Pour raconter la vie de la sulfureuse écrivaine Anaïs Nin, il fallait trouver le ton juste. Plus de huit ans ont été nécessaires à l’autirce suisse Léonie Bischoff pour le trouver. Mais le résultat est là, Anaïs Nin sur la mer des mensonges est un roman graphique en tout point raffiné, à l’écriture aussi subtile que le trait est léger…
Comme chacun et chacune d’entre nous, l’écrivaine Anaïs Nin a eu une vie publique, une vie privée et une vie secrète, riches dans les trois cas. C’est à la dernière que s’est intéressée plus précisément Léonie Bischoff dans ce sublime roman graphique paru chez Casterman en août dernier, une vie secrète passée à la postérité grâce à la publication de ses journaux intimes et secrets tenus sur plusieurs décennies.
Vécu comme un événement sans équivalent dans la littérature au moment de leur publication, ces journaux intimes ont révélé une personnalité hors norme, une femme aux multiples vies et aux milles facettes qui avait choisi pour guider sa vie la création, la passion, l’amour, le sexe… et bien sûr la liberté. Nous sommes dans les années 30, Anaïs Nin est une féministe avant l’heure !
Ses journaux étaient à la fois son réconfort, son miroir, sa drogue. « J’y explore mon caractère et celui des autres… J’analyse, si j’ose dire!« , lui fait dire Léonie Bischoff.
D’un trait délicat, réalisé au crayon magique à mine multicolore, et d’une très belle écriture, Léonie Bischoff nous embarque corps et âme dans cette vie faite d’écriture, de rencontres, de liaisons amoureuses et de mensonges. Comme elle pouvait le faire elle-même à travers la rédaction de ses journaux, nous pouvons, nous lecteurs, contempler ici son âme, décortiquer sa complexité, et approcher d’un peu plus près le génie du personnage.
Chaque planche de ce roman graphique est un bijou en soi, d’une sensibilité et d’une finesse incroyable, d’une sensualité et parfois d’un érotisme habiles. Telle une ode à la femme, à l’amour, à la vie.
Eric Guillaud
Anaïs Nin sur la mer des mensonges, de Léonie Bischoff. Casterman. 23,50€