28 Jan

Trieste Bologne, Journal d’Italie (tome 1), de David B. Editions Delcourt. 14,95 euros.

C’est un journal, sans en être vraiment un. C’est une autobiographie, sans vraiment l’être non plus. Par contre, c’est du David B.. Aucun doute à ce sujet ! Le cofondateur de la maison d’édition indépendante L’Association, auteur notamment du Cheval blème (éd. L’Association), de L’Ascension du Haut Mal (L’Association), du Capitaine écarlate (Dupuis) ou encore de Par les chemins noirs (Futuropolis) s’invite ici dans un genre très en vogue, celui du journal autobiographique. Mais, vous l’aurez compris, à sa façon. « Le journal autobiographique est un genre de plus en plus pratiqué en bande dessinée… », explique David B., « et je me suis demandé comment je pourrais l’aborder à ma manière. En même temps, ma vie personnelle n’est pas assez passionnante pour être rapportée au jour le jour… Mais elle est aussi faite de mes réflexions de tout ce qui se passe autour de moi, de ce que je vois dans la rue ou des faits divers lus dans la presse. C’est comme ça que naît l’envie de raconter des histoires, et j’ai pensé que celà pouvait être un sujet intéressant. Ce journal d’Italie explique comment je construis mon imaginaire grâce à un répertoire d’idées. Il s’agit du récit de ce qui se passe dans mon cerveau plutôt que ce qui se passe dans ma vie… ». Et dans le cerveau de David B., on peut y trouver une foule de choses très singulières. Plutôt que de chercher à raconter un événement particulier au quotidien, David B. préfère laisser parler son imagination et son amour pour le vagabondage. Dans les rues de Trieste ou celles de Venise, le lecteur est ainsi  invité à partir à la rencontre de lieux qui insufflent à l’auteur quelques souvenirs de lecture, comme ce quartier si particulier du ghetto de Venise qui nous ramène sur les traces de Corto Maltese (Fable de Venise, éd. Casterman), ou cette librairie avec ses livres de gangsters qui nous offrent une petite virée dans le cinéma italien et notamment dans l’univers des films sur la mafia. Bref, page après page, les histoires naissent et disparaissent au gré des rencontres, des conversations, des rêves… Un très beau voyage au coeur de l’imaginaire par l’une des plus belles et originales signatures de ce qu’on désigne comme la nouvelle bande dessinée ! E.G.