20 Sep

La Ligne droite, le nouveau livre de Hubert et Marie Caillou aux éditions Glénat

La ligne droite, c’est celle qu’aurait peut-être pu suivre le jeune Hadrien, ou du moins celle que sa mère aurait souhaité qu’il suive. Mais Hadrien derrière son air sage, presque timoré, pull jacquard sur les épaules, une belle raie de côté en guise de coiffure, n’a pas forcément choisi cette fameuse ligne droite. Même si ce n’est pas facile d’être différent dans un petit village de Bretagne comme le sien. Entre sa mère un brin oppressante, son école, bienpensante, Hadrien ne parvient pas à s’affirmer, restant seul la plupart du temps. Jusqu’au jour où son chemin croise celui de Jérémie, tout le contraire de lui. Il découvre à ses côtés des sentiments bien plus forts que l’amitié…

Après La Chair de l’araignée, un magnifique récit qui portait sur l’anorexie, Hubert retrouve Marie Caillou le temps de poser un regard délicat sur l’adolescence et l’homosexualité. Le graphisme à la fois épuré et poétique de Marie, le scénario fin, intelligent et posé d’Hubert ainsi que le format à l’italienne font de La Ligne droite un très bel ouvrage, vraiment, et une lecture saine pour tous. Que demander de plus ? Eric Guillaud

La Ligne droite, de Hubert et Marie Caillou. Editions Glénat. 22 euros

16 Sep

Faut-il acheter « Une histoire d’hommes », le nouveau Zep paru aux éditions Rue de Sèvres ?

Bon, pour être tout à fait honnête, vu le tapage médiatique organisé autour de l’album depuis plusieurs jours, je dois avouer que j’ai tout fait pour reculer l’instant où je devrais tourner ses pages et forcément constater que pour être apprécié de tout le monde, Une Histoire d’hommes se devait d’être consensuel, fade et finalement sans grand intérêt. Honte sur moi ! Oui honte sur moi car Une Histoire d’hommes n’est pas le résultat d’un coup de folie, d’un caprice de star, d’un Zep qui aurait juste besoin de se dégourdir les jambes et les doigts sur autre chose que son enfant terrible du Neuvième art, le blondinet Titeuf. Non, Une Histoire d’hommes est un récit intelligent tant dans la forme que dans le fond, une histoire où s’entremêlent pas mal de sentiments et pas uniquement chargés à la testostérone, non des sentiments tout simplement humains. Et putain, comme dirait Arno, c’est quand même vachement bien ! Zep, qui a lui-même joué dans quelques groupes imagine ici les retrouvailles d’anciens copains, membres d’un même groupe de rock qui aurait sévi il y a quelque chose comme 18 ans. L’un deux a réussi, est devenu une star au pays de la pop, les autres galèrent ou ont pris une voie beaucoup plus sage au pays du camembert. Ils se retrouvent donc un week-end, invités par la star, refont l’histoire, imaginent ce qu’aurait été le groupe s’il n’avait pas explosé en vol, établissent la liste des regrets éternels et découvrent au détour d’une discussion une sombre vérité, un secret enfoui qui va expliquer pas mal de choses sur les uns et les autres.

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Découvrez l’interview de Zep ici

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Alors oui, tous les grands médias de notre pays en parlent, même le Huffington Post et Les Echos c’est dire. Mais cette fois, c’est avec raison et non par simple mimétisme. Alors faut-il acheter Une Histoire d’hommes ? La question ne se pose même pas. Courrez chez votre libraire le plus proche !

Eric Guillaud

Une histoire d’hommes, de Zep. Editions Rue de Sèvres. 18 euros

13 Sep

« Gokinjo une vie de quartier », un manga de Aï Yazawa chez Delcourt

Gokinjo Monogatari – ultimate edition © 1994 by Yazawa Manga Seisakusho / Shueisha Inc

Ok, la couverture est rose, très rose, et ne laisse donc aucun doute quant à la population visée : les jeunes filles ! Et les premières pages ne font pas plus de mystères : bienvenue à l’académie artistique  Yazawa, section stylisme. Mikako Kôda est en première. Son rêve ? Ouvrir sa chaîne de boutiques et créer sa propre marque. En attendant, Mikako doit apprendre le métier et découvrir la vie, l’amour… En parlant d’amour, Mikako partage le même immeuble que Tsutomu, un ami d’enfance. Un simple ami d’enfance pense-t-elle jusqu’au jour où Tsutomu revient chez lui avec une fille. Les sentiments qu’elle éprouvait alors jusqu’ici pour lui changent radicalement…

Le premier volume de cette réédition contient les deux premiers tomes de la série. Une édition luxe d’un manga signé Aï Yazawa, auteure par ailleurs du cultissime Nana, de Je ne suis pas un ange ou encore de Last Quarter. Un histoire sur l’éveil des sentiments ! Eric Guillaud

Gokinjo, une vie de quartier, de Aï Yazawa. Editions Delcourt. 16,99 euros

12 Sep

Pour la rentrée, Fluide Glacial a décidé de prendre du poids…

L’été lui aura été profitable. Le magazine de la franche rigolade revient avec quelques grammes en plus, l’équivalent de 16 pages. Vous retrouverez bien entendu les habitués de l’endroit, Binet, Goossens, Edika, Larcenet, Sattouf et cie, le tout sous une maquette « reconditionnée ». Au menu, de nouvelles rubriques (tests, conseils, jeux…), des cahiers spéciaux (guides touristiques, suppléments en tout genre…), des thématiques fortes et osées (l’art (con)temporain, le made in France, le football…) et même un hommage à Gotlib pour ses 80 ballets en juillet prochain. Que du bon en somme à découvrir le 19 septembre en kiosque… EGuillaud

11 Sep

Les éditions Dupuis se lancent dans le coquin avec l’album « Gisèle et Béatrice » de Feroumont

A première vue, Gisèle et Béatrice ressemble à n’importe quel autre album des éditions Dupuis. La couverture est sobre : un homme et une femme les yeux dans les yeux. Non, vraiment rien d’extraordinaire ! Sauf qu’il s’agit là de l’illustration du fourreau, visible par tous. L’album, quant à lui, une fois extrait de ce fourreau, donne la véritable couleur du récit. Sur un fond rouge passion, ce sont maintenant deux femmes dont une en petite tenue qui s’embrassent langoureusement. Et là, la chose est déjà moins courante chez Dupuis. Encore moins courantes sont les scènes très chaudes qui ponctuent les 100 pages du récit. Vous ne vous trompez pas, Gisèle et Béatrice est bel et bien un album érotique mais avec un petit truc en plus, histoire peut-être pour l’éditeur de garder image honorable : l’histoire de sexe est doublée d’une satire sociale !!

L’histoire justement. Béatrice, harcelée par son patron, décide un soir de l’inviter chez elle où elle lui fait boire un breuvage magique qui le transforme en femme. Patron devient Gisèle, objet sexuel, accessoirement femme de ménage, et Béatrice en profite pour lui ravir son poste dans l’entreprise inversant ainsi les rôles prédéfinis. Au delà de la sexualité, de la transexualité, Gisèle et Béatrice aborde la question de la place de la femme dans l’entreprise et plus largement dans la société. Surprenant ! Eric Guillaud

Gisèle et Béatrice, de Benoît Feroumont. Editions Dupuis. 18 euros

09 Sep

Le premier numéro de La Revue dessinée sort jeudi 12 septembre…

2 ans de travail, 228 pages d’enquêtes de reportages et de documentaires, bref d’informations en BD pour croquer le monde à pleines dents. Le magazine trimestriel La Revue dessinée, fondé par Franck Bourgeron, Olivier Jouvray, Sylvain Ricard, Virginie Ollagnier, Kris et le journaliste David Servenay, sera disponible en version papier, 15 euros dans toutes les bonnes librairies, et en version numérique sur l’AppStore pour 3,59 euros. Au menu de ce  premier numéro : les pionniers du gaz de schiste, les marins des terres australes, les coulisses du zoo du jardin des plantes, Allende… chaque histoire associant un auteur BD et un journaliste d’investigation. Pour en savoir plus c’est ici

08 Sep

Tyler Cross, un polar rouge sang signé Fabien Nury et Brüno chez Dargaud

Très franchement, à découvrir un peu plus chaque jour le programme éditorial que nous ont concocté cette année les différentes maisons d’édition, on ne va pas regretter très longtemps nos plages ensoleillées. Un seul livre suffirait même à nous convaincre définitivement que l’été est un désert culturel dont on pourrait se passer et que la rentrée est un bienfait pour l’humanité. Et ce livre s’appelle Tyler Cross, un récit de 104 pages emmené par le tandem Fabien Nury – Brüno, oui oui celui-là même qui a réalisé autrefois Atar Gull ou le destin d’un esclave modèle, album ô combien remarquable et remarqué jusque dans les plus hautes sphères du Neuvième art. Et pour ce nouvel album, Fabien Nury et Brüno changent totalement d’univers. Exit le XIXème siècle et la traite négrière, bonjour l’Amérique des années 50, 1950, et l’univers impitoyable des gangsters, mafieux et autres shérifs ripoux. Vous l’aurez compris, Tyler Cross est un polar, un polar rouge sang, violent, radical, explosif. Ici, même les belles poupées se font descendre, c’est dire !

Au centre de l’affaire, Tyler Cross, un gangster à sang froid chargé par un premier mafieux de voler 17 kilos d’héroïne pure à un second mafieux. Un contrat simple en apparence mais qui finit bien sûr par déraper et envoyer valdinguer notre homme du côté de Black Rock, un bled paumé habité par une bande de péquenauds tenus en laisse par la famille Pragg qui va elle-même donner du fil à retordre à notre gangster, du fil à retordre et de la poudre blanche à sauver de la fosse septique.

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Retrouvez l’interview des auteurs ici-même

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Inutile de compter les morts, vous n’aurez pas assez de vos deux mains et deux pieds, Tyler Cross est un as de la gâchette, un gars qui ne se laisse pas faire, un gars malin aussi, un mélange de Jack Palance et Humphrey Bogart. Résultat des courses, le récit est un long filet de sang canalisé par un scénario en béton armé, un graphisme épuré, minimaliste, éblouissant de clarté et d’expressivité, et des couleurs sublimes signées Laurence Croix ! Sérieusement, laissez tomber toutes activités anecdotiques et jetez-vous sur cet album qui a tout du miracle ! EGuillaud

Tyler Cross, de Fabien Nury et Brüno. Editions Dargaud. 16,95 euros

06 Sep

Glénat reprend le catalogue de la maison d’édition 12Bis

Mercredi 4 septembre, le Tribunal de commerce de Paris a désigné Glénat comme repreneur du catalogue de la maison d’édition 12Bis, placée en redressement judiciaire depuis le 30 avril 2013.

Une centaine d’auteurs pour environ 250 titres rejoignent ainsi le catalogue Glénat, accompagnés d’une « belle liste de nouveautés », précise l’éditeur historique dans un communiqué de presse daté du 6 septembre !

Au programme : la suite de L’Or et le sang, la fameuse série de Fabien Nury, Merwan et Fabien Bedouel, le lancement de Red widow, une nouvelle bande dessinée signée Xavier Dorison et Terry Dodson et le prochain diptyque de François Dermaut : Rosa.

03 Sep

Panda aime… un recueil de strips signés Keison chez Delcourt…

Panda aime beaucoup, énormément, à la folie. Panda aime Hellboy, les Fiat Panda, Pac-Man, croquer la Lune, casser les cases avec son derrière, faire pipi du haut des falaises de Calais, Corto Maltese, piquer un somme, manger les nuages, le saut à l’élastique, faire la bombe dans le chocolat chaud, aller dans le futur… et on pourrait en faire des lignes et des lignes comme ça, ce qui n’aurait pas vraiment d’intérêt, vous en conviendrez, tant les aventures de Panda aime… sont avant tout visuelles. Panda est donc un panda à tendance transformiste. Il se déguise, se métamorphose, se fait plus gros, plus petit, plus rond, plus carré, plus animal, plus humain, plus farceur et renouvèle la chose depuis des centaines – pour ne pas dire des milliers – de strips

visibles depuis 2008 sur le web, ici-même, et depuis ce mois de septembre dans un bel album des éditions Delcourt.
Inspirées d’une scène mythique du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, en l’occurrence la scène « Amélie aime… » que vous pourrez revisionner à volonté ci-dessous, les histoires de notre panda adoré se lisent sans fin. On n’aime pas, on adore… EGuillaud
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Panda aime… de Keison. Editions Delcourt. 14,95 euros

Les Guerres silencieuses, une histoire de famille signée Jaime Martin chez Dupuis

Impossible pour l’auteur de BD Jaime Martin de ne pas connaître l’histoire de son père. Combien de repas de famille se sont en effet achevés par le récit de sa vie et plus particulièrement de son service militaire dans le Sahara espagnol. Beaucoup, beaucoup trop, de quoi ne plus vraiment écouter. Il faudra que l’auteur se retrouve en manque d’inspiration et bloqué sur une page blanche depuis des jours, pour qu’il y prête à nouveau attention lors d’un repas dominical et la juge finalement assez intéressante pour être adaptée en bande dessinée.

Et pour nous lecteurs, cette vie se révèle effectivement très intéressante. D’abord parce qu’elle nous ramène dans l’Espagne des années 50, une Espagne meurtrie par la guerre civile, bâillonnée par le franquisme, tenue d’une main de fer par les institutions, l’armée, la religion, ensuite parce qu’elle nous parle d’une autre guerre, une guerre que très peu de gens connaissent, la guerre d’Ifni, qui opposa l’Espagne au Maroc. Avec un graphisme élégant et clair, qui tend parfois vers le minimalisme, et l’intégration modérée de quelques photos anciennes, l’auteur de Ce que le vent apporte et de Toute la poussière du chemin, également parus aux éditions Dupuis, nous dresse ici un tableau réaliste et fort de l’Espagne d’hier et d’aujourd’hui. La rentrée s’annonce bien… EGuillaud

Les Guerres silencieuses, de Jaime Martin. Editions Dupuis. 24 euros