10 Jan

Un « Prix Charlie de la liberté d’expression » au festival de la BD d’Angoulême

Photo de profil du compte Facebook du FIBD

Photo de profil du Facebook du FIBD

Pour répondre à l’odieuse attaque de Charlie Hebdo qui a tué 12 personnes dont les dessinateurs Tignous, Wolinski, Honoré, Cabu et Charb, les responsables du Festival International de la BD d’Angoulême ont décidé de créer le « Prix Charlie de la liberté d’expression ».

« Nous voulons ouvrir cet événement à tous les dessinateurs, au-delà de la stricte famille de la bande dessinée. L’édition 2015 sera un temps de mémoire, de résistance, de débat sur la liberté d’expression, et de rassemblement », a déclaré Franck Bondoux, délégué général du Festival. « Il n’y a pas de différence entre les caricaturistes et les auteurs de bande dessinée », a-t-il ajouté, « ce sont tous des dessinateurs, comme ceux de Charlie Hebdo pris pour cible. Plusieurs d’entre eux publiaient d’ailleurs aussi des albums ».

Interrogé par Le Monde, Franck Bondoux a précisé : « Ce prix cessera d’être remis le jour où tous les dessinateurs du monde pourront s’exprimer librement, c’est dire qu’il a de l’avenir ».

D’autres initiatives pourraient être prises à l’occasion du festival pour honorer la mémoire des victimes, notamment un concert de dessins, des débats sur la liberté d’expression, une exposition autour des oeuvres des dessinateurs de Charlie… La cérémonie de clôture devrait également rendre un hommage particulier à Charlie Hebdo.

D’ore et déjà, le FIBD a créé une page Facebook ouverte à toutes celles et ceux qui, dans l’univers du 9e art, souhaitent exprimer sous forme graphique ce que leur inspirent les tragiques événements de ces derniers jours. Et les hommages y sont déjà très nombreux.

Eric Guillaud, avec AFP

copie d'écran de la page Facebook du FIBD ouverte au lendemain de l'attentat

copie d’écran de la page Facebook du FIBD ouverte au lendemain de l’attentat

 

Attentat à Charlie Hebdo : le journaliste Denis Robert appelle à transformer le prochain festival BD d’Angoulême en « lieu de résistance contre le fanatisme et la barbarie »

Interviewé par nos confrères de France 3 Poitou – Charente, Denis Robert qui est en train d’achever un documentaire sur Cavanna, figure emblématique de Charlie-Hebdo, réagit à l’attentat qui a fait 12 morts parmi lesquels les 4 dessinateurs Cabu, Charb, Wolinski et Tignous.

À la question de savoir si le festival de la BD d’Angoulême ne va pas se tenir dans des conditions particulières cette année, le journaliste répond :

« Il faut bien sûr qu’il ait lieu, ce Festival de la BD. Il faut même le transformer en lieu de résistance contre le fanatisme et la barbarie. Nous devons être forts et solidaires, montrer que ce genre d’attentat ne peut pas avoir d’incidence sur la liberté de la presse. C’est exactement les thèmes qui sont abordés dans mon film sur Cavanna »

L’intégralité de l’interview ici

Attentat à Charlie Hebdo : Cabu, Charb, Tignous et Wolinski parmi les morts

Les dessinateurs Cabu, Charb, Tignous et Wolinski, figures historiques de Charlie Hebdo, ont été tués ce matin dans l’attaque qui a fait au moins 12 morts et plusieurs blessés graves au siège de l’hebdomadaire.

Le président de la République, qui s’est très rapidement rendu sur place, a parlé d’un attentat terroriste. Depuis, le plan Vigipirate a été relevé à son maximum.

Charb, alias Stéphane Charbonnier, occupait le poste de directeur de la publication depuis le départ de Philippe Val en 2009. Il a notamment travaillé pour L’Echo des Savanes, Télérama, Fluide Glacial, L’Humanité…

Cabu, qui a lui-aussi travaillé pour quantité de périodiques comme Rock & Folk, La Grosse Bertha, Le Figaro, Le Monde, Hara-Kiri…, a publié de nombreux albums dont Le Grand Duduche, L’Ennemi intérieur, Mon boeuf…

Tignous collaborait à Charlie Hebdo, bien sûr, mais aussi à Fluide Glacial…

Wolinski a collaboré au journal Action, à Paris-Presse, L’Humanité, Le Nouvel Observateur, Paris Match…

Parmi les autres victimes figurent Honoré, dessinateur, Mustapha Ourra, correcteur, Bernard Maris, économiste, Elsa Cayat, psychiatre et psychanalyste, Michel Renaud, président fondateur du Carnet de voyage clermontois, Frédéric Boisseau, agent d’entretien, Ahmed Merabet, policier, Franck Brinsolaro, policier.

 

Eric Guillaud

Le Charlie daté du 7 janvier 2015

Le Charlie daté du 7 janvier 2015

06 Jan

14 -18 : sur les chemins de l’enfer avec Corbeyran et Le Roux

14-18 02.inddBrûler ce qui le relie encore à ces années noires, les tranchées, la boue et le sang, la folie et la mort, en un mot, l’enfer. Brûler tout, les poèmes et les dessins que son pote Maurice avait produits sur le front. Brûler pour oublier qu’il n’a peut-être pas été un héros, juste un homme qui partait combattre la trouille au ventre. Pierre en est finalement revenu vivant mais tant d’autres y sont restés. Des millions, des anonymes et des potes…

Corbeyran et Étienne Le Roux poursuivent avec ce tome 2 leur saga 14-18 qui nous accompagnera sur cinq ans et comptera à terme dix albums. Même si dans chacun d’eux, un événement marquant sert de toile de fond, c’est bien le quotidien des soldats que veulent mettre en lumière les auteurs à travers le destin de huit personnages principaux, huit jeunes hommes issus du même petit village et enrôlés dans la même compagnie. « La série 14-18 », explique Corbeyran, « est filmée au ras des tranchées. Elle exprime le point de vue des soldats, les petits, ceux à qui on ne demande pas leur avis ».

Qui dit 14-18 en BD dit Tardi. Et son oeuvre de référence sur la Grande guerre. Pas facile d’aborder le sujet sans que soient faits des comparaisons. Dans une interview réalisée pour le compte du site spécialisé ActuaBD, le scénariste Corbeyran explique comment on peut quand même parler de cette foutue guerre sans s’appeler Tardi : « J’ai une très grande admiration pour l’œuvre de Tardi, depuis toujours. Mais si on se met à réfléchir de cette manière, en tant qu’auteur, on ne fait rien. On reste assis et on lit les bouquins des autres. Car tout a déjà été écrit, dessiné, filmé, narré, peint, sculpté, chanté, etc. Il faut donc s’accaparer le sujet sans complexe, et l’explorer avec spontanéité et franchise ».

Une fiction au coeur de l’histoire.

Eric Guillaud

14-18, Les Chemins de l’enfer (septembre 1914), de Corbeyran et Le Roux. Editions Delcourt. 14,50 €

L’info en +

L’interview de Corbeyran à lire sur ActuaBD

03 Jan

Pour bien commencer l’année : Michel Vaillant à fond la caisse !

Liaison-Dangereuse-cop-originale Première résolution de l’année : faire du sport.

Mais pas n’importe comment et pas avec n’importe qui. Pour nous, ce sera du sport automobile avec Michel Vaillant, oui oui le mythique pilote de course né à la fin des années 50 sous les pinceaux de Jean Graton.

La troisième aventure de la nouvelle saison est sorti il y a quelques semaines, 54 pages à lire pied au plancher, avec un Michel Vaillant  plus en forme que jamais et surtout plus séducteur que jamais. Liaison dangereuse, le titre de ce nouvel opus annonce la couleur. Il y a du grabuge dans l’air et de la gomme sur l’asphalte.

En attendant le retour des Vaillantes sur les circuits de Formule 1, notre pilote préféré doit faire la promo d’une voiture de rallye que l’écurie compte bien vendre dans les années à venir. Pour cela, direction le rallye du Valais, épreuve reine du Championnat d’Europe des Rallyes, Michel doit y imposer le prototype. Et pour y parvenir, la débutante mais très sensuelle Carole Ouessant doit jouer son copilote…

Toujours aussi merveilleusement raconté et dessiné par la nouvelle équipe formée de Marc Bourgne, Denis Lapière, Benjamin Benéteau et Philippe Graton, le fils du créateur de la série, cette nouvelle saison poursuit la légende de la plus belle façon. Une série qui a changé de siècle mais gardé son âme !

Eric Guillaud

Liaison dangereuse, Michel Vaillant (Nouvelle saison, tome 3), de Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau. Editions Graton. 15,50 €

© Dupuis / Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau

© Dupuis / Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau

31 Déc

La BD en 2014 ? Un petit coup de barre… et ça repart !

le plus gros tirage de l'année 2014

le plus gros tirage de l’année 2014 – 430 000 exemplaires

Le rapport Ratier est sorti. Du nom du secrétaire général de l’ACBD, Association des critiques et journalistes de bande dessinée, le rapport Ratier offre chaque année une photographie très précise de la production de bande dessinée dans l’espace francophone européen. Après un fléchissement en 2013, l’offre éditoriale enregistre pour 2014 une nouvelle hausse avec 5410 livres de BD publiés, dont 3946 nouveautés. Soit une production en hausse de 4,64% par rapport à l’an passé.

Pour Gilles Ratier, « L’économie de la bande dessinée, dans son ensemble, résiste encore et toujours à la crise ambiante, mais les tirages de la plupart des 98 principaux best-sellers de l’année subissent une nouvelle baisse« .

Qui sont les grands gagnants de l’année ?

Parmi les plus gros tirages hors comics et mangas, on retrouve quelques grands classiques comme le tome 23 de Blake et Mortimer (430 000 ex.), le tome 8 de Joe Bar Team (350 000 ex.), le tome 19 de Largo Winch (350 000 ex.), le tome 19 du Chat (350 000 ex.), beaucoup plus loin dans le classement le 54e Spirou et Fantasio (75 000 ex.), encore plus loin le 24e Jérôme K Jérôme Bloche (30 000 ex.).

Du côté des comics, Walking Dead rafle les trois premières places avec les tomes 20 (120 000 ex.), 21 (110 000 ex.) et 19 (100 000 ex.). Pour les mangas, la série Naruto occupe comme l’an passé les quatre premières places avec les tomes 62 à 65 (180 000 ex. chacun).

Trois groupes se partagent 36,52% de la production. Il s’agit des groupes Delcourt, Glénat et Média-Participations.

Eric Guillaud

Quid de la BD numérique ? Combien d’auteurs vivent de la BD ? Quels sont les tirages des revues d’info BD ? Tous les chiffres, toutes les analyses de Gilles Ratier et de l’ACBD ici

30 Déc

Chroniques de Noël : Un voyage improbable signé Turf

9782756047850vNoël, c’est fait ! Plus que quelques heures et on embarquera pour 2015. Un nouveau gueuleton en perspective, cotillons et serpentins à volonté, champagne et petits cadeaux à la clé. Alors, on vous refait le coup de la sélection de BD, des livres qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin ou sur la table de réveillon.

Pour inventer un voyage comme celui-ci, il faut s’appeler Turf, oui oui, l’auteur de La Nef des fous ou de Magasin sexuel. Parce qu’il faut quand même disposer d’une sacré dose d’imagination, de loufoquerie et d’humour pour propulser un phare dans l’espace avec à son bord le gardien et une joyeuse bande d’archéologues venue à la base tâter du plésiosaure bicéphale. Quésaco ? Un modèle, une marque, une espèce de dinosaure. Un coup de pioche à la base du phare et hop voici donc tout notre beau petit monde parti embrasser les étoiles.

Et question ambiance, ce n’est pas vraiment ça. Le gardien du phare ne supporte pas la compagnie. Et la compagnie ne supporte pas le gardien de phare. Bref, de quoi nous donner un huis clos extraordinairement explosif et fatalement jouissif…

Eric Guillaud

Le Voyage improbable (première partie), de Turf. Editions Delcourt. 14,50 €

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29 Déc

Chroniques de Noël : Véronique Deiss adapte en BD le Journal d’un chat assassin

album-cover-large-24665Noël, c’est fait ! Plus que quelques heures et on embarquera pour 2015. Un nouveau gueuleton en perspective, cotillons et serpentins à volonté, champagne et petits cadeaux à la clé. Alors, on vous refait le coup de la sélection de BD, des livres qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin ou sur la table de réveillon.

Oh, un chat ! Oui mais attention, pas n’importe quel chat, un chat assassin, un vrai, un psychopathe de première qui tue, déplume et croque sans modération. Un chat un peu grassouillet quand même, un peu roux aussi, qui pense faire son boulot. Sauf que ses maîtres n’apprécient que modérément les activités nocturnes du tueur en série. Ras-le-bol des souris et oiseaux en tout genre qui viennent mourir sur le tapis du salon. Pourtant, Tuffy, le chat en question, ira jusqu’au bout de son destin, tuant même le lapin des voisins, un certain Thumper. Un gros coup, un coup de trop…

Si la bande dessinée partage avec Instagram une passion immodérée pour nos amis les bêtes et notamment les chats, celui-ci n’est pas né dans une planche de BD, ni dans un chou, mais dans une page de roman, un livre signé Anne Fine, auteure par ailleurs de Madame Doubtfire qui connaîtra au cinéma un succès mondial. Pour tous ceux qui aiment les chats et pas trop les lapins !

Eric Guillaud

Journal d’un chat assassin, de Véronique Deiss d’après Anne Fine. Editions Rue de Sèvres. 10,50 €

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