28 Fév

Pacifique, un premier album étonnant signé Romain Baudy et Martin Trystram chez Casterman

Udo Grothendieck ne supporte pas l’avion. Ca le rend malade. Alors, imaginez le sur l’eau ou pire sous l’eau, dans un sous-marin. C’est pourtant bien là qu’on l’attend. Qu’on attend surtout ses compétences en matière de radio. Et le voilà un beau jour de 1945 quasi-parachuté sur le pont d’un u-boot en plein milieu du Pacifique. Visite des lieux au pas de charge, petite séance obligatoire de bizutage et direction le poste qui lui a été assigné. Mais Udo n’est pas venu seul. Avec lui un livre et qui plus-est un livre interdit par le régime nazi dont l’équipage se débarrasse immédiatement. Mais au fil des jours, d’autres exemplaires de ce livre réapparaissent jusqu’à envahir la salle des machines…

Attention talent ! Romain Baudy et Martin Trystram signent ici leur tout premier album d’une déconcertante maturité. Pacifique, très bel objet au format à l’italienne, est un petit bijou graphique et scénaristique réalisé à quatre mains. Une méthode de travail à la « Dupuy & Berberian » pour un résultat tout à fait saisissant. Dès les premières pages, ce récit de guerre nous plonge corps et âme dans une atmosphère claustrophobique à souhait qui sent l’huile de moteurs, les vapeurs d’essence et la sueur. On pense au Réducteur de vitesse de Blain, même si l’action se passait sur un cuirassé, ou au polar U-Boot de Nicolas Juncker, en moins noir et en plus poétique. Dans Pacifique, la littérature, le rêve, l’utopie, finissent par gagner la guerre. Deux auteurs et un album à découvrir de toute urgence ! EGuillaud

Pacifique, de Romain Baudy et Martin Trystram. Editions Casterman. 15 euros

26 Fév

Rencontre avec Benoît Springer, le dessinateur de la BD « Le Beau voyage » parue chez Dargaud

Allo Benoît, est-ce qu’on peut-on se voir pour les photos ? Pas de souci Eric. Il est comme ça Benoît. Pas de souci. Alors même si je traîne ce jour là une cochonnerie de grippe, j’attrape au vol mon appareil photo et rejoins au pas de course le centre ville de Nantes, ce qui aura pour effet bénéfique de faire tomber la fièvre. Bonjour bonjour… Alors on se met où ? Très bonne question. Dans le passage Pommeraye? Ah oui bonne idée. C’est parti…

Benoît que j’ai la chance de rencontrer ce jour-là est dessinateur de bande dessinée, parfois scénariste, et surtout présentement auteur de l’album « Le Beau voyage » sorti ce mois-ci aux éditions Dargaud avec l’auteur belge Zidrou au scénario.

Le Beau voyage est un récit poignant construit autour d’un de ces secrets de famille qui peuvent flinguer plusieurs générations, un récit choc qui vous prend par le colbac dès la première page pour ne jamais vous lâcher grâce à un savant égrainage de flashbacks et de révélations.  Un album qui nous parle de la vie, la vraie, mais aussi de la mort, en l’occurrence d’un être proche, du suicide, de l’absence, des remords… avec beaucoup de délicatesse et d’intelligence.

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Rencontre avec Benoît Springer, le dessinateur de la BD « Le Beau voyage » parue chez Dargaud

Allo Benoît, est-ce qu’on peut-on se voir pour les photos ? Pas de souci Eric. Il est comme ça Benoît. Pas de souci. Alors même si je traîne ce jour là une cochonnerie de grippe, j’attrape au vol mon appareil photo et rejoins au pas de course le centre ville de Nantes, ce qui aura pour effet bénéfique de faire tomber la fièvre. Bonjour bonjour… Alors on se met où ? Très bonne question. Dans le passage Pommeraye? Ah oui bonne idée. C’est parti…

Benoît que j’ai la chance de rencontrer ce jour-là est dessinateur de bande dessinée, parfois scénariste, et surtout présentement auteur de l’album « Le Beau voyage » sorti ce mois-ci aux éditions Dargaud avec l’auteur belge Zidrou au scénario.

Le Beau voyage est un récit poignant construit autour d’un de ces secrets de famille qui peuvent flinguer plusieurs générations, un récit choc qui vous prend par le colbac dès la première page pour ne jamais vous lâcher grâce à un savant égrainage de flashbacks et de révélations.  Un album qui nous parle de la vie, la vraie, mais aussi de la mort, en l’occurrence d’un être proche, du suicide, de l’absence, des remords… avec beaucoup de délicatesse et d’intelligence.

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24 Fév

Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Mr Fab inaugurent la nouvelle série concept de Delcourt : L’Homme de l’année

L’histoire n’est pas exclusivement écrite et vécue par les puissants de ce monde. Par la pensée, par la force, pour la bonne ou la mauvaise cause, chacun de nous, anonyme parmi les anonymes, participons aussi à l’écriture de l’histoire, de notre histoire. Et c’est justement le concept de cette nouvelle série lancée par les éditions Delcourt. « Nous évoquerons… », précise Fred Blanchard, le directeur du label Série B, « le Chemin des dames, la bataille de Waterloo, la mort de Che Guevara et celle de Jeanne d’Arc, la commune de Paris, la découverte des Amériques par Christophe Colomb et l’affaire Dreyfus… Autant d’événements où des anonymes ont laissé trace de leur présence au travers de quelques lignes dans un livre, d’un visage flou sur une photo ou d’une  silhouette à l’arrière plan d’un tableau… ».

Et pour ouvrir cette nouvelle série collective, honneur à l’un des anonymes les plus célèbres de l’histoire de France puisqu’il s’agit ni plus ni moins du soldat inconnu, lequel repose je vous le rappelle sous l’Arc de triomphe depuis plus de 90 ans. Qui peut-il bien être ? Comment est-il arrivé là ? Pour l’imaginer : une équipe de choc composée des scénaristes Fred Duval et Jean-Pierre Pécau (l’équipe de Jour J), rejoints pour l’occasion par le dessinateur Mr Fab. « L’Homme de l’année – 1917 part d’une réalité… », expliquent les scénaristes, « celle de l’emploi massif de l’Armée d’Afrique sur les champs de bataille d’Europe durant la Première guerre mondiale ». Et d’imaginer une histoire d’amitié impossible entre un tirailleur sénégalais et un officier blanc français en pleine guerre des tranchées. Un graphisme réaliste de caractère, des couleurs qui accentuent l’atmosphère de fin du monde, des scènes d’une réalisme cru, un scénario blindé et une intrigue particulièrement travaillée font de 1917 un album d’ouverture prometteur ! EGuillaud

1917, L’Homme de l’année (tome 1), de Duval Pécau et Mr Fab. Editions Delcourt. 14,95 euros.

18 Fév

Tout sauf l’amour, une comédie signée Bihel, Toldac et Makyo chez Futuropolis

Un mariage garantie trois ans. Ca vous tente ? C’est ce que propose l’agence matrimoniale du 21e Ciel. Une agence d’un genre nouveau. Avec elle, finies les rencontres internet, au placard les speed dating, place aux nouvelles technologies, aux connexions névrotiques, aux capteurs sensoriels. Et ça marche plutôt bien. Jusqu’au jour où José Alcano, le patron de cette fameuse agence, est responsable d’un accident ! Incapable de payer les dégâts estimés à plusieurs millions, José Alcano va devoir accepter un marché : trouver un mari pour la fille dépressive d’Antoine de Beaumont, un très riche assureur. Et l’affaire ne sera franchement pas simple…
Direction Grenoble pour cette nouvelle comédie sentimentale écrite par Pierre Makyo (Grimion gant de cuir, Balade au bout du monde…), Toldac  (Les Bogros, A.D.N.) et mise en images par Frédéric Bihel (Les Héritiers du soleil, L’Afghan Massoud…). Tout comme Exauce-nous, le précédent livre commun de Bihel et Makyo, Tout sauf l’amour nous parle de la vie, la vraie, et plus précisément ici de l’amour avec beaucoup de tendresse et d’ironie. José Alcano et Nina de Beaumont, les deux personnages principaux, vont nous démontrer que l’amour est une alchimie bien mystérieuse qui ne peut se restreindre à une formule mathématique ou une ligne comptable. Un scénario prévisible mais tout à fait plaisant, des personnages attachants, un trait réaliste d’une très grande finesse, des couleurs douces… Tout sauf l’amour offre au final un bon moment de lecture. Et c’est le principal ! EGuillaud

Tout sauf l’amour, de Bihel, Toldac et Makyo. Editions Futuropolis. 18,50 euros

15 Fév

Lastman, une nouvelle saga de Balak, Michaël Sanlaville et Bastien Vivès

Il est sorti ! Enfin presque. Si nous, chroniqueurs, avons eu l’honneur et l’avantage de le recevoir sous pochette scellée, version collector, vous, lecteurs, devraient patienter jusqu’au 13 mars. Je sais, c’est profondément cruel ! Mais en attendant, haut les coeurs, vous pouvez toujours découvrir les cinq premiers épisodes de cette histoire cosignée par Balak, Michaël Sanlaville et Bastien Vivès sur le portail européen de BD digitale Delitoon. C’est mieux que rien et vous pourrez même vous inscrire pour être prévenus par mail de la mise en ligne des prochains épisodes. Mais que raconte Lastman ? Oui c’est vrai tiens, que raconte cet album inspiré, précise l’éditeur, par le manga, le dessin animé et le jeu vidéo ? Un tournoi. Le tournoi annuel d’une ville inconnue dans un monde inconnu. Une ville plutôt sympa accrochée à une montagne. Et dans cette ville, le Jeune Adrian Velba, 12 ans, qui rêve justement de remporter ce tournoi. Mais la défection de son partenaire ruine tous ses espoirs. Jusqu’au moment où Richard Aldana, un jeune-homme venu d’ailleurs, débarque avec ses méthodes plus… comment dire… radicales et le choisit comme partenaire.
Résultat des courses, 200 pages dont une petite partie en couleurs et un récit qui se lit d’une traite. C’est frais, c’est léger, c’est vif, c’est drôle, les personnages sont attachants, le dessin, très agréable… Que demandez de plus ? Des stickers peut-être ? C’est prévu ! Et quoi encore ? Un making of ? Le voilà… EGuillaud

Lastman, de Balak, Michaël Sanlaville et Bastien Vivès. Editions KSTR. 12,50 euros ou 18,50 euros pour la version collector sous pochette scellée.

09 Fév

Crève saucisse, une comédie noire signée Pascal Rabaté et Simon Hureau chez Futuropolis

Crève saucisse ! Avec un nom pareil, cet album ne pouvait décemment pas passer inaperçu. Ca sent la boucherie à plein nez ! Et de fait, Didier, le personnage principal, a le coup de couteau facile. Il faut dire qu’il a de l’expérience le garçon. Des années et des années à découper les steacks dans la hampe et ailleurs pour ses clients. Vous l’aurez compris, Didier est boucher de profession et sa femme, Sandrine, s’occupe de la caisse. Sa femme justement…, depuis un an, elle le trompe avec Eric, leur meilleur ami. Didier le sait et et ne peut plus le supporter. Sa décision est prise, il va se venger, tuer le copain d’hier et récupérer sa femme. Mais comment ? C’est dans une bande dessinée qu’il va trouver la solution, une enquête de Gil Jourdan, La Voiture immergée

D’un côté, Pascal Rabaté, poids lourd de la bande dessinée à tendance réaliste et grinçante, de l’autre, Simon Hureau, digne représentant de la bande dessinée indépendante. Au centre Crève Saucisse, un polar savoureux et méticuleux qui met en scène une vengeance froide et jubilatoire sur fond d’hommage à Maurice Tillieux et à la mythique série policière Gil Jourdan. Un album saignant ! EGuillaud

Crève saucisse, de Pascal Rabaté et Simon Hureau. Editions Futuropolis. 17 euros

07 Fév

« Le Beau voyage » ou l’histoire d’un secret de famille dévastateur. Une BD signée Zidrou et Benoît Springer

La trentaine, animatrice télé et accessoirement modèle pour quelques revues de charme, Léa prend la vie comme elle vient. Mais la mort brutale de son père, à seulement 57 ans, réveille en elle de douloureux souvenirs. Ce père justement, médecin, qui n’était jamais disponible pour admirer ses dessins d’enfant. Et cette mère distante, presque froide, qui finit par plaquer mari et fille pour un représentant en aspirateurs. Et enfin, Léo, ce fantôme de frère qui hante son existence. Léo, Léa, une lettre qui fait la différence ! Léo est mort quelques temps avant la naissance de Léa, un décès entouré d’un silence plombant. Un de ces secrets de famille qui empêche de voir la vie avec légèreté…

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L’interview du dessinateur Benoît Springer à lire ici

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Scénariste très courtisé depuis quelques temps (L’élève Ducobu, Les Crannibales, Le Boss, Tamara, La Peau de l’ours…) Zidrou s’est associé pour ce nouveau récit au dessinateur nantais Benoît Springer dont on a déjà pu apprécier le trait délicat et précis dans les albums On me l’a enlevée (Vents d’Ouest) ou La Boussole (Soleil) ainsi que ses talents d’auteur complet dans Les Funérailles de Luce (Vents d’Ouest). Le Beau voyage est un récit poignant construit autour d’un de ces secrets de famille qui peuvent flinguer plusieurs générations, un récit choc qui vous prend au tripes et par le colbac pour ne jamais vous lâcher grâce à un savant égrainage de flashbacks et de révélations. Un beau voyage ! EGuillaud

Le Beau voyage, de Zidrou et Benoît Springer. Editions Dargaud. 14,99 euros

Festival : St Denis en Val coince la bulle

Rien à voir avec le mastodonte festival d’Angoulême mais si vous aimez la bande dessinée et que vous habitez dans le Loiret et plus particulièrement aux environs d’Orléans, alors rendez-vous samedi 9 et dimanche 10 à St Denis en Val pour la 12e édition de Bulles en Val avec au menu des expos, des spectacles, un coin libraires et bouquinistes et bien entendu les incontournables séances de dédicaces. Parmi les auteurs invités : Afroula, Fabrice Angleraud, Jean-Michel Arroyo, Jean Barbaud, Callixte, Hervé riches, Roger Seiter…

Le Cercil, Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv, y sera présent durant les deux jours pour présenter au public des bandes dessinées sur la Shoah.

Et le mardi 12 février, à 18h, le Cercil, toujours lui, proposera dans ses locaux à Orléans une rencontre autour de la thématique : « la représentation de la résistance, de la déportation

et de la Shoah est-elle possible ? Parmi les invités, Robin Walter, auteur de la BD KZ Dora (éd. Des Ronds dans l’O), Antoine Maurel, éditeur de la BD L’enfant cachée de Marc Lizano, Loïc Dauvillier et Greg Salsedo au Lombard et Benoît Momboisse, auteur avec ses élèves du roman illustré Les Sangliers sortent du bois (éd. de l’Ecluse). EGuillaud

04 Fév

Régis Hautière et Hardoc nous plongent dans la Grande guerre avec « La Guerre des Lulus »

Ils s’appellent Ludwig, Lucas, Luigi, Lucien mais tout le monde les connaît sous le nom des Lulus, quatre gamins qui usent leurs fonds de culotte sur les bancs de l’assistance public, quatre joyeux Lulus qui préfèrent parcourir les bois alentours que fréquenter la chapelle de l’orphelinat. Aout 1914, c’est la guerre et l’ordre d’évacuation est donné. L’orphelinat se vide, les villages alentours aussi. Mais les Lulus, planqués dans leur cabane ne sont pas prévenus. Ils se retrouvent seuls, bientôt rejoints par une jeune réfugiée de Belgique. Elle s’appelle Luce et deviendra la cinquième Lulu de la bande…

Pourquoi La Guerre des Lulus risque d’être l’un des grands succès de ce début d’année ? Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, la guerre de 14-18 est un thème largement apprécié du grand public et un thème récurrent dans la bande dessinée francophone, traité par de nombreux auteurs dont l’un des plus grands, Jacques Tardi. Ensuite, parce que la guerre est ici traitée sous un angle particulier, celui d’enfants, de civils donc. L’aspect pesant, noir, des tranchées, est évité. « On est dans la guerre de 14, mais à côté… », confirment les auteurs dans une interview accordée à Daniel Muraz. Enfin, parce que le graphisme semi réaliste de Hardoc, le scénario et les dialogues de Régis Hautière ont l’intelligence de la simplicité. Comme La Guerre des boutons, dont certains ne manqueront pas de noter une certaine proximité, La Guerre des Lulus est une histoire universelle. EGuillaud

La Guerre des Lulus (tome 1), La Maison des enfants trouvés, de Régis Hautière et Hardoc. Editions Casterman. 12,95 euros