28 Jan

Vitesse moderne, de Blutch. Editions Dupuis. 14,50 euros.

Vitesse moderne réédité à la vitesse de la lumière ! Publié initialement en 2002, cet album complètement Blutch était réapparu en 2008, à l’occasion du vingtième anniversaire de la collection Aire Libre, dans une édition spéciale au tirage limité présentée sous jaquette.  Il est de retour en ce début d’année 2010 dans la collection Roman Aire Libre. L’album est cette fois broché et au format roman, donc réduit. Blutch, qui est le président du Festival International de la Bande Dessiné d’Angoulême 2010, nous entraîne ici sur les talons d’une jeune artiste de danse contemporaine dans une course folle à travers Paris. Une course où la vie de notre héroïne se trouve bousculée par une série de rencontres. Il y a d’abord Rudy, un de ses prétendants, violoncelliste de profession, psychopathe à ses heures, Renée, une écrivaine qui souhaite lui consacrer un livre, son père qu’elle n’a pas revu depuis des années et même Omar Shariff en conteur d’expérience érotique ou Serge Reggiani dans son propre rôle de chanteur tourmenté. Inutile de tenter ici un résumé de l’album, Vitesse moderne est à découvrir et à juger sur pièce. Une œuvre singulière, fantasque, déroutante, signée par un auteur à part dans le monde du Neuvième art, un auteur qui s’est fait un nom chez les petits éditeurs avant de rejoindre les grands, sans pour autant lâcher une once de ce qui fait son originalité, sa force, son caractère. E.G.

Sutures : un récit autobiographique poignant signé David Small

L’histoire racontée dans cet album est tout simplement effrayante. D’autant qu’il s’agit d’une histoire vraie, celle de l’auteur, David Small, et elle commence dans les années 50 à Détroit aux Etats-Unis.

David est alors un petit garçon à la santé fragile avec des problèmes récurents de sinus. Son père, médecin, lui prescrit des séances intensives de radiogaphies pour le soigner. Une croyance de l’époque !

Quelques années plus tard, un kyste apparaît dans le cou de David. Kyste qui se révèle être une tumeur cancéreuse au moment de l’opération. Dans l’affaire, David perd sa glande thyroïde et une corde vocale. Plus de voix !

Mais le plus terrible dans l’histoire est certainement l’attitude de ses parents. Son père et plus encore sa mère sont des êtres froids, distants, égoïstes, avares. Murés dans un silence quasi-permanent, ils manifestent une indifférence totale aux malheurs de leur fils, sa mère lui reprochant même de coûter cher en soins…

Bien sûr, David s’en sortira et entreprendra avec Sutures une véritable thérapie, livrant sur près de 300 pages en noir et blanc un récit poignant qui sera encensé par la critique et le public lors de sa sortie aux Etats-Unis et récompensé par The National Book Award. Sutures est le premier roman graphique de David Small qui offre d’habitude des univers beaucoup moins sombres. Un récit très puissant à vous nouer la gorge pour l’éternité !

Eric Guillaud

Sutures, de David Small. Editions Delcourt. 19,90 euros

Trieste Bologne, Journal d’Italie (tome 1), de David B. Editions Delcourt. 14,95 euros.

C’est un journal, sans en être vraiment un. C’est une autobiographie, sans vraiment l’être non plus. Par contre, c’est du David B.. Aucun doute à ce sujet ! Le cofondateur de la maison d’édition indépendante L’Association, auteur notamment du Cheval blème (éd. L’Association), de L’Ascension du Haut Mal (L’Association), du Capitaine écarlate (Dupuis) ou encore de Par les chemins noirs (Futuropolis) s’invite ici dans un genre très en vogue, celui du journal autobiographique. Mais, vous l’aurez compris, à sa façon. « Le journal autobiographique est un genre de plus en plus pratiqué en bande dessinée… », explique David B., « et je me suis demandé comment je pourrais l’aborder à ma manière. En même temps, ma vie personnelle n’est pas assez passionnante pour être rapportée au jour le jour… Mais elle est aussi faite de mes réflexions de tout ce qui se passe autour de moi, de ce que je vois dans la rue ou des faits divers lus dans la presse. C’est comme ça que naît l’envie de raconter des histoires, et j’ai pensé que celà pouvait être un sujet intéressant. Ce journal d’Italie explique comment je construis mon imaginaire grâce à un répertoire d’idées. Il s’agit du récit de ce qui se passe dans mon cerveau plutôt que ce qui se passe dans ma vie… ». Et dans le cerveau de David B., on peut y trouver une foule de choses très singulières. Plutôt que de chercher à raconter un événement particulier au quotidien, David B. préfère laisser parler son imagination et son amour pour le vagabondage. Dans les rues de Trieste ou celles de Venise, le lecteur est ainsi  invité à partir à la rencontre de lieux qui insufflent à l’auteur quelques souvenirs de lecture, comme ce quartier si particulier du ghetto de Venise qui nous ramène sur les traces de Corto Maltese (Fable de Venise, éd. Casterman), ou cette librairie avec ses livres de gangsters qui nous offrent une petite virée dans le cinéma italien et notamment dans l’univers des films sur la mafia. Bref, page après page, les histoires naissent et disparaissent au gré des rencontres, des conversations, des rêves… Un très beau voyage au coeur de l’imaginaire par l’une des plus belles et originales signatures de ce qu’on désigne comme la nouvelle bande dessinée ! E.G.

On me l’a enlevée, de Springer et Lambour. Editions Vents d’ouest. 13 euros.

C’est une histoire presque banale. Tristement banale. Et tragique ! Tout commence au milieu d’une fête foraine. La foule, les enfants qui rient et courent entre les manèges, les vendeurs de barbes à papa… et puis, soudain, des cris. Ceux d’une femme qui vient de s’apercevoir que le landau qu’elle pousse est vide. Désespérément vide ! Sa fille, Lola, âgée de 6 mois, a disparu ! Enlevée, forcément. Aussitôt, l’alerte est donnée et des messages tournent en boucle sur les chaînes de télévision. Au bistrot du coin comme au jardin d’enfants, c’est l’abattement. Et chacun de se demander qui a bien pu faire le coup. Peut-être ce type là-bas que personne ne connaît et qui a l’air un peu louche. Ou, pourquoi pas, l’ex petit ami de Mélanie, la maman éplorée…

Après La Rebouteuse, Séverine Lambour et Benoît Springer poursuivent dans la  chronique provinciale avec ce nouveau récit qui met en scène une fois encore la France profonde, confrontée ici à un acte terrible, le rapt d’une enfant. Avec un angle particulier. On me l’a enlevée ne s’intéresse pas à l’enquête policière lancée pour retrouver la petite mais plutôt aux réactions des villageois et à l’histoire de l’un d’entre eux, une histoire racontée dans une série de flash-backs et qui va avoir une grande importance dans l’épilogue. Tout en douceur narrative, en subtilité graphique et en justesse de ton, Séverine Lambour et Benoît Springer signent ici un bel album et un voyage au coeur de la psychologie humaine ! E.G.

Championzé, de Vaccaro et Ducoudray. Editions Futuropolis. 20 euros.

Saint-Louis du Sénégal, à l’aube du XXè siècle. Amadou M’Barick Fall est un gamin pour le moins vif et rusé. Au point de se faire remarquer et embaucher par deux jeunes artistes hollandaises de passage dans le pays. Avec elles, Amadou M’Barick Fall rejoint la France et découvre le monde du théâtre. Habillé comme un bourgeois européen, il monte sur scène pour réciter des poèmes et, bien souvent, se faire huer et traiter de singe par des spectateurs survoltés. Mais ce n’est pas sur les planches qu’il va se faire un nom. C’est sur les rings. Car, au hasard des rencontres, M’Barick Fall devient boxeur. Et pas de ces boxeurs d’opérette. Non, M’Barick Fall, que l’on va surnommer Battling Siki, sera le premier Français champion du monde de boxe… noir ! C’est en 1922 qu’il conquiert ce titre en battant un autre Français, blanc celui-là, Georges Carpentier. Mais la gloire aura vite un goût amer. La société bien pensante ne peut admettre qu’un noir soit champion du monde et représente à ce titre la France. Il sera accusé de tricherie, perdra son titre avant de le récupérer, partira pour les Etats-Unis où on lui refusera un combat avec le champion américain blanc et moura sur les pavés new-yorkais de cinq balles dans la peau ! Bien sûr, ceux qui s’intéressent un minimum à la boxe connaissent Battling Siki, peut-être moins son histoire et le contexte dans lequel il a évolué. Et c’est là tout l’intérêt de Championzé. Car au-delà d’un portrait sur l’homme, Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro nous brossent dans ces pages le tableau d’une époque que l’on espère révolue. Celle du colonialisme et du racisme sans retenue. M’Barick Fall aura beau s’être illustré pendant la Grande guerre, jamais il ne sera considéré comme un Français. Publiée chez Futuropolis, Championzé est une biographie réellement passionnante qui, comme L’Enragé, le fameux diptyque de Baru publié aux éditions Dupuis en 2004, parle du milieu de la boxe en s’adressant à un public large et pas seulement aux initiés… C’est beau, c’est fort, c’est poignant et on en redemande. Ca tombe plutôt bien puisque les deux compères ont en projet deux autres biographies de boxeurs et une adaptation du Club du suicide de Stevenson… A suivre donc ! E.G.

Retrouvez ici l’interview des auteurs !

29 Déc

Mon beau sapin… Une sélection de beaux livres jeunesse !

    

Besoin de quelques idées pour Noël ? Suivez le guide…

  

  

  

  

  

  

  

  

  

Un très beau et très grand livre tout-carton pour commencer. Son nom : Le Machin. Et c’est quoi au juste ce machin, allez-vous me demander ? Justement, c’est toute la question ! C’est en fait un drôle de machin à rayures. Des rayures rouges et blanches. Bobo l’éléphant pense à un bonnet et le met immédiatement sur la tête. Kiki l’alligator, lui, penche plutôt pour une cape et l’enfile sur son dos. Zaza la brebis y voit une jupe, Juju le canard, une écharpe… Bref, le machin passe de main en main, ou plus exactement de patte en patte, jusqu’à… Chut ! Nous ne dévoilerons pas la fin mais sachez que le machin va finir par retrouver son propriétaire. Un récit animalier franchement cocasse de Stéphane Servant sur des illustrations originales, réalisées à partir de tissus et signées Cécile Bonbon.  

Stéphane Servant, encore lui, signe les textes de Comme en hiver, un récit publié au Seuil et traitant du passage de l’hiver au printemps. Il faut s’y préparer ! Aucun point commun avec Le Machin si ce n’est une fois encore une forte originalité du côté des illustrations. Cette fois, c’est la plasticienne, photographe et illustratrice Juliette Armagnac qui réalise la mise en images. Chaque page est constituée de montages photos de maquettes de papier à la manière d’origamis et de subtiles jeux de lumières. Le rendu est tout simplement époustouflant ! C’est beau, c’est pur, c’est poétique, ça fait du bien…

Avez-vous déjà imaginé la vie d’une allumette ? Celle-ci s’appelle Céleste et, comme toutes les autres allumettes, Céleste rêve de briller comme une étoile dans la nuit. Elle s’imagine même un destin hors du commun, comme offrir un instant de chaleur à un mendiant ou éclairer un naufragé et permettre ainsi son sauvetage.  Mais pour le moment, Céleste est bien au chaud dans sa boîte où, blottie au milieu de ses semblables, elle donne malgré tout l’apparence d’une allumette heureuse. Et puis un beau jour, Céleste est extirpée de sa boîte et s’enflamme. Le moment de gloire est éphémère et Céleste rejoint rapidement les étoiles. Pour l’éternité. Ce récit de Gaelle Callac et Marie Desbons peut vous faire penser à un autre récit, La Petite fille aux allumettes, de Hans Christian Andersen. Et c’est normal ! Comme l’explique l’auteur elle-même, « Je voulais écrire l’histoire d’une allumette car de par sa fragilité et l’instantanéité de sa flamme, la vie d’une allumette me semblait proche de la condition humaine. J’ai tenté de créer une sorte de mise en abyme du conte d’Andersen La petite fille aux allumettes en racontant l’histoire d’une des allumettes qui éclaira la vie de la fillette. Si le thème principal du conte d’Andersen est la pauvreté, la cruauté des hommes, il n’en est rien pour Céleste. En commun cependant, le hasard des destins, la furtivité de la vie. Céleste est un livre sur la réalisation des rêves, de ceux qui sommeillent en chacun de nous. C’est aussi une histoire sur le désir de postérité. L’homme aime, en général, laisser la trace de son passage sur terre, je crois (oeuvres, enfants, etc) ». Un beau livre conçu comme une boite d’allumettes. L’album se glisse dans une pochette avec grattoir sur les côtés.

  

  

  

  

  

  

  

   

  

Ding Dong… Quand minuit sonne, Monsieur descend dans la rue, trouve un sou, s’achète des gâteaux qu’il ne veut surtout pas partager. Malheureusement, il aura beau se cacher, il sera toujours dérangé par une horde d’affamés… Quand minuit sonne a été initialement publié en Corée du sud. L’auteur, In-Gang, artiste plasticien, revisite ici une comptine traditionnelle de son pays avec une mise en images éblouissante, faite de photographies de décors et de figurines réalisés en fonte, plâtre, bois ou tissu. Un très beau voyage au coeur de la Corée ancienne !

Restons en Corée où… « il y a très longtemps vivait une vieille femme toute tordue. Un jour qu’elle désherbait les champs, elle vit un oeuf énorme. A cet instant, elle eut très faim et le mangea. A partir de ce jour son ventre commença à enfler. Neuf mois plus tard elle accoucha d’un… énorme serpent ». C’est ainsi que débute L’amour au coeur, un autre récit traditionnel coréen publié cette fois aux éditions Chan-ok. Les auteurs, deux femmes, Lee Kyung-hye et Yu Moon-jo, y parlent d’amour, de sortilèges, d’espoir et de dignité, celle de la femme coréenne. Un récit classique au graphisme sobre et élégant. A partir de 5 ans. E.G.

Dans le détail : 

Le Machin, de Stéphane Servant et Cécile Bonbon. Editions Didier jeunesse. 19,90 euros.

Comme en hiver, de Stéphane Servant et Juliette Armagnac. Editions Seuil jeunesse. 13,50 euros.

Céleste, Une étoile dans la nuit, de Gaëlle Callac et Marie Desbons. Editions Le Buveur d’encre. 15 euros.

Quand minuit sonne, de In Gang. Editions Didier jeunesse. 12,90 euros.

L’Amour au coeur, de Lee Kyeong-hye et Han Yu-min. Editions Chan-ok. 14 euros.

Mon beau sapin… Une sélection de livres à moins de 10 euros !

Pour ceux qui reviendraient de la planète Mars, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que nous approchons de Noël à la vitesse de la lumière. Et pour ceux qui n’auraient pas provisionné suffisament pour les  incontournables cadeaux de cette fin d’année, voici quelques idées de livres à moins de 10 euros, des coups de coeur tout petits mais tout mignons…

On commence avec Tout allait bien, de Franck Prévot. Dans ce petit livre carré, l’auteur met en scène, presque en mouvement, des petits boutons rouges qui vivent leur vie tranquillement jusqu’au jour où quelque chose de bizarre arriva… Un bouton noir ! Il est rond, a la même taille que les rouges, semble conçu dans la même matière… Mais il est noir. Tout noir. Et c’est pas normal !  Un beau petit livre qui aborde de manière originale la différence, les difficultés dl’intégration… Vraiment sympa et coloré !

Pénélope. Qui ne connaît pas encore Pénélope ? L’héroïne créée par Anne Gutman et Georg Hallensleben revient avec un imagier qui permet de découvrir tous les objets du quotidien, depuis les couches jusqu’aux brosses à dents, en passant par les crayons, les jouets, les fleurs, les animaux, les chaussures, les pansements… Bien entendu, les enfants retrouveront dans chaque page de L’imagier de Pénélope la magnifique touche picturale de Georg Hallnesleben qui a fait le succès de la série… Un classique !

Le Prince amoureux est un vrai coup de coeur ! Ce petit livre présenté sous jaquette est une merveille de finesse. Par sa conception, par le trait particulièrement délicat de l’illustratrice anglaise Emma Chichester-Clark, par l’histoire enfin, un merveilleux conte de Noël qui plonge le lecteur dans l’atmosphère du Moyen Age. Tout commence par un mariage entre le prince Frederico et la merveilleuse princesse Serafina. Tout le pays est heureux mais bientôt la princesse sombre dans une mélancolie sans fin et le palais plonge dans un silence lugubre. Le prince, très amoureux, fera tout pour qu’elle retrouve son sourire et sa joie de vivre…  Pour les enfants à partir de 7 ans.

Arthur est de retour ! Après Arthur range ta chambre, Arthur fais tes devoirs, et Arthur mange ta soupe, le petit garçon fait une pause et laisse vagabonder son esprit, inventant des mondes, des pays pleins de soleil, des royaumes, des monstres gentils, des petits amis pour partager les bêtises. Arthur est tellement dans la lune qu’il n’entend plus rien, oublie de mettre le couvert. Parfois même, Arthur s’endort et rêve… Avec ses illustrations peintes à l’acrylique, travaillées au stylo bille et réhaussées à la mine de plomb, Barroux nous offre un très bel album, poétique, chaleureux, une véritable invitation au voyage vers l’imaginaire. Pour les enfants à partir de 5 ans.

La petite Chloé va avoir 7 ans ! Et pour son anniversaire, elle pense que ses parents vont lui acheter un cheval. Oui, un vrai cheval ! Bon, c’est sûr, le faire grimper  tous les jours dans l’appartement au 9ème étage ne sera pas une mince affaire mais il est grand, l’appartement. Et la chambre de Chloé aussi. Il pourra dormir à côté de son lit. En tout cas, Chloé se voit déjà aller à l’école à cheval. Trop la classe ! Enfin le grand jour arrive et Chloé découvre enfin ses cadeaux… Publié dans la collection Smalls des éditions Le Buveur d’encre, Le cheval de Chloé est un récit drôle et frais qui va ravir toutes les passionnées – et elles sont nombreuses – du monde équestre. A lire au triple galop ! E.G.

Dans le détail :

Tout allait bien, de Franck Prévot. Editions Le Buveur d’encre. 10 euros.

L’imagier de Pénélope, de Anne Gutman et Georg Hallensleben. Editions Gallimard jeunesse. 9,90 euros.

Le Prince amoureux, de Michael Morpurgo. Editions Gallimard jeunesse. 7 euros.

Arthur t’es dans la Lune !, de Barroux. Editions Seuil jeunesse. 10 euros.

Le cheval de Chloé, de Benjamin Samson et François Delecour. Editions Le Buveur d’encre. 7,90 euros.

Le privé d’Hollywood, de Berthet, Rivière et Bocquet. Editions Dupuis. 19 euros.

  

Les éditions Dupuis nous proposent une sympathique petite virée dans la plus célèbre capitale du cinéma au monde, Hollywood, avec une magnifique intégrale en noir et blanc reprenant les trois aventures du privé au flegme légendaire, le dénommé Hyppolyte Finn. Publiées dans le journal Spirou dès 1983, ces trois uniques histoires seront publiées en albums de 1985 à 1990 avec, dans l’ordre d’apparition, Le privé d’Hollywood, Amerika et Retour de flammes.  Trois petits tours et puis s’en vont ! Trois petits tours et puis reviennent. Car, il faut bien l’avouer, si les aventures du privé n’avaient peut-être pas rencontré leur public il y a vingt-cinq ans, un rapide petit coup d’oeil sur les planches suffit pour en percevoir aujourd’hui toute la finesse du graphisme et des ambiances, toute l’intelligence des scénarii qui mettent en scène un Los Angeles à deux faces : d’un côté, les villas de luxe, les stars, les sudios de cinéma, et d’un autre, la violence, les meurtres, les trahisons, les vengeances, les rivalités et autres sombres intrigues. Ce récit noir et élégant, complété par trois nouvelles et une préface signée Phillippe Vandooren, est un cadeau idéal pour tous les amoureux du polar américain ! E.G.

Houppeland, de Tronchet. Editions Dupuis. 17 euros.

  

Que serait Noël sans sa fameuse dinde aux marrons, sans ses petits présents échangés sous une pluie de remerciements, sans ses éclats de rire, parfois forcés, sans ses chansons, ses chapeaux pointus, ses cotillons et autres buches glacées  ? Rien ! En tout cas, ce ne serait pas Noël, et surtout pas ce Noël qu’on aime célèbrer à Houppeland. Et à Houppeland, justement, le Noël, on le célèbre tous les jours… Tous les jours, sans exception. Et ceux qui refusent de se plier à la tradition sont pris en charge par la brigade des Joyeux Drilles, une bande de gars qui ne plaisante franchement pas lorsqu’il s’agit de maintenir l’ordre festif…

Publié initialement en 1997, couronné par le Grand Prix de l’humour noir en 1998, Houppeland est un récit grinçant, très grinçant, qui, comme la plupart des oeuvres de Tronchet, caricature notre monde contemporain en appuyant là où ça fait mal. L’auteur des aventures intimes et délirantes de Raymond Calbuth et de Jean-Claude Tergal, des albums humoristiques La Bite à Urbain ou Sacré Jésus, signait ici son premier long récit avec un ton qui n’était plus ouvertement et uniquement comique. D’autres longs récits suivront, plus graves, plus poétiques, tels que Le Quartier évanoui ou là-bas. Cette nouvelle édition intégrale de Houppeland comprend en outre un cahier supplémentaire de 16 pages avec de nombreuses illustrations inédites et une interview de l’auteur. Parfait pour mettre au pied du sapin ! E.G.

Un Point rouge, de David A. Carter. Editions Gallimard jeunesse. 22 euros.

  

Ce n’est pas une nouveauté mais c’est toujours un événement ! Un Point rouge fait partie de ces livres passés dans le club très fermé et très prisé des grands classiques, ceux qui sont régulièrement réédités et rapidement épuisés. Ne cherchez donc pas le petit détail différent, il s’agit strictement du même album. Rien n’a changé parce que rien n’est à changer ! Un Point rouge, comme 2 Bleu et 600 Pastilles noires, les deux albums suivants de David A. Carter, est un pop-up absolument divin qui emmène le lecteur dans des sphères jamais atteintes dans ce domaine. Beau comme un tableau, Un Point rouge offre à chaque page une oeuvre d’art unique qui jaillit, se déploie et parfois crisse entre les mains des lecteurs. Il suffit alors d’admirer, d’observer et de retrouver le point rouge qui se cache dans chaque sculpture de papier. Car l’album, en plus d’être ethétique, est ludique. Un cadeau formidable pour les fêtes de fin d’année ! E.G.

 

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