Ballottée entre la maison de ses grands parents et celle de sa mère, livrée à elle-même la plupart du temps, Julie va découvrir la vie dans la rue et sur les terrils qui marquent l’horizon de cette région de Charleroi, en Belgique. Un horizon un peu trop bouché à son goût ! Après une liaison qu’elle s’imaginait pourtant sérieuse et pleine d’avenir avec son ami Théo et un avortement réalisé sous la contrainte, Julie décide de prendre son destin en main, de quitter l’atmosphère grisâtre et misérable des corons pour devenir riche et heureuse. Par tous les moyens possibles ! Mais quelques temps plus tard, Julie se retrouve en prison, inculpée de meurtre. Le procès s’ouvre. On parle d’une femme caractérielle et violente, mythomane et manipulatrice. Elle est objectivement une femme belle et seule, perdue dans ses rêves. Le verdict approche et, pendant ce temps là, dehors, un enfant attend le dénouement pour savoir quand il pourra à nouveau se lover dans les bras de sa mère…
Avec la sortie ce mois-ci du second volet s’achève l’histoire de La Femme accident. Denis Lapière, dont on connaît parfaitement le travail, notamment à travers les séries Luka, Charly et Ludo, ou les albums comme Le Bar du vieux Français, signe ici un récit qui oscille entre le drame social et l’intropsectif, un récit qu’il conservait dans ses cartons depuis plusieurs années. « La femme accident existait depuis très longtemps… », explique-t-il, « … sur des carnets, des feuilles éparses, quelques découpages de mise en scène et même en dessin, commis par plusieurs dessinateurs qui tous l’ont quitté au bout de quelques temps pour des raisons diverses ». Le personnage existe en fait depuis 1995, date à laquelle Denis Lapierre visite la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Mais il faudra attendre sa rencontre avec le dessinateur Olivier Grenson pour qu’il prenne finalement vie. La Femme accident, titre d’une chanson d’Orchestral Manoeuvre in the dark, est un récit émouvant, un peu dans la lignée du Bar du vieux Français, et remarquablement emmené par le trait réaliste, les couleurs directes et les atmosphères soignées d’Olivier Grenson. E.G.