02 Oct

La Boîte à musique, Louca, Tif et Tondu, Yoko Tsuno… Les intégrales sont de sortie chez Dupuis

  Il fut un temps où les intégrales étaient réservées au fonds ancien d’une maison d’édition, elles peuvent désormais concerner des séries récentes et même très récentes, c’est le cas avec La Boîte à musique, une série de Carbone et Gijé (à ne pas confondre avec Jijé) publiée aux éditions Dupuis entre 2018 et 2021, autant dire hier. Mais on ne va pas s’en plaindre tant ce format permet de redécouvrir une œuvre sous un autre angle et souvent avec des bonus, cahiers graphiques, dossiers… ici malheureusement réduits à leur plus simple expression, à savoir les illustrations de couverture des cinq albums formant le premier cycle et réunis ce recueil. Mais l’essentiel est l’histoire et de ce côté-là, la magie opère toujours. Gijé et Carbone nous plongent dans un univers merveilleux aux côtés de la jeune Nola qui, pour son anniversaire, a reçu en cadeau la boîte à musique de sa mère récemment décédée, une boîte à musique qui va l’entraîner dans un autre monde… (La Boîte à musique, intégrale premier cycle, de Carbone et Gijé. Dupuis. 40€)

Lancée en 2013, la série Louca n’est pas non plus ce qu’on pourrait appeler une pièce centrale du patrimoine mais son immense succès a incité l’éditeur à proposer sa réédition en intégrale dès la fin d’une saison. Le premier volume est paru en 2017, le second vient de sortir, un gros pavé de 328 pages réunissant cinq albums. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Louca, le héros de Bruno Dequier est une véritable catastrophe ambulante, nul à l’école, nul avec les filles, nul sur un terrain de foot, une catastrophe qui va malgré tout voir sa vie changer en bien grâce à Nathan, un beau gosse, intelligent, drôle et doué en football mais qui va se révéler être un fantôme. Ce dernier confie à Louca la mission de constituer une équipe de football. Pour cela, il devra convaincre des joueurs qui se sont détournés du foot pour d’autres sports. Et l’exercice ne sera pas des plus faciles ! (Louca, Intégrale saison 2, de Dequier. Dupuis. 35€)

Cette fois, on peut parler d’une pépite du patrimoine. Et quelle pépite ! La série Tif et Tondu fut lancée par Fernand Dineur dans le Journal de Spirou en 1938 avant d’être reprise par de nombreux auteurs, entre autres Will et Alain Sikorski pour le dessin, Maurice Rosy, Maurice Tillieux, Denis Lapière ou encore Stephen Desberg pour le scénario. Elle cesse de paraître en 1997 mais fait une belle réapparition en 2019 avec l’album Mais où est Kiki ? de Robber et Blutch. Une première intégrale publiée dès 2007 regroupe les aventures de façon thématique. Une seconde lancée en 2017 les regroupe de façon chronologique. Ce sixième volume réunit quatre récits parus entre 1968 et 1972 un doux mélange de polar et de fantastique à la Tillieux. En bonus : un dossier d’une soixantaine de pages avec de nombreuses illustrations et photos. (Tif et Tondu, Intégrale 1968 – 1972, de Will et Tillieux. 40€)

On termine avec le dixième tome d’une autre pépite du patrimoine, sorti en mai dernier, la belle Yoko Tsuno, une héroïne absolument mythique esquissée dès 1968 par son papa Roger Leloup puis lancée en 1970 dans les pages du journal Spirou. Yoko Tsuno préfigurait l’héroïne des temps modernes, libérée, capable de vivre les mêmes aventures que les garçons. Ce dixième volume réunit les tomes 28, 29 et 30 ainsi que pour chacun d’eux un dossier de quelques pages avec illustrations inédites et croquis. (Yoko Tsuno, L’Intégrale tome 10, de Leloup. 27,95€)

Eric Guillaud

22 Sep

Avec Spirou et la Gorgone bleue, Yann et Dany se mettent au vert… ou pas !

Avec un tel équipage à la barre, on pouvait légitimement s’attendre à un épisode de Spirou un peu dément sur les bords, il l’est, et pas seulement sur les bords. De façon tonitruante, Yann et Dany mettent les pieds dans le plat de la malbouffe et de la pollution associée. Une aventure de Spirou comme vous n’en verrez pas beaucoup…

Pour ceux qui ne le sauraient pas, une gorgone est un personnage de la mythologie grecque de type plutôt féminin avec notamment une chevelure de serpents. C’est le cas ici de cette héroïne qui se revendique comme une Gorgone bleue, « bleue comme l’était notre malheureuse planète avant d’être souillée par des êtres vils, cupides et arrogants… ».

Vous l’aurez compris, cette Gorgone bleue est une militante écologiste qui ne supporte plus de voir sa planète, notre planète, polluée par des industriels peu scrupuleux comme le fameux Simon Santo, leader de la malbouffe internationale, producteur d’engrais, de pesticides et autres joyeusetés chimiques. Et il a tout pour plaire : un nom qui sonne comme MonSanto, un physique à la Trump et un caractère forgé au cynisme et au mépris total pour les « amoureux des gentils Bambis et des poneys roses », comme il dit.

© Dupuis / Yann et Dany

Alors bien sûr, entre les deux, c’est l’escalade, dans les mots et dans les actes. Jusqu’au jour où la Gorgone et ses sbires enlèvent Lara, figure emblématique de la chaîne de fast-foods Mac Burgy. Pour Simon Santo, c’est la goutte de graisse qui fait dégouliner le hamburger bien gras. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, l’homme fait jouer ses connaissances pour envoyer un porte-avions de l’US Navy détruire le repaire de l’écolo.

Et Spirou et Fantasio dans tout ça, ne manquerez-vous pas de me demander ? Eh bien, notre tandem se retrouve bien évidement et malgré lui embarqué dans cette drôle d’aventure, balloté un peu comme tout le monde entre l’éco-terrorisme des uns et l’ultra-libéralisme des autres. « Mon cœur est écolo… mais mon estomac est réac ! « , dit une protagoniste, voilà bien toutes les ambiguïtés de notre société résumées en une seule phrase et toutes les ambiguïtés que l’on retrouve dans ce récit qui semble mettre en accusation autant les écologistes intégristes que les industriels pollueurs.

© Dupuis / Yann et Dany

Yann et Dany auraient pu se contenter de revisiter le mythe de Spirou avec une histoire un peu dans le moule mais ce n’est pas l’objectif de cette collection Le Spirou de… et certainement pas l’habitude de nos deux compères. Dans un style un peu – trop – bavard et fatalement un peu provoc, ils nous livrent une aventure truffée d’action, d’humour, de clins d’œil à l’univers de la bande dessinée et à la série mère de Spirou, et nous bousculent quant à nos modes de vie et nos certitudes, le tout emporté par le dessin à la fois réaliste, humoristique et un brin sexy de Dany. Gorgonesque !

Eric Guillaud

Spirou et la Gorgone bleue, de Dany et Yann. Dupuis. 18,95€

19 Sep

Demain est un autre jour de Keum Suk Gendry-Kim : plus qu’un regard, un témoignage sur la question de la maternité en Corée-du-Sud de nos jours

Après Les Mauvaise herbes, L’Attente ou encore La Saison des pluies, Keum Suk Gendry-Kim retrouve son pays pour un récit à la fois intimiste et universel qui aborde la question de la maternité et plus largement de la place de la femme dans la société contemporaine…

« Faire des enfants est un devoir »  : ainsi parle la mère de l’héroïne pudiquement baptisée Bada même s’il s’agit bien ici de l’histoire de l’autrice Keum Suk Gendry-Kim. Mais Bada, elle, ne veut pas d’enfant pour se consacrer pleinement à son métier. Enfin, c’est ce qu’elle déclare à sa meilleure amie, Soomi, qui vient de lui confier qu’elle est pour sa part enceinte.

« D’après le gynécologue, beaucoup de couples ont des difficultés à avoir des enfants. Alors j’étais inquiète… », dit Soomi, « Mais, aussitôt après avoir arrêté la pilule, je suis tombée enceinte ».

Mais Bada a menti. En fait, Bada et son mari, San, font tout depuis quelques temps pour avoir un enfant. Elle a arrêté de fumer, fait du sport, note au quotidien sa température pour comprendre son cycle reproductif, surveille ses périodes d’ovulation, lève les jambes en l’air après avoir fait l’amour espérant faciliter la rencontre du sperme avec ses ovules… Mais rien n’y fait.

Alors, Bada et San se résignent à faire des tests de fertilité à l’hôpital. Diagnostic : une ovaire gauche défaillante, une concentration de spermatozoïdes inférieure à la moyenne, bref de quoi compliquer les choses. Et de commencer le parcours du combattant pour une fécondation in vitro : les injections afin de stimuler les ovaires, la ponction folliculaire pour recueillir les ovocytes, le recueil du sperme, la fécondation… Mais toujours rien.

© Futuropolis / Keum Suk Gendry-Kim

Entre espoirs et désillusions, pressions familiales et errances médicales, Bada en vient à se demander pourquoi elle tient tant à avoir un enfant.

« Parce que mon mari le veut ? À cause de la pression de ma mère et de mes beaux-parents ? Parce que j’ai peur de ne pas pouvoir tomber enceinte l’âge venant? »

Peut-être un peu tout ça en même temps. En Corée-du-Sud comme un peu partout dans le monde, les injonctions à la maternité sont encore très fortes, à tel point que certaines femmes font des enfants quasiment en mode automatique, sans se poser de questions, les bonnes questions. Pour Bada, l’incapacité biologique de procréer va fatalement l’amener à se les poser…

Considérée comme l’une des plus importantes autrices coréennes contemporaines, Keum Suk Gendry-Kim élabore au fil des albums une œuvre forte et engagée traduite dans plusieurs langues et couronnée par de nombreux prix. Si ses récits ont toujours pour contexte son pays, la Corée-du-Sud, et parfois un point de départ intimiste, ils nous questionnent à chaque fois sur des thématiques universelles comme ici la maternité et la place des femmes dans notre société, le tout avec une mise en image sublime alternant illustrations pleine page et gaufrier classique.

Eric Guillaud

Demain est un autre jour, de Keum Suk Gendry-Kim. Futuropolis. 26€

16 Sep

Plein ciel : Pierre-Roland Saint-Dizier et Michaël Crosa nous offrent une vue imprenable sur l’humanité

La vie dans les grands ensembles urbains ne se résume pas à ce que certains médias laissent entrevoir dans la rubrique faits divers, Pierre-Roland Saint-Dizier et Mickaël Crosa nous en donnent une preuve éclatante avec Plein ciel, une bande dessinée qui nous permet de prendre un peu de hauteur avec de l’humain à tous les étages…

Dans le quartier du Bois fleuri, les habitants sont sous le choc. Émile, 78 ans, s’est jeté dans le vide depuis son appartement situé au 17e étage de la tour Plein Ciel. Pourquoi ? Personne ne le sait et ne comprend. Pas même Martine, sa voisine de palier et son amie depuis 1967, autant dire depuis des lustres. Alors chacun y va de sa petite supposition tandis que les plantes et le chat du vieil homme trouvent refuge dans un nouveau foyer.

Un enterrement plus tard, la vie reprend doucement dans l’immeuble, l’appartement d’Émile a été mis en vente mais ne trouve pas acquéreur. Jusqu’au jour où un couple d’hommes y emménage.

« Des homosexuels à Plein Ciel ?! Tu es sûr de tes sources ? »

Celui qui parle ainsi, c’est Paulo le concierge, pas le mauvais bougre pourtant, toujours prêt à rendre service, mais un peu dépassé par les événements. Et il n’est pas au bout de ses surprises. L’un des deux hommes n’est autre que le petit-fils d’Émile. Le second est architecte et travaille avec le cabinet en charge de la réhabilitation du quartier. Car oui, le quartier doit subir un sérieux relookage, de quoi légitimement inquiéter les habitants…

Émile, Paulo, Jean, Martine, Henriette, Sabri, Luang, Alim… À travers cette galerie de personnages plus vrais que nature, Plein ciel est une fenêtre ouverte sur la vie dans ces grands ensembles telle que l’a connue le scénariste Pierre-Roland Saint-Dizier dans sa jeunesse au quartier des Coteaux à Mulhouse. Avec ses bons moments, ses tensions, ses joies, ses peines, ses petits conflits, ses grandes amitiés.

« Je garde de ces vingt ans passés dans la résidence Plein ciel de nombreux souvenirs et une multitude d’anecdotes », explique Pierre-Roland Saint-Dizier dans un dossier concluant le récit.

Si l’intrigue, vous l’avez compris, repose sur une fiction, certaines situations et certains protagonistes sont donc directement inspirés de la jeunesse du scénariste. De son côté, avec son trait au crayon et ses couleurs directes, le dessinateur Michel Crosa joue d’une belle façon mais sans en abuser sur l’effet d’empilement des appartements offrant les cases de ses planches comme autant d’intérieurs, d’intimités, offerts à notre regard. Un récit fort sympathique et original.

Eric Guillaud

Plein ciel, de Pierre-Roland Saint-Dizier et Michaël Crosa. Ankama. 16,90€

© Ankama / Pierre-Roland Saint-Dizier & Michaël Crosa

14 Sep

Pendragon : nouvelle adaptation réussie et osée de la légende des chevaliers de la Table Ronde

L’épée Excalibur, la convoitise de Luther Pendragon, Merlin l’enchanteur, tout ça… Vous croyiez tout savoir de la légende des chevaliers de la Table Ronde ? En voici une réinvention maline pleine de sang et de fureur.

La série Game Of Thrones est passée par là et cela se sent… Bien conscient qu’il tacle là un sujet déjà mille fois couvert en littérature, cinéma ou BD, ce premier tome (sur quatre prévus) s’attaque à un monument. Mais il a aussi décidé de marquer sa différence de deux façons : d’abord en resituant l’histoire au Vème siècle après notre ère plutôt qu’au Moyen-Âge. Et ensuite en recentrant le propos sur l’aspect politique et les manigances des uns et des autres. La saga devient donc ici bien plus qu’un conte initiatique : c’est désormais avant tout une quête de pouvoir où la religion, la guerre et surtout les hommes ne sont que pour servir les intérêts d’une poignée d’intrigants.

© Glénat / Jérôme Le Gris, Benoît Dellac et Paolo Martinello

Forcément, les lettres de noblesse acquises tout récemment par le Jérôme Le Gris avec la série Lord Gravestone et surtout l’adaptation de la saga d’heroic fantasy de Michael Moorcock Hawkmoon aident beaucoup. Le scénariste aime avancer ses pions patiemment et jouer avec des personnages ne dévoilant pas leur jeu tout de suite et cela se sent. Tout comme les dessins, signés ici conjointement par Benoît Dellac et Paolo Martinello et clairement nourris à l’imagerie heroic fantasy moderne, c’est-à-dire pas aussi policée et bien sanglante que sa version de base.   

© Glénat / Jérôme Le Gris, Benoît Dellac et Paolo Martinello

Alors même si des noms comme Arthur ou Merlin ont beau nous être familiers, cette relecture quasi-complète de la montée au pouvoir du premier et du côté manipulateur de son mentor permet de complètement redécouvrir les légendes de la Table Ronde, devenues ici bien plus sauvages et cruelles. En mettant de côté le côté chevaleresque au profit de décors désolés, de héros pas si blancs que ça et de créatures magiques semblant sortir tout droit du Seigneur Des Anneaux, le ton est ici nettement plus tragique et violent. Reste juste à savoir si ces auteurs réussiront à tenir la tension sous-adjacente sur la durée, surtout que l’accent est ici mis sur les dialogues et les magouilles plus que sur l’action pure. Mais ça fait envie !

Olivier Badin

Pendragon – volume 1 : l’épée perdue de Jérôme Le Gris, Benoît Dellac et Paolo Martinello. Glénat

13 Sep

Bela Lugosi ou grandeur et décadence de l’âge d’or hollywoodien

Retour nostalgique et mélancolique sur la vie chaotique de cette grande figure du cinéma d’horreur des années 30 aux côtés de Boris Karloff, devenue star sur le tard après être devenu, pour l’éternité, la toute première incarnation à l’écran du conte Dracula.

Le procédé est connu : un curieux, qui n’a une vision parcellaire de la vérité, remonte le temps à coups de flashbacks raconté par un témoin privilégié. Ici, il se nomme Danny Sheffield, fan vouant un véritable culte à l’acteur de cinéma Bela Lugosi, au point de lui avoir amassé de nombreuses reliques de sa carrière dans ce qu’il appelle « le sanctuaire ».

Sauf que nous sommes en 1956 et lorsqu’il vient toquer à la porte de la maison de son idole, celui-ci n’est plus que l’ombre de lui-même. En plus d’être rongé par son addiction à la morphine et malade, le vieil homme de 73 ans n’a plus un sou après avoir tout dilapidé et s’être retrouvé blacklisté par les studios d’Hollywood. Studios dont il a pourtant fait la fortune avec la sortie de Dracula en 1931.

© Glénat / Philippe Thirault & Marion Mousse

Sur place, il croise la route de sa quatrième (sur cinq) épouse Lillian Arch et cette dernière accepte de lui raconter alors la vie mouvementée de son ex-mari. Vedette du théâtre à Budapest en 1911, participant actif de l’éphémère république des conseils de Hongrie après la Première Guerre Mondiale, il doit quitter son pays natal à cause de la répression brutale qui suit, d’abord pour Vienne, puis Berlin avant de s‘installer enfin aux Etats-Unis en 1922. Là, après des années de galère, il finit par triompher dans le rôle de Dracula à Broadway. La chute n’en sera que plus rude…

La collection 9 ½ n’en est pas à son coup d’essai. Ce nouveau volume, après des tomes consacrés à Lino Ventura ou Alfred Hitchcock, joue donc la carte du classicisme à fonds, aussi dans la forme (biographie à rebords articulée autour d’évènements clefs) que dans le fonds avec son noir et blanc classieux. Or justement, ce choix graphique avec ses clairs obscurs très marqués et ses ombres portés est en parfaite résonnance avec le cinéma d’horreur auquel il rend un vibrant hommage.

© Glénat / Philippe Thirault & Marion Mousse

Lugosi n’y est ni un salaud suprême, ni un héros. ‘Juste’ un homme à femmes, artiste au talent au moins aussi énorme que son égo, incapable de domestiquer ses humeurs… quitte à se torpiller lui-même. Mais jamais aussi magnétique que sur scène ou face à la caméra, quelques très belles planches le sublimant dans son élément naturel. C’est cette personnalité ambivalente que raconte ce beau récit mélancolique, reflet d’un monde du spectacle aussi fascinant qu’impitoyable.

Olivier Badin

Bela Lugosi de Philippe Thirault et Marion Mousse. Glénat. 22,50€

Protocole Commotion de Mademoiselle Caroline: une bonne claque aux préjugés sexistes sur le rugby féminin

Le rugby, un sport de mecs ? Alors que la Coupe du monde bat son plein, Mademoiselle Caroline s’invite dans la mêlée avec Protocole Commotion, une BD qui plaque les préjugés et dit tout l’amour qu’elle a pour ce sport…

Protocole commotion. Derrière ces deux mots se cache une règle : la sortie définitive d’un joueur devant toute suspicion de commotion cérébrale. Les amoureux de l’ovalie le savent, pour les autres, Mademoiselle Caroline le rappelle en ouverture de son album. Et malgré ce que pourrait laisser imaginer ce titre, Protocole Commotion est une ode au rugby et peut-être plus encore au rugby féminin.

Car oui, le personnage principal est une femme, une femme pas très heureuse au boulot, pas très heureuse à la maison, et qui va trouver sur un terrain de rugby de quoi donner un sens à sa vie.

« J’ai enfin trouvé un endroit, un moment de ma vie, un sport où je peux faire tout ce qu’on m’a toujours interdit de faire. Être violente, sale, agressive, me rouler dans la boue, me battre, boire comme un trou… » et surtout « sentir mon corps utilise à autre chose que de faire un bébé ».

Alors pourquoi ce titre pas très vendeur me direz-vous ? Parce que Malou, l’héroïne, n’échappera pas à ce protocole lorsqu’elle recevra un mauvais coup à la tête. Comme beaucoup de joueurs ! Mais comme beaucoup de joueurs, sans vouloir spoiler l’affaire, elle s’en tirera sans bobos.

Après la grossesse, la maternité, la dépression, les régimes, le mariage, l’autisme ou encore le burn-out, Mademoiselle Caroline nous entraîne cette fois dans le monde du rugby amateur à travers une fiction largement inspirée de sa passion pour un sport dit viril en posant bien évidemment par la même occasion un regard aiguisé et drôle sur notre société patriarcale, ses blocages, ses préjugés sexistes. Pour tous ceux et celles qui aiment le rugby et peut-être plus encore pour les autres !

Eric Guillaud

Protocole Commotion, de Mademoiselle Caroline. Delcourt. 24,95€

© Delcourt / Mademoiselle Caroline

11 Sep

INTERVIEW. Pascal Rabaté défie les probabilités dans une BD pleine de fantaisie mise en images par François Ravard

Après un petit détour par le cinéma, le temps de produire son quatrième long métrage baptisé Les Sans-dents, Le Nantais d’adoption Pascal Rabaté retrempe sa plume dans la bande dessinée en compagnie du dessinateur François Ravard et nous offre un petit bijou d’humour et de poésie. Rencontre…

Il y a une constance dans l’écriture de Pascal Rabaté, un petit quelque chose qui le distingue des autres, peut-être tout simplement une belle sensibilité et une empathie envers ses semblables, même s’il dit avoir en lui un petit fond de cruauté.

D’ailleurs son nouvel opus, La Loi des probabilités, réalisé avec François Ravard au dessin, et publié chez Futuropolis en est une fois encore une démonstration éclatante.

Au centre de l’histoire, Martin Henry, un verbicruciste de profession arrivé en avance ce jour-là à son rendez-vous médical. Pensait-il ainsi se débarrasser plus vite de la corvée ? Ou avait-il un mauvais pressentiment ? Quoiqu’il en soit, Martin Henry en ressort avec un diagnostic sans appel : un cancer en phase terminale et trois mois à vivre, au mieux !

La suite ici

09 Sep

Space Relic Hunters ou comment deux Frenchies se réapproprient le space-opera avec classe

Ce n’est pas pour rien que l’album s’ouvre par une citation de l’auteur Ray Bradury. Space Relic Hunters est un récit d’aventure célébrant les vertus de l’imagination et offrant une réflexion sur le pouvoir politique et la religion.

Comme pas mal d’autres sous-genres de la science-fiction, le space opera (‘l’opéra spatial’ en bon français) est apparu dans les années 40 lors de l’époque bénie des pulps, ces magazines bon marché thématiques vendus pour trois francs six sous qui ont enflammé toute une (jeune) génération de lecteurs et qui ont, aussi, permis à de nombreux futurs grands auteurs de se lancer. L’intérêt ici est que dans la forme, on a avant tout affaire à un récit d’aventure pure, avec des méchants et des gentils, des coups de théâtre, des lieux exotiques…

En fait, dans le fonds, pas mal de ces histoires ne se différencient pas tant que ça que d’un bon vieux Bob Morane. Sauf qu’au de lieu de se passer à Macao ou, mettons, la Cordillère des Andes, elles se déroulent plutôt entre Jupiter et Alpha du Centaure, avec des personnages ne se déplaçant non pas en avion ou en bateau mais en vaisseau spatial. Le tout dans un contexte socio-politique et offrant une vraie critique sociétale où il est souvent facile de remplacer telle ou telle espèce d’extra-terrestres par, par exemple, des réfugiés politiques ou des migrants…

© Daniel Maghen / Sylvain Runberg & Grun

Avec ses décors grandioses, son trio de héros bigarré et son trait très organique où l’influence des grands maîtres du genre des années 70/80 (Moebius en tête), Space Relics Hunters assume pleinement cette affiliation, mais sans jouer la carte de la nostalgie non plus. D’une certaine façon, ses deux auteurs, déjà remarqués pour la saga en trois tomes On Mars, prouvent ici que le space-opera n’est pas si figé que ça et sait s’inscrire dans une certaine modernité.

© Daniel Maghen / Sylvain Runberg & Grun

L’univers est dominé depuis 200 ans par le Grand Quatuor, quatre dieux ayant imposé une religion unique. En conséquence, les nombreuses reliques des anciens cultes sont devenues des objets rares convoités par des collectionneurs fortunés, obligés de faire appel à des contrebandiers. Trois d’entre eux sont mandatés par un client mystérieux de dénicher à tout prix sur une planète inhospitalière un objet sacré d’un culte méconnu contre une très forte somme d’argent. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu et surtout, ce trésor suscite bien plus de convoitise que prévu…

© Daniel Maghen / Sylvain Runberg & Grun

Il y a du souffle, de l’action mais aussi de l’action et surtout pas mal d’humain dans cette belle virée intergalactique, portée par un beau travail sur les couleurs. Un vrai bon petit space-opera dont on a, déjà, envie de revoir les protagonistes.

L’info en + : Les planches originales sont actuellement visibles à la Galerie Maghen 36 rue du Louvre à Paris jusqu’au 16 septembre

Olivier Badin

Space Relic Hunters de Sylvain Runberg et Grun. Daniel Maghen éditions. 29,95€

04 Sep

Pour que la rentrée soit plus douce, 14 mangas à dévorer toutes affaires cessantes

Bien sûr, vous auriez préféré rester un peu plus les doigts de pieds en éventail sur une plage abandonnée mais la réalité est toute autre et il vous a fallu ce matin rejoindre l’école, le bureau ou l’usine la plus proche. Alors pour vous tous et toutes, voici une petite sélection de mangas qui pourrait vous aider à digérer le retour à la vraie vie…

On commence avec une réédition particulièrement attendue en cette rentrée, celle de Remina, un manga horrifique imaginé par l’un des maîtres du genre, Fauve d’honneur lors du dernier festival d’Angoulême, je veux bien évidemment parler du sieur Junji Ito. Paru au Japon en 2005 et initialement publié en France chez Tonkam en 2008, le voici disponible en version intégrale prestige chez Delcourt / Tonkam, l’occasion rêvée de se replonger dans cette histoire de planète soudainement apparue dans l’espace, la fameuse Remina du nom de la fille du scientifique qui l’a observée la première fois, et qui va plonger l’univers dans un chaos indescriptible. L’occasion aussi de savourer pleinement les atmosphères incroyablement tendues et le trait précis, dynamique et expressif du Mangaka. Époustouflant ! (Remina, de Junji Ito. Delcourt / Tonkam. 19,99€)

Une autre réédition toute aussi incontournable, celle de Biomega avec un deuxième volume en version Deluxe grand format tout juste sorti de l’imprimerie. 400 nouvelles pages à couper le souffle, avec ce graphisme si singulier du mangaka Tsutomu Nihei, un immense fan, et ça se sent, du créateur des décors et monstres d’Alien, HR Giger. L’homme s’est fait connaître au Japon et en Europe avec des récits SF sombres, désespérés, violents, oppressants, organiques, reconnaissables entre tous. Après Abara et Blame 0, c’est donc au tour de Biomega de bénéficier d’une réédition Deluxe, de quoi profiter pleinement du génie de Nihei et de se téléporter en 3005, carrément, pour une histoire mêlant exploration spatiale et contamination virale. Le poids des mots, le choc des images. Divin ! (Biomega deluxe tome 2, de Tsutomu Nihei. Glénat. 14,95€)

Mai 2045. Bienvenue à Osaka ou du moins ce qu’il en reste dans l’ancien Japon. C’est là que vit et travaille Naoki, au milieu des ruines, avec la désolation pour horizon comme il dit. Depuis l’apocalypse qui a ravagé la Terre il y a maintenant une dizaine d’années, les survivants se disputent les restes du monde, lui participe à la reconstruction de son pays en fouillant les gravats à la recherche du patrimoine technologique d’avant, telle que cette salle de serveurs qu’il vient d’exhumer. Mais depuis quelques temps, Naomi entend des voix qui l’exhortent à sauver la jeune Hinako considérée comme l’espoir de l’humanité… Sorti en juin, Great Trailers est un récit SF à la Mad Max teinté d’Akira, noir et violent, dans un décor urbain post-apocalyptique angoissant. Pour les amoureux de combats et de mecha-designs ! (Great Trailers tome 1, de Akira Miyagawa. Casterman. 8,45€)

Fans de One Piece, en attendant la livraison du 105e volet prévu pour le 30 septembre prochain, les éditions Glénat vous ont concocté un nouveau numéro du One Pièce Magazine, bien évidemment consacré à la série culte de Eiichiro Oda. Au sommaire de ce numéro 12 : un dossier consacré aux trois frères, Ace, Sabo et Luffy, mais aussi des interviews, un manga, des recettes de cuisine, des illustrations inédites, des chroniques, un roman… Bref, de quoi patienter ! (One Pièce Magazine n°12. Glénat. 19,90€)

Il s’est fait connaître de ce côté-ci de la planète avec Search and destroy, Soil, Deathco, ou encore Wet Moon, il est de retour avec Evol dont le troisième volet vient de paraître aux éditions Delcourt / Tonkam, un voyage sans retour dans un monde en déliquescence, qui pourrait être le nôtre finalement, où l’héroïsme et les pouvoirs qui vont avec sont un don héréditaire et où les héros sont au service de la justice, enfin de celui qui a parlé le plus fort, en général le plus véreux. L’avenir serait ainsi scellé dès la naissance de chaque être. Sauf pour Nozomi, Sakura et Akari, deux jeunes filles et un garçon ordinaires qui après une tentative de suicide se retrouvent eux-aussi dotés de supers-pouvoirs. De quoi combattre ce monde qu’ils ne supportent plus. Publié dans un grand format sous couverture rigide et avec jaquette, Evol est un manga d’une noirceur sans pareille dans lequel transparaissent à chaque page le mal-être des adolescents et la violence de notre monde. Influencé par le punk, le cinéma et la bande dessinée américaine, Atsushi Kaneko exprime dans ces superbes pages toute sa colère, sa révolte, avec un trait qui n’est pas sans nous rappeler celui de Frank Miller. (Evol tome 3, d’Atsushi Kaneko. Delcourt / Tonkam. 19,99€)

L’adaptation manga de l’anime Neon Genesis Evangelion poursuit sa route dans une nouvelle édition en grand format, l’occasion de se replonger dans cette œuvre mythique qui marqua le monde de l’animation japonaise dans les années 90. En 2000, un astéroïde géant s’abat sur le pôle sud. Entre la montée du niveau des eaux, les crashs économiques, les guerres civiles… la moitié de la population humaine finit par disparaitre. Quinze ans plus tard, de mystérieux anges destructeurs font leur apparition. Pour les combattre : une seule solution, les Evangelion, de gigantesques machines de guerre anthropoïdes. Pour les amoureux des robots géants ! (Neon Genesis Evangelion, tome 6, de Yoshiyuki Sadamoto. Glénat. 14,95€)

Le premier volet est sorti en juin, le second est annoncé pour septembre, Romantic Killer est un manga tout en couleurs, c’est suffisamment rare pour le signaler, qui met en scène une jeune fille loin d’être romantique, seulement obnubilée par ses jeux vidéo, ses chocolats et son chat. Jusqu’au jour où un magicien lui confisque tout ça pour une question de natalité au Japon ou quelque chose comme ça et lui offre une vie entourée de « beaux gosses comme dans les mangas ». Un rêve ? Un cauchemar pour la jeune fille qui croit perdre là sa raison de vivre. Mais résistera-t-elle longtemps à l’amour ? C’est toute la question de cette série fraîche, colorée et drôle adaptée en série d’animation diffusée sur Netflix et toujours disponible. (Romantic Killer tome 1, de Wataru Momose. Soleil Manga, 15,99€)

C’est une histoire d’épicier. Mais d’épicier épicé. Du genre qui ne vend pas que des légumes. Taro Sakamoto, c’est son nom, a beau avoir un léger embonpoint, une moustache à la papa, des lunettes de myope, il est à lui seul un mythe, une légende, un ex-tueur admiré de tous ces congénères, craint par tous les gangsters. Oui, Sakamoto l’épicier avait le flingue facile avant de raccrocher, de se marier, d’avoir un enfant et de s’installer comme épicier. Une vie pépère jusqu’au jour où le jeune assassin télépathe Sin débarque dans la supérette. Vous voulez de l’action ? Alors vous en aurez, Sakamoto Days est un concentré d’énergie au rythme de parution effréné. Le tome 9 est sorti en juillet, le 10 devrait paraître en septembre. (Sakamoto Days tome 9, de Yuto Suzuki. Glénat. 6,99€)

C’est un peu Le Club des cinq mais sans le chien Dagobert et en version horreur. Trois garçons et une fille, tous issus du même collège décident pour leurs vacances de partir à la recherche d’Ayano Hirakawa, une de leurs camarades disparue depuis deux ans au bord de la rivière qui traverse son quartier. Ni les battues, ni l’enquête, n’ont permis jusqu’ici de la retrouver. A-t-elle fuguée ? A-t-elle été enlevée ? Personne ne peut le dire et les rumeurs les plus folles ont circulé. Mais cette fois, la bande de gamins croit savoir où elle est, ce qui semble ne pas plaire à certains… Un premier volet plein de promesses signé par Hôsui Yamazaki qui s’est déjà fait remarqué dans le manga d’horreur avec Kurogasi – Livraisons de cadavres publié à partir de 2006 aux éditions Pika. Une histoire bien ficelée, un dessin élégant et des frissons assurés ! (Chasse aux cadavres tome 1, de Hôsui Yamazaki. Casterman. 8,45€)

Un peu de fraîcheur et même de grand froid avec Kaioh Dante dont le premier volet est sorti en juillet, une série qui nous embarque pour l’océan arctique pas loin des terres de glace en 1765. Là, un navire de la marine britannique est bloqué depuis des jours et des jours par la banquise et le blizzard. Les réserves s’amenuisent, le capitaine s’inquiète, pourra-t-il planter son drapeau au pôle nord avant les autres et ainsi affirmer la suprématie de l’empire britannique ? Lorsque soudain sorti de nulle part approche un enfant. Son nom : Dante. Dans sa musette un livre de cartes incroyables de précision et des pouvoirs magiques qui changeront peut-être le cours des choses… Ryouji Minagawa au dessin et Fukuro Izumi au scénario livrent ici un grand récit d’aventure au coeur d’un 18e siècle ô combien riche en explorations et découvertes de nouvelles terres. Un deuxième tome est annoncé pour septembre. (Kaioh Dante tome 1, de Ryouji Minagawa et Fukuro Izumi. Vega Dupuis. 8,35€)

Bienvenue en enfer ou presque ! Depuis 100 ans, la Terre est plongée dans le noir à cause d’un épais nuage. La plupart des végétaux a disparu et l’humanité place ses derniers espoirs dans la transfloraison, une technique qui consiste à transformer un être humain en plante, comblant ainsi le manque de végétaux. Héros de ce récit vivant dans une grande pauvreté, Toshiro décide de franchir le pas et de subir l’opération nécessaire à sa transformation en plante… Un récit d’anticipation original aux belles ambiances sombres. (Fool Night tome 5, de Kasumi Yasuda. Glénat. 7,90€)

Vous avez adoré Chi une vie de chat de Konami Kanata, un énorme carton en 12 volumes publiés entre 2010 et 2015, alors vous devriez aimer Nights with a cat qui reprend un peu la formule magique du jeune chat débarquant dans un foyer, en l’occurrence ici celui de Futa et de sa petite sœur. À la différence près qu’ici, ce n’est pas le chat qui découvre la vie des humains mais les humains qui découvrent la vie de chat. Sa toilette, ses pupilles, ses oreilles, son sommeil… Futa décortique la bestiole et scrute ses habitudes tentant d’en apprendre un peu plus sur lui à chaque page. Le tout avec un peu d’humour et des couleurs ! (Nights with a cat tome 2, de Kyuryu Z. Glénat. 10,95€)

Et de 13 pour la série de Rumiko Takahashi, Grand prix 2019 du Festival international de la BD d’Angoulême. Je rassure tout de suite ceux qui auraient développé une petite allergie à l’histoire avec un grand H durant leur cursus scolaire, Mao ne retrace pas la vie du fameux chef d’état chinois Mao Zedong, non, Mao est ici un chasseur de yôkai, ces petites créatures surnaturelles qui hantent la mythologie japonaise. Et Mao a une mission : aider Nanoka Kiba, une jeune gamine du XXIe siècle qui a perdu ses parents dans un accident et qui a été projetée un siècle plus tôt à lever le mystère sur sa véritable nature… (Mao tome 13, de Rumiko Takahashi. Glénat. 6,90€)

Une histoire d’amour pour finir. D’un côté, Subaru Miyazawa. De l’autre, Togo Amase. Le premier est designer, paralysé des membres inférieurs depuis sa naissance. Le second est photographe spécialisé dans l’astrophotographie. Ils se rencontrent à l’occasion d’un spectacle au planétarium de leur ville sur lequel tous deux ont travaillé. Ensemble, ils décident d’aller voir les étoiles du monde entier… Un premier boy’s love (romance entre hommes) pour la collection Moon Light des éditions Delcourt. (Après avoir regardé le ciel étoilé, de Bisco Kida. Moon Light Manga / Delcourt. 8,50€)

Eric Guillaud