07 Août

Promise, une nouvelle série signée Lamy et Mikaël aux éditions Glénat

Avec son long manteau noir, son chapeau noir, son regard noir et son chien tout aussi noir, Amos Laughton n’a vraiment rien d’un enfant de coeur. Et pas seulement d’un point de vue physique. L’homme qui prétend être pasteur et apporter une parole de réconfort à ses semblables, ne fait que répandre la mort sur son chemin. Et lorsqu’il arrive dans le petit village de Promise, au pied des Rocheuses, c’est le diable en personne qui s’invite dans la vie tranquille de la petite communauté…

Des paysages somptueux, un graphisme efficace, une narration dynamique, un personnage et un récit à faire trembler la ménagère de moins de 50 ans… voici un premier volume plus que prometteur qui devrait ravir tous les fans de western et de fantastique. Aux manettes, deux auteurs peu connus, le dessinateur Mikaël (Félice et le Flamboyant bleu…) et le scénariste Thierry Lamy (Le Père Goriot, Contes et légendes du pays celte en BD…). EGuillaud

Le Livre des derniers jours, Promise (tome 1), de Thierry Lamy et Mikaël. Editions Glénat. 13,90 euros

04 Août

Orignal, un récit de Max de Radiguès publié chez Delcourt

Joe pourrait prendre le bus pour rejoindre son école mais ce matin, comme tous les matins, le jeune garçon préfère s’y rendre à pied en coupant à travers les bois.  Il préfère surtout éviter Jason, sa bête noire, sa hantise, son bourreau. Depuis des mois, Joe encaisse les coups, les humiliations, les menaces, le sadisme de ce « camarade » de classe. Alors, ce petit moment de marche entre la maison et l’école est aussi pour lui un moment d’évasion, de liberté, de bonheur et de contemplation. Jusqu’au jour où Jason décide de le suivre…

Initialement publié en anglais sous la forme d’un fanzine alors que Max de Radiguès se trouvait en résidence à Montréal, Orignal aborde le thème particulièrement sensible de la violence et du harcèlement à l’école. Un nouveau plongeon dans le monde de l’adolescence après L’âge dur (éd. L’Employé du moi) ou Frangins (Sarbacane), deux de ses ouvrages précédents. Si le thème est dur, difficile, le graphisme est lui léger, épuré, quasi-enfantin comme pour mieux aller à l’essentiel. Un auteur à découvrir ! EGuillaud

Orignal, de Max de Radiguès. Editions Delcourt. 13,95 euros

29 Juil

Biscottes dans le vent, un récit de Pascal Rabaté et Bibeur Lu aux éditions Vents d’Ouest

Certes, Daniel Saboutet n’est pas du genre fonceur, à écumer les petites annonces, à harceler Pôle emploi ou à faire du porte à porte pour trouver un job. Il faut dire qu’entre les sorties avec les potes et sa passion dévorante pour le modélisme, il lui reste finalement peu de temps. De toute façon, Daniel attend les résultats d’un concours aux PTT…

Et c’est un peu pareil avec les filles, pas vraiment le courage de les aborder. Il y a bien la voisine quand son mari n’est pas là… mais rien de vraiment sérieux.  Et puis un jour, c’est le gros lot. Daniel apprend qu’il a réussi son concours. Il est postier. Adieu la banlieue parisienne, direction le petit village d’Azet où il distribuera désormais les bonnes et mauvaises nouvelles…

Je ne sais pas vous mais moi les problèmes des bobos parisiens en mal de reconnaissance et d’amour, à un moment ça lasse. Heureusement, Pascal Rabaté est là pour nous remettre régulièrement les pieds sur terre, les pieds dedans même comme le revendiquait un de ses albums publié bien avant le célèbre Ibicus. Et c’est un nouveau morceau de vie, de vraie vie, qu’il nous propose ici, le quotidien ordinaire de gens normaux, comme dirait notre président, mais avec un sens de l’observation et de l’humour sans équivalent dans la bande dessinée francophone. Biscottes dans le vent est en fait à la fois la reprise et la suite d’un récit sorti en 2001 et intitulé Tartines de courant d’air. Un peu plus de dix ans séparent donc la première et la deuxième partie mais le trait de Bibeur-Lu déjà remarquable a gagné en lisibilité et en élégance. Un p’tit bonheur. EGuillaud

Biscottes dans le vent, de Bibeur Lu et Pascal Rabaté. Editions Vents d’Ouest. 25,50 euros

27 Juil

Clichés de Bosnie, un récit d’Aurélien Ducoudray et de François Ravard aux éditions Futuropolis

Avant d’être auteur de bande dessinée, Aurélien Ducoudray était journaliste et notamment photographe de presse pour un quotidien de province. C’est justement dans les colonnes de celui-ci qu’il prend connaissance du départ imminent d’un camion humanitaire pour la Bosnie. Nous sommes en 2004. Aurélien entre immédiatement en contact avec les bénévoles de la mission et parvient à se joindre à eux. 56 heures de route, 1700 kilomètres et 4 frontières plus loin, Aurélien découvre un pays encore profondément marqué, traumatisé, par la guerre…

Bien sûr, dès les premières pages, Clichés de Bosnie ne peut que nous faire penser à la trilogie du Photographe (éd. Dupuis) d’Emmanuel Guibert et de Didier Lefèvre sauf qu’ici, le travail du photographe, en l’occurrence d’Aurélien, n’est pas réellement au centre des préoccupations, même si Aurélien se met en scène dans le récit et même si quelques-une de ses photographies sont réunies dans un cahier spécial en fin d’album. L’idée de départ était bel et bien de réaliser un reportage sur la Bosnie pour son journal. Huit ans après, le reportage se transforme en bande dessinée-reportage sous la plume d’Aurélien et le pinceau de François Ravard. Suivant les préconisations du grand Robert Capa qui disait  « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près » ou encore « Aime les gens et fais leur savoir », Aurélien Ducoudray et François Ravard nous offrent un témoignage particulièrement fort sur la Bosnie, les Bosniaques, la guerre et ses conséquences… le tout avec beaucoup de proximité, d’humanité et d’humour. EGuillaud

Clichés de Bosnie, d’Aurélien Ducoudray et François Ravard. Editions Futuropolis. 27 euros

26 Juil

Les Schtroumpfs, Tif et Tondu, Les Petits hommes… les intégrales de l’été chez Dupuis

Une intégrale se termine, une autre démarre ! Avec ce treizième volume, l’intégrale consacrée au tandem de choc Tif et Tondu s’achève en effet. 60 ans d’aventures, 45 albums, sept auteurs parmi lesquels Fernand Dineur le créateur, Will le grand patron, ou encore Sikorski et Lapière les ultimes animateurs. Ultimes  ? Peut-être pas car si l’arrêt fût pour le moins brutal en 1997, un retour ne serait aujourd’hui pas exclu comme le laisse entendre Didier Pasamonik dans le cahier graphique qui accompagne ce recueil. En attendant, ce dernier volume réunit trois aventures et non des moindres : Les Vieilles dames aux cent maisons, Fort Cigogne et Le Mystère de la chambre 43. Trois petits bijoux simenoniens !

De 20 ans leurs cadets, les Schtroumpfs sont nés autour d’une table réunissant Pierre Culliford, André Franquin et leurs épouses. Un mot qui ne vient pas et Pierre Culliford, alias Peyo, lance le schtroumpf pour désigner une salière. Le repas se concluera en schtroumpferies diverses. Un an plus tard, Peyo glisse les premiers lutins bleus dans une histoire de Johan et Pirlouit, La Flûte à six trous, et publie en 1959 dans le journal Spirou la première aventure des Schtroumpfs sous la forme d’un livre miniature à confectionner soi-même, Les Schtroumpfs noirs. C’était parti pour une des plus belles aventures  du Neuvième art. Le premier volet de cette nouvelle intégrale réunit un cahier graphique d’une quarantaine

de pages revenant sur le contexte de création ainsi que les récits publiés dans les albums Les Schtroumpfs noirs (dans son format d’origine), Le SchtroumpfissimeLa Schtroumpfette, L’oeuf et les Schtroumpfs. Schtroumpfement bien !

Ils ont une taille de lutins mais cette fois une forme humaine, ce sont les Petits hommes de Pierre Seron. Le cinquième volume de l’intégrale consacrée à leurs aventures réunit quatre grands récits, Dans les griffes du seigneur, Le Guêpier, Les Prisonniers du temps, Le Petits hommes et les hommes-singes, ainsi que trois histoires courtes et une interview très intéressante de Vittorio Leonardo qui signa la mise en couleur de la série. EGuillaud

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Dans le détail

Tif et Tondu (Intégrale 13), de Sikorski et Lapière. 24 euros

Les Schtroumpfs (Intégrale 1), de Peyo. 28 euros

Les Petits hommes (Intégrale 5), de Seron et Hao. 24 euros

24 Juil

La Vie est courte, l’intégralité des cartoons de Larcenet et Thiriet réunis dans un album

La vie est trop courte pour s’habiller triste scandait il y a quelques années la publicité d’une célèbre marque de vêtements. Et c’est vrai, la vie est courte, trop courte, alors autant en profiter et la tourner en dérision comme le font si bien Manu Larcenet et Jean-Michel Thiriet dans ces cartoons réalisés à la fin du siècle précédent. A l’époque, Manu Larcenet venait de lancer les aventures de Bill Baroud pour les éditions Fluide Glacial et Jean-Michel Thiriet multipliait les expériences pour les éditeurs indépendants, Spirou et Canal +. Vache, absurde, noir, délirant… mais toujours savoureux, l’humour de ces cartoons nous fait bien évidemment penser à Pierre Desproges mais pas que. Goossens, Gary Larson, Pifou, Woody Allen, Les Monty Pythons… sont revendiqués comme de sérieuses références. Publiés de-ci de-là avant d’être réunis une première fois en trois albums publiés dans la collection Humour Libre des éditions Dupuis, les cartoons trouvent aujourd’hui, avec cette intégrale à l’italienne, un écrin à leur juste mesure. Magnifiquement drôle ! EGuillaud

La Vie est courte, de Larcenet et Thiriet. Editions Dupuis. 30 euros

28 Juin

« Jack Joseph soudeur sous-marin », un récit de Jeff Lemire aux éditions Futuropolis

On ne voit que ça. Son ventre. Enorme ! Susie devrait accoucher dans un mois tout au plus. En attendant, elle aimerait bien que son mari, Jack, reste à ses côtés, participe aux séances de préparation à l’accouchement. Elle se sent seule. Très seule. Jack, lui, ne s’est jamais senti aussi bien au fond de l’eau qu’aujourd’hui. Il est soudeur sous-marin. Une façon peut-être de retarder l’échéance, de fuir encore un peu ses responsabilités. Une façon aussi de replonger dans son passé, d’aller chercher au plus profond de l’eau et de lui-même une culpabilité enfouie. Jusqu’au jour où  Jack est remonté inconscient à la surface. On pense immédiatement à un accident de décompression. Mais non. C’est bientôt Halloween, la date anniversaire de la mort de son père…

Souvenez-vous, Jeff Lemire nous avait littéralement subjugué avec son récit Essex County paru en 2010, récit qui racontait la vie d’un gamin de 10 ans orphelin vivant chez son oncle dans une ferme perdue quelque part dans l’Ontario, au Canada. Avec Jack Joseph, soudeur sous-marin, l’auteur poursuit son exploration de l’âme humaine, peut-être encore plus profondément, intensément, mettant en scène un homme incapable de regarder devant lui, rongé par le souvenir d’un père absent, alcoolique, qui trouvera la mort dans des eaux – et des circonstances – troubles.

Jeff Lemire est inspiré par des gens comme José Munoz, Hugo Pratt, Alex Toth, Joe Kubert ou Dave McKean pour la BD, David Lynch, Stanley Kubrick, Wim Wenders, pour le cinéma. Un trait brut proche de l’esquisse, une atmosphère intime et sombre, une charge émotionnelle forte…  incontestablement, Jeff Lemire est l’un des plus grands auteurs canadiens actuels ! EGuillaud

Jack Joseph, soudeur sous-marin, de Jeff Lemire. Editions Delcourt. 26 euros

Interview de Bruno Bazile, auteur de la BD M’sieur Maurice et la dauphine jaune

Dessinateur des Aventures de Sarkozix, le Nantais Bruno Bazile revient avec un album qui fleure bon l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge, une biographie dessinée et romancée de l’auteur Maurice Tillieux. Rencontre…

La fin d’un règne… et la fin d’une série ! Exit Nicolas Sarkozy, au placard les aventures de Sarkozix. La série parodique publiée chez Delcourt entre 2010 et 2012 s’arrête avec le changement de Président mais Bruno Bazile, son dessinateur, ne baisse pas les pinceaux et s’attaque d’emblée aux aventures d’un nouveau personnage, tout aussi réel, tout aussi passionnant, une figure, que dis-je une légende du Neuvième art que les plus de 20 ans, ou plus sûrement 40, connaissent forcément. Son nom : Maurice Tillieux.
M’sieur Maurice et la dauphine jaune est une biographie (très) romancée du génial créateur des aventures de Gil Jourdan publiées dans le journal Spirou entre 1956 et 1979. Inspiré par le quotidien et souvent par son propre quotidien, Maurice Tillieux glissa ses héros dans les décors de quelques sites remarquables de France et d’ailleurs comme le passage de Gois en Vendée, le port de Saint-Nazaire ou le pont transbordeur de Rochefort.

Entre nostalgie et modernité, M’sieur Maurice et la dauphine jaune nous fait découvrir en une suite d’histoires courtes comment ce quotidien, ces sites remarquables mais aussi les quartiers populaires ont pu influencer Maurice Tillieux.

© Christophe Turgis
© Christophe Turgis

Pourquoi une biographie dessinée de Maurice Tillieux ?

Bruno Bazile. Parce que je trouvais, quand j’étais jeune lecteur de la série, une proximité (géographique) entre les aventures de Gil Jourdan et des lieux de vacances que je fréquentais moi-même. Etant devenu auteur BD, adulte, et fréquentant ces lieux familiers, la logique dans laquelle s’était plongé Tillieux pour imaginer ses histoires me paraissait évidente, naturelle. C’est ce que j’ai voulu raconter.

La suite ici…

22 Juin

75 ans de Spirou : Franquin et les fanzines, un recueil d’entretiens avec la presse souterraine

Petit mais costaud le nouvel ouvrage des éditions Dupuis fêtant les 75 ans de Spirou ! Sur 480 pages, Franquin et les fanzines réunit une vingtaine d’entretiens, l’intégralité selon l’éditeur, que Franquin, l’un des plus grands noms de la bande dessinée franco-belge, figure emblématique du journal Spirou, accorda aux fanzines de 1971 à 1993. 22 ans de passion, de colères, de joies, de partage avec les fans retranscrits dans les pages de Schtroumpf, Esquisse, Antirouille, Sapristi, A l’Aise, Champagne ! ou encore Auracan, des noms qui parleront à certains. Et parmi cette vingtaine d’entretiens, celui réalisé par Guilhem et Christophe Bec en 1990 et qui resta dans les tiroirs pendant plus de vingt ans avant d’être publié sur un blog et finalement dans ce recueil. Guilhem se souvient de ce moment : « J’ai le souvenir d’un grand enfant plein de passion, d’une immense gentillesse et d’une simplicité incroyable. J’ai eu le privilège de lui montrer des pages que j’avais dessinées et apportées avec moi : il s’enflammait sur tel détail ou telle idée, j’étais très impressionné! Je ne sais pas combien de temps a duré l’interview, j’étais sur une autre planète, ne réalisant pas encore ce qui m’arrivait… Bref, je garde le souvenir d’un très grand monsieur – dans tous les sens du terme –  passionné, très simple… et très bavard ! ».

Plus qu’une simple compilation d’entretiens, Franquin et les fanzines pose un regard bienveillant sur une période charnière pour la bande dessinée, période qui la vit entrer dans le monde adulte grâce notamment à ces publications souvent restées confidentielles. Un concentré de passion et d’informations sur un géant du Neuvième art ! EGuillaud

Franquin et les fanzines. Editions Dupuis. 28 euros

19 Juin

M’sieur Maurice et la dauphine jaune, une biographie romancée de Maurice Tillieux signée Bruno Bazile aux éditions Treize Etrange

Mais qu’a donc fait ce fameux M’sieur Maurice pour mériter un album de BD à son nom ? Si les plus âgés d’entre vous comprendront dès les premières pages, les plus jeunes auront peut-être besoin de quelques éclaircissements. Car M’sieur Maurice n’est pas un personnage de papier ordinaire. Dans la vraie vie, l’homme s’appelait Maurice Tillieux et exerçait le métier d’auteur de bande dessinée, oui oui, un auteur prolifique et influent qui imprima sa marque au Neuvième art dans les années d’après-guerre et plus particulièrement au journal Spirou pour lequel il créa les célèbres aventures de Gil Jourdan. C’est d’ailleurs à celles-ci que fait référence la couverture et principalement à celles-ci que nous ramènent les 46 pages de cet album.

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Découvrez l’interview de l’auteur ici-même

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Dans une série d’histoires courtes, Bruno Bazile, auteur par ailleurs des aventures humoristiques de Sarkozix, nous raconte en effet comment le quotidien de l’auteur et notamment ses voyages à travers la France, depuis Marseille jusqu’à Saint-Nazaire, en passant par lîle de Noirmoutier ou  la Normandie, ont pu  influencer son travail et donner naissance à l’un des personnages les plus emblématiques du journal Spirou. Moins épique et surtout moins polémique que le récit des aventures de Jijé, Franquin et Morris aux Etats-Unis (Gringos Locos), M’Sieur Maurice et la dauphine jaune est présenté comme une biographie (très) romancée de Maurice Tillieux. Les amoureux de la série policière s’amuseront des nombreuses anecdotes, des clins d’oeil et des « seconds rôles » qui traversent l’album comme will ou François Walthéry. Toute une époque ! EGuillaud

M’Sieur Maurice et la dauphine jaune, de Bazile. Editions Treize Etrange. 13,90 euros