01 Mai

Starve : Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es

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Et si le contenu de notre assiette devenait à la fois un objet de pouvoir ET le symbole de notre propre déliquescence? Ici, tout est passé à la moulinette, avec du rab’ de gras à foison : télé-réalité, abrutissement des masses ou encore destruction de la famille et de la société, dessiné d’une plume rageuse et très grasse comme un combat où chacun se bat pour sa survie.

Il y avait déjà ‘Soleil Vert’ – d’abord un livre d’Harry Harrison puis un film tout aussi visionnaire avec Charlton Heston en 1973 – il y aura désormais Starve, véritable roman noir dans le sens graphique du terme, la plume du Serbe Danijele Zezejl y étant toujours très sombre, comme si elle reflétait d’une façon excessive du propos qu’elle illustre.

Cette histoire, c’est celle de Gavin Cruikshank, à la fois chef de génie et trash, méga-star de la réalité culinaire que l’on force à sortir de sa retraite pour retourner aux fourneaux devant les caméras histoire de rebooster l’audimat de l’émission qu’il avait crée et qui passionne les foules dans un futur cauchemardesque où 99,9% de la population ne peut plus s’offrir de repas digne de ce nom avec une faune ravagée par des siècles de pillage.

© Urban Comics / Brian Wood, Danijel Zezelj & Dave Stewart

© Urban Comics / Brian Wood, Danijel Zezelj & Dave Stewart

Sauf qu’en plus d’une descente en flèche du ‘spectacle à tout prix’ et de la description d’un futur désespéré où les masses abruties en sont réduites à saliver devant leur écran pour tromper leur ennui et la faim qui les ronge et oublier leur misère, c’est avant tout l’histoire d’une rédemption. Mais aussi d’une revanche. En fait, plus les arrière-cuisines deviennent des sortes de tranchées sous le feu nourri des canons et plus Cruishank renoue avec sa fille, dont la garde lui avait été arrachée à son divorce. Au point d’en faire la complice de son ultime pied de nez à cette gigantesque farce macabre télévisuelle.

© Urban Comics / Brian Wood, Danijel Zezelj & Dave Stewart

© Urban Comics / Brian Wood, Danijel Zezelj & Dave Stewart

Noir, très noir même, Starve tranche dans le vif et frappe par son parti-pris nihiliste assumé mais rebute aussi un peu avec son côté bavard et son manichéisme. Reste que son anti-héros destroy, entre rock-star décharné et la version outrancière du Joker tel que le campait Heath Ledger dans le film ‘The Dark Knight’, vaut à lui seul la lecture…

Olivier Badin

Starve, de Brian Wood, Danijel Zezelj et Dave Stewart, Urban Comics. 22,50 euros

Nobody : un thriller psychologique au long cours signé Christian de Metter

nobody02Shutter Island, Rouge comme la neige, Au revoir là-haut, Piège nuptial, Emma, Dusk… En une quinzaine d’années, Christian de Metter a élaboré une oeuvre homogène qui reflète sa vision noire, pessimiste, du monde dans lequel nous vivons. Un exutoire convient-il. Cette fois, l’auteur se lance dans une ambitieuse série au format d’anthologie, avec pour fil rouge, en écho au titre, la double notion d’absence de corps et d’identité.

Le héros de cette première saison n’a pas de nom. Juste un visage, des tatouages et du sang sur les mains. L’histoire commence en 2007 dans le Montana. Arrêté sur le lieu d’un crime qu’il s’accuse d’avoir commis, l’homme est jeté en prison où il réclame le châtiment suprême. « Je mérite d’être jugé coupable. Je mérite la peine de mort ».

Est-il fou, irresponsable de ses actes ou effectivement un criminel ? C’est à la jeune psychologue Beatriz Brennan que revient la lourde tâche de trancher. Elle le rencontre plusieurs fois dans sa cellule. Il accepte de lui raconter sa vie. 

« Ce qu’il faut comprendre, c’est que je n’ai jamais choisi ma vie. On ne m’a pas laissé le choix. On a toujours décidé pour moi. Mais moi, je suis personne », déclare-t-il.

© Soleil / De Metter

© Soleil / De Metter

Sa vie ? C’est tout d’abord la disparition de son frère au Vietnam dans un hélicoptère qui explose en plein vol. Pas de corps pour pleurer, pas de corps pour faire le deuil. C’est la spirale infernale, l’alcool, les bagarres, les larcins… « comme ça, sans raison. Juste… La haine, ouais. Jusqu’au jour où ça tourne mal ». La mort accidentelle d’un petit vieux pendant un cambriolage. Le FBI lui propose un deal : pas de prison, ardoise effacée contre une participation au programme Cointelpro.

 Qu’est-ce que le projet Cointelpro ? Lancé en 1956 par le directeur du FBI John Edgar Hoover, Cointelpro (Counter intelligence program) est un projet regroupant des actions clandestines du FBI, visant à infiltrer, discréditer et neutraliser les activités dissidentes d’éléments politiques considérés comme radicaux. Du contre-espionnage en clair qui eut notamment pour cible les Black Panthers, le Parti communiste américain, le Ku Klux Klan, Martin Luther King…

« Ils voulaient que je les renseigne sur une groupe de jeunes socialistes anti-Vietnam que je connaissais vaguement sur le campus. Mon rôle était au départ de les infiltrer pour informer le bureau »

Il le fait, couche avec une fille du groupe, en tombe dingue amoureux. Mais, elle mort avec ses amis dans une explosion provoquée par le FBI. Une nouvelle fois, notre homme se retrouve sans corps pour pleurer.

C’est le début d’une longue carrière dans le FBI. Dix ans après ses débuts, on le retrouve infiltré dans un gang de bikers violents. Il a trouvé un nom, Nobody, et un coéquipier, Henry, qu’il affirme avoir assassiné…

© Soleil / De Metter

© Soleil / De Metter

Calqué sur les séries télévisées d’anthologie (plusieurs épisodes, plusieurs saisons, un thème identique et des personnages différents), Nobody nous entraîne dans l’Amérique de la seconde moitié du XXe siècle, au coeur de l’un du FBI et de ce fameux programme Cointelpro.

Même s’il y convoque l’histoire, le récit de Christian de Metter reste une fiction, une très bonne fiction, au scénario implacable, à la narration époustouflante, aux personnages complexes, aux atmosphères sombres et tendues comme il en a le secret, typiquement le genre de bouquins qu’on envisage difficilement de refermer.

Eric Guillaud

Nobody (2 tomes parus), de Christian de Metter. Editions Soleil. 15,95€

28 Avr

Michel Vaillant au départ des 24 Heures du Mans 2017 avec deux Vaillante Rebellion

© EMMANUEL DUNAND / AFP

© EMMANUEL DUNAND / AFP

Michel Vaillant, le plus célèbre pilote automobile de la bande dessinée, revient au Mans. L’écurie Rebellion Racing et Graton Editeur aligneront deux « Vaillante Rebellion » en juin prochain au départ de la plus prestigieuse épreuve d’endurance au monde.

La frontière entre virtuel et réel sera à nouveau franchie lors de la prochaine édition des 24 Heures du Mans, pendant le week-end des 17 et 18 juin. Deux « Vaillante Rebellion » portant les numéros 13 (symbole fort dans l’histoire de Michel Vaillant et dans l’univers du sport automobile) et 31 s’aligneront pour le double tour d’horloge dans la catégorie LMP2.

La suite ici

Christophe Amouriaux

26 Avr

Tendre Violette : une édition en intégrale et en noir et blanc du chef d’oeuvre de Jean-Claude Servais et Gérard Dewamme

 

uipkxxfszRkZw9UOM2lWJUjcTytU2Cun-couv-1200Tendre Violette ne raconte pas l’histoire d’une fille ordinaire. Violette est une sauvageonne qui vit dans les bois, aime le vin et les hommes, et dérange parfois la bienséance. C’est aussi et surtout un chef d’oeuvre de la bande dessinée qu’on redécouvre grâce à ce magnifique album en intégrale et en noir et blanc. Un bonheur pour les amateurs confirmés de Servais et Dewamme mais pas que…

Comment en effet ne pas rester médusé devant les planches de Jean-Claude Servais ? Devant cette minutie du trait, ce souci du détail, cette mécanique parfaitement huilée qui nous embarque dans l’histoire dès la première case ? Comment résister à ce noir et blanc de toute beauté que les amateurs de la première heure peuvent s’enorgueillir d’avoir découvert dans les pages du magazine (À Suivre) dès 1979 puis en album, entre 1982 et 1986 ?

Trente ans et quelques rééditions couleurs plus tard, Tendre Violette retrouve donc son noir et blanc originel et une publication en intégrale, un bonheur pour tous les amoureux du neuvième art que nous sommes.

Au-delà du portrait d’une femme libre, en amour comme en tout, Jean-Claude Servais nous offre une déclaration d’amour pour la Gaume. C’est sa région, sa terre, ses racines qu’on découvre dans les pages de Tendre Violette. De villages en fermes isolées, de châteaux en églises, de prairies en sous-bois, l’auteur nous guide à travers le patrimoine local, la nature paisible, à la rencontre des traditions et des hommes qui les font.

La Gaume, le monde rural plus largement, constitue le terrain de jeu favori de l’auteur. Dominique Billion qui signe un dossier en fin d’album dit de lui : « Il va balayer d’un geste les tourbillons populaires, l’agitation des longues avenues, vous regarder malicieusement et vous emmener dans les endroits qui respirent la liberté d’aller et venir, au milieu des oiseaux, le long d’une route paisible, dans son chalet retiré au bord d’un étang. Il s’arrêtera au coin d’une rue, vous présentera son village, Jamoigne, situé au coeur de sa région, qu’il savoure lentement et où les heures ne comptent pas : la Gaume »

Un très beau livre au dos toilé marron et une histoire admirable qui n’a pas pris une ride à redécouvrir ou découvrir…

Eric Guillaud

Tendre Violette, de Servais et Dewamme. Éditions Dupuis. 35€

© Dupuis / Servais & Dewamme

© Dupuis / Servais & Dewamme

17 Avr

Les aventures du héros de Peyo, Benoît Brisefer, en intégrale au Lombard

1507-1Un super-héros qui perd ses supers-pouvoirs au moindre rhume, il n’y avait qu’un Belge pour imaginer un personnage de la sorte. Et quel Belge ! Benoît Brisefer est né sous la plume et le pinceau de Peyo, le célèbre papa des Schtroumpfs.

Alors même que ses fameux Schtroumpfs prennent leur envol dans le journal Spirou avec leur propre série, que le succès de Johan et Pirlouit ne se dément pas, Peyo s’attelle aux aventures d’un nouvel héros baptisé Benoît Brisefer, haut comme trois pommes, un béret noir sur la tête, une veste rouge sur le dos, une écharpe bleue autour du cou et une force herculéenne qui lui permet de venir en aide à la veuve et l’orphelin, aux autres aussi. Enfin quand il n’est pas enrhumé !

Les Taxis rouges, aventure publiée dans le journal Spirou en 1960 et en album en 1962 est la première aventure de ce petit garçon qui joue aux billes le matin et aide la police à arrêter les brigands l’après-midi. Elle partage le sommaire de cette première intégrale parue au Lombard avec Madame Adolphine, Les douze travaux de Benoît Brisefer et un dossier de 32 pages. Le spécialiste Patrick Gaumer y retrace les premiers pas de Peyo dans le cinéma d’animation, la publicité puis la bande dessinée, l’apparition des Schtroumpfs dans la série Johan et Pirlouit, la création de Benoît Brisefer… tout ça en s’appuyant sur nombre de photographies, recherches graphiques, illustrations inédites… De quoi bien profiter du formidable trait de Peyo mais aussi de celui de Will qui signe les décors des deux premières aventures.

Eric Guillaud

Benoît Brisefer (intégrale tome 1), de Peyo, Delporte, Will et Walthéry. Éditions Le Lombard. 25,50€

Geisha ou le jeu du shamisen : voyage au coeur du Japon traditionnel et mystérieux avec Christian Perrissin et Christian Durieux

album-cover-large-31976Non, les geishas ne sont pas des prostituées, comme beaucoup peuvent encore l’imaginer de ce côté-ci de la planète. Christian Perrissin et Christian Durieux remettent les choses en place dans ce magnifique album en racontant l’histoire de l’une d’entre elles. Avec finesse et sagacité, ils lèvent le voile sur un monde secret où le raffinement et les arts vont de pair. Bienvenue dans le Japon traditionnel…

Setsuko Tsuda n’a pas encore 8 ans quand ses parents décident de quitter leur village pour s’installer en ville avec la promesse de vivre mieux. Mais leurs espoirs s’évanouissent lorsque le père de Setsuko est victime d’un accident sur un chantier naval où il a finalement trouvé du travail. Hôpital, amputation d’une jambe… déjà alcoolique, le père finit par sombrer définitivement.

Sans travail, il décide de vendre Setsuko à une okiya, une maison de geishas. Setsuko, alors rebaptisée Kitsune, est loin d’imaginer ce qui l’attend. Coupée de sa famille, elle va devoir apprendre les arts, la danse, le chant et surtout la musique à travers le shamisen, un instrument traditionnel à cordes japonais. Mais ne devient pas geisha qui veut ! Le chemin est semé d’embuches… l’apprentie geisha pouvant se retrouver servante ou prostituée.

Christian Perrissin et Christian Durieux nous entraînent au coeur d’une institution vieille de plusieurs siècles et toujours vivante même si le nombre de geishas a aujourd’hui considérablement baissé.

Les fantasmes eux ont la vie dure, d’où l’intérêt de cet album qui nous montre un univers où les arts, le raffinement côtoient le sexe avec d’un côté les geishas et de l’autres les prostituées. Un très beau livre qui nous fait bien évidemment penser à Jirô Taniguchi – le livre est d’ailleurs dédié à sa mémoire – mais aussi à certains films du cinéma japonais notamment des années 30 dont vous trouverez les références dans une liste jointe dans les dernières pages.

A l’instar des livres de Taniguchi, celui-ci se lit en prenant le temps nécessaire pour détailler chaque plan, admirer le trait délicat et raffiné de Christian Durieux et s’imprégner de cette histoire secrète et intime des geishas. L’histoire est prévue en deux volumes.

Eric Guillaud

Geisha ou le jeu du shamisen, de Perrissin et Durieux. Éditions Futuropolis. 19€ 

© Futuropolis / Perrissin & Durieux

© Futuropolis / Perrissin & Durieux

16 Avr

Chaussette : l’histoire attendrissante d’une mamie et de son chien par Loïc Clément et Anne Montel

004645805Il y a d’abord Dagobert, un bâtard pur race. Au bout de la laisse, sa maîtresse, Josette, une vieille mamie sympathique. Et dans la maison d’à côté, Merlin, un gamin qui aime bien les observer…

Je dis Josette mais on devrait plutôt l’appeler Chaussette. C’est comme ça que Merlin l’appelait quand il était petit. Et c’est toujours comme ça qu’il l’appelle affectueusement.

Chaussette et Dagobert sont inséparables. Depuis toujours. Aussi loin qu’il peut remonter dans sa mémoire, Merlin ne peut dissocier l’un de l’autre. Et tous les jours pour Dagobert et sa maîtresse, c’est la même balade, le passage au parc à 9h00 pétante, une étape chez le boucher pour récupérer des saucisses, une autre chez le libraire du coin pour regarder les couvertures des livres… puis retour à la maison.

Tous les jours la même balade jusqu’à ce matin-là. Chaussette part pour sa balade mais sans Dagobert. Et son comportement est étrange… Merlin la suit en espérant découvrir le pourquoi du comment.

Les histoires courtes sont souvent les meilleures. Celle-ci, 7 minutes chrono de lecture à tout casser, est d’une infinie tendresse. On y parle de la vieillesse, de la mort, de l’absence d’un être cher mais aussi d’amitié entre une mamie et un gamin. Un très bel album réalisé par deux jeunes auteurs talentueux, Loïc Clément et Anne Montel, qui se sont déjà fait remarquer par la critique et les lecteurs avec les albums Shä & Salomé : jours de pluie (Jean-Claude Gawsewitch Éditeur) et surtout Le temps des mitaines (Didier jeunesse) qui leur a permis de concourir pour le Fauve jeunesse au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2015.

Eric Guillaud

Chaussette, de Loïc Clément et Anne Montel. Éditions Delcourt Jeunesse. 10,95€

© Delcourt / Clément &Montel

© Delcourt / Clément &Montel

13 Avr

Natures mortes : la biographie imaginaire d’un génie oublié de la peinture catalane signée Zidrou et Oriol

album-cover-large-31803Prodige du modernisme catatan, son nom n’a pas franchement traversé les siècles ni même les frontières. Zidrou et Oriol le ressuscite le temps d’un album. Retour sur le mystère Vidal Balaguer…

Ne cherchez pas sur internet pendant des heures, vous ne trouverez rien si ce n’est une page façon wikipédia créée par les éditions Dargaud. On y apprend que l’homme serait né en 1873 à Barcelone, aurait étudié les Beaux-arts à la Llotja, entretenu des relations tumultueuses avec ses maîtresses avant de finalement disparaître en 1899. Une récente thèse de Roser Doménech, qui signe une préface à l’album en qualité de professeur d’histoire de l’art à l’université autonome de Barcelone, aurait permis de sortir ce génie des oubliettes et de relancer l’intérêt des collectionneurs et professionnels pour l’oeuvre réduite de l’artiste.

« Les fantômes n’ont un nom que pour ceux qui les ont pleurés ». Depuis 40 ans qu’il a disparu, Joaquín Mir n’a cessé de le pleurer. « Le grand absent de ma vie. L’ami qui m’a failli… ». C’est à travers le récit de cet ami que Zidrou et Oriol retracent la vie mystérieuse de Balaguer, sorte d’artiste maudit dont les modèles choisis pour ses toiles avaient la fâcheuse habitude de disparaître. Des oranges, un kiosque à musique, une défunte, un canari… tous envolés. Et puis ce fut le tour d’une femme, sa maîtresse, Mar. Disparue elle-aussi une fois son portrait réalisé, au point d’éveiller la curiosité d’un inspecteur de police. Soupçonné de meurtre, écrasé par de lourdes dettes, Balaguer fini par disparaître la veille de Noël 1899. Fuite ou suicide ? On ne le saura jamais.

Étonnant album que celui-ci, Natures mortes nous balade bien au-delà de ses seules pages dans une histoire où le vrai se joue du faux, et inversement.

Natures mortes allie un remarquable scénario du très prolifique Zidrou, une mise en scène simplement efficace, un graphisme d’une très grande classe signé de l’espagnol Oriol, des atmosphères très picturales et poétiques. Magnifique !

Eric Guillaud

Natures mortes, de Zidrou et Oriol. Éditions Dargaud. 14,99€

L’info en + :

Oriol sera en dédicaces vendredi 14 avril à la librairie « Au repaire des héros » à Angers et samedi 15 avril à la librairie « Story BD » à Nantes…

© Dargaud / Oriol & Zidrou

© Dargaud / Oriol & Zidrou

11 Avr

Strange Fruit : un super-héros noir au pays du Ku Klux Klan, un récit de J.G. Jones et Mark Waid

album-cover-large-32733Avant d’être une bande dessinée, Strange Fruit fut une chanson adaptée d’un poème écrit en 1936 par le Juif américain Abel Meeropol et popularisée par Billie Holiday en 1939. A cette époque, le Ku Klux Kan est encore une – sordide – réalité. Strange Fruit s’élève contre le lynchage des noirs aux États-Unis avec cette image d’étranges fruits pendus aux arbres…

Un véritable réquisitoire contre le racisme et la ségrégation. La chanson comme la bande dessinée de J. G. Jones et Mark Waid s’élèvent contre le sort que réservaient les blancs aux noirs dans l’Amérique des années 20/30. Nous sommes précisément en 1928, une crue d’ampleur sans précédent menace les champs de cotons et les villes du delta du Mississippi. Entre les blancs et les noirs, les tensions sont de plus en plus vives alors que les digues menacent de céder.

Dans ce contexte tendu, le Ku Klux Klan sort ses habits du dimanche pour lyncher ceux et celles qui ne mettent pas assez d’ardeur au renforcement des digues, des noirs forcément. Mais c’est pourtant bien d’un noir, un véritable colosse tombé du ciel, que viendra le salut du pays…

« Au sein de nombreuses communautés… », explique le scénariste Mark Waid, « les digues, construites à la main, constituaient les seuls remparts contre la furie du fleuve. Elles étaient montées et entretenues quasi-exclusivement par les Afro-américains travaillant dans les plantations : ceux-ci étaient peu, voire pas, payés alors que leurs superviseurs blancs accumulaient les provisions, n’octroyant à leur main d’oeuvre que quelques-uns de leurs restes. »

Un super-héros noir, voilà de quoi remettre quelques idées en place ! En bonus de cet album au graphisme hyper-réaliste, un cahier graphique réunissant couvertures et croquis préparatoires de J.G. Jones.

Eric Guillaud

Strange fruit, de Mark Said et J.G. Jones. Editions Delcourt. 15,95€

L’info en + :

Rebecca Fergusson, finaliste de X-Factor, accepta de chanter à l’investiture de Donald Trump à une condition et une seule : chanter la chanson Strange Fruit. Donald Trump refusa, Rebecca Ferguson déclina l’invitation.

© Delcourt / Jones & Waid

© Delcourt / Jones & Waid