Tomber amoureux nuit gravement à la santé… et peut vous pétrifier pour l’éternité ! C’est du moins ce qui arrive depuis quelques temps aux Parisiens amoureux. Même par le temps de s’embrasser qu’ils se retrouvent figés, statufiés, chez eux, dans la rue, dans une voiture, à un feu rouge… Et le mal se propage très vite à l’ensemble du pays tandis que le reste du monde s’inquiète de ce qu’on désigne déjà comme le nouveau « mal français »…
Les chercheurs lui ont donné un nom, l’amorostasie, et les politiques ont fait de sa lutte une priorité nationale, décrétant l’interdiction de la mixité dans certains lieux publics, l’interdiction des films et romans à l’eau de rose, la fermeture de boîtes de nuit, de bars et autres lieux de divertissement et de rencontres…
Olga Politoff, journaliste chargée d’enquêter sur l’épidémie semble échapper à la malédiction mais pas un de ses collègues qui se fige en la regardant d’un peu trop près. Du coup Olga se voit obligée de porter un brassard avec un coeur imprimé pour éviter les récidives. Et pourquoi pas l’enfermer pendant qu’on y est ? Le gouvernement y a songé…
Jolie stratagème que ce scénario de Cyril Bonin pour parler de la passion amoureuse, cette passion qui nous dévore et nous dépasse si souvent comme le rappelle dans la préface le médecin biologiste et professeur de biochimie et de biologie moléculaire Bernard Sablonnière, auteur par ailleurs de La Chimie des sentiments (éd. Jean-Claude Gawsewitch). Une très belle histoire qui interroge, nous interroge sur les sentiments qu’on peut éprouver envers autrui, sur l’amour et le désir bien sûr mais aussi sur l’attachement, l’amitié…
Eric Guillaud
Amorostasia, de Cyril Bonin. Editions Futuropolis. 19 euros