C’est l’un des récits de bande dessinée les plus surprenants de la sélection officielle 2021, un récit entièrement réalisé en vue subjective avec le décor d’une maison pour unique personnage visible et un mystère aussi épais que la brume ambiante…
La couverture annonce la couleur. Et la forme. Le Mystère de la maison brume n’est pas un album ordinaire avec un découpage en forme de gaufrier, des bulles pour les dialogues, une belle galerie de personnages et une aventure à la Spirou et Fantasio, pleine de rebondissements, d’actions et d’humour.
Ici, pas de personnages. Ou plutôt si. Trois. Mais vous ne les verrez jamais. Ils portent des numéros, n°2, n°5 et n°8, ont en commun d’habiter le même lotissement d’un hameau perdu quelque part entre l’hémisphère sud et l’hémisphère nord, un hameau généralement noyé sous une brume épaisse jusqu’au jour où le soleil décide de faire une percée et dévoile la grande maison d’un certain Mr.zéro que vous ne verrez pas non plus. Et que les trois autres numéros n’ont jamais vu.
Une maison bien curieuse, immense, moderne, abandonnée, un personnage en soi, de quoi attiser la curiosité des voisins et notamment des n°2, n°5 et n°8 qui par une belle nuit d’été décident de franchir le pas et de s’aventurer dans la fameuse maison, au risque de s’y perdre ou de faire une mauvaise rencontre…
Surprenant par sa forme, ce premier livre de Lisa Mouchet se révèle franchement séduisant, l’autrice s’y autorisant une belle exploration des possibilités du médium, une expérimentation narrative et graphique tous azimuts avec une histoire entièrement en vue subjective, de quoi nous plonger corps et âme dans le récit. Il y a de l’Agatha Christie dans tout ça et bien plus encore… Captivant !
L’album figure dans la sélection officielle du Festival International de la bande dessinée d’Angoulême 2021 et il est en compétition pour le Prix du Public France Télévisions
Eric Guillaud
Le Mystère de la maison brume, de Lisa Mouchet. Magnani. 24€