09 Juin

Ma Jambe de plastique, Commandant Achab (tome 2) de Stéphane Piatzszek et Stéphane Douay. Editions Quadrants. 14,30 euros.

Ce matin là, le commandant Achab a le visage d’un cadavre. Normal, me direz-vous, pour quelqu’un qui vient tout juste de quitter l’hôpital et sa superbe vue plongeante sur le cimetière voisin. Certains y auraient vu un mauvais présage. Achab, non ! Peut-être est-il vraiment immortel, comme il se plait à l’affirmer à ses collègues. En attendant de le vérifier, Achab est de retour au 36 quai des Orfèvres. Et cette fois, c’est dans le milieu du showbiz qu’il va devoir enquêter. Une jeune chanteuse a été assassinée. Son nom : Suzanne Merlin, dite Tosca. Et autour d’elle et de son cadavre encore chaud planent quelques noms de stars plus ou moins éphémères, quelques noms de paparazzis aussi plus ou moins sympatiques, que du beau linge en somme baigné dans un univers de strass et de paillettes, de haines et de faux semblants. L’affaire s’annonce compliquée mais Achab a de sérieux atouts, de l’expérience et une certaine ténacité…
Après un premier volet remarqué à Angoulême 2010, Stéphane Piatzszek et Stéphane Douay continuent de mettre en place l’univers de cette nouvelle série policière qui a pour héros un vieux flic atypique, unijambiste, ronchon et gros fumeur de pétards. Sur un scénario somme toute assez classique, Stéphane Piatzszek propose une mise en scène rythmée, des dialogues finement ciselés et des personnages aux caractères trempés. Côté graphisme, le Caennais Stéphane Douay nous offre une nouvelle facette de son talent après avoir illustré la série de science fiction Matière fantôme parue aux éditions Dupuis. Sont trait est ici légèrement plus fluide et les atmosphères plus douces, grâce peut-être aussi aux couleurs particulièrement sobres d’Irène Häfliger. Un personnage qui ne demande qu’à prendre de la bouteille ! E.G.

Découvrez l’interview du dessinateur Stéphane Douay ici-même !

06 Juin

Bill Baroud, Aimé Lacapelle, Mammouth et Piston, Franck Margerin présente… Fluide Glacial lance la collection Série Or !

  

  

    

   

  

     

  

Radada, la méchante sorcière de Gaudelette, Mammouth et Piston, de Coyote, Frank Margerin présente, de Margerin, Y a d’la poisse, d’Edika, Aimé Lacapelle, de Ferri et Bill Baroud, de Larcenet… les éditions Fluide glacial ont mis les petits plats dans les grands en cette veille de grande transhumance pour nous offrir l’essentiel de l’humour fluidesque en cinq intégrales réunissant chacune trois ou quatre albums. L’occasion rêvée de retrouver quelques-uns de nos héros favoris comme ce cher Aimé Lacapelle, un gars de la terre, un vrai, un agriculteur un peu spécial, membre du BIT, Bureau d’Investigation du Tarn, et à ce titre au courant de tout ce qui se passe dans le petit monde agricole. Un personnage incroyable, imaginé par Ferri, un gars qui a de l’humour, et un poète rural aussi, comme le signale son éditeur, qui a scénarisé par la suite l’excellente série Retour à la terre sur des dessins de Larcenet. Et si vous n’aimez pas la campagne, si vous êtes plutôt du genre urbain, tendance polar, alors vous aimerez les aventures complètes de Bill Baroud, héros franchement petit et nerveux, intrépide et tenace, qui n’a de cesse de vouloir sauver l’humanité du mal. Une véritable obsession qui vous fera mourir de rire… E.G.

Dans le détail :

Radada, la méchante sorcière de Gaudelette. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Mammouth et Piston, de Coyote. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Frank Margerin présente, de Margerin. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Y a d’la poisse, d’Edika. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Aimé Lacapelle, de Ferri. Editions Fluide glacial. 14 euros.

Bill Baroud, de Larcenet. Editions Fluide glacial. 14 euros.

05 Juin

Fahrenheit 451, de Ray Bradbury et Tim Hamilton. Editions Casterman. 16 euros.

C’est sans conteste un des grands chefs-d’oeuvre de la science fiction ! Son titre : Fahrenheit 451. Son auteur, Ray Bradbury. Publié en 1953 aux Etats-Unis, deux ans plus tard en France, Fahrenheit 451 est adapté au cinéma par François Truffaut en 1966. Aujourd’hui le célèbre roman devient une BD, publiée par Casterman, dessinée par Tim Hamilton, validée et préfacée par Ray Bradbury lui-même. Et la puissance du roman est intacte tout au long des 160 pages que proposent cette adaptation. Le graphisme et le découpage de Tim Hamilton font sensation et rappellent à certains une autre oeuvre majeure : The watchmen. Un récit captivant, effrayant aussi, dans un monde futuriste où la littérature a été définitivement bannie et les pompiers transformés en pyromanes, chargés de mettre le feu aux derniers livres qui peuvent encore traîner… E.G.

29 Mai

Ca n’arrive qu’à moi ! (livre premier), de Didier Tronchet. Editions Futuropolis. 16 euros.

Elle s’appelle Prunelle… et voudrait sauver la planète. Pour cela, elle prend des douches plutôt que des bains, trie toujours ses déchets, écrit au dos des photocopies ratées, choisit les oeufs de poules élevées en plein air, achète du liquide vaisselle qui respecte la nappe phréatique, préfère le vélo au 4X4… Avec un peu de chance, elle devrait y arriver ! Côté défauts, personne n’est parfait, Prunelle mélange les expressions. Ce qui peut donner : tomber comme un cheval dans la soupe !!! Ca ne s’invente pas… Elle est aussi une gaffeuse de premier ordre et se fait souvent remarquer pour son sens de la répartie… à peu près nul ! Mais Prunelle a un projet, un grand projet : ouvrir un cabinet de naturopathie. Encore faut-il qu’elle parvienne à expliquer ce dont il s’agit à son banquier et aux éventuels clients…

Didier Tronchet, le papa de Raymond Calbuth (éd. Glénat),  de Jean-Claude Thergal (éd. Fluide glacial), de Là-bas (éd. Dupuis), ou encore de La Gueule du loup (éd. Futuropolis) est de retour avec une comédie sociale totalement décapante qui raconte le quotidien de cette jeune femme pas comme les autres… quoique… ! Enchaînement de situations pour le moins cocasses, dialogues savoureux et drôles, personnages attendrissants, dessin inimitable, mise en scène théâtrale avec une touche de burlesque façon Le Père Noël est une ordure… et voilà notre Tronchet national regonflé à bloc. Vivement la suite ! E.G.

25 Mai

La Parenthèse, d’Elodie Durand. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Il faut bien le reconnaître, face à la quantité pléthorique de nouveautés chaque année, peu de titres finalement nous interpellent instantanément et nous marquent durablement. La Parenthèse, album paru aux éditions Delcourt  dans la collection Encrages, fait pourtant bien partie de ce club très fermé dans lequel on compte des gens comme Davodeau, Baru, Guibert, Delisle et quelques autres qui savent parler de la vie, la vraie, avec une simplicité et une évidence qui ne s’apprennent pas à l’école. La Parenthèse, donc, est un miracle, un cadeau de Noël en plein mois de mai, un petit bijou d’écriture et de mise en images. Même si le thème abordé dans ses 224 pages n’a rien de drôle. Pas même de léger ! Elodie Durand, son auteur, y aborde en effet une partie de sa vie, une parenthèse particulièrement douloureuse qui a bien failli lui coûter la vie. A l’époque, Elodie a une vingtaine d’années et la vie devant elle. Enfin, théoriquement ! Depuis peu, Elodie perd la mémoire et multiplie les crises d’épilepsie. De scanner en IRM, les médecins finissent par déceler une petite tumeur cérébrale. C’est cette vie là qu’elle raconte, l’arrivée de la maladie, l’effacement des souvenirs, le monde médical et hospitalier, l’entourage de ses proches, de sa mère et de son père, la vie qui bascule, qui continue… et qui finalement reprend. « Ce projet est né… », précise Elodie, « d’une nécessité, d’un besoin, d’un désir très fort de rassembler des souvenirs confus, d’éclaircir un passé douloureux mais aussi incroyable. Puis, plus tard, c’est l’envie de partager, de témoigner, et de bâtir ce récit qui m’a animée. Je voulais que ces souvenirs deviennent autre chose. J’ai attendu d’avoir suffisamment de recul par rapport au sujet pour me lancer réellement dans son élaboration, ce qui explique le temps qui s’est écoulé entre mes toutes premières recherches et le moment de sa réalisation ». Grâce à son écriture particulièrement douce, à des pages en noir et blanc au graphisme alternant traits légers et torturés, Elodie parvient à happer littéralement le lecteur, à lui faire partager, lui expliquer sa maladie sans le mettre en situation de voyeur, avec « peut-être une volonté informative, mais pas du tout  didactique, ludique parfois parce que certains passages sont durs, éprouvants. Je ne souhaitais pas donner un ton larmoyant à ce récit. Il y a beaucoup d’humour dans cette histoire. ! Je raconte les scènes médicales le plus simplement possible, sans commentaire ». Un témoignage poignant et un bel album ! E.G.

Sous la bannière étoilée, de Novgorodoff, Percy et Ponsoldt. Editions Casterman. 15 euros.

Ils s’appellent Josh, Cody et Gordon. Trois jeunes américains comme les autres. Qui mènent une vie comme les autres. Dans une petite ville comme les autres. Du moins en apparence ! Car ici, la plupart des hommes sont des soldats de l’armée américaine et sont présentement partis combattre en Irak. Pendant leur absence, la vie s’organise, se réorganise. Et pas toujours comme certains le souhaiteraient. Histoire de tromper l’ennui, histoire aussi de ne pas penser au pire, les trois copains se retrouvent régulièrement à la sortie des cours pour une séance de castagne…

Adapté d’une nouvelle de Benjamin Percy, considéré comme l’un des meilleurs jeunes écrivains américains, Sous la bannière étoilée aborde la guerre en Irak sous un angle singulier, celui des enfants restés au pays et confrontés chaque jour à la peur d’une mauvaise nouvelle. C’est James Ponsoldt qui signe le scénario de cette adaptation et Danica Novgorodoff, la mise en images. Un portrait sans concession des Etats-Unis et de ces ados qui n’ont que la guerre comme ligne de mire et parfois que l’armée comme avenir. Une adaptation pour le cinéma serait actuellement en préparation ! E.G.

Sarah Cole, une histoire d’amour d’un certain type, de Grégory Mardon, d’après une nouvelle de Russell Banks. Editions Futuropolis. 17 euros.

 C’est une histoire d’amour ! Une histoire d’amour d’un certain type, comme le souligne le titre de l’album. Une histoire d’amour qui n’en est pas une, en fait. D’un côté, Paul, beau gosse qui a réussi dans la vie, du moins professionnellement. Il est avocat, riche et tout juste divorcé. De l’autre, Sarah, elle aussi divorcée, trois enfants, un visage ingrat, un corps déformé par les bourrelets de graisse et un boulot de manutentionnaire dans une imprimerie. Elle met en carton les guides TV ! En temps normal, la vie aurait fait en sorte que ces deux là ne se rencontrent jamais. Mais un soir de désoeuvrement, Sarah et Paul se croisent dans un bar et entament la discussion. Sarah est sous le charme. Paul semble lui aussi séduit. Au fil des jours, la relation devient de plus en plus amoureuse… du moins en apparence !

Grégory Mardon, auteur précédemment de Vague à l’âme (Humanoïdes Associés), Cycloman (Cornélius), Corps à corps, Incognito, Leçon de choses (Dupuis) ou encore Le Fils de l’ogre (Futuropolis), a choisi cette fois d’adapter une nouvelle signée par l’un des auteurs majeurs de la littérature américaine, Russel Banks. Et le résultat est saisissant, Grégory Mardon parvenant à nous mettre mal à l’aise face à cette histoire qui n’a rien d’un conte de fée, avec un Paul qui, bien qu’attiré par cette femme, ne pourra jamais le reconnaître à la face du monde, et une Sarah, qui va vite se révéler envahissante, limite insupportable. Une histoire comme on en a peut-être tous vécus un jour, entre deux amours assumés. C’est ça aussi la vie ! E.G.

20 Mai

Ananke, de Noirgaley et Madrid. Editions Delcourt. 9,95 euros.

Dans la mythologie grecque, Ananke est la personnification de la destinée, la nécessité inaltérable et la fatalité (wikipedia) ! Quand on sait ça, on se sent déjà un peu moins bête et on a une idée de ce que peut raconter cet album paru aux éditions Delcourt. Les deux scénaristes réunis sous le pseudonyme de Noirgaley et le dessinateur américain Erwin Madrid nous invitent ici à une véritable odyssée au pays de l’imaginaire en compagnie de deux personnages, une vieille femme aux doigts déformés par l’arthrose et une petite fille qui se sent souvent seule. Elles ne se connaissent pas, vont se croiser à la pêche aux bigorneaux et partager une aventure extraordinaire. Côté graphisme, Ananke est dans un style très proche du cinéma d’animation contemporain. Il faut dire qu’Erwin Madrid est issu du monde du jeu vidéo et du cinéma d’animation. Un album jeunesse pour les amoureux de contes fantastiques et de voyages initiatiques ! E.G.

19 Mai

Panique en Atlantique, Le Spirou de Parme et Trondheim. Editions Dupuis. 13,50 euros.

Restructuration au Moustic Hôtel ! Spirou est expédié comme groom sur le Roi des mers, un paquebot de luxe qui doit appareiller pour une croisière dans les Caraïbes… Et comme par hasard, à bord de ce fameux paquebot, Spirou retrouve son acolyte Fantasio, qui joue les paparazzi, et le comte de Champignac. Ce dernier a été engagé pour mener des recherches sur une innovation révolutionnaire. Enfin presque ! Il s’agit d’un système de champ de force qui s’active au moindre risque de choc, bien utile pour passer à travers les icebergs, mais qui n’a pourtant pas empêché la compagnie maritime de perdre un de ses navires. Loin d’être au point, le champ de force semblerait en fait, une fois activé, provoquer le naufrage. Un détail, me direz-vous, mais un détail qui provoque la panique à bord…

La Croisière délire ! Après Yoann et Vehlmann (Les Géants pétrifiés), Frank Le Gall (Les Marais du temps), Tarrin et Yann (Le Tombeau des Champignac), Emile Bravo (Le Journal d’un ingénu), Schwartz et Yann (Le Groom vert-de-gris),  Fabrice Parme et Lewis Trondheim partent à l’assaut de la mythique série en signant une aventure totalement survitaminée, burlesque, déjantée, le tout dans une ambiance rétro qui rappelle les albums des années 50 et avec le coup de pinceau singulier et reconnaissable parmi tous de Fabrice Parme. Un album à savourer de bout en bout, en commençant par la somptueuse couverture ! E.G.

18 Mai

Largo Winch 20ème anniversaire (diptyques 1 à 4), de Jean Van Hamme et Philippe Francq. Editions Dupuis. 22 euros le volume.

Que faisiez-vous il y a vingt ans ? Peut-être veniez-vous d’acheter le premier volet d’une nouvelle série signée Francq et Van Hamme, intitulée Largo Winch. Peut-être alliez-vous l’ouvrir, le lire et tomber définitivement sous le charme du nouveau personnage mis en scène ici, un aventurier pas comme les autres qui allait devenir le plus gros milliardaire de la planète BD en héritant d’un immense empire financier : le groupe W. Des moments comme ceux-ci ne s’oublient pas. Impossible ! C’est comme découvrir un secret de famille enfoui depuis des lustres. Ou avoir la révélation de sa vie : oui, la bande dessinée franco-belge pouvait ressembler à ça ! Un mélange d’action, d’aventure, de glamour, d’intrigues politico-financières… Un bonheur ! Vingt ans et seize albums plus tard, la série est devenue un phénomène d’édition avec des tirages dignes des meilleurs best-sellers, une adaptation télé et une adaptation au cinéma de Jérôme Salle avec Tomer Sisley et Kristin Scott Thomas dans les rôles principaux. Bref, Largo Winch est aujourd’hui une pièce maîtresse du patrimoine culturel, pas seulement BD, une pièce maîtresse qui vaut de l’or ! Justement, à l’occasion de son vingtième anniversaire, les éditions Dupuis offrent au public un magnifique cadeau, une réédition des aventures de Largo en huit diptyques, en tirage limité et dans une luxueuse édition Gold qu’on pourra ranger à terme dans une malette, tels de précieux lingots d’or. Cerise sur le gateau, chaque diptyque propose un dossier autour de la genèse et de la conception de cette série culte. Les deux premiers volumes sont sortis fin janvier, le troisième, en mars, et le quatrième vient de paraître. Somptueux ! E.G.