15 Nov

Belzebubs : quand musique metal, BD et humour font bon ménage

Le bonhomme a beau être finlandais et avoir le sang froid, on détecte tout de suite le clin d’œil et le sourire amusé lorsqu’on le rencontre au dernier Comic Con à Paris en Octobre dernier. Allez oui, on ne va pas se mentir, on a sciemment choisi un t-shirt de metal (vous voulez tout savoir ? De Darkthrone, allez hop) histoire d’être reconnu comme l’un des siens. Car même si ce trentenaire qu’est JP Ahonen a dû récemment sacrifier ses cheveux longs, ses tatouages trahissent très vite sa passion pour la musique metal. Une passion qu’il a décidé de mélanger avec l’autre grande entreprise de sa vie, le dessin. Et le résultat est détonnant…

© Marjaana Malkamäki / Daily Hero

Après Perkeros traduit en 2014 en français, Belzebubs réunit tous ses strips d’une page d’abord publié sur internet et tournant autour d’une drôle de famille et sa façon de gérer les petits problèmes du quotidien, des relations avec la belle-famille en passant par la crise d’adolescence de leur fille ainée ou les vacances. Â cela près que papa est un musicien de black-metal (littéralement, le ‘métal noir’, terme désignant une forme très véloce et agressive du heavy-metal) et que toute la famille est habillée en noir et a fait copain-copain avec les (soi-disantes) forces obscures. C’est totalement décalé, très drôle et a le mérite surtout de ne pas s’adresser qu’aux fans de ce style de musique, même si les plus chevelus d’entre vous qui se sont par exemple déjà rendus une fois au Hellfest seront ceux qui se marreront le plus…

 ma connaissance, cette bande-dessinée est l’une des toutes premières tentatives de marier BD, humour et le monde très codifié et pas du tout humoristique pour le coup du black-metal. Tu savais quand même qu’a priori, les fans de ce style assez extrême de musique ne sont pas réputés pour avoir un énorme sens de l’humour non ?

JP Ahonen. (sourire) Oui, on me l’a beaucoup dit et j’en suis bien conscient mais je voulais faire mon truc malgré tout. J’aime ce côté complètement décalé, cet écart entre cette famille un peu bizarre portant des corpsepaints (littéralement ‘peintures de cadavres’, désignant le maquillage monochrome outrancier dont sont affublés les musiciens de black-metal-ndlr) et adorant les démons confrontée aux petits soucis très banals de la vie de tous les jours. Et d’après ce que m’ont dit pas mal d’amis, à ma propre surprise il semble que pas mal de fans ou de musiciens de la scène trouvent le résultat très drôle donc…

© Glénat / JP Ahonen

N’as-tu pas été à un moment toi-même musicien de metal ?

Oui, au début des années 2000 mais je ne jouais pas un style aussi extrême, c’était plus proche de l’état d’esprit d’un Sentenced par exemple, un groupe alors très populaire chez nous en Finlande qui mélangeait metal, rock traditionnel et rock gothique (http://www.sentenced.org). Mais lorsque je suis parti à l’université, j’ai décidé de me concentrer sur le dessin plutôt. Après, même si je n’ai pas joué de black-metal, j’en connais les codes et je pense que cela m’a donné une certaine légitimité. Je comprends cette musique si tu vois ce que je veux dire et je suis tout à fait, je pense, capable d’en voir les bons côtés comme les plus, disons, risibles… Mais je reste avant tout un fan de musique et Belzebubs est une sorte de déclaration d’amour au genre metal dans son ensemble.

Est-ce que tu penses que le fait que tu sois finlandais ait joué aussi ? Tout le monde ne sait pas forcément mais chez vous, le metal est pratiquement un style ‘grand public’… Pas plus tard qu’au mois de Septembre, un groupe de chez vous de pur black-metal tout ce qu’il y a de plus sérieux du nom d’Archgoat (archgoat666.bandcamp.com) voyait même son quatrième album The Luciferian Crown atterrir directement à la deuxième place des charts !

Bien sûr ! En Finlande, personne ne te regarde de travers si tu dis que tu écoutes du metal, bien au contraire. On a envoyé Lordi gagner l’Eurovision et tu peux entendre dans les supermarchés des chansons  de Nightwish (www.youtube.com/user/Nightwishofficial) pendant que tu fais tes courses… En fait, c’est tellement accepté et rentré dans les mœurs que cela en devient presque plus cool du tout d’aimer le metal, du moins depuis une dizaine d’années. Heureusement, depuis peu de nouveaux styles de musique absolument horrible style du hip-hop chanté en Finnois sont en passe de le supplanter donc avec un peu de chances, le genre va redevenir underground et plus cool… (sourire)

© Glénat / JP Ahonen

Avec plus de 200,000 habitants, ta ville de résidence Tempere est la troisième du pays et a une bonne petite scène black-metal. En connais tu personnellement certains membres ?

Pour être honnête, non. Je sais qu’un groupe comme Horna par exemple (horna666.bandcamp.com) qui existe depuis plus de vingt ans est de Tempere mais c’est tout. En fait, même si j’aime bien le black, je suis avant tout pus friand d’un style de metal plus classique et progressif, moins extrême disons. Mais l’ironie de l’histoire est que depuis que je fais Belzebubs, je reçois régulièrement de la part de lecteurs des suggestions et très souvent, elles sont plutôt bonnes je dois dire. J’ai par exemple découvert grâce à ça Diadem of Dying Stars, un groupe grecque assez planant…

 partir de quel moment t’es-tu dit que mélanger BD et musique metal serait une bonne idée ?

Dès l’adolescence pour tout te dire. J’étais au collège avec KP Alare (avec lequel il a co-signé ‘Perkeros’ qui parlait déjà de metal-ndlr) et je me souviens très bien qu’on nous a demandé de réaliser un exposé sur les religions. Les autres ont choisi l’hindouisme, l’islam ou encore le judaïsme mais KP et moi, on a préféré prendre le satanisme ! Sauf qu’en guise d’exposé, nous avons réalisé un faux documentaire sur un ado soi-disant possédé, avec des interviews de ses parents, de sa petite amie etc. Sauf que c’était à chaque fois moi ou KP déguisé et cela a bien fait marré les gens de notre classe. Je me souviens m’être dit à ce moment là que mélanger l’occulte et l’humour était une formule qui marchait bien.

© Glénat / JP Ahonen

Belzebubs a commencé d’abord sur internet. Pourquoi ?

On peut parler d’un bel accident en gros. Belzebubs a commencé il y a trois ans environ : je souffrais alors d’une sorte de dépression lié à un sentiment d’épuisement général. Cela faisait des années que je faisais des caricatures pour des journaux locaux ou nationaux et je me sentais de plus en plus harassé par toutes les contraintes que cela impliquait de devoir fournir un dessin par jour ou par semaine.

Mon inspiration était devenue trop fluctuante et je butais sur des détails stupides… J’avais adoré faire Perkeros et j’ai alors ressenti le besoin de faire quelque chose de plus personnel où je n’aurais pas à me prendre la tête. J’ai alors décidé de participer à un concours en ligne et j’ai très spontanément commencé à dessiner deux musiciens de black-metal tenant à bout de bras un t-shirt – noir, évidemment – en essayant d’en déchiffrer le logo, vu que dans ce style la tradition veut que les groupes aient, justement, des logos tellement tordus qu’on ne puisse pas les lire… (sourire) Cela m’a fait marrer or sans le savoir, j’avais alors donné naissance à Belzebubs car ces personnages alors pas tout à fait définis ont commencé à trotter dans ma tête.

J’ai commencé à dessiner un certain nombre de strips autour d’eux, sans véritable objectif si ce n’est d’en accumuler suffisamment pour, si possible, ensuite proposer à un journal plus tard. J’ai fini par les publier moi-même un par un sur le net à partir de Septembre 2016, justement pour rester en phase avec cette idée de ne pas se prendre la tête, mais sans rien n’en attendre de plus. Et puis je ne sais même pas comment, au bout de six mois, les connections ont décollées presque d’un coup sans que je fasse quoi que ce soit, à part profiter du bon vieux bouche-à-oreille.

J’imagine que ce succès est aussi dû au manque de contrainte que t’offre internet : contrairement à mes autres travaux, je ne dois absolument respecter ni un format ni une date butoir. Il peut se passer trois semaines sans que je ne mette rien en ligne ou au contraire, si je suis inspiré, je peux en publier trois d’un coup si je veux. Et puis je rajouter un peu d’animation, faire un grand format ou à l’inverse un petit etc. Et cette liberté m’a fait un bien fou !

© Glénat / JP Ahonen

Belzebubs se partage en deux axes bien précis : d’un côté la vie de famille et de l’autre, celle du groupe du papa et ses difficultés à donner des concerts etc. Pourquoi insistes tu sur cette double facette ?

Parce que j’aime m’amuser avec ces types très sérieux qui veulent faire des chansons à la gloire des forces des ténèbres avec des pentacles et des clous dans tous les sens et les confronter à des problèmes très basiques de la vie de tous les jours. J’adore ce contraste et c’est ce qui est le plus drôle à réaliser.

Oui mais on pousse le bouchon encore plus loin car si j’ai bien compris, un album de Belzebubs – le groupe – est prévu pour Mars prochain… C’est vrai ?

Oui, tout à fait ! D’ailleurs ils ont déjà sorti un premier morceau pour lequel j’ai réalisé un clip (www.youtube.com/watch?v=sxzb00dqNg4) et je travaille actuellement sur le script d’un deuxième. Le disque est enregistré et est en cours de mixage…

Mais qui joue dessus ? Toi ?

Je ne peux rien te dire, à part que non, je ne joue pas dessus car je n’ai pas le niveau… (sourire) Officiellement, ce sont les quatre personnages de la BD qui seront crédités, c’est tout ce que je peux te dire.

Est-ce que l’on peut considérer ce futur album comme une sorte de bande originale de film ?

Pas exactement, je les vois plutôt comme deux entités bien séparées, même si elles sont très liées. Tu peux apprécier l’une sans aimer l’autre mais disons que si tu fais attention, tu trouveras sur ce disque plein de clins d’œil et de détails qui expliquent un peu la ‘mythologie’ Belzebubs telle qu’elle est présentée sur la BD. J’aime beaucoup cette idée de lier plusieurs médias entre eux autour du même univers et si j’en ai les moyens et que le succès est au rendez-vous, j’espère bien amplifier ce mouvement. Bref, il y a du boulot et c’est tant mieux, je ne fais que commencer.

Propos recueillis par Olivier Badin

Belzebubs par JP Ahonen, Glénat, 9,95€

07 Nov

Cahiers de la mer de Chine : Christian Cailleaux nous embarque sur la goélette scientifique Tara

Christian Caillaux est de la trempe des écrivains voyageurs, le genre d’homme à ne pas rester en place, à toujours désirer voir plus loin, de l’autre côté de l’horizon. Lui qui a vécu et crapahuté un peu partout sur la planète, depuis le Congo-Brazzaville jusqu’à Montréal, nous offre régulièrement son regard à travers des romans graphiques. Le dernier en date, Cahiers de la mer de Chine, est un carnet de voyage qui nous embarque à bord de la goélette scientifique Tara…

Connaissez-vous Tara ? Tara est une goélette française qui sillonne les océans avec pour double mission la recherche scientifique et la défense de l’environnement.

Durant deux ans, de 2016 à 2018, la goélette navigue sur les eaux de l’océan Pacifique. 100 000 km, 70 escales avec l’objectif « d’ausculter de manière inédite la biodiversité des récifs coralliens et leur évolution face au changement climatique et aux pressions anthropiques ».

A son bord, des marins bien sûr, des scientifiques et des artistes, huit en tout, invités à donner leur vision de l’expédition. Chistian Cailleaux est l’un d’eux. Avant d’embarquer, il expliquait à Mathieu Poulhalec des éditions Dupuis : « Je sais déjà que ce sera une expérience extraordinaire avec véritablement du sens et de l’engagement (…) Il y a 20 ans,  je voyageais le coeur léger et surtout bercé d’insouciance et d’illusions. Aujourd’hui, ce n’est plus possible ! Les bouleversements du globe sont tels qu’il faut forcément donneur sens à son usage du monde. Ceci dit, je compte bien également réaliser des images pour le seul plaisir du geste et de la création ».

Ces images, les voici aujourd’hui rassemblées dans ce cahier avec quelques lignes de l’auteur pour en expliquer le contexte. Paysages, vie à bord, marins et scientifiques au travail… Christian Cailleaux nous dévoile un peu de son expérience à bord de Tara, avec cette subtilité graphique qui caractérise son travail et nous embarque toujours très loin. Un très bel ouvrage au format cahier graphique de 64 pages, accompagné d’une sérigraphie originale signée et numérotée. Sublime !

Eric Guillaud

Cahiers de la mer de Chine, de Cailleaux. Dupuis. 28€.

30 Oct

Utopiales 2018. Rencontre avec les auteurs de la nouvelle série de science-fiction Renaissance

Ils ont été nourris à la science-fiction dès le plus jeune âge et ça se sent. Les Rouennais Fred Duval, Emem et le Nantais Fred Blanchard débarquent aux Utopiales, le festival international de science-fiction de Nantes, avec une nouvelle série sous le bras et plein d’aliens dans la poche…

Plein d’aliens dans la poche. Et gentils comme des Bisounours ou presque. Impossible ? Dans la science-fiction, tout est possible, tous les futurs sont imaginables. Les auteurs de Renaissance, nouvelle série dont le premier volet vient de paraître aux éditions Dargaud, le mettent une nouvelle fois en évidence. Non seulement, les aliens sont ici des gentils mais ils ont décidé d’envahir la Terre pour le bien de l’humanité, le bien des hommes et des femmes qui l’habitent mais n’ont pratiquement rien fait jusque-là pour la sauvegarder et protéger ses ressources naturelles.

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07 Oct

Journal de Spirou : un numéro spécial commémorant les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme

80 ans d’un côté, 70 de l’autre. Le journal de Spirou commémore l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme à travers un numéro spécial…

« Quand on parle de Spirou, on pense immédiatement à l’humour et à l’aventure. Et cela depuis 80 ans déjà. Et pourtant, Spirou ce n’est pas que ça. C’est également un journal qui a toujours prôné des valeurs telles que le respect de l’autre, le refus de la tyrannie, la justice, etc. ».

Voilà en quelques mots comment la rédaction du journal explique son engagement aux côtés du Haut-Commissariat des Nations Unies pour commémorer les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Au programme de cette commémoration, un numéro spécial du journal le 10 octobre qui reprendra les 30 articles de la Déclaration illustrés par des auteurs du neuvième art (Dad, Dany, Cossu, Bocquet, Janry, Tome…) mais aussi une campagne sur les réseaux sociaux (#spirou4rights) et une exposition itinérante qui sera également disponible sous forme de PDF téléchargeable en trois langues, français, espagnol, anglais.

Spirou, ami, partout, toujours…

Eric Guillaud

06 Oct

Le Mans : Jean Van Hamme, un géant du Neuvième art invité de La 25e heure du livre

Plus de 250 auteurs invités, 90 éditeurs, des associations, des débats, des rencontres, des prix… La 25e Heure du livre, 40e édition, bat son plein place des Jacobins au Mans. L’occasion de rencontrer l’immense Jean Van Hamme, ex-scénariste des séries XIII, Largo Winch ou encore Thorgal.

© MaxPPP – Daniel FOURAY

Son visage n’est pas forcément connu du grand public, c’est pourtant l’un des géants de la bande dessinée franco-belge. Né en 1939, son parcours commence dans des bureaux, à des postes moins créatifs. Il a notamment été fondé de pouvoir chez Philips-Belgique. Mais très vite Jean Van Hamme veut raconter des histoires. Il rencontre le dessinateur Paul Cuvelier. C’est le déclic, il signe son premier scénario, Epoxy.

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13 Août

Pages d’été. Wannsee, la fameuse conférence qui a scellé le sort de millions de Juifs racontée par Fabrice le Hénanff

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Autant vous le dire tout de suite, rien de léger, drôle ou simplement distrayant dans cet album. Fabrice Le Hénanff, à qui l’on doit déjà l’excellent thriller H.H. Holmes ou le biographique Modigliani, prince de la bohème raconte ici avec une très grande précision la fameuse et sinistre conférence de Wannsee qui réunit précisément le 20 janvier 1942 quinze hauts responsables du Troisième Reich, représentants de la SS et des institutions étatiques, pour organiser ce qu’ils appelèrent la solution finale à la question juive.

Le temps de lecture de l’album, environ 1h30, est à quelque chose prêt le temps que dura cette conférence, 1h30 pour sceller le sort de millions de Juifs en Europe et tout ça dans la plus grande discrétion, le tout autour d’un bon repas et de quelques bonnes bouteilles. C’est absolument glaçant et le dessin ainsi que les couleurs de Fabrice le Hénanff contribuent à nous plonger dans l’atmosphère morbide et cynique de ce triste épisode de notre histoire !

Comme le précise en introduction Didier Pasamonik, l’auteur de cet album n’est pas un historien mais un transmetteur, quelqu’un qui utilise les recherches effectuées depuis plus de 70 ans par les spécialistes autour de la seconde guerre mondiale et plus précisément ici de la solution finale imaginée par les Allemands. Wannsee reste cependant une oeuvre de fiction, l’auteur racontant sur environ 80 pages la réunion mais aussi ses à-côtés, offrant une présentation du contexte et de ses protagonistes… Un album aussi fort qu’essentiel !

Eric Guillaud

Wannsee, de Fabrice Le Hénanff. Casteman. 18€

© Casterman / Le Hénanff

11 Août

Pages d’été. Une sélection de BD jeunesse pour la plage

Vous trouvez l’été finalement très long, vous ne savez plus comment occuper les enfants ou détendre les parents ? Alors, voici une sélection de livres aussi légers que nécessaires…

On commence avec un album qui date un peu. Il est sorti au début de l’année juste avant le film Les Aventures de Spirou et Fantasio dont il est librement adapté, très librement adapté. De fait, il ne reprend pas le scénario du film mais imagine une fiction autour du tournage justement, des héros de papier assistant à l’adaptation de leurs aventures au cinéma, la boucle est bouclée, c’est drôle, bien ficelé et original! (Le triomphe de Zorglub, de Cossu, Sentenac et Bocquet. Dupuis, 12€)

Une autre bande dessinée sujette elle-aussi à une adaptation pour le cinéma, il s’agit de Tamara de Darasse et Lou. Le tome 16 est paru quelques jours avant la sortie en salle du film Tamara Vol. 2 début juillet avec Héloïse Martin dans le rôle-titre. Dans ce nouvel opus, on retrouve une Tamara un peu plus âgée mais toujours aussi ronde. Elle s’est jurée de perdre 15 kilos avant le bac. Elle va surtout gagné un bébé. La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille… (Taille adulte, Tamara tome 16, de Darasse et Lou. Dupuis. 10,95€)

Les éditions Delcourt ont sorti l’artillerie lourde avec cette nouvelle série imaginée par les auteurs de deux best-sellers, d’un côté Patrick Sobral avec Les Légendaires, de l’autre Patricia Lyfoung avec La Rose écarlate, auxquels est venu s’ajouter Philippe Ogaki, qui s’est fait connaître du grand public en adaptant la trilogie de Pierre Bordage Les Guerriers du silence avec Algésiras. Prévue en six volets publiés en un an, cette série met en scène six héros en lutte contre le mal à travers le monde. Après Yuko au Japon, voici Parvati en Inde, sur un dessin cette fois d’Alice Picard. (Parvati, Les Mythics (tome 2), de Sobral, Lyfoung, Ogaki et Picard. Delcourt. 10,95€)

On reste dans l’univers des Légendaires avec le tome 5 des Légendaires – Origines qui comme son nom l’indique revient sur l’origine du groupe des Légendaire en retraçant l’histoire des personnages de la série initiale à succès. Le premier tome de cette série a reçu le prix jeunesse à Angoulême en 2013. Si Patrick Sobral est là-aussi au scénario, ce sont Nadou et Jenny qui se chargent du dessin. Incontournable ! (Razzia, Les Légendaires – Origines tome 5, de Sobral, Nadou et Jenny. Delcourt. 10,95)

Imbattable, « le seul véritable super-héros de bande dessinée ». C’est écrit en ouverture de chacune de ses aventures et c’est vrai. Car Imbattable joue avec les codes de la bande dessinée pour appréhender les voleurs, empêcher les super-méchants de nuire, sauver la veuve et l’orphelin des méchants de la pire espèce. Avec Imbattable, les cases sont un terrain de jeu, il passe de l’une à l’autre, les traverse, les remonte comme on remonterait le temps. Plus fort que Batman, Superman et autre Trucman, il est capable d’empêcher une malfaisance avant même qu’elle ne soit imaginée. À l’instar de Marc-Antoine Mathieu avec son personnage Julius Corentin Acquefacques, Pascal Jousselin joue avec les codes graphiques et narratifs de la bande dessinée, explorant en courts récits de quelques cases à quelques pages les possibilités infinies du médium. Génial ! (Super-héros de proximité, Imbattable tome 2, de Pascal Jousselin. Dupuis. 10,95€)

On termine avec une série qui connaît un immense succès auprès des jeunes mais pas seulement, les grands la plébiscite aussi. Il s’agit de Seuls du scénariste Fabien Vehlmann et du dessinateur Bruno Gazzotti. L’histoire de cinq gamins qui se retrouvent dans le monde des limbes, un monde où se retrouvent les enfants morts. Attention zombies en vue dans ce onzième volet ! (Les Cloueurs de nuit, Seuls tome 11, de Vehlmann et Gazzotti. Dupuis. 10,95€)

Eric Guillaud

09 Août

Pages d’été. Mauvaises mines, un album de Jonathan Munoz qui pourrait bien vous donner le sourire pour l’éternité

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Un éclat de rire revient à manger un steak, me disait ma grand-mère, de l’énergie pour toute la journée. À ce tarif-là, on risque de prendre de l’embonpoint en lisant l’album de Jonathan Munoz,  Mauvaises mines, paru chez Glénat en mai dernier. Parce que des parties de rigolades, c’est un peu à volonté ici.

Jonathan Munoz que certains connaissent peut-être déjà pour l’album Un Léger bruit dans le moteur, Fauve polar SNCF au Festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2013, nous embarque ici dans le petit monde de l’édition jeunesse avec l’histoire d’un auteur qui, furieux de ne pas être lu par son propre éditeur, glisse dans ses albums pour enfants des répliques plutôt destinées aux adultes.

Alors forcément, quand Pin-Pin le petit lapin sort son gros… pour éteindre le feu au c… de sa voisine, ça fait un peu désordre parmi les jeunes lecteurs et met le directeur des éditions Couicoui dans une colère noire.

Mais bon sang, vous ne lisez pas avant publication ?

Non, personne n’avait lu le livre avant de le publier. Et c’est bien ce qui chiffonne l’auteur qui loin de se calmer envoie des planches à l’humour de plus en plus trash. Et surprise, les livres se vendent comme des petits pains… ou des steaks. Un très très bon bouquin de Jonathan Munoz sous la forme d’une mise en abyme percutante et hilarante.

Eric Guillaud

Mauvaises mines, de Jonathan Munoz Glénat. 14,95€