18 Nov

Buck Danny rempile pour de nouvelles aventures sous le commandement de Francis Winis et Frédéric Zumbiehl

Buck_Danny_Cobra_Noir_N_53Un Raptor, avion de chasse américain parmi les plus performants et les plus chers, a mystérieusement disparu des écrans radar du côté de la frontière nord du Basran alors qu’il effectuait une mission de renseignement ultra-secrète. Le pilote, Colonel Austin, a juste eu le temps de s’écrier « oh! My god ! » avant que la liaison ne soit définitivement coupée. Quelques heures plus tard, dans la salle de crise du Pentagone aux Etats Unis, décision est prise d’envoyer sur place le colonel Buck Danny. Alors que l’ONU envisage une frappe aérienne massive sur les sites nucléaires basraniens, le célèbre pilote se voit chargé d’établir un état des défenses antiaériennes ennemies. Une mission « black op » comme on dit qui devra être menée avec des avions non identifiables, en l’occurrence des Sukkoï-34 soviétiques…

Buck Danny est de retour ! Après 5 petites années de pause, la série reprend son vol sous l’oeil, la plume et les pinceaux aguerris de Francis Winis et Fred Zumbiehl, respectivement ancien ingénieur dans l’aérospatiale et ancien pilote de l’aéronavale française. De quoi imposer le respect !

Dupuis / Winis & Zumbiehl

Dupuis / Winis & Zumbiehl

De quoi imposer le respect mais il fallait bien ça pour succéder à Francis Bergèse qui s’était imposé seul aux commandes de la série à la mort des créateurs de la série, Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier. Pas de révolution de palais dans ce 53e épisode intitulé Cobra noir, les amoureux des aventures aériennes de notre Buck Danny international retrouveront dans ces planches ce qui a fait le succès de la série, à savoir une fiction baignée dans un réalisme technique pointilleux avec des questions géostratégiques et géopolitiques omniprésentes. Certains regretteront le graphisme un peu figé et les cases un peu bavardes mais les auteurs, fans du Buck Danny de la première heure, ont semble-t-il souhaité se rapprocher au plus près du mythe !

L’info en +

Les éditions Zéphir et Dupuis s’associent autour d’un spin off Buck Danny intitulé Buck Danny Classic qui nous ramènera au temps de la guerre froide avec le récit « Duel en Corée » dont la sortie est prévue en avant-première le 6 décembre au prix de 50 euros…

Eric Guillaud

Cobra noir, Buck Danny (tome 53), de Winis et Zumbiehl. Editions Dupuis. 12 euros

17 Nov

Tsunami, un voyage au coeur de l’Indonésie signé Piatzszek et Pendanx chez Futuropolis

TSUNAMI-COVER_WEB1Bien évidemment, il est impossible d’ouvrir ce livre sans penser au typhon Haiyan qui vient de frapper les Philippines et de nous resservir les mêmes images de désolation qu’en 2004 sur les côtes indonésiennes.

Pourtant, Tsunami n’est pas à proprement parler un récit sur cette catastrophe aux centaines de milliers de morts et de disparus. Lorsque Romain Mataresse, le personnage de Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek, débarque à Bandah Aceh, au nord de l’île de Sumatra, le tsunami n’est plus qu’un très mauvais souvenir. La vie a repris son cours, les motos déglinguées envahissent à nouveau le centre-ville, seuls les panneaux d’avertissement aux risques de submersion et les cargos rouillés posés sur la terre ferme rappellent que le drame n’est pas encore si loin et surtout qu’il est encore possible.

Si le jeune-homme débarque dans ce coin du monde un beau jour de 2013, ce n’est pas pour faire du tourisme. Il est là pour retrouver sa soeur, Elsa, toubib, arrivée ici au lendemain de la catastrophe et portée disparue depuis 2005. Romain se l’est promis, il retrouvera sa soeur coûte que coûte, même s’il doit parcourir tout le pays…

Futuropolis / Pendanx et Piatzszek

Futuropolis / Pendanx et Piatzszek

C’est donc cette recherche, cette quête, cette enquête même, que nous racontent Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek, une enquête parsemée de rencontres, de découvertes et d’initiations aux croyances et traditions locales. On y croise des vivants comme Jessie, une belle et jeune Papoue un peu chapardeuse, mais aussi des morts en colère, des fantômes du Tsunami. Beaucoup moins pictural que dans les albums Abdallahi ou Jeronimus, le graphisme de Jean-Denis Pendanx n’en est pas moins extraordinairement fort et de caractère. Chacune des quelque 110 planches nous transporte littéralement dans cette région du monde à la fois luxuriante et meurtrie par le tsunami, une région que Piatzszek connaît bien et aime profondément. On ne peut que le sentir !

Eric Guillaud

Tsunami, de Pendanx et Piatzszek. Editions Futuropolis. 20 euros

16 Nov

Paris Comics Expo : 2ème saison

Comics logoHD4date-2048x10491-e1384547321685Le pari du Comics Expo dans la capitale, des super-héros à découvrir à l’espace Champerret ce week-end

Vous le savez déjà si vous êtes un lecteur assidu de ce blog, nous vous parlons rarement de comics. Sur les quelques 5 000 – et plus ! – BD parues chaque année, nous faisons des choix. Le Comics a pourtant ses lettres de noblesse et ses références comme les Watchmen, pour ne citer qu’un des plus beaux exemples récents. Peut-être est ce dû à la faible, voire de sa quasi inexistence dans l’hexagone, mis à part Masqué, dont nous vous parlions ici quelques mois plus tôt. Toujours est-il que les 23 et 24 novembre prochain seront peut-être l’occasion de se rattraper en rencontrant des auteurs d’outre-Atlantique et leurs héros estampillés made in USA lors du Paris Comics Expo.

La première édition était une session de rodage à taille humaine. Au dire des fans c’était l’idéal pour rencontrer des auteurs loin de la gigantesque Japan Expo. Cette année les organisateurs ont vu plus grand et plus loin, affirment-ils.

Au programme entre autres :

Carlos Pacheco en dédicace pour son Captain America, Avengers Forever et Superman

Stéphane Créty le dessinateur de Masqué

David Finch sera là aussi pour Batman

Et ne manquez pas les conférences Comic Box (le premier magazine professionnel français consacré aux Comics), ils proposent de visiter un Paris bien spécial… Celui des comics ! Pendant une heure ils feront revivre les lieux qui ont un rapport avec la BD américaine dans la capitale. Bureaux d’éditeurs, antres d’auteurs, anecdotes et petits secrets qui se cachent au coin de la rue… les « bonnes adresses » où a été écrite l’histoire de la VF…conférence menée par Xavier Fournier et Jean-Michel Ferragatti le dimanche 24 novembre, 12H00-13H00

Didier Morel

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14 Nov

Jeune fille en Dior ou l’épopée du célèbre couturier par Annie Goetzinger chez Dargaud

9782205070934-couv-I400x523Paris, le 12 février 1947. Les blessures de la guerre ne sont pas encore refermées mais la vie reprend doucement son cours. Avenue de Montaigne, quelques élégantes se pressent devant les ateliers de Christian Dior pour assister à son premier défilé de mode. En coulisse, c’est l’effervescence, le maquillage, les coiffures, les ultimes retouches sur les modèles présentés… Pendant ce temps-là dans la salle, les personnalités se bousculent, Marlène Dietrich, Cocteau, le décorateur et créateur de costumes Bérard, Hélène Lazareff du magazine Elle, Bettina Ballard de Vogue et un peu plus loin la jeune journaliste Clara du Jardin des modes. Pour Clara, c’est une grande première. Son papier sur le défilé rencontrera un immense succès. Mais la jeune femme ne restera pas longtemps chroniqueuse de mode, elle deviendra mannequin pour la maison Dior…

DIOR. Quatre lettres qui symbolisent à elles-seules le luxe, l’élégance, le monde de la haute couture et en même temps une certaine image de la France. Un monde que l’auteure Annie Goetzinger connaît pour l’avoir fréquenté à ses débuts. Elle officiait alors dans le dessin de mode. Et c’est surement de cette expérience que lui vient son trait, pure, élégant, raffiné.

Dans ce biopic, Annie Goetzinger raconte l’épopée de Christian Dior, la création, le développement de la maison et la naissance de cet empire que l’on connaît encore aujourd’hui. Elle raconte aussi le travail de ses collaboratrices proches, ses chéries comme il les appelait, et de ces petites mains, les fées couturières, capables de passer des heures et des heures sur chaque modèle. Elle nous raconte enfin une histoire d’amour et de passion, celle d’une chroniqueuse de mode qui devient mannequin pour la célèbre marque. Une histoire de fiction, une liberté que s’est donnée l’auteure pour élargir son propos à l’environnement de la mode. « C’est une sorte de faire-valoir au couturier », explique-t-elle dans une interview accordée aux éditions Dargaud, « tout est faux mais je voulais que ce soit vraisemblable. On pouvait devenir mannequin parce qu’on était jolie, élégante, qu’on savait marcher et qu’on avait de l’allure. Donc le petit personnage de Clara qui était au départ anonyme va devenir une très jolie jeune et élégante parisienne au travers des transformations de la maison de couture… ». Un très très beau livre taillé sur mesure !

Jeune fille en Dior, de Annie Goetzinger. Editions Dargaud. 24,95 euros

 Eric Guillaud

 A découvrir ci-dessous une interview d’Annie Goetzinger

Les Pépites du Salon du livre de jeunesse à Montreuil 2013

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PÉPITE, Emile Littré nous propose la définition suivante dans son dictionnaire :

« Nom donné à des morceaux d’or natif sans gangue, quand chacun d’eux est plus grand qu’une paillette. ». Autrement dit les pépites, plus rares que les paillettes du métal précieux, attirent notre regard du fait de leur éclat qui diffère du commun.

Ainsi est la sélection finale des pépites BANDE DESSINÉE / MANGA (à partir de 10 ans) du Salon du livre de jeunesse à Montreuil 2013. Sur 31 bandes dessinées et mangas, repérés par le comité de lecture, et issus de la production de l’année, 10 ont été retenus.

Avec Eric Guillaud nous avions attiré votre attention sur certains de nos coups de cœur et plaisirs de lecture. Voici 4 chroniques à découvrir ou à relire avant le choix final le 18 novembre :

Last Man, Balak, ill. Michaël Sanlaville, Bastien Vivès, KSTR

Orignal, Max de Radiguès, Delcourt

Saveur coco, Renaud Dillies, Dargaud

Souvenirs de l’Empire de l’atome, Thierry Smolderen, ill. Alexandre Clérisse, Dargaud

 

1180_SLPJ_ANIMPROMO_vignetteLe reste de la sélection à découvrir :

Cendres, Álvaro Ortiz, traduit de l’espagnol par Alvaro Pablo, Rackham

Dans les Glaces, Simon Schwartz, traduit de l’allemand par Aurélie Marquer, Sarbacane

Iron ou La Guerre d’après, Shane-Michael Vidaurri, traduit de l’anglais (États-Unis) par Chopan, Cambourakis

Jane, le renard et moi, Fanny Britt, ill. Isabelle Arsenault, La Pastèque

Lartigues & Prévert, Benjamin Adam, La Pastèque

Les Ombres, Zabus, Hippolyte, Phébus

Le salon est prévu du 27 novembre au 2 décembre 2013. Nous vous en reparlerons.

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Voici le lien pour connaître les 7 autres pépites décernées aussi dans une semaine, notamment la très étrange pépite du LIVRE OVNI avec des trésors graphiques et à noter l’incursion chez les tout-petits de Zidrou pour une relecture de Boucle d’Or et les deux ours avec l’illustratrice Monika Hanulak dans la catégorie ALBUM Création francophone. Nous vous parlions justement de son éclectisme la semaine dernière ici.

13 Nov

75 ans de Spirou : Terminus du Spirou Tour à Rennes

BY74-1OCAAAxgaXPour les 75 ans du magazine ET du héros Spirou, les éditions Dupuis ont entamé en début d’année un Spirou Tour, 10 villes étapes, autant de numéros spéciaux du journal.

Après Paris, Lyon, Montpellier ou encore Bordeaux et Nantes, c’est au tour de la ville de Rennes d’accueillir le Spirou Tour le samedi 16 novembre à partir de 14h30 à la librairie Chapitre Forum du livre.

Au programme cette dernière étape: une exposition de la Galerie des Illustres, des grooms distribuant des journaux Spirou, une tombola, la diffusion du documentaire « Spirou une aventure humoristique » et une séance de dédicaces réunissant Michel Plessix, Bruno Bazile, Jean-Claude Fournier et Yoann, le dessinateur actuel des aventures de Spirou et Fantasio.

De son côté le magazine Spirou spécial Bretagne, disponible en kiosque depuis ce mercredi 13 novembre, vous propose une interview de François-Régis Sirjacq, directeur de la librairie Chapitre Forum du livre, des histoires courtes et bretonnes signées Plessix, Pascal Jousselin, Lepage, Stanislas Barthélémy, mais aussi des jeux, les bons plans des auteurs, les séries habituelles…

Et le concours Spirou organisé par France 3 Pays de la Loire ? Il s’achève le 15 novembre lui-aussi. Plus que quelques heures donc pour y jouer ici-mêmeA gagner : 20 exemplaires de l’album Dans les griffes de la Vipère et 10 boîtes métalliques aux couleurs de Spirou et Fantasio.

 Eric Guillaud

12 Nov

Un Dahlia noir vient de fleurir en novembre

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher - Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

 

Amateur de polar noir, peut-être avez-vous déjà succombé à l’intensité graphique du fusain de cet américain formé aux Beaux-Arts de Paris. Le Dahlia noir de Miles Hyman est à lire, bien sûr, et surtout à voir …

Avec le scénariste rouennais Matz, le dessinateur Miles Hyman s’est déjà fait remarqué en 2008 pour leur adaptation réussie de Jim Thompson, La Nuit de Fureur. Parisien d’adoption, il expose ses meilleures planches au crayon gras et en couleur dans la Galerie Champaka dans le 3ème arrondissement. Et pas n’importe quelles planches : celles du Dahlia Noir, le polar noir de référence de James Ellroy. Le roman graphique vient d’arriver dans les bonnes librairies et nous en parlons ici

Didier Morel

Galerie Champaka – Arts de la Bande Dessinée – 67, rue Quincampoix 75003 Paris jusqu’au 30 novembre 2013

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher - Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de ce roman graphique exceptionnelle :

Ecoutez la voix envoutante de Goldfrapp dans son nouvel album aux tonalités cinématographiques Tales of us

Adapter c’est choisir, et faire des choix ce n’est pas toujours trahir.

 

 

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher - Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

 

Qu’est ce qui définit une bonne adaptation ? La question est toujours la même quelle que soit l’œuvre de départ et celle d’arrivée. De la BD au roman, de la littérature au cinéma, du film au théâtre, chaque nouveau projet d’adaptation est confronté au même dilemme : être fidèle à la lettre ou à l’esprit de l’original. Cet automne nous fournit trois superbes réponses dans des genres très, très différents : un polar mythique, une étude sociologique et un sommet de littérature classique. Du Dahlia Noir de James Ellroy  à la Recherche du Temps perdu de Marcel Proust en passant par Riche, pourquoi pas toi ? d’après les écrits du tandem Pinson-Charlot, voilà des bulles à hautes valeurs ajoutées, des cases denses et riches de sens.

 

 

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher - Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

26 ans après, le pouvoir vénéneux de ce roman est toujours aussi fort. Magistrale est cette adaptation de l’œuvre la plus hypnotisante de l’écrivain américain James Ellroy. Ceux qui ont découvert l’histoire Elisabeth Short en 1987 n’ont pas oublié le visage du Dahlia Noir. Et c’est bien toute la difficulté d’une adaptation, que ce soit celle filmique réalisée par Brian de Palma en 2006, ou aujourd’hui encore celle de cette version graphique : mettre un visage unique qui ne trahisse pas celui de l’inconscient collectif des millions de lecteurs.

Pari réussi donc pour cet album de la collection Rivages/Casterman/Noir. Au générique, sous la houlette de François Guérif, le passeur de James Ellroy en France, nous retrouvons Matz, de son vrai nom Alexis Nolent, l’auteur rouennais de la série à succès Le Tueur et Cyclopes. Aucun doute, c’est du travail d’orfèvre qu’il nous livre là. Il a ciselé les 300 pages d’un roman réputé inadaptable du fait de sa structure éclatée. En ne se contentant pas de mettre en image les mots d’Ellroy, même si 90% du texte sont d’origine, Matz a recomposé la structure pour lui insuffler sa vision.

Une vision en parfaite cohérence avec le dessin de Miles Hyman (Nuit de Fureur avec matz déjà) Celui-ci déclare : « le plus gros défi pour moi a été de trouver l’approche graphique qui correspondrait vraiment à l’univers « ellroyen » : je ne voulais pas tomber dans le cliché, dans le « déjà-vu » avec des détectives s’habillant en trench et Fedora et des femmes forcément belles et sulfureuses …Je ne voulais pas que ce soit ni de l’illustration ni de la bande dessinée à laquelle on pourrait s’attendre. »

Alors oui, nous sommes surpris ; et même si les femmes dessinées par Hyman sont belles et sulfureuses à leur manière, sa lecture graphique du roman est comme il la souhaitait : « fidèle et inattendue». A noter au générique le nom de David Fincher, le réalisateur américain du Zodiac, Seven et Millenium. Premier réalisateur pressenti pour l’adaptation sur grand écran, il a été le déclencheur de l’envie de Matz de se lancer dans le projet pendant qu’ils travaillaient ensemble à la version cinéma du Tueur. D’où son nom en couverture, aussi surprenant cela soit-il.

Pour aller plus loin, regardez Miles Hyman au travail sur sa planche à dessin – 6 épisodes réalisés par Médiapart

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

Riche, pourquoi pas toi ?  de Marion Montaigne avec Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon - Dargaud

Riche, pourquoi pas toi ? de Marion Montaigne avec Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon – Dargaud

 

Riche, pourquoi pas toi ?

La question est bonne, tant le désir est partagé de « gagner plus », sans pour autant s’encombrer de la contingence que l’on nous impose : « travailler plus ». Car c’est une des nombreuses idées reçues que le couple Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon démontent : ce qui enrichit, c’est de faire travailler l’argent, surtout depuis qu’il est devenu virtuel.

Les deux sociologues savent de quoi ils parlent, ils se définissent comme monomaniaques. Depuis 30 ans, ils étudient les riches sous leur microscope, des chalets de Gstaad aux planches de Deauville, des HLM du XVIème aux parterres fleuris de Neuilly. Ils connaissent bien cette espèce en voie d’expansion : « 1 426 milliardaires en 2013 dans le monde, on n’a jamais compté autant de riches; en parallèle, il n’y a jamais eu autant de pauvres de plus en plus pauvres ».

A partir de leurs écrits comme le Président des riches ou Sociologie de la bourgeoisie, la dessinatrice Marion Montaigne (Tu mourras moins bête, prix du public Angoulême 2013) met en scène avec un humour aussi débridé que contagieux ces « deux zigotos », caricaturés avec des espadrilles magiques achetées à la Fête de l’Huma. Avec leur accord les voici projetés dans le quotidien d’une famille les Brocolis. Philippe, le père, futur chômeur, se voit poser une drôle de question : cela vous plairait d’être riche ? Devenus millionnaires de la chance grâce au loto, sa femme, son fils et lui découvrent, à travers divers exercices pratiques – comme se rendre dans une bijouterie de la place Vendôme ou chez Drouot lors d’une vente aux enchères – qu’il ne suffit pas d’avoir beaucoup d’argent pour être riche, qu’il existe différentes richesses et qu’il est plus facile de devenir un nouveau riche qu’un grand bourgeois.

Enrichi d’infos sur l’actualité des grandes familles et autres dynasties (Bettencourt, Bolloré, Wendel), cet album réussit l’exploit de nous faire rire de la misère des riches et de leur petit tracas. Et bien que tout leur profite, la crise parfois plus que la croissance, nous faisons le constat que cette situation n’est pas à envier. Ce qui l’est, comme le souligne le couple de sociologue à la fin de l’ouvrage, c’est la capacité des ultra-riches à être « solidaires, organisés et mobilisés ». Une leçon paradoxale en ces temps où l’individualisme est vanté.

Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon - La Découverte

Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon – La Découverte

Riche, pourquoi pas toi ? de Marion Montaigne avec Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon – Dargaud

À la recherche du Temps perdu - Noms de pays : le nom par Stéphane Heuet - Delcourt

À la recherche du Temps perdu – Noms de pays : le nom par Stéphane Heuet – Delcourt

 

« Les photos de Proust en marcel sont rares ! » disait un auteur humoriste. Le voici représenté enfant dans le plus pure style de la ligne claire en costume d’époque avec son canotier. Stéphane Heuet est devenu l’auteur de référence pour qui souhaite découvrir sous forme graphique À la recherche du Temps perdu et l’univers de Marcel Proust. Publié dans le monde entier, à 300 000 exemplaires en France, étudié dans les lycées et les universités, son travail d’adaptation est remarquable de précision.

La série comporte aujourd’hui 6 tomes. Stéphane Heuet vient de faire paraître cet automne Nom de Pays : le nom, dernière partie du  tome 1 de la Recherche :  Du coté de chez Swann. La qualité de son travail se retrouve aussi dans les 18 pages illustrées qu’il ajoute au récit, afin d’aider le lecteur à mieux comprendre par exemple ce que sont le questionnaire de Proust, les lieux et monuments disparus évoqués dans l’œuvre, et ce qui peut être très utile l’inventaire de tous les personnages avec la généalogie du narrateur. Parfait pour une première approche de cette oeuvre monumentale, souvent citée mais rarement lue dans sa totalité …

A noter la parution simultanément de l’intégrale des 4 tomes qui composent Du coté de chez Swann : Combray, Un Amour de Swann, Noms de pays : le nom.

À la recherche du Temps perdu - Noms de pays : le nom par Stéphane Heuet - Delcourt

À la recherche du Temps perdu – Noms de pays : le nom par Stéphane Heuet – Delcourt

À la recherche du Temps perdu – Noms de pays : le nom par Stéphane Heuet – Delcourt

Didier Morel

 

10 Nov

Diagnostics, un récit de Diego Agrimbau et Lucas Varela aux éditions Tanibis

Capture d’écran 2013-11-09 à 18.55.23Un coup d’oeil rapide suffit amplement à considérer que nous ne sommes pas en présence d’un album ordinaire. Diagnostics, c’est son nom, est constitué de six histoires courtes ayant pour thèmes des troubles mentaux comme la claustrophobie que tout le monde connaît, l’aphasie ou mutisme, l’akinétopsie qui se caractérise par un déficit de perception du mouvement ou encore la prosopagnosie qui est l’incapacité à identifier un visage connu. Si le fond n’est déjà pas courant en lui-même, c’est bien dans la forme que l’album se distingue. Les auteurs revisitent le récit de genre en mettent en scène chacun de ces troubles par une exploration singulière des codes de la BD. Ainsi, Soledad, la jeune héroïne atteinte de claustrophobie, doit-elle s’échapper de la planche de BD pour enfin se délivrer de son histoire. Ainsi, Miranda qui souffre d’aphasie ou trouble du langage, voit-elle ses pensées s’imprimer partout dans son environnement, sur les panneaux publicitaires, les camions, les murs, les objets du quotidien…

Né de la rencontre entre deux auteurs argentins, Lucas Varela et Diego Agrimbau, à l’occasion d’une résidence à la Maison des Auteurs à Angoulême, Diagnostics est un album véritablement étonnant, un laboratoire, pour reprendre l’expression du petit éditeur lyonnais Tanibis, d’expérimentations narratives et graphiques. En librairie le 15 novembre.

Eric Guillaud

Diagnostics, de Diego Agrimbau et Lucas Varela. Editions Tanibis. 17 euros

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09 Nov

L’album Fanfulla d’Hugo Pratt et Milo Milani réédité aux éditions Rue de Sèvres

Capture d’écran 2013-11-09 à 16.40.03Comme le souligne très justement l’auteur Antonio Carboni en préface, Fanfulla est l’une des histoires de Pratt les moins connues du grand public. Elle a été réalisée en 1965 à la fin de la collaboration de l’auteur avec l’hebdomadaire italien pour la jeunesse Corriere dei Piccoli, collaboration qui avait donné naissance à plusieurs autres récits, parmi lesquels Billy James, L’Ombre ou encore L’île au trésor.

Edité en album en 1981 puis 1987 aux Humanoïdes Associés, Fanfulla ne souleva jamais l’enthousiasme des foules au point que le récit disparut de la circulation. Il faut attendre la naissance d’une nouvelle maison d’édition, Rue de Sèvres, pour le retrouver enfin dans un format à l’italienne pour le moins judicieux et recolorisé sobrement par Patrizia Zanotti. De quoi apprécier pleinement le génie du bientôt créateur de Corto Maltese et son trait qui oscille alors entre un réalisme classique et une figuration simplifiée par de grands aplats de noir.

Côté histoire, Fanfulla nous plonge dans l’Italie du 16e siècle, au coeur des luttes pour la possession des grandes villes, Rome d’abord, Florence ensuite. Fanfulla le mercenaire, borgne sans pitié, navigue entre alliances et trahisons, combats violents et rédemptions. Un album indispensable pour les amoureux de Pratt, une curiosité pour les autres !

Eric Guillaud

Fanfulla, de Hugo Pratt et Mino Milani. Editions Rue de Sèvres. 20 euros

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