14 Oct

Les Gens honnêtes (tome 2), de Durieux et Gibrat. Editions Dupuis. 14,50 euros.

Couv_114986Souvenez-vous du premier album ! Le jour de son anniversaire, Philippe Manche apprenait qu’il était viré de son boulot. Viré, comme ça, du jour au lendemain, après 27 ans de bons et loyaux services. Et puis, ce fut la dégringolade : alcool, divorce, endettement, saisie judiciaire… Un grand classique ! Mais dans son malheur, Philippe a pu bénéficier du soutien sans faille de certains amis et de ses enfants, notamment de sa fille qui lui a offert un merveilleux petit fils. Peu à peu, l’envie de se battre, de vivre tout simplement, est revenue. La chance aussi ! Bien que toujours porté sur la bouteille, Philippe va avoir une idée qui va changer sa vie. Une idée de génie : ouvrir un salon de coiffure dans un TGV. Et ça marche. Très fort même au point d’être invité à la télévision pour en parler… au point aussi de retrouver une seconde jeunesse !

Le titre du diptyque annonce la couleur. Les Gens honnêtes parle de gens comme vous et moi, de gens simples qui font comme ils peuvent face à la vie et à ses aléas. Et c’est un petit bonheur que de suivre le parcours du personnage principal, Philippe Manche, un Français moyen qui va sombrer totalement à l’annonce de son licenciement avant de finalement rebondir. Si le fond de l’histoire est dur, le ton général est particulièrement léger, sensible, humaniste et drôle. Les Gens honnêtes relève d’un savant mélange. On peut y retrouver un peu de Baru (L’Autoroute du soleil, Les années Spoutnik, L’Enragé…), un peu de Jean-Claude Denis aussi (Luc Leroi, Quelques mois à l’Amélie, Tous à Matha! …), beaucoup bien évidemment de Gibrat, auteur qui s’est fait remarquer avec La Parisienne (Dargaud), Mattéo (Futuropolis), Marée basse (Dargaud), Le Sursis ou encore Le Vol du corbeau (Dupuis) et beaucoup enfin de Durieux, dont on appréciera le trait joyeux, l’atmosphère générale chaleureuse. Une histoire qui se lit le sourire aux lèvres. Coup de coeur assuré !

Eric Guillaud

10 Oct

Kraa, La Vallée perdue, de Sokal. Editions Casterman. 18 euros.

Benoît Sokal ! Ce nom ne peut vous être inconnu Depuis plus de trente ans, l’homme anime les aventures du célèbre Canardo, un canard détective privé totalement cynique et désabusé qui parvient quand même à résoudre des énigmes plus ou moins tordues. Plus de trente ans d’aventures donc et au bout du compte (provisoire) dix-neuf albums pour cette série noire et anthropomorphique ! Mais Benoît Sokal a une autre corde à son arc. Une corde plus réaliste. Dès 1988, il écrit Sanguine, récit qui se déroule pendant la guerre de Trente ans. Puis ce sera Le Vieil homme qui n’écrivait plus (1996) avant de s’engager dans le jeu vidéo avec L’Amerzone, Syberia et Paradise qui connaîtront un prolongement en album. Aujourd’hui, l’auteur a souhaité revenir pleinement à la bande dessinée avec une grande aventure qui nous entraîne dans une vallée perdue quelque part dans le Grand nord, aux frontières du monde arctique. Une vallée perdue où vivent quand même quelques Indiens et des animaux sauvages. Et parmi ces derniers, un aigle, magistral, qui vient de quitter son nid prêt à découvrir la vie… et les hommes. Et notamment ces hommes cupides qui veulent construire un barrage et noyer la vallée pour exploiter les matières premières, or, diamant, pétrole ou gaz, qui regorgent dans la région. Un Eldorado pour certains, un enfer bientôt pour les autres ! A moins que Yuma, un jeune Indien, et Kraa, l’aigle, n’en décident autrement…

Dans cet album, Benoît Sokal nous conte une très belle histoire où, finalement, la nature serait plus forte que la cupidité des hommes, une histoire qu’on pourrait qualifier d’écologique ou plus exactement d’histoire au grand air. « Je ne suis pas du tout théoricien de l’écologie, mais j’ai la nostalgie des histoires de nature, de grands espaces. C’est un vrai goût chez moi. Il me faut de l’air ! Je ne suis pas certain qu’il s’agisse vraiment d’une sensibilité écologiste, car je trouve souvent les messages écolos un peu lourds et frelatés. Mon attrait pour la nature et l’aventure relève plutôt de la recherche d’un paradis originel, de la quête d’une part d’enfance ». Le trait réaliste est magnifique, le découpage efficace, les dialogues précis, les couleurs appropriées à ce décor qui peut évoquer l’Alaska ou la Colombie-Britannique… bref Kraa est un petit chef d’oeuvre de 96 pages à découvrir au plus vite. Une véritable bouffée d’air pur ! E.G.

07 Oct

Notre Mère la guerre (première et deuxième complainte), de Kris et Maël. Editions Futuropolis. 16 euros.

    

  

   

    

    

  

  

  

    

    

Les tranchées, la boue, les gaz, les combats sans pitié, les morts par milliers pour gagner quelques mètres seulement, l’odeur des cadavres, la pluie, le froid, les rats… la guerre est suffisamment horrible pour ne pas en rajouter. Pourtant, en janvier 1915, quelque part sur le front en Champagne, un meurtrier s’est glissé au milieu des soldats et tue des femmes. Trois femmes pour être exact dont les corps ont été à chaque fois retrouvés dans les tranchées, une lettre d’adieu sur elles, une lettre d’adieu signée par leur propre meurtrier. Saleté de guerre ! Et saleté de déséquilibré qui ose s’attaquer à l’ultime rempart de l’humanité, à celles qui continuent de donner la vie pendant que le monde s’acharne à répandre la mort ! Pour Roland Vialatte, lieutenant de gendarmerie chargé de mener l’enquête, l’affaire ne s’annonce franchement pas sous les meilleures auspices. Militaire sans être soldat, l’homme va tout d’abord devoir affronter la réalité des tranchées et des poilus…

Un drame humain au milieu d’une tragédie planétaire ! Voilà ce que nous racontent le scénariste Kris et le dessinateur Maël dans Notre Mère la guerre. Un récit qui aborde 14-18 sous un angle très singulier. « Quoi de plus humain que la guerre ? », s’interroge Kris, « En tant qu’auteur, la guerre en général m’intéresse,  non par fascination morbide ou esprit guerrier, mais parce qu’elle est malheureusement quelque chose qui définit l’homme, aussi bien que l’amour ou le rire… Ou l’utopie et la révolte. Et tout ce qui m’intéresse dans l’écriture, c’est pétrir de la pâte humaine et voir ce que je peux en ressortir ». Et ce qu’il en ressort, c’est une histoire très puissante, très prenante, où il s’interroge sur l’humanité de la guerre, bien sûr, mais aussi sur l’humanité des hommes. Contrairement à Tardi, l’auteur ne part pas du postulat que tous les poilus étaient les « victimes d’un système social et éducatif et surtout d’une oppression policière qui les a obligés à tenir durant quatre ans. […] C’est évidemment vrai, en partie. Néanmoins, je voulais aussi aller voir ailleurs : personne ne me fera croire que, dans de telles conditions, le vernis éducatif et social et/ou la peur du gendarme étaient suffisants pour tenir […] C’est donc qu’il y avait autre chose en eux, qu’il y a autre chose en nous qui nous rend capables de nous écharper comme des chiens enragés ». Par l’entremise du personnage principal, le lieutenant Vialatte, militant catholique, humaniste et progressiste, Kris et Maël - dont on appréciera le trait et les somptueuses ambiances en couleurs directes – plongent donc le lecteur dans l’horreur de cette première guerre des temps modernes en faisant craquer tous les vernis et en mettant à jour la réalité la plus dure, la moins acceptable. Un récit captivant prévu en trois albums ! E.G.

04 Oct

Le Labo (tome 1), de Duhoo. Editions Dupuis et Universcience. 11,50 euros.

La Station de Biologie Marine à Brest, l’Institut de Biologie Physico-Chimique à Paris, le Laboratoire de Paléobotanique, le Synchrotron, le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France ou encore l’Observatoire Astronomique du Pic du Midi, les éditions Dupuis, Universcience et l’auteur Jean-Yves Duhoo nous ouvrent les portes, grâce à cet album, des plus grands laboratoires de France. Une rencontre exceptionnelle avec le monde des scientifiques et une approche très claire, pédagogique, ludique et non sans humour « des phénomènes scientifiques complexes qui, pourtant… », comme le souligne en préambule Claudie Haigneré, « sont au coeur de nos préoccupations les plus quotidiennes ».  Premier volet d’une série, Le Labo réunit 10 reportages en bande dessinée dans des laboratoires rarement ouverts au public. 10 reportages pour comprendre d’où on vient et vers quel monde on se dirige ! E.G.

29 Sep

Marrakech, Itinéraires, de Ferrandez et Cirendini. Editions Casterman. 15 euros.

Que diriez-vous d’un petit séjour à Marrakech à la découverte des souks, des palais, des hammams, des parfums, des couleurs, des hommes… ? Soleil, repos, culture, dépaysement… Le bonheur ! Et pour vous accompagner tout au long de votre séjour, les éditions Casterman et Lonely Planet se sont asssociées pour vous concocter un guide original rédigé par un spécialiste du guide de voyage, Olivier Cirendini, et illustré par un auteur de bande dessinée, Jacques Ferrandez, bien connu pour ses récits de fiction ou ses carnets de voyage ayant pour décor l’Afrique du Nord. Avec Marrakech, mais aussi Florence sorti simultanément, et les ouvrages publiés en 2009 (New York, Bruxelles, Rome et Venise), la collection Itinéraires compte aujourd’hui six titres, chacun d’entre eux offrant un plan général, des repères historiques, quelques mots de vocabulaire pour se débrouiller en toutes circonstances et, bien entendu, plusieurs propositions d’itinéraires avec, à chaque fois, un regard historique, architectural, culturel, artistique et gastronomique surprenant et instructif ! E.G.

   

Dans le détail :

Marrakech, de Ferrandez et Cirendini. 15 euros.

Florence, de Nicolas de Crécy et Lepage. 15 euros.

28 Sep

Jerry Spring (Intégrale 1 et 2), de Jijé et Lob. Editions Dupuis. 24 euros le volume.

      

   

   

   

   

    

   

  

  

  

Un monument. Une pièce maîtresse du Neuvième art. Un chef d’oeuvre du patrimoine littéraire. Jerry Spring est né au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans les années 50, alors que le journal Spirou venait de mettre un terme au contrat qui le liait avec le héros américain Red Ryder, un cowboy lui-aussi ! Joseph Gillain, qui avait été l’homme à tout faire du journal pendant la guerre, reprenant au pied levé certaines séries de confrères enrôlés dans l’armée ou prisonniers des Allemands et imaginant de nouveaux personnages pour pallier l’arrêt des productions américaines, revenait justement d’un séjour aux Etats-Unis, de nombreuses images plein la tête. Après Blondin et Cirage, Don Bosco, Jean Valhardi, Christophe Colomb…, Jijé se lance donc dans le western avec Jerry Spring, un personnage hors du commun pour une des plus belles séries du genre qui réunira autour du dessinateur différents scénaristes et non des moindres, tels que Maurice Rosy, René Goscinny ou encore Jacques Lob…

Avec cette nouvelle intégrale, les éditions Dupuis font un très beau cadeau à tous les amoureux de Jijé, du western et plus généralement de la bande dessinée franco-belge des années 50. Chaque volume rassemblera plusieurs aventures publiées en albums ainsi qu’un cahier graphique revenant sur le contexte de création. Petit détail non négligeable : les planches reproduites ici sont en noir et blanc, comme les affectionnait tant l’auteur. L’occasion d’apprécier pleinement le trait de génie du sieur Jijé, un homme qui a quand même formé Franquin, Morris, Will ou encore Giraud. Et c’est beau, terriblement beau, incroyablement beau. A en pleurer ! Deux volumes sont d’ores et déjà parus. Le premier, sorti en août, réunit les quatre aventures Golden Creek, Yucca ranch, Lune d’argent et Trafic d’armes. Le second, sorti en septembre, réunit quant à lui La passe des Indiens, La piste du Grand Nord, Le Ranch de la malchance et Les 3 Barbus de Sonoyta. Alors, en selle pour une chevauchée fantastique dans l’Ouest américain ! E.G.

25 Sep

Salvatore (Intégrale et tome 4), de Nicolas de Crécy. Editions Dupuis. 21 et 11,50 euros.

 

   

  

   

   

    

   

  

  

  

Foligatto, Prosopopus, Le Bibendum céleste, Léon la Came… En une vingtaine d’années et une trentaine d’albums, Nicolas de Crécy a imposé sa marque et son style avec un univers particulièrement riche et reconnaissable entre tous. Ambiances surréalistes, histoires décalées, personnages aux allures grotesques, parfois effrayantes, architectures étonnantes, baroques, couleurs travaillées, graphisme brut, proche du croquis, influences picturales assumées… Nicolas de Crécy fait partie des grands de la bande dessinée franco-belge ! D’ailleurs, l’auteur a reçu nombre de prix récompensant ses albums.

En cette rentrée 2010, les éditions Dupuis publient Retour à Brest, le quatrième volet de sa série Salvatore au format habituel et en couleurs ainsi qu’une intégrale en noir et blanc reprenant les quatre premiers volumes sous le titre Le garagiste de l’amour. A vous de choisir l’édition mais dans les deux cas, sachez que Nicolas de Crécy nous invite à retrouver Amandine la cochonne dans son périple parisien à la recherche de son porcelet disparu et Salvatore le fameux garagiste prêt à tout pour retrouver son amoureuse qui vit en Amérique du sud, la belle Julie, prêt à tout y compris à braver l’océan. Alors, direction Brest et vogue le navire ! Enfin presque… E.G.

24 Sep

Alain Prost, Dossier Michel Vaillant. Editions Dupuis. 19 euros.

Avec la réédition du livre 60 voitures des années 60, réunissant les meilleures chroniques de Starter (lire la chronique de l’album ici!), puis la réédition des treize premières aventures de Michel Vaillant, et enfin la sortie du douzième Dossier Michel Vaillant consacré à Alain Prost, les éditions Dupuis font une rentrée pied au plancher. Alain Prost donc, l’un des plus mythiques pilotes de Formule 1, rejoint Ayrton Senna, Jacky Ickx, Gilles Villeneuve ou encore Enzo Ferrari au sommaire de ces fameux dossiers portant la griffe de Michel vaillant et ayant pour vocation de raconter l’histoire vraie de figures emblématiques de l’univers de l’automobile. Juste retour des choses pour Alain Prost qui doit sa vocation sportive à la lecture des aventures du fameux héros de papier, créé en 1957 par Jean Graton ! Lionel Froissart, journaliste à Libération, grand spécialiste de la F1, et Philippe Graton, fils du créateur de Michel Vaillant, ont débusqué quelques documents photographiques rares et réalisé avec les studios Graton une vingtaine de planches BD afin d’illustrer la carrière du premier champion du monde de F1 français, depuis ses débuts en karting jusqu’à la fin de l’aventure Prost Grand Prix. En bonus, la galerie de toutes les voitures pilotées par Alain Prost ! E.G.

23 Sep

60 voitures des années 60, de Jidéhem. Editions Dupuis. 35 euros.

Facel-Vega Facellia, Jaguar type E, Chevrolet Corvair Monza, Porsche GP, Alpha Romeo 2600 Spider, Ford Mustang, Ferrari 250 GT, Daimler SP 250,  mais aussi Fiat 500, Citroën Ami 6 ou encore Renault 4, toutes les voitures qui ont marqué les années 60 sont réunies dans ce très beau livre paru chez Dupuis. A l’origine, Jacques Wauters, alias Starter, et ses chroniques qui chaque semaine dans les années 60 donnaient rendez-vous aux lecteurs de Spirou pour un tour d’horizon des dernières nouveautés de l’industrie automobile. Bolides incroyables, voitures de luxe, modèles innovants ou voitures de monsieur tout-le-monde, Starter testait et donnait son appréciation – très technique – au retour. Exemple avec cette chronique consacrée à la MGB : « Un couple canon de 14,7 mkg obtenu dès les 3500 tours explique le punch et l’étonnante souplesse de la voiture. Sur route, on reste pratiquement toujours en quatrième vitesse et le moteur reprend vigoureusement son élan, même à 2000 tr/min… ». Bref, Starter avait beau s’adresser aux enfants, il n’en montrait pas moins l’acuité d’un spécialiste, qu’il était d’ailleurs. Avec Jidehem au dessin, les chroniques de Starter vont alimenter les rêves les plus fous des enfants pendant des années, de 1957 à 1975 pour être précis, et peut-être aussi provoquer des vocations dans le domaine. Aujourd’hui, ce livre nous offre un fantastique panorama des voitures des années 60 et, par certains côtés, le témoignage d’une société résolue, qui ne connaissait pas encore la crise, où l’automobile était vraiment reine, les radars comme les limitations de vitesse inconnus et le pétrole relativement bon marché. En bonus, deux contes signés Jidehem et quelques pages sur les voitures présentes dans les récits des auteurs de Marcinelle. En voiture Simone… E.G.

Fais péter les basses Bruno!, de Baru. Editions Futuropolis. 20 euros.

Un livre d’Hervé Barulea, alias Baru, ça ne se lit pas comme ça entre deux portes, dans une salle d’attente ou sur le coin d’une table le midi en grignotant. Non, un livre de Baru, ça vous emporte, ça vous kidnappe et donc ça se savoure, ça se mérite même ! Ce n’est pas pour rien si l’auteur a reçu en janvier dernier le Grand prix du festival d’Angoulême consacrant une oeuvre pas franchement conséquente mais à l’évidence riche, novatrice et engagée. Quéquette blues,  La Piscine de Micheville, Cours camarade!, Le Chemin de l’Amérique, L’Autoroute du soleil, Bonne année, l’extraordinaire diptyque intitulé L’enragé ou encore Pauvres zhéros et Noir, Baru nous parle depuis près de trente ans de la vie quotidienne et des gens qui la font, qui la vivent, avec une acuité exemplaire, un amour de l’être humain évident.

 Fais péter les basses Bruno! parle aussi de la vie quotidienne, notamment à travers un jeune Africain arrivé en France clandestinement et prêt à tout pour devenir footballeur. Mais c’est aussi, et surtout, un polar bien noir qui met en scène quelques truands aux gueules d’atmosphère et au verbe haut, façon Lautner/ Audiard. Baru ne s’en cache d’ailleurs pas, Fais péter les basses Bruno! est plus qu’un clin d’oeil à Lautner. « L’album lui rend hommage… », confie-t-il, « un hommage discret, mais j’ai ajouté à cette référence une problématique contemporaine. Je n’ai pas pu m’empêcher de parler de la clandestinité aujourd’hui et de mettre en scène un gamin qui vient en France pour trouver un travail ». Malgré la reconnaissance et le succès, Baru reste Baru. « Je suis venu à la bande dessinée pour mettre la classe ouvrière au premier plan. Au début des années 1980, cela ne se faisait pas beaucoup. Ma démarche se situait dans le prolongement d’une activité politique à laquelle j’aspirais mais que je n’ai jamais vraiment eue. J’étais trop réfractaire aux organisations de masse et j’avais beaucoup trop de mal à seulement me satisfaire de suivre la ligne! ». Au final, Fais péter les basses Bruno! est un polar contemporain qui sent bon les années 50 avec des truands qui éparpillent façon puzzle. Grandiose ! E.G.