11 Sep

Les éditions Dupuis se lancent dans le coquin avec l’album « Gisèle et Béatrice » de Feroumont

A première vue, Gisèle et Béatrice ressemble à n’importe quel autre album des éditions Dupuis. La couverture est sobre : un homme et une femme les yeux dans les yeux. Non, vraiment rien d’extraordinaire ! Sauf qu’il s’agit là de l’illustration du fourreau, visible par tous. L’album, quant à lui, une fois extrait de ce fourreau, donne la véritable couleur du récit. Sur un fond rouge passion, ce sont maintenant deux femmes dont une en petite tenue qui s’embrassent langoureusement. Et là, la chose est déjà moins courante chez Dupuis. Encore moins courantes sont les scènes très chaudes qui ponctuent les 100 pages du récit. Vous ne vous trompez pas, Gisèle et Béatrice est bel et bien un album érotique mais avec un petit truc en plus, histoire peut-être pour l’éditeur de garder image honorable : l’histoire de sexe est doublée d’une satire sociale !!

L’histoire justement. Béatrice, harcelée par son patron, décide un soir de l’inviter chez elle où elle lui fait boire un breuvage magique qui le transforme en femme. Patron devient Gisèle, objet sexuel, accessoirement femme de ménage, et Béatrice en profite pour lui ravir son poste dans l’entreprise inversant ainsi les rôles prédéfinis. Au delà de la sexualité, de la transexualité, Gisèle et Béatrice aborde la question de la place de la femme dans l’entreprise et plus largement dans la société. Surprenant ! Eric Guillaud

Gisèle et Béatrice, de Benoît Feroumont. Editions Dupuis. 18 euros

09 Sep

Le premier numéro de La Revue dessinée sort jeudi 12 septembre…

2 ans de travail, 228 pages d’enquêtes de reportages et de documentaires, bref d’informations en BD pour croquer le monde à pleines dents. Le magazine trimestriel La Revue dessinée, fondé par Franck Bourgeron, Olivier Jouvray, Sylvain Ricard, Virginie Ollagnier, Kris et le journaliste David Servenay, sera disponible en version papier, 15 euros dans toutes les bonnes librairies, et en version numérique sur l’AppStore pour 3,59 euros. Au menu de ce  premier numéro : les pionniers du gaz de schiste, les marins des terres australes, les coulisses du zoo du jardin des plantes, Allende… chaque histoire associant un auteur BD et un journaliste d’investigation. Pour en savoir plus c’est ici

08 Sep

Tyler Cross, un polar rouge sang signé Fabien Nury et Brüno chez Dargaud

Très franchement, à découvrir un peu plus chaque jour le programme éditorial que nous ont concocté cette année les différentes maisons d’édition, on ne va pas regretter très longtemps nos plages ensoleillées. Un seul livre suffirait même à nous convaincre définitivement que l’été est un désert culturel dont on pourrait se passer et que la rentrée est un bienfait pour l’humanité. Et ce livre s’appelle Tyler Cross, un récit de 104 pages emmené par le tandem Fabien Nury – Brüno, oui oui celui-là même qui a réalisé autrefois Atar Gull ou le destin d’un esclave modèle, album ô combien remarquable et remarqué jusque dans les plus hautes sphères du Neuvième art. Et pour ce nouvel album, Fabien Nury et Brüno changent totalement d’univers. Exit le XIXème siècle et la traite négrière, bonjour l’Amérique des années 50, 1950, et l’univers impitoyable des gangsters, mafieux et autres shérifs ripoux. Vous l’aurez compris, Tyler Cross est un polar, un polar rouge sang, violent, radical, explosif. Ici, même les belles poupées se font descendre, c’est dire !

Au centre de l’affaire, Tyler Cross, un gangster à sang froid chargé par un premier mafieux de voler 17 kilos d’héroïne pure à un second mafieux. Un contrat simple en apparence mais qui finit bien sûr par déraper et envoyer valdinguer notre homme du côté de Black Rock, un bled paumé habité par une bande de péquenauds tenus en laisse par la famille Pragg qui va elle-même donner du fil à retordre à notre gangster, du fil à retordre et de la poudre blanche à sauver de la fosse septique.

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Retrouvez l’interview des auteurs ici-même

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Inutile de compter les morts, vous n’aurez pas assez de vos deux mains et deux pieds, Tyler Cross est un as de la gâchette, un gars qui ne se laisse pas faire, un gars malin aussi, un mélange de Jack Palance et Humphrey Bogart. Résultat des courses, le récit est un long filet de sang canalisé par un scénario en béton armé, un graphisme épuré, minimaliste, éblouissant de clarté et d’expressivité, et des couleurs sublimes signées Laurence Croix ! Sérieusement, laissez tomber toutes activités anecdotiques et jetez-vous sur cet album qui a tout du miracle ! EGuillaud

Tyler Cross, de Fabien Nury et Brüno. Editions Dargaud. 16,95 euros

06 Sep

Glénat reprend le catalogue de la maison d’édition 12Bis

Mercredi 4 septembre, le Tribunal de commerce de Paris a désigné Glénat comme repreneur du catalogue de la maison d’édition 12Bis, placée en redressement judiciaire depuis le 30 avril 2013.

Une centaine d’auteurs pour environ 250 titres rejoignent ainsi le catalogue Glénat, accompagnés d’une « belle liste de nouveautés », précise l’éditeur historique dans un communiqué de presse daté du 6 septembre !

Au programme : la suite de L’Or et le sang, la fameuse série de Fabien Nury, Merwan et Fabien Bedouel, le lancement de Red widow, une nouvelle bande dessinée signée Xavier Dorison et Terry Dodson et le prochain diptyque de François Dermaut : Rosa.

03 Sep

Panda aime… un recueil de strips signés Keison chez Delcourt…

Panda aime beaucoup, énormément, à la folie. Panda aime Hellboy, les Fiat Panda, Pac-Man, croquer la Lune, casser les cases avec son derrière, faire pipi du haut des falaises de Calais, Corto Maltese, piquer un somme, manger les nuages, le saut à l’élastique, faire la bombe dans le chocolat chaud, aller dans le futur… et on pourrait en faire des lignes et des lignes comme ça, ce qui n’aurait pas vraiment d’intérêt, vous en conviendrez, tant les aventures de Panda aime… sont avant tout visuelles. Panda est donc un panda à tendance transformiste. Il se déguise, se métamorphose, se fait plus gros, plus petit, plus rond, plus carré, plus animal, plus humain, plus farceur et renouvèle la chose depuis des centaines – pour ne pas dire des milliers – de strips

visibles depuis 2008 sur le web, ici-même, et depuis ce mois de septembre dans un bel album des éditions Delcourt.
Inspirées d’une scène mythique du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, en l’occurrence la scène « Amélie aime… » que vous pourrez revisionner à volonté ci-dessous, les histoires de notre panda adoré se lisent sans fin. On n’aime pas, on adore… EGuillaud
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Panda aime… de Keison. Editions Delcourt. 14,95 euros

Les Guerres silencieuses, une histoire de famille signée Jaime Martin chez Dupuis

Impossible pour l’auteur de BD Jaime Martin de ne pas connaître l’histoire de son père. Combien de repas de famille se sont en effet achevés par le récit de sa vie et plus particulièrement de son service militaire dans le Sahara espagnol. Beaucoup, beaucoup trop, de quoi ne plus vraiment écouter. Il faudra que l’auteur se retrouve en manque d’inspiration et bloqué sur une page blanche depuis des jours, pour qu’il y prête à nouveau attention lors d’un repas dominical et la juge finalement assez intéressante pour être adaptée en bande dessinée.

Et pour nous lecteurs, cette vie se révèle effectivement très intéressante. D’abord parce qu’elle nous ramène dans l’Espagne des années 50, une Espagne meurtrie par la guerre civile, bâillonnée par le franquisme, tenue d’une main de fer par les institutions, l’armée, la religion, ensuite parce qu’elle nous parle d’une autre guerre, une guerre que très peu de gens connaissent, la guerre d’Ifni, qui opposa l’Espagne au Maroc. Avec un graphisme élégant et clair, qui tend parfois vers le minimalisme, et l’intégration modérée de quelques photos anciennes, l’auteur de Ce que le vent apporte et de Toute la poussière du chemin, également parus aux éditions Dupuis, nous dresse ici un tableau réaliste et fort de l’Espagne d’hier et d’aujourd’hui. La rentrée s’annonce bien… EGuillaud

Les Guerres silencieuses, de Jaime Martin. Editions Dupuis. 24 euros


25 Août

Charles Charles, profession président, une bande dessinée de Marc Dubuisson et James chez Delcourt

« Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités » : sans réellement savoir qui de Gandhi ou de Spiderman a prononcé cette phrase, Charles Charles a décidé d’en faire sienne. Et il aurait tort de se gêner ! Après de longues années de campagne, Charles Charles accède enfin à son rêve le plus fou, occuper la fonction de  Président des Etats-Unis de la République. Et il compte bien en profiter pour faire le ménage et débarrasser le pays des horreurs du passé, à commencer par les platanes qui gâchent la vue depuis la fenêtre de son bureau présidentiel…

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est pas une coïncidence mais une simple évidence. Pour écrire et mettre en images ce récit, Marc Dubuisson (La Nostalgie de Dieu) et James (Dans mon open space, Comme un lundi…) n’ont eu qu’à observer les hauts et bas faits des grands de ce monde et de les passer à la moulinette satirique. Résultat des courses, Charles Charles, profession président nous offre une série d’histoires courtes zoomorphiques de deux pages d’une absolue drôlerie ! EGuillaud

Charles Charles, profession président, de Marc Dubuisson et James. Editions Delcourt. 10,95 euros

18 Août

Interview de Xavier Coste, auteur de la bande dessinée « Rimbaud l’indésirable » parue chez Casterman

Parfaitement inconnu il y a encore deux ans, Xavier Coste joue aujourd’hui dans la cour des grands auteurs de bande dessinée. A son actif, deux albums, deux albums seulement, mais deux albums exceptionnels et un talent déjà affirmé et reconnu de tous. Rencontre…

Le premier album de Xavier Coste, une biographie romancée du peintre autrichien Egon Schiele, avait fait forte impression au moment de sa publication en mai 2012. Nous avions d’ailleurs à cette époque rencontré et soumis le jeune auteur d’origine bas-normande à sa toute première interview.

Douze petits mois plus tard, Xavier Coste est de retour avec une nouvelle biographie. On quitte le monde de la peinture cette fois pour celui de la poésie avec un de ses plus grands représentants, Arthur Rimbaud. Deux univers artistiques différents mais deux destinées pareillement tumultueuses et au bout du compte un nouvel album, beau… comme du Rimbaud !

La suite ici…

16 Août

Après la vie d’Egon Schiele, Xavier Coste s’attaque à la vie de Rimbaud dans cette nouvelle biographie en BD

Resté un long moment sur ma table de chevet en attendant de trouver un moment propice à sa lecture, Rimbaud l’indésirable fait partie de ces livres qui se méritent autant qu’ils se dégustent. Une sucrerie, une récompense en somme, publiée en mai dernier et signée du jeune auteur Xavier Coste que j’avais interviewé il y a un an pour son premier livre : Egon Schiele. A l’époque, je parlais d’un pur inconnu qui signait l’un des plus beaux albums du moment. Aujourd’hui Xavier Coste s’est fait un nom et prouve avec Rimbaud l’indésirable qu’il n’était pas l’homme d’un coup de génie sans lendemain. Bien au contraire ! 12 petits mois plus tard, Xavier Coste nous revient avec une nouvelle biographie tout aussi exceptionnelle.

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L’interview de l’auteur ici

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Après la peinture, c’est dans le milieu littéraire qu’il nous entraîne ici, 120 pages sur l’un, sinon LE, plus grand poète français, un être à la psychologie complexe qui eut une vie aussi tumultueuse que celle d’Egon Schiele, comme l’explique Xavier Coste : « J’ai souhaité dépeindre le poète tel qu’il était décrit par ses proches : tour à tour manipulateur, sans-gêne, parfois carrément grossier. Bien loin de l’image trop lisse et réductrice du jeune poète romantique… Romantique, celui qui poussa Verlaine à bout, jusqu’à ce que ce dernier craque et tire deux balles dans sa direction ? ».

Un très bel album qui allie un récit, une écriture, un trait et une mise en couleurs remarquables. EGuillaud

Rimbaud l’indésirable, de Xavier Coste. Editions Casterman. 22,50 euros

08 Août

75 ans de Spirou : La peur au bout du fil de Franquin, Greg et Jidehem en version remasterisée et commentée

Derrière ce titre hitchcockien se cache une histoire courte de Spirou et Fantasio dessinée par l’une des plus belles signatures de la bande dessinée franco-belge : Franquin. Initialement publié dans le journal Spirou au début de l’année 1959, La Peur au bout du fil est un petit bijou injustement méconnu ou moins connu. Tout y est : le trait de génie du maître bien sûr mais aussi le scénario malin et gentiment déjanté de Greg, les décors de Jidehem, la modernité de la fameuse Turbotraction, beaucoup d’humour et un brin d’irrévérence.

L’histoire ? Simple comme un coup de fil. Alors qu’il est au téléphone avec Spirou, le comte de Champignac, distrait, boit un résidu toxique à la place de son café. Résultat des courses, notre scientifique d’ordinaire si gentil et poli se transforme en un être machiavélique et grossier bien décidé à mettre sans dessus dessous la petite communauté de Champignac. Certains voient dans ce personnage la préfiguration du méchant Zorglub qui apparaîtra quelques mois plus tard dans  l’aventure Z comme Zorglub.

Dans cette réédition publiée à l’occasion des 75 ans de Spirou, les éditions Dupuis proposent de retrouver les quatorze pages du récit dans une version « director’s cut », fidèle à la publication dans le journal, et remasterisée grâce au travail de fond de Frédéric Jannin notamment sur les couleurs. De la même façon que Bravo les Brothers ou La Foire aux gangsters, précédemment réédités dans cette collection patrimoniale, La Peur au bout du fil est largement commenté et replacé dans son contexte de création par Jean-Louis Bocquet et Serge Honorez. Un très beau travail et une lecture passionnante ! EGuillaud

La Peur au bout du fil, de Franquin, Greg et Jidéhem. Editions Dupuis. 24 euros