le modèle de ce qu’il ne faut pas faire. Elles sont très efficaces mais elles ne font que récupérer la vraie vie. J’ai besoin que l’on m’entraîne ailleurs : j’aime garder mes distances par rapport à la réalité ». Attiré par les gens, le quotidien, méfiant envers la réalité… c’est dans ce tiraillement que Jean-Claude Denis a trouvé son équilibre, ses marques. Et s’il a peu de chance de ressembler à ces fameuses séries télé, son tout dernier album Tous à Matha parle d’une époque bien réelle quoique révolue, la France d’avant Mai 1968, et d’une jeunesse qui rêve de liberté, d’amour, de musique… et qui est chaque jour confronté aux innombrables blocages familiaux, religieux ou sociaux. Tous à Matha raconte l’histoire d’une bande de potes qui arrivent malgré tout, malgré les parents, malgré les interdictions de toutes sortes, à se retrouver sur l’île d’Oléron pour partager le temps d’un été un de ces grands moments de la vie : l’adolescence. Comme ses albums précédents, Tous à Matha est un album qui se dévoile au fil des lectures. Alors, bonnes lectures ! E.G.
01 Mai