La bande dessinée peut être divertissante, pédagogique, documentaire, critique, elle peut aussi parfois se révéler comme une expérience visuelle et narrative unique. C’est le cas avec ce diptyque qui ne fait qu’un, une oeuvre atypique signée Jérôme Dubois…
Citéville et Citéruine, deux albums qui sont chacun le miroir de l’autre, deux albums qui peuvent se lire indépendamment l’un après l’autre, l’un sans l’autre, mais qui prennent toute leur valeur respective par une lecture simultanée. C’est une véritable expérience, à la fois visuelle et narrative que nous offre son auteur, Jérôme Dubois, une expérience qui nous interroge sur la place de la ville et donc de l’humain dans notre monde futur.
Aux images de Citéville, où l’absurde révèle la violence de la société, où l’on voit des SDF ramassés par une balayeuse de voirie, où l’on achète des enfants comme on achèterait un paquet de nouilles, où l’on prend la ligne de bus 67 pour aller directement en vacances, ou la 85 pour le chômage, répondent les images de ville désertée, abandonnée de Citéruine. Plus un humain ou ce qui pourrait y ressembler, les mêmes plans de la ville que dans Citéville mais dépourvus de protagonistes, une ville qui nous fait penser aux images qu’on a pu voir lors du premier confinement, une ville fantôme, post apocalyptique, en ruine ou presque.
La ville est-elle l’avenir de l’homme ? Et plus largement, quel est l’avenir de l’homme ? Ce sont les questions que pose, que nous pose Jérôme Dubois, dont on avait déjà pu apprécier le travail dans Bien normal et Tes Yeux ont vu également publiés chez Cornélius.
Eric Guillaud
Citéville, de Jérôme Dubois. Cornélius. 22,50€ et Citéruine, de Jérôme Dubois. Editions Matière. 19€