17 Mai

Intégrale Les Petits hommes (tomes 1 et 2), de Seron, Desprechins et Hao. Editions Dupuis. 24 euros le volume.

  

Après Spirou et Fantasio, Tif et Tondu, Yoko Tsuno, Gil Jourdan, Natacha… les éditions Dupuis lancent ce mois-ci une nouvelle intégrale consacrée cette fois aux Petits hommes, personnages emblématiques qui ont fait une très belle carrière dans les pages du journal de Spirou mais aussi en albums. C’est en 1967 que Les Petits hommes sont apparus pour la première fois, sous la plume d’Albert Desprechins et le pinceau de Seron. Réduits à une taille lilliputienne après avoir été en contact avec une étrange météorite, ces petits hommes vont devoir affronter un monde resté à taille normale et donc plein de dangers : animaux, trafiquants, dictateurs… Les deux premiers tomes, parus simultanément, réunissent les récits courts écrits entre 1967 et 1970 et jamais publiés en albums, ainsi que les histoires longues suivantes : Du Rêve en poudre, Des Petits hommes au brontoxique, Les Guerriers du passé. Comme toutes les intégrales Dupuis, celle-ci propose également en ouverture de chaque volume un dossier replaçant les aventures dans leur contexte de création avec illustrations, photographies, documents divers… E.G.

08 Mai

Essex County, de Jeff Lemire, aux éditions Futuropolis

Depuis la mort de sa mère, Lester Papineau, âgé d’une dizaine d’années, vit chez son oncle dans une ferme perdue quelque part dans l’Ontario, au Canada. Et Lester s’y ennuie à mourir. Donner à manger aux poules, aider aux champs, regarder les matchs de hockey à la télévision le soir… ce n’est vraiment pas son truc ! Alors Lester se réfugie dans les comics et s’imagine volant au secours de la veuve et de l’orphelin. Et puis un jour, Lester rencontre Jimmy Lebeuf, un gars un peu bizarre qui travaille dans une petite épicerie, pas loin de chez lui. Jimmy Lebeuf est… comment dire?… différent. Un peu lent, comme dirait l’oncle. Autrefois, Jimmy était pourtant un très bon joueur de hockey. Et puis il a reçu un mauvais coup. Un très mauvais coup. Lester et lui vont s’apprivoiser, se rapprocher. Mais l’oncle fera en sorte de rompre cette amitié naissante. Pour d’obscures raisons…

Inconnu en France, Jeff Lemire ne devrait plus le rester très longtemps ! Avec ce premier album en français paru aux éditions Futuropolis, l’auteur canadien fait en effet une entrée remarquée chez nos libraires européens avec une très belle saga familiale rurale qui mélange la réalité et la fiction. « La ville d’Essex County et ses environs sont des lieux existants où j’ai grandi, au fin fond du Canada », précise l’auteur, « La plupart des personnages sont fictifs, ou le mélange de différentes personnes que j’ai connu autrefois. Lester me ressemble plus ou moins, à cette différence que moi, je n’étais pas orphelin ». A travers la vie de Lester mais aussi de plusieurs autres personnages, Jeff Lemire dépeint le quotidien dans cette bourgade agricole du Canada et évoque les secrets de famille, les blessures qui ne se referment jamais… Inspiré par des gens comme José Munoz, Hugo Pratt, Alex Toth, Joe Kubert ou Dave McKean pour la BD, David Lynch, Stanley Kubrick, Wim Wenders, pour le cinéma, Jeff Lemire nous offre avec Essex County, initialement publié en trois albums, un récit particulièrement prenant et émouvant qui laisse en nous une empreinte indélébile. Un récit universel qui nous parle directement à nous, Français, comme il a parlé aux Canadiens et Américains qui l’ont plébicité à de nombreuses reprises. Jeff Lemire est considéré de l’autre côté de l’Atlantique comme une des étoiles montantes de la bande dessinée. Rienn d’étonnant ! EGuillaud
Essex County, de Jeff Lemire. Editions Futuropolis. 28 euros

01 Mai

Tous à Matha (première partie), de Jean-C. Denis. Editions Futuropolis. 16 euros.

 » Quand j’ai découvert les albums de Jean-Claude dans les années 1980, j’ai trouvé qu’ils correspondaient à ce que j’avais envie de lire mais aussi à ce que j’avais envie de faire en bande dessinée. J’appréciais son humour léger et sa manière élégante de mettre en scène les tiraillements de ses personnages. Ses histoires m’évoquaient certains scénarios de Woody Allen ou de Frank Capra… ». Comme Charles Berberian, auteur de ces quelques mots pour le moins élogieux, nombreux sont les auteurs de bande dessinée à considérer Jean-Claude Denis comme un grand et influent membre de la famille du Neuvième art. Depuis 1979 et son premier album, Cours tout nu (éd. Futuropolis), Jean-Claude Denis construit un univers intimiste qui interdit le spectaculaire pour mieux s’intéresser au quotidien, aux gens, avec toujours une approche psychologique.  » Dans mes histoires… », confie-t-il, « j’essaie de parler de tout ce que les gens semblent ne pas remarquer. C’est ce que j’aime dans la littérature : les petits détails qui paraissent anodins mais qui réveilllent quelque chose en moi… ». Pour autant, Jean-Claude Denis se méfie des histoires réalistes. « J’ai toujours peur qu’elles finissent par ressembler aux séries télé qui ont toujours été, selon moi, le modèle de ce qu’il ne faut pas faire. Elles sont très efficaces mais elles ne font que récupérer la vraie vie. J’ai besoin que l’on m’entraîne ailleurs : j’aime garder mes distances par rapport à la réalité ». Attiré par les gens, le quotidien, méfiant envers la réalité… c’est dans ce tiraillement que Jean-Claude Denis a trouvé son équilibre, ses marques.  Et s’il a peu de chance de ressembler à ces fameuses séries télé, son tout dernier album Tous à Matha parle d’une époque bien réelle quoique révolue, la France d’avant Mai 1968, et d’une jeunesse qui rêve de liberté, d’amour, de musique… et qui est chaque jour confronté aux innombrables blocages familiaux, religieux ou sociaux. Tous à Matha raconte l’histoire d’une bande de potes qui arrivent malgré tout, malgré les parents, malgré les interdictions de toutes sortes, à se retrouver sur l’île d’Oléron pour partager le temps d’un été un de ces grands moments de la vie : l’adolescence. Comme ses albums précédents, Tous à Matha est un album qui se dévoile au fil des lectures. Alors, bonnes lectures ! E.G.

26 Avr

Faire le mur et Nietzsche, deux albums signés Maximilien Le Roy…

Maximilien Le Roy est un jeune auteur, un très jeune auteur. 23 ans… la vie devant lui et déjà beaucoup de choses à raconter. Certains d’entre-vous connaissent peut-être ses précédents travaux, relativement confidentiels il faut l’avouer puisque publiés par un petit éditeur, La Boîte à Bulles. Il y a d’abord eu Hosni (2009), portrait d’un SDF, puis l’album collectif Gaza, Décembre 2008 – Janvier 2009 (2009) et enfin Les Chemins de traverse (2010) qui porte aussi sur le conflit israélo-palestinien. Cette année, Maximilien Le Roy fait son entrée chez les grands éditeurs avec non pas un mais deux albums simultanément sortis : Faire le mur, chez Casterman, et Nietzsche, au Lombard…

Faire le mur est un album-témoignage né d’un voyage en Palestine et d’une rencontre avec un homme, Mahmoud Abu Srour, 22 ans, qui vit là-bas – ou survit plus exactement - en tenant une petite épicerie. C’est en 2008 dans le cadre des ateliers de dessins qu’anime le centre culturel du camp de réfugiés d’Aïda que Maximilien rencontre Mahmoud. Il le retrouve un an plus tard lors d’un second voyage. Entre les deux naît une solide amitié et donc cet album qui parle du sentiment d’enfermement des Palestiniens à travers une histoire d’amour. Dans les rôles principaux, le fameux Mahmoud, une jeune étudiante française, Audrey, venue constater de ses yeux la situation dans le pays, et le mur, ce mur de la honte, cette couleuvre de béton comme l’appelle Maximilien Le  Roy, qui défigure le pays, sépare les hommes, enferme les amoureux. Justement, Mahmoud aurait bien voulu emmener Audrey chez sa soeur pour lui montrer la vie quotidienne et la séduire. Mais il y a le mur et, sans autorisation, impossible de passer. Alors Mamhoud va prendre de gros risques pour le franchir… et surtout nous inviter à le suivre pour nous montrer le quotidien, nous expliquer le ressenti de tout un peuple, nous parler de la réalité, parfois absurde come ce mur construit par les Palestiniens eux-mêmes, parfois cruelle comme ce frère emprisonné depuis 7 ans, mais aussi de ses rêves… souvent impossibles : « Explorer l’inédit, les routes pleine de rêves, et prendre un amour comme on prend le large ! Ou vendre des conserves… » . Terrible ! Inscrite dans le genre documentaire, Faire le mur est une bande dessinée passionnante qui offre un regard singulier sur le confit israélo-palestinien. A sa lecture, on pense à des auteurs comme Joe Sacco (Gaza 1956…), Guy Delisle (Chroniques birmanes…) ou Emmanuel Guibert (Le Photographe…), qui comme Maximilien Le Roy ont ce souci du réel et du témoignage. Un entretien avec Alain Gresh, journaliste, spécialiste du Proche-Orient, et un reportage photographique signé Maxence Emery complètent cet album nécessaire !

Dans un genre différent, Nietzsche, paru au Lombard, est une aventure éditoriale rare, voire inédite, en bande dessinée. Maximilien Le Roy et Michel Onfray y retracent la vie du philosophe allemand sur plus de cent vingt pages en offrant aux lecteurs une véritable initiation à sa pensée révolutionnaire. Il s’agit en fait de l’adaptation en BD de L’Innocence du Devenir, un scénario initialement conçu pour le cinéma par l’écrivain-philosophe Michel Onfray qui souhaitait « montrer qu’une relation inédite entre la philosophie et le cinéma pouvait contribuer à créer des voies nouvelles pour cet art devenu le dernier des arts… ». Finalement, c’est un auteur de BD qui va le contacter et lui proposer de mettre en images son scénario. Maximilien Le Roy s’occupera de tout, du découpage, du dessin, des couleurs… « Cette  vie de Nietzsche correspondait parfaitement à ce que je voulais faire… », écrit Maximilien, « En même temps que je lisais le script d’une traite, j’ai beaucoup crayonné, voire même élaboré des story-boards détaillés, sans but particulier au départ. Au bout de deux jours, je me suis rendu compte que ça commençait à donner quelque chose de cohérent. J’ai envoyé ça à michel Onfray, via son site web. Le résultat lui a plu et il m’a répondu que ça rentrerait très bien dans le cadre d’un album dessiné ». Avec un graphisme assez classique, une approche réaliste et une touche romanesque apportée par le personnage lui-même, Maximilien Le Roy et Michel Onfray nous offrent un album singulier, loin des traditionnelles BD historiques, figées par le poids de l’histoire… ou parfois du pinceau ! E.G.

Dans le détail :

Faire le mur, de Maximilien Le Roy. Editions Casterman. 15 euros.

Nietzsche, de Maximilien Le Roy et Michel Onfray. Editions Le Lombard. 19 euros.

25 Avr

Tom et William, de Laurent Lefeuvre. Editions Le Lombard. 15,50 euros.

Septembre 2010, en France. Quelque chose a changé !  Ici comme ailleurs, partout, le monde semble s’être subitement vidé de ses habitants. Les rues, les maisons et les commerces sont déserts. Plus personne, nulle part, à l’exception de Tom, un petit garçon qui traîne son ennuie entre magasins de jouets et commerces d’alimentation. C’est là, d’ailleurs, qu’il finit par rencontrer un autre rescapé, William. Du haut de ses six ans, Tom n’a rien du super-héros, pourtant lui-aussi a un super-pouvoir, celui de rendre bien réels les héros de ses bandes dessinées préférées. Et pour se protéger des monstres et martiens de tout poil, qui habitent désormais la planète Terre, Tom peut compter sur des personnages courageux tels que le Sheriff Jim Colt, le Sergent Gachette, Cosmicman, le Chevalier Panache ou encore Günnar le Barbare… Mais que se passera-t-il quand ils ne seront plus là pour le défendre ?

Nouveau venu dans le monde de la bande dessinée, Laurent Lefeuvre signe à la fois le dessin et le scénario de cette aventure pensée comme un vibrant hommage aux héros de la BD populaire de la seconde moitié du XXè siècle (Akim, Blec le Roc ou encore Zembla). Une BD trop souvent déconsidérée qui a pourtant marqué plusieurs générations d’enfants : « On oublie un peu vite que des gens comme Pratt, Jacovitti, Breccia, Micchelluzzi, Bernet, mais aussi pas mal de Français comme Bergèse, Brantonne, Mitton, Tota ou Cézard viennent de ces publications-là », précise l’auteur, « C’était à l’époque un moyen de gagner sa croûte… et d’apprendre le métier ! ». Soucieux de plonger l’histoire et les personnages dans une « ambiance à la Strange », Laurent Lefeuvre ira jusqu’à dessiner dans un style assez proche des illustrateurs classiques de comics. Résultat, Tom et William est un album surprenant, alliant modernité et nostalgie, un album en tout cas qui devrait ravir les amateurs d’imaginaires fantastiques… E.G.

24 Avr

Enquêtes à travers le monde, Intégrale Tif et Tondu (tome 7), de Will et Tillieux. Editions Dupuis. 19 euros.

Stars incontestées des années  50/60, Tif et Tondu, le chauve et le chevelu, sont de retour avec ce septième volume de leur intégrale. L’album réunit trois récits, Sorti des abîmes, Tif et Tondu à New York et Le Scaphandre de la mort, trois récits signés par l’excellent Will pour le dessin et le non moins fameux Tillieux pour le scénario. En France mais aussi en Angleterre, en Polynésie ou en Amérique, nos héros vont à nouveau devoir déjouer de sombres complots et affronter d’ignobles méchants en compagnie cette fois d’une femme, la pulpeuse comtesse Amélie d’Yeu, dite Kiki, qui va introduire une petite « rivalité » entre nos deux compères. Pour le reste, la recette est toujours la même, chaque récit offrant un savant dosage d’aventure, de fantastique, d’intrigue et d’humour. A terme, cette intégrale qui comptera 12 volumes, couvrira plus de 60 années d’aventures et réunira les 45 albums existants ainsi que des épisodes inédits. Un grand classique à découvrir ou redécouvrir ! E.G.

Casterman à fond pour Adèle Blanc-Sec…

Alors que vient de sortir en salles l’adaptation cinématographique des Aventures extra- ordinaires d’Adèle Blanc-Sec, un film signé Luc Besson, les éditions Casterman publient de leur côté deux ouvrages essentiels et indispensables pour tous les admirateurs de la série, d’une part le roman du film, une novélisation du scénario de Luc Besson réalisée par l’écrivain et scénariste de BD Benjamin Legrand, d’autre part Le livre d’Adèle qui nous propose sur une soixantaine de pages de découvrir la génèse de ces aventures mais aussi l’univers, le contexte historique, l’héroïne, les seconds rôles et parmi eux, justement, le plus important sans doute, la ville de Paris, le Paris de Tardi, comme il existe le Paris de Doisneau !  Au sommaire, un texte de Nicolas Finet accompagné d’entretiens avec Jacques Tardi et une iconographie particulièrement riche mélangeant dessins de l’auteur et photographies du tournage. Nées dans les années 70, il y a plus de trente ans donc, alors que la bande dessinée se découvrait enfin un public adulte, les aventures d’Adèle Blanc-Sec n’ont en rien perdu de leur charme, de leur atmosphère si particulière, mystérieuse, envoûtante, troublante, fantastique. Adèle est un mythe, un mythe aujourd’hui revisité par l’un des plus grands réalisateurs français. Inutile de résister ! E.G.

Dans le détail :

Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, Le Roman du film, par Benjamin Legrand d’après l’oeuvre originale de Tardi. Editions Casterman. 12 euros.

Le livre d’Adèle, de Nicolas Finet, Jacques Tardi. Editions Casterman. 16 euros.

05 Avr

Artbook Monsieur Z. Editions Fluide Glacial. 19,80 euros.

Qui se cache derrière Monsieur Z ? Le gentil Zorro ? Ou le méchant Zorglub ? Que nenni ! Monsieur Z – tout court – est un illustrateur de talent qui oeuvre dans la publicité, la presse ou encore l’animation. Il est notamment responsable de séries télévisées telles que Ratz, Freefonix ou Jet Groove, du générique du film Mensonges et trahison, de dessins de couvertures pour l’éditeur Fleuve noir, de campagnes publicitaires pour Air France, BMW, Orangina… Bref, Monsieur Z est un peu partout et surtout, depuis le 17 mars, dans toutes les bonnes librairies avec cet artbook qui réunit ses multiples travaux. Son style graphique est une astucieuse combinaison de personnages à la plastique parfaite, de décors luxueux et ultramodernes, d’ambiances chics et glamour. Ca sent la jet-set à plein nez ! E.G. 

31 Mar

Moissons rouges, Vents contraires (tome 1), de Régis Hautière et Ullcer. Editions Delcourt. 12,90 euros.

« De la neige en avril. On aura tout vu… ». Peu importe, Yvon Lebihan a décidé qu’il se rendrait en Bretagne et il s’y rendra, quelque soit la météo, quelque soit l’état des routes. Pour son métier !  Yvon est un ancien de la Marine nationale reconverti en documentariste animalier depuis une dizaine d’années. Besoin de liberté, avoue-t-il ! Alors, depuis, il filme la faune de jour comme de nuit. Et c’est justement par une nuit pluvieuse, quelque part dans une forêt bretonne, qu’il va faire une mauvaise rencontre, une femme à moitié nue, plus effrayée que menaçante qui surgit de nulle part et va l’entraîner dans une sombre histoire…

D’une facture somme toute assez classique et d’une lecture relativement plaisante, Vents Contraires s’annonce avec la sortie de ce premier volet comme un thriller bien construit autour de différents protagonistes qui n’ont au départ rien de commun, si ce n’est celui de se retrouver mêler à une affaire de meurtre et de découvertes biologiques… C’est Régis Hautière (Le Dernier envol, Mister Plumb, Un autre monde, éd. Paquet) qui signe le scénario et Ullcer (Les enquêtes des détectives Harley & Davidson, éd. Proust) le dessin. Deux auteurs à découvrir ! E.G.

30 Mar

Dom Juan de Molière, par Myrto Reiss, Sylvain Ricard, Benjamin Bachelier, Hubert. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Un classique. Que dis-je, un grand classique. un chef d’oeuvre même. Une pièce maîtresse du patrimoine littéraire mondial. Son titre : Dom Juan ou le festin de pierre, plus connu ici-bas sous l’appellation Dom Juan. Son auteur : Molière. Et l’histoire ? Celle de Dom Juan donc, un sacré séducteur, épicurien, libertin, blasphémateur, qui se moque des contraintes et des règles sociales, morales ou religieuses, et que son fidèle valet Sganarelle décrit par quelques confidences comme « le plus scélérat de la Terre, un enragé, un diable, un hérétique qui ne croit ni ciel, ni enfer, ni loup-garou ». Et il poursuit : «  C’est un épouseur à toutes mains. Dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud ni de trop froid pour lui. Si je te citais le nom de toutes celles qu’il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusqu’au soir. » Dans cette très belle adaptation en bande dessinée, on retrouve le texte dans son intégralité et bien évidemment les fameuses joutes verbales, le tout mis en scène par une spécialiste du théâtre, Myrto Reiss, et par le scénariste de bande dessinée Sylvain Ricard (Banquise, Kuklos…). Aux pinceaux, Benjamin Bachelier, qui a repris en 2006 les destinées du Legs de l’alchimiste (éd. glénat), fait preuve ici d’une grande maturité avec un trait assez proche d’un Christophe Gaultier en moins torturé. Superbe ! E.G.