En 2005, coup sur coup, Morvandiau apprend que sa mère est atteinte de démence précoce et que son fils Émile tout juste né est trisomique. De quoi perdre pied…
Perdre pied… et se relever, continuer de marcher en faisant si possible du bruit sur le gravier, comme une musique « rocailleuse et rassurante ». De tous ses souvenirs d’enfance, cette sonorité si particulier fait par un adulte marchant sur un chemin de gravier sera pour Morvandiau l’une des motivations premières à devenir grand.
Ça peut paraître anecdotique, voire dérisoire, ou incongru, mais ça a son importance dans l’histoire de l’auteur et dans ce récit. En 2005, Morvandiau ne fait peut-être pas encore tout à fait partie du monde des adultes, même s’il a dépassé les 30 ans, lorsqu’il est confronté coup sur coup à la maladie de sa mère et à la trisomie de son fils. Il aurait pu définitivement se liquéfier, s’effondrer, ne pas faire face. Par la fenêtre de son atelier, Morvandiau assiste à la démolition du quartier promis à un bel avenir immobilier. La fin d’une époque !
À partir de ce moment-là, Morvandiau connait bien évidemment des moments de désespoir profond, de trouilles, de questionnements, de doutes. Mais à chaque fois, il finit par attraper le taureau par les cornes et reprendre le dessus. Il le faut !
À travers ce petit livre – par le format – paru à L’Association, Morvandiau raconte cette vie intime bouleversée, il raconte aussi sa famille, sa mère, son enfance, sa ville, Rennes, avec une grande pudeur et une singularité dans le traitement narratif et graphique, insérant ici et là en images des références cinématographiques ou musicales. Le Taureau par les cornes figure dans la sélection officielle du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2021.
Eric Guillaud
Le Taureau par les cornes, de Morvandiau. L’Association. 19€